Les Justes parmi les Nations
Une loi émise par la Knesset (Parlement israélien) en 1953 stipule que le Mémorial de l’Holocauste à Yad Vashem est destiné à entretenir le souvenir des millions de Juifs, victimes de la bestialité nazie.
Cette loi prévoit également de rendre hommage aux Justes parmi les Nations qui, selon cette loi « ont risqué leur vie pour venir en aide à des Juifs ».
Loi sur la commémoration des martyrs et des héros de l'Holocauste
YAD VASHEM 1953
Une fondation « Yad Vashem » est créée par la présente loi à Jérusalem, pour commémorer :
- Les six millions de membres du peuple juif qui ont péri en martyrs, exterminés par les Nazis et leurs complices durant la Seconde Guerre mondiale (WWII).
- Les familles juives anéanties par l’oppresseur.
- Les communautés, synagogues, mouvements et organisations, ainsi que les institutions publiques, culturelles, scolaires et sociales détruites dans le dessein atroce d’effacer à jamais le nom et la culture du peuple d’Israël.
- La bravoure des Juifs qui ont fait le sacrifice de leur vie pour leur peuple.
- La vaillance des soldats juifs et des résistants, en ville, au village et au maquis, qui ont mis leur vie en jeu en combattant l’oppresseur nazi et ses complices.
- L’héroïsme des Juifs assiégés dans les ghettos qui ont déclenché la révolte, pour sauver l’honneur de leur peuple.
- La lutte des communautés juives, grandiose, constante et menée jusqu’à la dernière extrémité, pour la sauvegarde de leur dignité humaine et de leur culture juive.
- Les efforts incessants des Juifs assiégés dans les ghettos pour immigrer en Israël, ainsi que le dévouement et le courage de leurs frères, accourus pour secourir et délivrer les rescapés.
Les Justes parmi les Nations qui ont risqué leur vie pour venir en aide à des personnes juives.
La médaille
Signée Nathan Karp, la médaille est l’expression à la fois artistique et symbolique de la phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l’univers tout entier ». Les deux mains qui agrippent la corde du salut – à la base ce sont des barbelés – semblent surgir du néant, tandis que la corde enroulée avec force autour du globe terrestre proclame que les actes tels que ceux des Justes justifient l’existence du monde et notre foi en l’humanité.
En 1962, après le procès Eichmann et les traumatismes que suscita le rappel des crimes nazis, une Commission permanente fut créée, avec à sa tête le juriste Moshe Landau (Président de la Cour au procès Eichmann) et le Dr Arieh Kubovy, alors directeur de Yad Vashem. Les autres membres de cette commission émanaient de diverses organisations liées à l’Holocauste. Le but était de rendre hommage aux personnes qualifiées de « Justes parmi les Nations » (Justes non-juifs). Dès 1970, la Commission est dirigée par Moshe BEJSKI, survivant de la Shoah. A présent, Mordehaï Paldiel est le directeur du Département des Justes de l’institut Yad Vashem. La Commission permanente a accordé ce titre à plus de 21.000 hommes et femmes en provenance de tous les pays européens qui avaient subi l’occupation nazie.
Ces personnes ont reçu la médaille des Justes, ainsi qu’un diplôme honorifique, récompenses qui leur ont été remises en mains propres ou à un de leurs proches (en cas d’attribution posthume). Elles ont aussi l’honneur d’avoir un arbre planté à leur nom dans le Jardin des Justes à Yad Vashem, à Jérusalem. Leurs noms sont également inscrits sur le mur d’honneur (la plantation d’arbres n’ayant pu continuer faute de place).
Les récompenses sont remises lors d’une cérémonie organisée par l’Ambassade israélienne dans le pays de la personne désignée ou à Yad Vashem, quand cette dernière choisit de se rendre en Israël à cette occasion.
Cette avenue ombragée du Mémorial Yad Vashem à Jérusalem rend hommage aux non Juifs qui ont risqué leur vie pour sauver des Juifs de l’Holocauste nazi. Des arbres ont été plantés au nom de ces valeureux amis des Juifs, auxquels s’applique si justement la phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l’univers tout entier ».
Le concept de Juste parmi les Nations – en hébreu, hasidi umot haolam – est très ancien dans la tradition juive. A l’origine, ces « nations » étaient les tribus non israélites des temps bibliques. Pendant la prière de la Pâque, selon une tradition d’après-guerre, les Juifs évoquent Shifra et Puah, les deux sages-femmes égyptiennes « qui défièrent l’édit du Pharaon exigeant que tous les enfants mâles d’Israël soient noyés dans le Nil », et la fille du Pharaon « qui désobéit au décret de son père et sauva Moïse ». Voyant le nouveau-né israélite, condamné à mort, elle le recueillit et l’éleva comme son propre fils. Les sages juifs lui ont donné un nom : Batya, fille de Dieu.
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Les critères de reconnaissance
Les dossiers envoyés à Yad Vashem permettant d’établir la reconnaissance d'un Juste doivent établir, avec plusieurs témoignages concordants, des faits probants, tels que :
- Avoir apporté une aide dans des situations où les juifs étaient impuissants et menacés de mort ou de déportation vers les camps de concentration.
- Avoir été conscient du fait qu'en apportant cette aide, le sauveteur risquait sa vie, sa sécurité et sa liberté personnelle (les nazis considéraient l'assistance aux Juifs comme un délit majeur).
- N’avoir recherché aucune récompense ou compensation matérielle en contrepartie de l'aide apportée.
L'aide apportée aux personnes juives a revêtu des formes très diverses ; elles peuvent être regroupées comme suit :
- Héberger un enfant ou une famille chez soi, ou dans des institutions laïques ou religieuses, à l'abri du monde extérieur et de façon invisible pour le public.
- Aider un juif à se faire passer pour un non-juif en lui procurant des faux papiers d'identité ou des certificats de baptême (délivrés par le clergé afin d'obtenir des papiers authentiques).
- Aider les juifs à gagner un lieu sûr ou à traverser une frontière vers un pays plus en sécurité, notamment accompagner des adultes et des enfants dans des périples clandestins dans des territoires occupés et aménager le passage des frontières.
- Adopter temporairement un enfant juif pendant la durée de la guerre.
Comment constituer un dossier de demande de nomination d'un Juste
Un Juif qui a été sauvé par un non juif rédige un " témoignage " relatant les faits tels qu'ils se sont produits.
Il faut fournir, dans la mesure du possible, deux témoignages certifiés de personnes juives sauvées.
D’autres témoignages de personnes non juives ayant été présentes lors du sauvetage peuvent néanmoins conforter ce dossier (le sauveur lui-même, des personnes de sa famille ou le voisinage afin d’apporter un regard différent).
Chaque personne juive sauvée doit faire certifier sa signature à la Mairie de sa localité, ou auprès du Délégué du Comité français pour YAD VASHEM.
Les points développés dans le document joint doivent servir de fil conducteur à la rédaction de votre témoignage.
Il faut fournir la copie du livret de famille du (ou des) Juste(s) et un certificat de décès s’il y a lieu.
Toute personne portant témoignage doit fournir la photocopie d’une pièce d’identité.
Adresser le dossier au : Comité Français pour YAD VASHEM
Département des Justes
33, rue Navier - 75017 PARIS
Téléphone : 01 47 20 99 57
www.yadvashem-france.org
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