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Herbert Herz



 
Dijon 21000 - Côte-d'Or
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Herbert-Herz
Herbert Herz, 2009
source photo : © Laurent Guiraud
crédit photo : D.R.
Herbert-Herz
Faux papiers au nom de Georges-Hubert Charnay, né à Dijon en 1925
source photo : Arch. fam.
crédit photo : D.R.
Histoire
Herbert Herz, né en 1924 à Augsbourg en Bavière et a passé son enfance en Allemagne.

Le père d'Herbert Herz, Simon, et son oncle, tous deux antinazis convaincus, spécialistes de la vente d'huiles minérales pour automobiles et de produits chimiques sont arrêtés dès 1933 sur dénonciation.
Libérés trois semaines plus tard, les deux frères décident aussitôt de quitter l'Allemagne.

En 1934, la France accueille ces deux entrepreneurs, qui seront considérés quelques années plus tard comme des ennemis de la France, appartenant à une puissance étrangère.

Durant l'année scolaire 1939-1940, Herbert a 15 ans et fréquente la classe de seconde au lycée Carnot de Dijon jusqu'à la débâcle en mai 1940.
Le professeur de gymnastique, M. Ganteret, lui établir un brevet sportif, avec sa photo, en inscrivant sur sa carte Strasbourg comme lieu de naissance au lieu d'Augsbourg en lui disant "pour que tu ne sois pas embêté".

En juin 1940, lors de l'exode, Mme Herz, sa fille, son fils et son neveu prennent le train de Bordeaux qui reste bloqué en rase campagne en Auvergne durant trois jours. Ils sont nourris grâce à la solidarité des paysans des environs.
Ils sont ensuite répartis dans les villages alentour et la famille Herz est envoyé à Manzat tandis que l'oncle et la tante d'Herbert sont envoyés à Riom.
Herbert est interne au lycée de Riom et passe son bac en 1942.
En juillet 1942, Herbert Herz passe ses vacances chez ses parents, réfugiée en zone libre, à Châteauneuf-les-Bains (Puy-de-Dôme), alors qu’au même moment de grandes rafles se produisent en zone occupée.
Celles-ci, ordonnées par les Allemands, sont exécutées par les forces de l’ordre françaises.
Le mois suivant, le gouvernement de Vichy, à la demande des autorités d’occupation, décide une
opération analogue en zone libre.

Simon Herz meurt à Dijon en août 1942, Herbert a 19 ans.

À l’aube du 26 août, la police française, munie de listes, procède à l’arrestation des Juifs résidant à Châteauneuf et dans la région. La famille Herz, qui, par un hasard extraordinaire, ne figure pas sur ces listes, n’est pas inquiétée.

Avec l’insouciance de la jeunesse, Herbert prend sa bicyclette et se rend à Clermont-Ferrand. Au retour, sa carte d’identité étant périmée, il décide de la faire renouveler à la gendarmerie de
Riom. Malheureusement, son nom apparaît sur les listes de cette sous-préfecture, en tant qu’interne du collège.
Arrêté, il est alors conduit au poste de police en centre ville.
Passant devant une boulangerie, il demande l’autorisation d’acheter du pain.
Apitoyée par son sort, la boulangère qui le connaît de vue, lui remet le pain sans exiger de ticket et prévient immédiatement le principal du collège, M. Jeager, alsacien anti-nazi.
Celui-ci, s’empresse alors d’avertir un officier de gendarmerie dont il connaît les sentiments antivichystes : le capitaine Maurice Berger.
Immédiatement, Berger envoie des gendarmes rechercher le jeune homme au poste de police. À son arrivée, le capitaine lui déclare : "Jeune homme, je vais vous libérer. Vous allez complètement oublier où vous avez passé la soirée. N’en parlez à personne. Partez et que je ne vous revoie plus".
Sans demander son reste, Herbert regagne précipitamment le domicile de ses parents et évite la déportation.

Plus tard, il décide de se faire établir une carte d'identité française et se présente à la mairie muni de son brevet sportif portant la mention "né à Strasbourg". Lorsqu'il demande à la secrétaire de mairie si ce document est suffisant, elle lui répond : "Il y en a qui viennent avec bien moins que cela".

De l'été 1942 à l'été 1943, Herbert Herz est clandestin.
Il quitte l'Auvergne pour le Sud-Ouest où il rejoint son frère, Emmanuel. Mais la police semble s'intéresser à lui et il part pour Grenoble, zone occupée par les italiens où l'on n'inquiétait pas les Juifs.

Il y trouve du travail et un logement dans le réseau des Auberges de jeunesses (dissolues par Pétain) et se fait des amis.
L'un d'eux, Charles Wolmark, lui propose de combattre au lieu de se cacher et le recrute pour les jeunesses communistes.

C'est ainsi qu'Herbert devient résistant et est muté dans un groupe de la FTP-MOI, le groupe Raymond de résistance active entièrement constitué de Juifs. Ce groupe était dirigé par Nathan Sachs, dit Raymond. Le chef politique était Stefan Goldberg. Herbert y tient le rôle de technicien chargé des questions d'intendance. Il est membre des groupes "Carmagnole" et "Liberté" de la région lyonnaise.

A partir du 9 septembre 1943, Grenoble est occupé par les Allemands.
Un voisin policier avec qui Herbert avait sympathisé lui fourni en échange de quelques cigarettes une carte d'identité au nom de Georges-Hubert Charnay, né à Dijon en 1925.

Les combattants des FTP-MOI sont surtout des espagnols, des Juifs d'Europe de l'Est, des antifascistes italiens ou allemands, des arméniens, des polonais... Les Juifs forment la moitié du continent et les trois quarts des chefs.
La liste des actions «militaire» auxquelles Herbert a participé est très longue. Les FTP-MOI avaient choisi la ville comme champ de bataille, ce que n'avait pas fait les FTP-FR. Il s'agissait d'actions toujours dangereuses : des bombes sur le passage des soldats allemands, l'assassinat de miliciens, d'officiers allemands, des sabotages, des "récupérations" de cartes d'alimentation etc... Les connaissances en électricités étaient fort utiles pour saboter des usines. Mais le «pain quotidien» c'était les attaques de voies ferrées.

Sa présence à Grenoble devient dangereuse, aussi Herbert est muté à Lyon où le combat continue.

Son frère Emmanuel, qui tentait d'entrer en Suisse clandestinement se fait prendre à 6 km de la frontière. Enfermé à Martigny les gendarmes Suisses le remettent aux gendarmes français. Il est conduit à Rivesaltes, puis à Drancy et sera déporté sans retour vers Auschwitz.

Il a écrit un livre intitulé Mon combat dans la Résistance FTP-MOI, Souvenirs d'un jeune Juif allemand. Son témoignage veut contribuer à mieux faire connaître la participation des étrangers à la résistance française et parallèlement l’engagement des Juifs dans la lutte contre les hitlériens.

27/02/2010

[Compléter l'article]

A 20 ans, j’ai attaqué des nazis

Fuyant le nazisme, Herbert Herz est entré dans la Résistance à 19 ans dans un réseau communiste. Habitant de la Servette pendant quarante ans, il a instruit les dossiers de 117 «Justes parmi les Nations».

"Notre pain quotidien, c’était le sabotage des voies ferrées. Plus rarement les occupations et le sabotage d’usines."

Le 31 janvier 1944 au matin, des troupes allemandes quittent leur caserne grenobloise pour faire l’exercice. "Elles longeaient les quais de l’Isère en chantant", se souvient Herbert Herz.

Habitant de la Servette pendant quarante ans, l’ancien résistant du réseau FTP-MOI (Francs-tireurs et Partisans-Main-d’œuvre ouvrière immigrée) est aujourd’hui âgé de 85 ans. Nous l’avons rencontré dans le cadre des manifestations organisées pour la libération d’Annemasse. C’est un peu à contrecœur qu’il résume "sa" guerre. Il a tort. Elle vaut tous les films d’action.

Avec Léon, un camarade, Herbert Herz se souvient encore comment il a soigneusement enfoncé ses détonateurs dans la cheddite, un explosif jaune dont il a rempli des bombes disposées sur le parcours. A quelques dizaines de mètres, les deux résistants attendent l’arrivée des Allemands.

Herbert relie les fils et une batterie de piles. Contact. Les FTP revendiquent 15 morts suite à l’attentat. "Un nombre probablement exagéré", estime-t-il néanmoins. Soixante-cinq ans après, que pense-t-il de coup d’éclat ? "J’aurais préféré attaquer des SS ou des officiers."

Malgré sa pointe d’accent bourguignon, M. Herz est un juif allemand. Sa famille a fui le pays début 1934 pour gagner Dijon. La guerre arrive et c’est la débâcle. Avec son frère et sa mère – son père est mort un an plus tôt – il se retrouve en Auvergne en zone non occupée. Mais Vichy accentue la collaboration.

A l’été 42, c’est la rafle. Herbert est libéré in extremis par un officier de gendarmerie, membre des réseaux militaires de l’Armée secrète, qui sera déporté plus tard. A-t-il eu peur d’être envoyé dans un camp de concentration ? "On ne savait pas que les camps d’extermination existaient. On savait simplement qu’il y avait des camps en Allemagne ou en Pologne."

Frère livré par la Suisse
Pour se mettre à l’abri, son frère aîné, Emmanuel, rejoint la Suisse via Saint-Gingolph. Si tout va bien, la famille doit le rejoindre. Mais Emmanuel est arrêté après la frontière par la gendarmerie suisse et remis aux mains des autorités françaises. La suite est tragique. Il passe par les camps de Rivesaltes, Drancy et Auschwitz, dont il ne reviendra pas.

Que pense Herbert de cette Suisse qui a livré son frère? Dans un livre publié récemment, il répond: "J’éprouve un certain sentiment de rancune sans pouvoir changer ce qui a été fait. (…) Cette retenue se manifeste par le refus de me faire naturaliser suisse (…) C’est ma façon d’honorer la mémoire de mon frère et de rester fidèle à la Résistance française."

De son côté, Herbert part dans le sud-ouest avec le dessein de rejoindre l’Angleterre. Filé par la police, il gagne ensuite Grenoble occupée par les Italiens. C’est là qu’il est recruté par les FTP du détachement "Liberté" où il effectue des actions bénignes, puis des attentats.

Pourquoi être entré dans un réseau communiste? "Le hasard. J’aurais pu aussi bien entrer dans une organisation juive ou gaulliste". "Soldat sans uniforme à plein temps", il est intégré dans un groupe de combat. Les armes sont rares : "Celles qu’on a eues, on a dû les prendre en abattant des officiers allemands ou en braquant des gendarmes français."

A quoi ressemble la journée d’un résistant ? "Notre pain quotidien, c’était le sabotage des voies ferrées. Plus rarement les occupations et le sabotage d’usines (Gerland à Lyon, Fit à Grenoble)." Étonnamment, toutes les actions ont été faites à visage découvert. "Se masquer ? Cela ne nous est jamais venu à l’esprit", remarque-t-il.

En 1944, le jeune homme est nommé "technicien" du détachement. Il gère la maintenance des armes, le dépôt. En mars, le pavé de Grenoble devient brûlant. Il est transféré à Lyon. "Le jour on faisait du renseignement, la nuit on sabotait les voies. Mais on était très seul. Par crainte des arrestations, on vivait séparément. On n’avait pas d’amis."

A l’été 44, il part pour Toulon. Le 6 juin, suite au Débarquement, son groupe prend le maquis. Pourquoi pas plus tôt comme au Vercors ou aux Glières ? "C’était des héros, chapeau bas. Mais ils sont sortis trop tôt. Les Allemands avaient une incroyable supériorité en armes et en hommes. Le grand avantage de la Résistance, c’était d’être invisible."

La guerre se termine. Un peu suspects, les FTP sont versés au sein de l’armée française, lorsqu’Herbert Herz la quitte: "Ma mère m’a fait comprendre qu’elle avait perdu mon père, mon frère et que j’en avais assez fait", soupire-t-il. Soixante-cinq ans après, il a encore un petit remord: "J’ai fait un complexe d’avoir quitté avant la fin", avoue-t-il.

Après la guerre, Herbert Herz terminera ses études d’ingénieur et travaillera au CERN. La guerre le rattrape, si l’on peut dire, au milieu des années 80. Il devient alors correspondant pour la Fondation Yad Washem. Il a instruit les dossiers de 117 Justes parmi les Nations.

27/02/2010
Auteur : Marc Bretton
Source :
29.08.2009
Lien : Tribune de Genève

[Compléter l'article]

 


Titre

Mon combat dans la Résistance FTP-MOI

Mon combat dans la Résistance FTP-MOI

Auteur   Herbert Herz  
Édition   Muriel Spierer  
Année   2007  
Genre   témoignage  
Description   Mon combat dans la Résistance FTP-MOI, Souvenirs d'un jeune juif allemand

Grenoble et sa région sont au centre de ce livre, qui nous rappelle que sans ses résistants, de tout bord et de toute origine, l'Europe serait une dictature. L'auteur nous touche au cœur et nous passionne d'un point de vue historique. Michel, libraire à la Fnac Grenoble

Mot de l'éditeur sur "Mon combat dans la résistance FTP-MOI" de Herbert Herz
Herbert Herz, né en 1924 à Augsbourg en Bavière, raconte successivement son enfance en Allemagne, les tribulations de sa famille lors de la montée du nazisme, son émigration et sa venue à Dijon en 1934. Rattrapé par les nazis en France dès la débâcle de 1940, il échappe de peu en 1942 à la déportation et entre en clandestinité puis s’engage dans la résistance armée au sein des F.T.P.-M.O.I., les Francs-Tireurs et Partisans de la Main d’Oeuvre Immigrée.
Son témoignage veut contribuer à mieux faire connaître la participation des étrangers à la résistance française et parallèlement l’engagement des Juifs dans la lutte contre les hitlériens.
Herbert Herz vit actuellement à Ferney-Voltaire, après avoir travaillé au C.E.R.N. jusqu’à sa retraite. Il s’occupe maintenant, en tant que délégué de l’Institut Yad Vashem de Jérusalem, de rechercher et faire honorer de la médaille des Justes les personnes ayant sauvé des Juifs au péril de leur vie du temps de la Shoah.
 

Liens externes [Ajouter un lien vers un article d'intérêt ou un site internet]
1 Mon combat dans la Résistance FTP-MOI (site consacré au livre de Herbert Herz "Mon combat dans la Résistance FTP-MOI", souvenirs d'un jeune Juif allemand contenant tous les événements suite à la parution du livre en janvier 2007 )
2 Blog sur quelques Justes et sur le livre (Blog hébergé par la Tribune de Genève sur quelques justes honorés par Yad Vashem sur l'intervention du délégué pour la Suisse et la région frontalière Ain et Haute-Savoie, Herbert Herz, ainsi que sur divers événements organisés autour de la parution du livre "Mon combat dans la Résistance FTP-MOI" )
3 Gret Arnoldsen, Silence, on tue !, La Pensée universelle, 1981 (Cet ouvrage, témoignage d'un interné, rapporte sur plus d'une centaine de pages les conditions de vie au Sanatorium et quelques-unes des anecdotes plus ou moins heureuses (souvent moins) qui ont marquées son quotidien. )




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