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Edmond Haïm Mizrahi



 
Marseille 13000 - Bouches-du-Rhône
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Histoire
La famille Mizrahi habite à Marseille, le quartier d’Endoume.
En 1944, Robert Mizrahi a treize ans et son frère Edmond Haïm en a huit.
« En janvier 1943, lors de la grande rafle de l’Opéra et du centre-ville, 781 juifs – hommes, femmes, enfants, vieillards – ont été déportés et exterminés au camp de Sobibor. Mon cousin Victor Algazy et sa mère ont été sauvés par un commissaire de police.
Mes parents étaient conscients du danger. Madame Bertrand, notre voisine, avait dit à ma mère : "Estelle, prenez les clés de notre maison d’Uzès. Là-bas vous serez plus en sécurité".
Mais je devais être opéré de l’appendicite et ma mère a préféré attendre… »
« Le 20 mars 1944, vers midi et demi, nous étions à table. On a sonné à la porte. Ma mère a ouvert. Trois jeunes hommes étaient dans l’entrée de l’immeuble, une liste à la main. Ils ont crié le nom de ma grand-mère et de ma tante.
"Ce n’est pas ici" a répondu ma mère.
Puis le nôtre : "Mizrahi ?". "C’est ici".
Alors, celui qui avait parlé a sorti un pistolet de sa veste et il est entré dans l’appartement avec un de ses acolytes en criant : "Gestapo française !".
Nous habitions à l’étage, la famille Bertrand au rez-de-chaussée. Ce jour-là, Paulette Bertrand*, qui avait vingt ans et travaillait en ville, était rentrée déjeuner chez ses parents, exceptionnellement. Elle a entendu du bruit, s’est précipitée dans l’escalier, a écarté mes parents, nous a attrapés mon frère et moi par la main en nous disant : "Venez vite manger, maman vous attend, ne restez pas là". Et elle nous a emmenés au nez et à la barbe de ces voyous qui n’ont pas bronché.
Nous sommes descendus. Madame Bertrand et Paulette* nous ont fait partir par la fenêtre et nous ont dit : "Allez chez René* et Gaby*, restez là-bas et ne bougez plus". Le fils Bertrand et sa femme habitaient 500 mètres plus bas.
Nous avons couru, sonné et expliqué à René* et Gaby*, qui était enceinte, ce qui s’était passé.
Un moment après, à travers les volets entrouverts, nous avons vu passer la Traction Avant noire qui emportait nos parents. Nous ne les avons jamais revus…
»
Arrêtés, Marcel et Estella Mizrahi sont internés à Drancy puis déportés.

Le 23 mars, Robert et son frère Edmond sont évacués vers Aurillac avec les autres élèves des écoles municipales, dans le cadre d'un plan contre d'éventuels bombardements et y restent trois jours qu'Edmond qualifiera des "trois jours qui furent les pus longs de ma vie".

Antoine et Henriette Laybros* avaient une fabrique de peinture à Aurillac. Henriette Laybros*, qui a alors 22 ans, se rend à l'hôpital d'Aurillac et ramène Edmond Haïm Mizrahi, qui a 8 ans. En chemin il lui dit qu'il est Juif, que ses parents ont été arrêtés à Marseille et que son cousin Gaston Menassé est resté à l'hôpital, n'ayant pas trouvé de famille d'accueil.
Antoine décide alors de recueillir également Gaston et va le chercher lui-même.
"Pour éviter toute suspicion, ils nous ont demandé d’aller à la messe le dimanche." se souvient Edmond.
Après la guerre, Gaston retrouva ses parents, mais Edmond demeura chez les Laybros* jusqu'en septembre 1945.

Philippe et Yvonne Tête*, avaient une épicerie à Aurillac. Vers la fin mars 1944, ils apprennent que des enfants évacués de Marseille se trouvent à l'hôpital en attente de familles d'accueil. Ils ramènent chez eux Robert Mizrahi, qui leur dit tout de suite qu'il est Juif, que ses parents ont été arrêtés une semaine avant et que son petit frère, Edmond vient d'être recueillis par les Laybros*.
Robert restera chez Philippe et Yvonne Tête* jusqu'en septembre 1945 et restera en relation avec ses sauveurs de longues années durant.

Les enfants restent dans les familles qui les ont accueillis jusqu’en septembre 1945. De retour dans l’appartement familial, avec leur grand-mère âgée de 71 ans, pendant des mois ils attendront…
« Fin 46, nous avions la quasi certitude que nos parents ne reviendraient pas. Ma grand-mère, elle, a espéré jusqu’au bout. Je la revois, quand je rentrais le soir, assise devant la fenêtre… »
Robert et Edmond apprendront plus tard que Marcel est mort à Auschwitz et Estella à Bergen-Belsen, quatre jours avant la libération du camp par les Anglais.


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Titre

Sauvés ! Mais à quel prix ? - Récit de deux enfants cachés

Sauvés ! Mais à quel prix ? - Récit de deux enfants cachés

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Auteur   Edmond Haïm Mizrahi  
Édition   L'Harmattan  
Année   2007  
Genre   témoignage  
Description   Tous les persécutés de la terre doivent savoir qu'il ne faut jamais désespérer.
Malgré la barbarie des nazis et la collaboration des traîtres, des Justes ont sauvé des Juifs en France : Robert et Edmond Mizrahi en témoignent. Ce livre relate une tranche de leur vie, lorsque la " Peste noire " s'étendait sur l'Europe de 1939 à 1945. La montée du nazisme les terrorisa car l'antisémitisme devint une religion d'État. Après la déportation de leurs parents, ils furent contraints de devenir des enfants cachés et ainsi, ils furent sauvés des fours crématoires.
La fin de la guerre leur rendit l'espérance.

Haïm Mizrahi, descendant d'une famille de Juifs expulsés d'Espagne en 1492, pour avoir refusé de se convertir au christianisme, est né à Marseille.
Son père est mort dans le camp d'extermination nazi d'Auschwitz et sa mère dans le camp de Bergen-Belsen : lui n'avait que neuf ans. Malgré le traumatisme dû à l'absence de ses parents, il est devenu expert-comptable diplômé et commissaire aux comptes agréé. Il est marié, a deux garçons et huit petits-enfants. Cinq d'entre eux sont nés en Israël, terre de leurs ancêtres, d'où ils furent chassés par les Romains en l'an 135.
Ainsi la boucle est bouclée, la famille a retrouvé ses racines.
 

Liens externes [Ajouter un lien vers un article d'intérêt ou un site internet]
1 Débarquement en Provence et Libération du midi de la France (Le débarquement en Provence et la libération des villes de Toulon, Saint-Tropez, Aix en Provence et Marseille en août 1944. Film composé d'images : du débarquement anglo-américain et français en Provence les 14 et 15 août 1944… )
2 Artistes et intellectuels réfugiés dans la région marseillaise en 1940-1942 (Robert Mencherini. « Artistes et intellectuels réfugiés dans la région marseillaise en 1940-1942 : un jeu d’ombres entre survie et engagement ». [actes du colloque] Déplacements, dérangements, bouleversement : Artistes et intellectuels déplacés en zone sud (1940-1944), Bibliothèque de l'Alcazar, Marseille, 3-4 juin 2005 organisé par l'Université de Provence, l'Université de Sheffield, la bibliothèque de l'Alcazar (Marseille). Textes réunis par Pascal Mercier et Claude Pérez. )
3 Camp de Saliers. 1942-1944. Une mémoire en héritage. (Histoires et mémoires du camp d'internement pour Nomades de Saliers (Bouches-du-Rhône) ayant accueilli près de 700 voyageurs, sinti, manouches, gitans, yeniches, mais aussi forains, dont 26 ne sont pas revenus… Na bister! (N'oublions pas!) )




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