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Pierre Vidal-Naquet



 
Carpentras 84200 - Vaucluse
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Pierre-Vidal-Naquet
Pierre Vidal-Naquet
source photo : Arch. fam.
crédit photo : D.R.
Histoire
Charles Vial*, industriel marseillais, a reçu le 8 avril 2010 à titre posthume, la médaille de "Juste parmi les Nations", pour avoir sauvé en 1944 les petits Vidal-Naquet, une sœur et trois frères, dont l'un, Pierre, deviendra historien de renom.

Lucien Vidal-Naquet, né en février 1899, est avocat. Son épouse, Marguerite Valabrègue, dite "Margot, naît en mai 1907. Sa famille est originaire de Carpentras.
Ils habitent rue de Varenne à Paris dans le 7e arrondissement.

En 1939, Lucien Vidal-Naquet est mobilisé.
Son épouse et ses trois enfants, Pierre né en juillet 1930, François né janvier 1932, Aline née en février 1933, partent en Bretagne. Un petit frère, Yves, naît en février 1940. Il décèdera en juin 1940.

Juin 1940. C’est l’exode. La famille parvient à rejoindre Marseille le 1er juillet et s’installe au deuxième étage de la villa de Madame Valabrègue, la mère de Margot Vidal-Naquet.

Le 12 mai 1942, Lucien Vidal-Naquet est exclu du barreau de Paris après la promulgation des lois antijuives. Il rejoint sa famille à Marseille.

Le rez-de-chaussée et le premier étage de la villa ont été réquisitionnés par l’organisation Todt. La milice siège non loin de là, 425 rue de Paradis.

Le 14 mai 1944, Charles Vial*, ami de la famille, conseille de fuir car il y a eu menace de dénonciation. Mais le lundi 15 mai 1944, un Français et un Allemand procèdent à l’arrestation de Lucien et de Marguerite Vidal-Naquet. Ils seront déportés sans retour à Auschwitz par le convoi n° 75 du 30 mai 1944.

Margot confie son bébé, Claude, né le 23 janvier 1944 à Marseille, à des voisins, les Baux. François, 12 ans, rentré plus tôt que prévu du collège Périer, rebaptisé collège Maréchal-Pétain durant les années de guerre, est arrêté lui aussi.
François évoque l'arrestation : "En m’aidant à mettre mes affaires dans une mallette, ma mère me donne une bourse avec quelques pièces qui lui venaient de son frère Pierre, tué au chemin des Dames le 19 mai 1917, et glisse entre deux sanglots :
- Ils te surveilleront moins que nous… Tache de t’échapper au moment où on partira.
Les agents de la Gestapo nous emmènent, Maman, Papa et moi, dans l’escalier, non sans avoir fermé à clé l’appartement, dans lequel se trouvaient encore Joséphine, la cuisinière, et M. Bojnev, le professeur de russe de Papa.
Brusquement, je passe sous le bras d’un des policiers qui me précèdent. Arrivé en bas, je referme la porte derrière moi et je passe à toute allure derrière la maison, franchis le mur du potager et me précipite vers la rue Paradis en traversant un terrain vague qui la surplombait. Je cours alors chez mon professeur de piano, qui habitait dans un immeuble de la Sogima avenue du Prado, et, à partir de ce moment, j’ai été pris en charge.
"

Pierre, qui revient d’une exposition, est intercepté par ses amis Alain Finiel et J.-P. Miniconi. Il passe les nuits suivantes chez un professeur.
Charles Vial* fait accompagner François chez un couple, rue Sainte.

48 heures plus tard, Charles Vial* organise le départ des deux fils aînés, Pierre et François, dans une ferme du Lubéron à Cucuron, chez l’ancien chauffeur de leur grand-mère.

L’administration du lycée, alertée par Joséphine, la cuisinière des Vidal-Naquet, retient Aline. Celle-ci passe les nuits suivantes chez Melle Colomb, surveillante du lycée, puis chez une camarade C. Gros. Claude et Aline sont ensuite confiés à Mme Passalaigue professeur d’histoire.

Le 5 juin, Charles Vial* organise le départ de Claude et d'Aline. Il les accompagne, en voiture, dans leur famille, surmontant tous les obstacles que l’on peut imaginer. Charles Vial* dépose les enfants à Saint-Agrève, en Ardèche.
Pendant l’absence de son mari, Madame Vial reçoit la visite d’un militaire allemand venu réquisitionner son véhicule. "Nous n’avons plus d’auto depuis 1940" répond-elle avec sang-froid.

Félix Valabrègue, le frère de Marguerite Vidal-Naquet, remercie Charles Vial*, par un courrier daté de novembre 1945, pour son aide qui a permis le sauvetage de ses neveux et nièce.
Charles Vial* a de plus soustrait à l’occupant les biens de son ami Félix Valabrègue.

27/02/2011

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La famille Vidal-Naquet appartient à la communauté juive de Carpentras.
Son père rejoint très tôt la résistance et en juin 1940, la famille s'enfuit à Marseille.

Après l'arrestation de leurs parents, Lucien et Margot, le 15 mai 1944, François, encouragé par ses parents à s'enfuir, ne fut pas rattrapé et réussit à faire prévenir son frère Pierre et sa sœur Aline par la cuisinière du collège, Joséphine Marchais.
Aline trouve alors refuge avec le petit Claude chez son professeur d'histoire, Mme Passelaigue. Ils rejoindront rapidement Saint-Agrève.
François passe deux nuit rue Saintes, chez des personnes qui l'accueillent.
Pierre se rend chez son ancien professeur d'anglais, André Bouttes.
Le 17 mai 1944, Pierre et François sont conduits en voiture à Cucuron, dans le Vaucluse, chez des fermiers, Baptistine et Maurice Lanchier.
Maurice Lanchier avait été avant la guerre le chauffeur de Mme Valabrègue, leur grand-mère maternelle.
Pierre et François passeront 29 jours à Cucuron, présentés comme des réfugiés marseillais.
Ils retrouvent ensuite leur famille à Saint-Agrève puis à Dieulefit.

À la Libération, ils sont pris en charge par leurs grands-parents, par leurs oncles et tantes à Marseille et à Paris : Marthe (la sœur jumelle de Margot) épouse de Georges Vidal-Naquet (le frère de Lucien), Isabelle Brunschwig, Félix et Raymonde Valabrègue.
Pierre et François vont souvent à l’Hôtel Lutétia, avec le secret espoir de voir arriver leurs parents, hélas, en vain.

16/04/2010

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Témoignage de François Vidal-Naquet

Le 15 mai 1944, nous sommes tous les trois au lycée. Aline et Pierre sortent à 5 heures. Je sors à 4 heures.
Je rentre à la maison et je remarque une 11 CV garée devant le portail.
Le berceau dans lequel devait se trouver Claude est dans le jardin, mais il est vide.
Je monte au second étage ; dans le hall d’entrée, Papa est debout face à deux hommes, dont l’un porte un ciré noir. Maman est dans notre chambre, accoudée à la fenêtre en train de pleurer. Mon père me demande de baisser ma culotte pour montrer à ces messieurs que je ne suis pas juif. Papa me dit que maman avait été autorisée à emmener Claude chez nos proches voisins (la famille Baux) et me demande d’aller faire ma valise. Je suis alors assis dans un fauteuil à côté de la radio (où nous écoutions Radio Londres) et je me souviens, avec plus de soixante ans de recul, m’être dit : "C’est quand même con de mourir à douze ans !".
En m’aidant à mettre mes affaires dans une mallette, ma mère me donne une bourse avec quelques pièces qui lui venaient de son frère Pierre, tué au chemin des Dames le 19 mai 1917, et glisse entre deux sanglots : "Ils te surveilleront moins que nous... Tache de t’échapper au moment où on partira." Les agents de la Gestapo nous emmènent, Maman, Papa et moi, dans l’escalier, non sans avoir fermé à clé l’appartement, dans lequel se trouvaient encore Joséphine, la cuisinière, et M. Bojnev, le professeur de russe de Papa. Brusquement, je passe sous le bras d’un des policiers qui me précèdent. Arrivé en bas, je referme la porte derrière moi et je passe à toute allure derrière la maison, franchis le mur du potager et me précipite vers la rue Paradis en traversant un terrain vague qui la surplombait.
Je cours alors chez mon professeur de piano, qui habitait dans un immeuble de la Sogima avenue du Prado, et, à partir de ce moment, j’ai été pris en charge.

16/04/2010
Lien : La terrible année 1944

[Compléter l'article]

 


Titre

Mémoires - Tome 1, La brisure et l'attente 1930-1955

Mémoires - Tome 1, La brisure et l'attente 1930-1955

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Auteur   Pierre Vidal-Naquet  
Édition   Points  
Année   2007  
Genre   témoignage  
Description   Ce premier volume des Mémoires de Pierre Vidal-Naquet parcourt les vingt-cinq ans qui vont de sa naissance jusqu'à son agrégation, en 1955: la guerre d'Algérie, qui prendra tant de place dans sa vie, était commencée.
Les figures de Margot et de Lucien, ses parents, dominent ce livre et c'est d'abord eux qu'évoque le titre : la brisure que constitue leur arrestation à Marseille, un jour de mai 1944, et la longue et vaine attente qui suivit leur déportation. Mais Pierre Vidal-Naquet, qui a beaucoup travaillé sur les rapports entre mémoire et histoire, ne pouvait en rester à une simple narration, Le mémorialiste raconte comment un homme a vécu sa vie comment il a vu son monde, les siens, ses contemporains; en même temps, l'historien situe cette aventure individuelle dans celle du siècle et du pays.
Un récit plein de chaleur, où l'on découvrira les figures étonnantes d'une grande famille juive parfaitement assimilée - meurtrie, comme tant d'autres, par l'antisémitisme de Vichy et par le génocide hitlérien. Et l'itinéraire passionnant d'un jeune homme nourri de culture classique et inscrit dans une tradition intellectuelle dont il deviendra l'un des plus brillants représentants.

L'auteur
Historien, Pierre Vidal-Naquet a été directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales et directeur du Centre Louis Gernet, fondé par Jean-Pierre Vernant.
Il est l'auteur de nombreux ouvrages sur la Grèce ancienne et sur l'histoire contemporaine.

 

Titre

Les assassins de la mémoire

Les assassins de la mémoire

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Auteur   Pierre Vidal-Naquet  
Édition   La Découverte  
Année   2005  
Genre   histoire  
Description   Les assassins de la mémoire "Un Eichmann de papier" et autres essais sur le révisionnisme "Face à un Eichmann réel, il fallait lutter par la force des armes et, au besoin, par les armes de la ruse. Face à un Eichmann de papier, il faut répondre par du papier. Nous sommes quelques-uns à l'avoir fait et nous le ferons encore. Ce faisant, nous ne nous plaçons pas sur le terrain où se situe notre ennemi. Nous ne le "discutons pas", nous démontons les mécanismes de ses mensonges et de ses faux, ce qui peut-être méthodologiquement utile aux jeunes générations." Ces lignes, qu'écrivait en 1981 l'historien Pierre Vidal-Naquet, gardent toute leur actualité dix ans plus tard : Robert Faurisson et ceux qui nient avec lui la réalité du génocide hitlérien n'ont pas désarmé, et certains médias continuent à réserver un accueil surprenant à leurs thèses délirantes. Comprendre comment une telle aberration a pu voir le jour est donc plus que jamais nécessaire. Tel est le but des essais réunis dans ce livre. "Face au "révisionnisme", plus efficace qu'une législation d'exception, qui a alimenté en bois le bûcher, Pierre Vidal-Naquet a ciselé une arme parfaite : Les Assassins de la mémoire. Faites-le lire autour de vous, apprenez-le par cœur, pour le contenu et la méthode. Le Figaro Le combat que Pierre Vidal-Naquet livre contre les "assassins de la mémoire" est sans doute le plus difficile de ceux qu'il a eu à mener, parce que le plus douloureux. Car la mémoire qu'ils assassinent, c'est la mémoire commune de notre XXe siècle et la plus insoutenable. On appréciera d'autant plus la force d'un livre qui ne cède à aucun moment aux facilités de la confidence, de l'émotion ou de l'invective [...]. Par son acuité, sa transparence, cette leçon de méthode devrait rendre confiance à tous ceux qui en venaient à se demander si le métier d'historien a encore un sens. Si vous voulez savoir tout ce qui se cache derrière le "point de détail" de Jean-Marie Le Pen, lisez Pierre Vidal-Naquet. Le Nouvel Observateur Biographie de l'auteur Pierre Vidal-Naquet, historien, directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales, a été directeur du Centre Louis-Gemet, fondé par Jean-Pierre Vemant. Il est l'auteur de nombreux ouvrages sur la Grèce ancienne et sur l'histoire contemporaine.  

Liens externes [Ajouter un lien vers un article d'intérêt ou un site internet]
1 Les Allemands n’étaient pas seuls (Pour en savoir plus sur la persécution des Juifs dans le Vaucluse, ce site a été créé afin d’essayer de déterminer le visage Vauclusien de la solution finale, dénombrer les victimes et identifier les auteurs du crime. Une place spéciale est réservée à ceux qui ont pris des risques considérables pour protéger les persécutés. )




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