Marie Cazaux

	Marie Cazaux source photo : Yad Vashem crédit photo : D.R.

Marie Cazaux*, couturière à son compte, habite au 4e étage d'un immeuble situé rue Gambetta à Bayonne.
Au même étage habitaient son frère Gaby Cazaux ainsi que la famille Pedrosa, Mariano et son épouse Carmen, leurs enfants Eugénie, Pierre et Maïté.

Dans le même immeuble habitaient des familles juives, dont la famille Halfon arrivée en France à la fin des années 1920 : le père, Isaac Halfon né à Istanbul en 1906, son épouse Fortunée née Salti en 1912 en Turquie. Isaac et Fortunée s'étaient mariés à Biarritz en 1930. Commerçants, leur fils Maurice nait en 1938.

Le 12 janvier 1944, des soldats allemands et des gendarmes français font brutalement irruption dans l’immeuble de la rue Gambetta.
Isaac et Fortunée Halfon sont arrêtés et déportés sans retour le 20 janvier 1944 par le convoi n° 66 de Drancy à Auschwitz. Mais Isaac a eu la présence d’esprit de confier le jeune Maurice à Marie Cazaux*, la voisine du 4e étage, prétextant que le petit était malade et avait la rougeole. Isaac confie à Marie Cazaux* de l’argent qu’il avait mis de côté afin qu’elle prenne soin du petit Maurice.
Marie Bally, la soeur de Fortunée, sa fille Nelly et leur fils David sont arrêtés le même jour et déportés par le même convoi. Seul David reviendra des camps allemands.

Marie Cazaux* va s'occuper de Maurice et l'élever comme s’il était son propre enfant et supportant toutes les dépenses pour élever Maurice, sans jamais réclamer la moindre compensation.
Maurice allait dans une école privée catholique en compagnie de Pierre Pedrosa, son ami et voisin de la rue Gambetta.
Marie Cazaux* avait à cœur qu’il reçoive une bonne éducation, qu’il mange à sa faim même si parfois elle se privait de repas pour lui. Comme il n’y avait pas l’eau courante, elle apportait à l’appartement des pichets d’eau afin qu’il prenne un bain une fois par semaine. Maurice se souvient qu’un samedi soir, il a été malade avec beaucoup de fièvre et qu’elle est sortie malgré le couvre-feu pour chercher des médicaments. Quand elle entendait parler d’une rumeur de rafle de Juifs, elle lui interdisait d’aller dehors ou d’ouvrir la porte.
Marie Cazaux* l’amenait de temps à autre à l’église, mais jamais elle ne l’a obligé à faire ce qu’elle faisait : elle respectait sa religion.

David Bally, l’oncle de Maurice, revenu de déportation reviendra chercher Maurice à la fin février 1947. Marie Cazaux* lui rendra l'argent confié par Isaac Halfon avant son arrestation.

Maurice, qui n'avait pas encore 6 ans au moment de l'arrestation de sa famille, ne se souvenait pas de David.
L’état de santé de David ne lui permettait pas de prendre en charge son neveu. Il lui fait prendre un bateau pour rejoindre sa famille aux Etats-Unis. Après une traversée d’un mois sur un cargo et maintes péripéties, Maurice arrive à New York chez sa tante Flora et son mari Marco Behar qui l’adopteront. Une nouvelle vie commence pour lui.

La séparation d’avec Marie Cazaux* fut extrêmement pénible car elle était devenue la seule famille de Maurice.
Réciproquement, le départ de Maurice fut pour Marie Cazaux* un grand déchirement dont elle ne s’est jamais remise. Marie Cazaux* meurt de chagrin en 1962.

En 2015, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné le titre de Juste parmi les Nations à Marie Cazaux*.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem