Soutenez le travail de l'AJPN |
Recherche de personne, de lieu : affiche la page | Recherche type Google : propose des pages | |||
| ||||||
| ||||||
39/45 en France (WWII)
Nouveaux articles
base des données identifiées par AJPN.org Une page au hasard 38080 noms de commune 95 départements et l'étranger 1230 lieux d'internement 744 lieux de sauvetage 33 organisations de sauvetage 4342 Justes de France 1072 résistants juifs 15987 personnes sauvées, cachées | ||||||
Expositions pédagogiques AJPN
L'enfant cachée Das versteckte Kind Chronologie 1905/1945 En France dans les communes Les Justes parmi les Nations Républicains espagnols Tsiganes français en 1939-1945 Les lieux d'internement Les sauvetages en France Bibliothèque : 1387 ouvrages Cartographie Glossaire Plan du site Signaler un problème technique |
||||||
|
||||||
|
|
Camp d'extermination |
durant la Seconde Guerre mondiale (WWII) |
Texte pour ecartement lateral Commune :
- |
||
Période d'activité: 04/1942 - 10/1943 |
[Créer un nouvel article et/ou ajouter une photo] |
|
Camp d'extermination de Sobibor
Le camp d'extermination de Sobibór était un camp d'extermination nazi, situé au sud-est de l'actuelle Pologne, dans la voïvodie de Lublin, district de Włodowa, à l’orée d'une forêt de pins clairsemée, à 12 km au sud du village de Sobibór, au lieu-dit Stara Kolonia Sobibór. De mai 1942 à l'été 1943, les autorités allemandes y firent assassiner environ 250 000 Juifs. Comme les camps d'extermination de Belzec et Treblinka, Sobibor entra en fonction dans le cadre de l'Opération Reinhard.
Personnel
L'Obersturmführer Richard Thomalla est le premier commandant du camp en mars 19421, puis Franz Stangl est nommé commandant du camp début avril 1942 afin d'activer les travaux de construction du centre de mise à mort2 ; il a comme suppléant l'Oberscharführer Hermann Michel, puis Gustav Wagner. En août 1942, Stangl est remplacé par Franz Reichleitner.
Le camp I est dirigé par l'Oberscharführer Weis, auquel succède Karl Frenzel. Le camp III est sous l'autorité de Kurt Bolender, d'avril à août 1942, puis de Erich Bauer. L'administration du camp est gérée par Alfred Ittner.
Le personnel du camp compte une trentaine de SS et une centaine de gardes ukrainiens, sous l'autorité d'Erich Lachmann, un ancien policier chargé de la formation des auxiliaires ukrainiens à Trawniki.
Bilan
Les victimes étaient essentiellement des Juifs, de Pologne (surtout de Lublin et de Galicie de l'est – entre 145 et 150 000), du Protectorat de Bohême-Moravie et de Slovaquie (31 000), d'Allemagne et d'Autriche (10 000), de France (2 000), de Lituanie (14 000), et des Pays-Bas (34 313) . Des Tsiganes et des Polonais non juifs comptèrent aussi parmi les victimes. Deux convois acheminèrent des Juifs de France sur le site de Sobibór : les convois nos 52 et 53 des 23 et 25 mars 1943 ; seuls cinq déportés étaient comptabilisés comme survivants en 1945.
Raul Hilberg retient le chiffre global de 200 000 victimes3.
Le camp employait quelque 30 membres de l'Action T4 et environ 100 trawnikis, gardes volontaires soviétiques (prisonniers de guerre) formés par les SS dans le camp de Trawniki, dont peut-être le garde John Demjanjuk.
Les événements de Sobibor ont inspiré le film Les Rescapés de Sobibor, dont l'authenticité n'est pas parfaite[non neutre], et le roman Flucht aus Sobibor de Richard Rashke. Le cinéaste Claude Lanzmann, réalisateur de Shoah, a réalisé en 2001 un documentaire sur la révolte intitulé Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures, qui est le témoignage de Yehuda Lerner, un participant survivant.
Après la liquidation de la révolte d'octobre 1943, les SS dissimulèrent toute trace du camp en plantant de nombreux arbres sur son site et en y construisant une ferme d'aspect anodin.
12/01/2012
La révolte de Sobibor
Comme les centres d'extermination de Belzec et Treblinka, Sobibor entre en fonction dans le cadre de l'Opération Reinhard. L’administration centrale des constructions SS de Lublin retient le site de Sobibor pour la création d’un centre d’extermination, en raison de la proximité d’une voie ferrée et du caractère discret du site. L’implantation est décidée à l’ouest de la gare, dans un secteur masqué par une petite forêt de conifères, une voie de service permettant l’acheminement des trains de déportés à l’intérieur du camp jusqu’à la rampe de débarquement. La construction est entreprise en mars 1942, sous la conduite du SS Obersturmführer Richard Thomalla avec de la main d’œuvre locale (Belzec est déjà ouvert). En avril, le SS Hauptsturmführer Franz Stangl est nommé commandant du camp. Thomalla est alors détaché à Treblinka, tandis que des Juifs du ghetto de Lublin sont amenés en renfort à Sobibor pour accélérer les travaux. Le camp de Sobibor est prêt fin avril 1942.
Les exterminations commencent aussitôt. Une première vague couvre les mois de mai, juin et juillet 1942. Elle concerne les Juifs de la région de Lublin (environ 61 300) parmi lesquels se trouvent des Tchèques et des Autrichiens déportés dans les ghettos polonais, des Juifs d’Autriche (10 000), de Bohême-Moravie (6 000) et un premier contingent de Slovaques dont le reste est progressivement exterminé par la suite. Cette première vague d’extermination dure trois mois et fait de l’ordre de 77000 victimes.
La deuxième vague commence à la fin de l’été avec l’extermination des Juifs des Pays-Bas et s’achève avec la révolte du Sonderkommando, le 14 octobre 1943.
Le personnel du camp comptait une trentaine de SS, qui gardaient à tour de rôle, et une centaine de gardes ukrainiens.
Le camp, entouré de barbelés et de champs de mines, est divisé en trois parties : le camp I, qui abrite l'administration SS, le camp II, où arrivent les déportés et qui contient les baraques dans lesquelles les victimes doivent se dévêtir et déposer leurs objets de valeur, et le camp III dans lequel se déroule l'extermination. Les camps I et II sont juste à côté de la gare ; le camp III se situe au nord-est dans un endroit très éloigné, totalement isolé du reste du camp. Tous les SS logent dans l'enceinte du camp.
Le camp II est relié au camp III par un chemin large de trois mètres, long de cent cinquante mètres, clôturé par des barbelés avec des branches d'arbres entrelacées, le « boyau », qui mène directement aux chambres à gaz ; à mi-chemin se trouve la « boutique du coiffeur », baraque dans laquelle des détenus Juifs coupent les cheveux des femmes.
Au cœur du processus d'extermination, le camp III contient les chambres à gaz, les fosses communes, un baraquement pour les membres du Sonderkommando et un autre pour des gardes ukrainiens. Les fosses communes, longues de cinquante à soixante mètres, larges de dix à quinze mètres et profondes de six mètres, avec des parois pentues, sont directement reliées à la gare du camp par une voie ferrée étroite pour y amener les cadavres des déportés morts pendant le transport. Dès l'été 1942, des centaines de milliers de cadavres gisent dans d'immenses fosses communes. Heinrich Himmler donne l'ordre de faire disparaître toute trace des crimes. A l'automne, le commandant du camp ordonne de brûler les cadavres au bois, en plein air.
Les premières chambres à gaz se trouvent dans un bâtiment en briques, divisé en trois salles identiques, de quatre mètres sur quatre, qui peuvent chacune contenir de 150 à 200 personnes. Elles sont camouflées en douches avec une installation sanitaire fictive. Les six portes (trois pour faire entrer les victimes, trois pour retirer les cadavres) sont dotées d'une forte garniture de caoutchouc et s'ouvrent toutes vers l'extérieur. Accolé au bâtiment se trouve un appentis où est installé un moteur de char russe T34 destiné à produire les gaz asphyxiants à travers une conduite spéciale traversant les salles.
Si des convois arrivent de nuit, on décharge les Juifs et on les garde jusqu'au matin au camp II. Ils se déshabillent et sont conduits directement aux chambres à gaz, les Allemands font alors courir des oies dans un pré pour que leurs cris couvrent ceux des détenus en train de mourir.
Dès l'entrée des victimes dans le camp II, le processus s'accompagne de la part des SS et des Ukrainiens d'une violence insensée ; des chiens avaient été dressés pour mordre les victimes une fois nues, sans compter les coups de fouet et les tirs de révolver pour terroriser les victimes et les faire courir plus vite jusqu'au bout du chemin de mort. La première phase d'activité de Sobibor alla de mai à juillet 1942 ; en général, il y avait un convoi d'environ vingt wagons par jour avec en moyenne 2 200 à 2 500 déportés. À chaque convoi, on sélectionne des travailleurs qualifiés, menuisiers, tailleurs ou cordonniers.
À la fin de 1942, la quasi-totalité des ghettos juifs du Gouvernement général est détruite.
Le 5 juillet 1943, Himmler, qui a visité le camp en février, ordonne donc de transformer Sobibor et d’y organiser le stockage et la transformation des munitions prises à l’ennemi. Cet ordre signifie l'arrêt de mort des corvées juives qui travaillent aux quais et aux chambres à gaz. Il est évident pour eux qu'étant témoins de l'extermination de dizaines de milliers d'innocents, les SS ne permettent pas à un seul d'entre eux de rester en vie.
Le 23 septembre arrive un convoi de Juifs biélorusses prisonniers de guerre, dont le lieutenant Alexander Petcherski surnommé Sacha, tous affectés à la construction de bâtiments.
Peu de temps après leur arrivée, des enfants travaillant comme cireurs de chaussures dans les maisons des Allemands qui les préviennent de la fermeture prochaine du camp d’extermination de Sobibor.
Les nouveaux arrivants renforcent le comité secret de résistance présidé par le meunier Léon Feldhendler et celui-ci leur dit qu’il y a eu une révolte au camp Treblinka en août et que 10 prisonniers ont pu s’échapper. Sacha devient le second du comité, et observe le terrain, l’effectif et les habitudes des gardes, et décide d’organiser une révolte pour s’enfuir le plus rapidement possible du camp. Il y eut d'autres tentatives d'évasion dans le camp huit en tout, dont certaines couronnées de succès. Mais, le plus souvent, celles-ci sont individuelles. Là, il s'agit d'une évasion collective.
Ces nouveaux détenus sont affectés à diverses tâches selon leurs professions : des orfèvres, des cordonniers, des menuisiers, des tailleurs, travaillant tous pour les Allemands ou les gardes Ukrainiens. Ils ont besoin d’une nouvelle baraque et demandèrent des haches et des gourdins pour pouvoir la construire. Les Allemands crédules, leur accordent cette possibilité.
L’opération consiste à convoquer les différents gardes nazis à la même heure, seize heures, sous prétexte d’essayage chez les cordonniers ou chez les tailleurs. Dès son arrivée dans la baraque, l’Allemand doit être assassiné à coups de hache. Le succès de la révolte repose donc sur la ponctualité des SS.
Le 14 octobre 1943, il y a un grand soleil, la journée est chaude, à seize heures, les premiers gardes se présentent et sont assassinés comme prévu. Cinq minutes plus tard, une deuxième série de gardes arrive, et elle est massacrée comme la première.
A dix-sept heures, tout est terminé, onze Allemands ont été tués.
L’appel devait avoir lieu, mais Frantzel, responsable de l’appel, ne se présente pas et comme un électricien avait coupé l’électricité et le téléphone, une grande partie des internés se rue sur les barbelés pour sortir du camp. Malheureusement, beaucoup périssent dans le champ de mines qui entoure le camp, et sous les tirs des gardes Ukrainiens. Seuls quelques-uns survivent à leur évasion dont Léon Feldhendler, un des leaders de la révolte, qui est abattu d'un coup de feu le 2 avril 1945, et Yehuda Lerner, toujours vivant.
Les SS de leur côté acheminent des renforts, massacrent les détenus encore présents au camp puis déclenchent une impitoyable chasse à l’homme. Une cinquantaine de fuyards est reprise et abattue. Sacha réussit à s’échapper mais abandonne ses hommes en forêt juste après l'évasion. « Il estimait avoir fait son boulot, c'était son expression. Nous étions des juifs polonais sur notre territoire et lui était un soldat soviétique, il devait continuer le combat. Nous devions donc nous séparer » d’après Thomas Toïvi Blatt, un rescapé encore en vie aujourd’hui.
Il est arrêté juste après la guerre par le régime stalinien, en effet : car s'il a survécu à l'occupation nazie, c'est qu'il est forcément un traître. Il est emprisonné avec son frère, qui meurt d'un coma diabétique en prison. Sacha est libéré quelques années plus tard et reprend son métier d'origine : animateur d'une troupe de théâtre amateur et professeur de musique. Il tente de se procurer à maintes reprises un visa pour quitter l'URSS. Après de nombreux refus, il en obtient finalement un en 1987 pour assister à la première du téléfilm « Escape from Sobibor » réalisé par Jack Gold. Mais il est trop malade pour voyager et meurt trois ans plus tard.
Comparée aux mutineries de Treblinka et d'Auschwitz, celle de Sobibor est, de toute la Seconde Guerre mondiale, la seule menée avec la précision d'une opération militaire. Les pertes des nazis n'ont été nulle part aussi fortes : une dizaine de SS et huit Ukrainiens tués, des dizaines de gardes blessés... D'ailleurs, ce sont les nazis eux-mêmes qui lui donnèrent le nom de "révolte".
Toutefois, pour Berlin, le plus terrible n'est pas le nombre de morts, mais le risque de divulgation de ce qui devait rester le plus grand secret d'Etat : l'existence de centres d'extermination. En 1943, au fur et à mesure de l'avancée de l'Armée rouge, des équipes avaient en effet commencé à démolir ces camps, parfois en les remplaçant par de jolies fermes et de nouvelles forêts, et à ensevelir les corps, comme cela s’est fait à Sobibor. Or, dès le 25 octobre 1943, grâce à un message adressé au gouvernement polonais en exil par la Résistance polonaise, la révolte de Sobibor est connue des Alliés.
On dispose de chiffres, divulgués lors de procès après-guerre. Sobibor, où, rappelons-le, 250 000 juifs ont été assassinés, comptait 550 prisonniers le 14 octobre 1943. Le nombre d'évadés s'élève à 320. En ôtant les prisonniers repris et exécutés, ceux qui ont été assassinés dans leurs cachettes, le plus souvent par des "autochtones hostiles". Même en réussissant à s’évader de Sobibor, les conditions de vie en Pologne occupée et l'antisémitisme d'une bonne partie de la population rendaient la survie aléatoire. Un évadé non juif pouvait se fondre dans la population, pas un juif. Cacher un Juif était puni de mort. Un bon nombre de ceux qui ont échappé à la traque ont péri ensuite sous l'uniforme de l'Armée rouge ou polonaise, dans les rangs des partisans. D'autres encore ont été assassinés par des organisations nationalistes et des maraudeurs sévissant dans les forêts, et cela a continué après la libération du pays... Aujourd’hui, on aboutit à un chiffre de 58 survivants.
En tout, 250 000 Juifs sont morts à Sobibor. Les révoltés ont ainsi réussi à venger ces morts, et à sauver l’honneur des Juifs. Aujourd’hui un mémorial a été édifié à l’entrée du camp, il continue à faire vivre ces morts innocents pour qu’ils ne tombent jamais dans l’oubli.
C'est une véritable victoire de la Résistance juive.
Dans une interview pour l’Express, Thomas Toïvi Blatt ajoute : "Même lorsqu'on s'en est évadé, on ne quitte jamais Sobibor…".
Arthur Guérin-Turcq (tuturdebx@hotmail.fr)
12/07/2012
Auteur : Arthur Guérin-Turcq
Liens externes
[Ajouter un lien vers un article d'intérêt ou un site internet]Chronologie [Ajouter] Témoignages, mémoires, thèses, recherches, exposés et travaux scolaires
[Ajouter le votre]
Pas de travaux actuellement sur ce sujet… Vous pouvez mettre le votre en ligne sur le site ajpn.org.
Notes Annonces de recherche
[Déposer une annonce]
12/04/1939 -
Décret du 12 avril 1939 sur la création des CTE (Compagnies de Travailleurs Étrangers).
27/09/1940 -
Loi du 27 septembre 1940 sur la création des GTE (Groupements des Travailleurs Étrangers).
22/02/1941 -
Décret du 22 février 1941 sur les sanctions à appliquer dans les GTE (Groupements des Travailleurs Étrangers).
02/11/1945 -
Ordonnance du 2 novembre 1945 sur la dissolution des GTE (Groupements de Travailleurs Étrangers).
- 1 - Raul Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe, Gallimard, Folio, t. II, p. 777.
- 2 - Eugen Kogon, Hermann Langbein, Les chambres à gaz, secret d'état, Seuil, 1987, p. 143.
- 3 - Raul Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe, Gallimard, « Folio », t. II, p. 774.
Avertissement Les informations affichées sur le site de ajpn.org sont fournies par les personnes qui contribuent à l'enrichissement de la base de données. Certaines, notamment les témoignages, ne peuvent être vérifiées par ajpn.org et ne peuvent donc pas être considérées d'une fiabilité totale. Nous citons les sources de ces informations chaque fois qu'elles nous sont communiquées. Toutes les demandes de rectification de données erronées sont bienvenues et, dans ce cas, les corrections nécessaires sont appliquées dans les meilleurs délais en citant la source de ces corrections. C'est par cette vigilance des visiteurs de notre site que nous pouvons assurer la qualité des informations conservées dans la base de données ajpn.org
* Juste parmi les Nations
© Lhoumeau, Marchal 2008-2024