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Jean Zay



 
Orléans 45000 - Loiret
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Jean-Zay
Jean Zay
source photo : Arch. fam.
crédit photo : D.R.
Histoire

Enfance et études

Jean Zay est né à Orléans le 6 août 1904 d'un père juif alsacien dont les parents avaient choisi la France en 1871, directeur du journal radical-socialiste Le Progrès du Loiret, et d'une mère protestante de la Beauce, institutrice. Puis il poursuit ses études au lycée Pothier où il rencontre René Berthelot, futur directeur du Conservatoire National de musique d'Orléans, qui deviendra son meilleur ami. Il y fonde un journal lycéen, et obtient un prix de composition de littérature française au Concours général de 1922.

19/07/2011
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Débuts professionnels

Pour payer ses études de droit, Jean Zay devient clerc d'avoué et journaliste occasionnel. En avril 1925, il fonde avec quelques amis (René Berthelot, Roger Secrétain) une revue littéraire orléanaise, Le Grenier, qui, après 18 numéros, deviendra Le Mail. Devenu avocat en 1928, il s'inscrit au barreau d'Orléans dont il devient bientôt l'un des plus brillants orateurs.

19/07/2011
Lien : Wikipedia

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Carrière politique

Jean Zay s'engage très tôt en politique. Dès ses études secondaires, il adhère aux Jeunesses laïques et républicaines, puis, à sa majorité (21 ans) s'inscrit au Parti radical. Il constitue l'un des piliers des « Jeunes Turcs », ces membres du parti qui souhaitent en réformer profondément la doctrine. Il fréquente les cercles républicains, devient membre de la Ligue des Droits de l'Homme, responsable de la Ligue de l'enseignement et se fait initier à la loge maçonnique Étienne Dolet en 1926.

En 1932, à 27 ans, il est élu député du Loiret (radical-socialiste), battant Maurice Berger, député sortant PDP. Il est alors le plus jeune député de France. En 1936, Albert Sarraut le nomme sous-secrétaire d'État à la Présidence du Conseil. Quelques mois plus tard, il est réélu et devient, à 32 ans, le 4 juin 1936, membre du gouvernement du Front populaire comme ministre de l'Éducation nationale et des Beaux-Arts. Le 23 juillet 1936, il autorise l'ouverture à Vence de l'école du Pioulier de Célestin Freinet, qui avait été refusée par le ministre précédent.

Il reste ministre sous les divers gouvernements qui se succèdent jusqu'à sa démission le 2 septembre 1939 pour rejoindre l'armée combattante. Il estime qu'il doit alors accompagner l'effort de sa classe d'âge.

D'autre part, en mars 1937, il avait été élu conseiller général du canton d'Orléans-Nord-Est.

19/07/2011
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La guerre

Malgré son état de santé déficient, il demande à être intégré dans une unité combattante. Son courage et son dévouement, au sein de la IVe armée, sont attestés par ses chefs militaires : "volontaire pour les missions les plus périlleuses et les plus délicates"1.

Sous-lieutenant rattaché à l'État-major de la IVe armée, il séjourne en Lorraine pendant la "Drôle de guerre" 1939-1940 et visite, notamment, le Petit Ouvrage du Kerfent de la Ligne Maginot au début de 1940.

Mobilisé à Bordeaux, il quitte son régiment pour assister le 19 juin 1940 à la dernière session du Parlement qui s'est replié avec le Gouvernement dans cette ville et qui débat de la question d'un abandon de la métropole aux troupes allemandes et d'un transfert du gouvernement français en Afrique du Nord. Aucune décision ne fut prise, mais le même jour, en fin d'après-midi, Camille Chautemps, vice-président du Conseil, les présidents des deux chambres et vingt-sept parlementaires embarquent au Verdon à bord du Massilia le 21 juin. Arrivés à Casablanca au Maroc, plusieurs jours plus tard en raison d'une grève de l'équipage, puis de l'attente d'une demande d'asile au gouvernement britannique, les passagers du Massilia sont d'abord consignés par le résident dans un grand hôtel2, et quatre d'entre eux seront arrêtés pour désertion en présence de l'ennemi3. Renvoyé en métropole, Jean Zay est interné le 20 août à la prison militaire de Clermont-Ferrand4.

Dénoncé pendant des mois par une violente campagne de presse, orchestrée par Philippe Henriot, ministre de l'Information du gouvernement de Vichy, qui réclame la condamnation à mort du "Juif Jean Zay" comme Juif, franc-maçon, antimunichois, antihitlérien et ministre du Front populaire5.

Le 4 octobre 1940, le tribunal militaire permanent de la 13e division militaire, siégeant à Clermont-Ferrand, le condamne comme officier pour désertion en présence de l'ennemi6 à la déportation à vie et à la dégradation militaire, contre six ans de prison pour Mendès, huit ans de prison avec sursis pour Pierre Viénot et un non-lieu pour Alex Wiltzer7 8 9 10. Ses prises de position très antimilitaristes et pacifistes avant la déclaration de guerre ne sont sans doute pas étrangères à cette sévérité. Pour Olivier Loubes, "bouc émissaire idéal", Jean Zay a été condamné "à une peine qui vise à rappeler celle de Dreyfus"11. Transféré le 4 décembre 1940 au fort Saint-Nicolas, à Marseille, pour être déporté, sa peine de déportation dans un bagne est muée par le gouvernement de Vichy en simple internement en métropole, et, le 7 janvier 1941, il est incarcéré au quartier spécial de la maison d'arrêt de Riom12 13.

De sa prison de Riom, Jean Zay peut continuer à recevoir régulièrement sa femme et ses deux filles, dont la cadette est née après son arrestation. Il peut écrire et communiquer avec ses amis. Là, il fait le choix de rester dans la légalité et refuse une évasion que la Résistance aurait pu réaliser sans peine, étant donnée sa puissance dans la région. Il continue à travailler pendant sa captivité, préparant les réformes qu'il pense pouvoir mettre en œuvre après la Libération.

19/07/2011
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L'assassinat

Mais le 20 juin 1944, des miliciens de Joseph Darnand viennent le chercher à la prison, sous le prétexte d'un transfert à la prison de Melun, lui laissent entendre ensuite qu'ils sont des résistants déguisés qui ont pour mission de lui faire rejoindre le maquis, et l'assassinent dans un bois, près d'une carrière abandonnée, au lieu-dit Les Malavaux, à Molles, dans l'Allier14.

Les tueurs le déshabillent, lui ôtent son alliance, le fusillent, jettent la dépouille dans un puits et y lancent quelques grenades de manière à ce qu'il ne puisse pas être identifié.

Le 22 septembre 1945, son corps et ceux de deux autres personnes sont retrouvés, enfouis sous un tas de pierres, par des chasseurs de Molles et de Cusset, et enterrés sur ordre de la municipalité de Cusset dans une même fosse du cimetière communal15.

Faisant le rapprochement entre le cadavre et la disparition de Jean Zay, les enquêteurs retrouvent l'identité du milicien qui a signé le registre de levée d'écrou, Charles Develle16, et l'interpellent à Naples, où il s'était réfugié. Exhumés fin 1947, les restes de Jean Zay sont identifiés grâce à sa fiche dentaire et aux mensurations données par son tailleur. Jugé en février 1953, le milicien est condamné aux travaux forcés à perpétuité par le tribunal militaire de Lyon17 18.

Jean Zay est inhumé dans le grand cimetière d'Orléans depuis le 15 mai 1948.

19/07/2011
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Réhabilitation posthume et hommages

Le 5 juillet 1945, la Cour d'appel de Riom réexamine les faits reprochés au sous-lieutenant Jean Zay, constate qu'à aucun moment il ne s'est soustrait à l'autorité militaire, et que "les poursuites intentées contre le sous-lieutenant Jean Zay ne peuvent s'expliquer que par le désir qu'a eu le gouvernement d'atteindre un parlementaire dont les opinions politiques lui étaient opposées et qu'il importait de discréditer en raison de la haute autorité attachée à sa personnalité".

Elle annule donc le jugement du 4 octobre 1940, et Jean Zay est pleinement réhabilité à titre posthume.

Jean Zay est cité à l'Ordre de la Nation par le président du Gouvernement provisoire de la République française Félix Gouin en avril 1946, et un hommage public lui est rendu dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne le 27 juin 194719.

En juin 1994 l'hommage de la République lui sera rendu à Orléans, en présence de François Mitterrand20.

En décembre 2008, les étudiants socialistes de Sciences Po lui rendent hommage en renommant leur section "Sciences Po - Jean Zay"21

En mai 2009, la Fondation du Grand Orient de France crée à Sciences Po Bordeaux, une "Chaire Jean Zay". Cette chaire a une double vocation : l'approche comparée de la laïcité dans les grandes démocraties (cours dispensé en 2010 et 2011 par Jean-Michel Quillardet, ancien grand maître du GODF) et le soutien à la diversité sociale sous forme de bourses d'installation pour des étudiants lauréats de l'opération "Sciences Po Bordeaux, je le peux parce que je le veux".

La Chaire Jean Zay est inaugurée à Sciences Po Bordeaux, en présence des filles de Jean Zay, Hélène Mouchard-Zay et Catherine Martin-Zay, le 22 janvier 2010. L'éloge de Jean Zay est prononcé par Olivier Loubes, professeur d'histoire.

Il existe une association Jean Zay au Panthéon fondée à Orléans, qui œuvre pour le transfert des cendres de Jean Zay au Panthéon, dont le président est Jean-Michel Quillardet et le secrétaire général, Alain Vernet.

Le 8 juin 2010, les deux filles de Jean Zay : Catherine Martin-Zay et Hélène Mouchard-Zay, font don aux Archives nationales de l'ensemble de ses "papiers"22.

19/07/2011
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Titre

Souvenirs et solitude

Souvenirs et solitude

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Auteur   Jean Zay  
Édition   Belin  
Année   2011  
Genre   témoignage  
Description   Souvenirs et solitude est l'oeuvre à laquelle, de 1940 à 1944.
Jean Zay, malgré la dureté de sa détention, consacre l'essentiel de ses forces. C'est la méditation, intensément personnelle et magnifiquement écrite, du prisonnier. C'est en même temps un grand essai historico-politique tourné vers le passé récent et, non moins, vers l'avenir.

En 1936, à 32 ans, Jean Zay se voit confier par Léon Blum le ministère de l'Education nationale et des Beaux-Arts.
Il démocratise et modernise le système scolaire français. Il crée le CNRS, le Musée de l'Homme, le Festival de Cannes, le Musée d'Art Moderne, l'ENA. Il favorise la création artistique. Il défend les droits de l'écrivain. Il est sans relâche violemment attaqué par l'extrême-droite française comme ministre du Front Populaire, antimunichois, juif et franc-maçon. En 1940, hostile à l'armistice, il est l'une des premières cibles du régime de Vichy.
Après un simulacre de procès, il est emprisonné à Riom, jusqu'à son assassinat par la milice, le 20 juin 1944. Il n'a pas 40 ans.
 

Liens externes [Ajouter un lien vers un article d'intérêt ou un site internet]

Notes

- 1 - Jugement de réhabilitation, rendu le 5 juillet 1945 par la Cour d'Appel de Riom.
- 2 - Page 24 et note 4 "Jean Zay est arrêté au Maroc le 15 août 1940" in André Payan-Passeron, Quelle école et quels enseignants? Métamorphoses françaises sur trois générations à partir des "34" normaliens d'Avignon, L'Harmattan, Paris, 2006.
- 3 - Jean Debordes, Paroles de résistants, Paris, Éditions de Borée, 2003, 447 pages p. 124-125 (ISBN 2844941966).
- 4 - Marcel Ruby, La Vie et l'œuvre de Jean Zay, 1969, p. 401.
- 5 - Jean Debordes, Paroles de résistants, Paris, Éditions de Borée, 2003, 447 pages p. 124 (ISBN 2844941966).
- 6 - Le tribunal de la IVe armée, dont il dépendait, a été dessaisi. Voir Christiane Rimbaud, L'Affaire du Massilia, été 1940, Paris, Éditions du Seuil, 1984, 253 pages, p. 197 (ISBN 2020067641).
- 7 - Jean Debordes, Paroles de résistants, Paris, Éditions de Borée, 2003, 447 pages, p. 125 (ISBN 2844941966).
- 8 - Marcel Ruby, La Vie et l'œuvre de Jean Zay, 1969, p. 475.
- 9 - Pierre Mendès France, Liberté, liberté chérie... choses vécues, p. 139.
- 10 - André Payan-Passeron, note n° 4 page 24 in Quelle école et quels enseignants ? Métamorphoses françaises sur trois générations à partir des "34" normaliens d'Avignon, Éditions L'Harmattan, Paris, 2006, 266 p. (ISBN 2-296-00604-3).
- 11 - Olivier Loubes, "Jean Zay, Vichy et la Résistance", Revue d’histoire moderne et contemporaine, janvier-mars 1996, p. 151-167, et "D'un drapeau l'autre. Jean Zay (1904-1944)", Vingtième siècle, revue d'histoire, n° 71, 2001/3, 156 pages (ISBN 2724628969), p. 37-51, note 3.
- 12 - Jean Debordes, Paroles de résistants, Paris, Éditions de Borée, 2003, 447 pages, p. 125 (ISBN 2844941966).
- 13 - Maurice Chavardès, Un ministre éducateur, Jean Zay, Paris, Institut pédagogique national, Services d'édition et de vente des publications de l'éducation nationale, 1965, 126 pages, p. 104.
- 14 - Maurice Chavardès, Un ministre éducateur, Jean Zay, Institut pédagogique national, Services d'édition et de vente des publications de l'éducation nationale, 1965, 126 pages, p. 106.
- 15 - Jean Debordes, Paroles de résistants, Paris, Éditions de Borée, 447 pages, p. 133-134 (ISBN 2844941966).
- 16 - Des deux autres miliciens, Cordier a été tué par des maquisards à la Libération dans la région de Lyon, et Henri Milou a disparu en Allemagne, peut-être tué dans un engagement militaire.
- 17 - Jean Debordes, Paroles de résistants, Paris, Éditions de Borée, 447 pages, p. 134-135 (ISBN 2844941966).
- 18 - Selon P. L. Emery, sur le site du Cercle Jean Zay, dans "À la mémoire de Jean Zay" (16/06/1994), il aurait bénéficié de circonstance atténuantes et condamné aux travaux forcés à perpétuité.
- 19 - Marcel Ruby, Vie et œuvre de Jean Zay, 1969, p. 422.
- 20 - Marieke Aucante avait proposé à Alain Meilland d'être la voix de cet homme dans son film Dans la lumière de Jean Zay après quoi, lors de cet hommage, il lira des extraits de Souvenirs et solitude, écrit pendant sa captivité et publié la première fois en 1945 (Paris, R. Julliard, 1946, 490 pages). Le livre est construit comme un journal, décrivant les événements qu'il vit dans sa prison et commentant l'actualité telle qu'il en a connaissance. C'est aussi l'occasion d'exprimer des réflexions sur la justice ou l'emprisonnement, de rappeler des souvenirs et d'évoquer des projets pour la France de la Libération...
- 21 - Section PS "Jean Zay", in Blog de Sciences Po - Jean Zay.
- 22 - Journée d'étude du 8 mai 2010 "Les papiers Jean ZAY entrent aux Archives nationales".




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