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Arthur Magnier


Dossier Yad Vashem : 11422
Remise de la médaille de Juste : 2009
Sauvetage : Argenteuil 95100 - Val-d'Oise
Profession: Ajusteur

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Arthur-Magnier
Le mariage de Cécile et d'Arthur Magnier
source photo : Arch. fam. Magnier
crédit photo : D.R.
Arthur-Magnier
Cécile et d'Arthur Magnier
source photo : Arch. fam. Magnier
crédit photo : D.R.
Notice

David Storch est né à Narol (Pologne), le 15 août 1901. Orphelins, son frère part vivre aux Etats-Unis, tandis que David va vivre avec un de ses oncles en Autriche.
Il arrive à Paris dans les années 1920 avec l'intention de rejoindre son frère. Il rencontre Rivka Tepper, née à Jaroslaw (Pologne) le 7 novembre 1906, et abandonne tout projet de repartir.
Rivka était arrivée en France à la fin des années 1920 et avait rejoint sa demi-soeur qui habitait à Thonon-les-Bains. Rivka avait alors trouvé un emploi à l'usine de papiers à cigarettes Zig-Zag.
Ils se marient le 18 avril 1931 à la mairie du 12e arrondissement et s'installent 35, rue Claude-Tillier. Ils auront 3 enfants : Charlotte, née le 5 février 1933, Paulette, née le 28 avril 1935, et André, né le 20 mai 1939.
David est manœuvre et travaille dans une usine où il est placagiste et apprend à lire et à écrire en suivant des cours du soir.
Rivka travaillera jusqu’à la naissance des enfants dans une épicerie juive de la rue de la Forge Royale.

En 1939, lorsque la guerre éclate, David, resté à Paris, projette de s’engager en tant que volontaire dans l’armée française, mais il est réformé à cause d’un accident du travail.

Rivka et ses enfants sont évacués dans un petit village de la Nièvre, à Poiseux, et sont logés dans le pavillon du gardien du château. Les enfants sont scolarisés dans le village.
Le 14 mai 1941, le père est arrêté et interné à Beaune-la-Rollande dans le Loiret au motif d'être « en surnombre pour l’économie nationale ».
Il sera déporté sans retour vers Auschwitz par le convoi n° 5, le 27 juin 1942.

Le 16 juillet 1942, lors de la grande rafle du Vel d’Hiv, Rivka et ses enfants ne répondent pas lorsque les policiers viennent les chercher. Ils ne seront pas arrêtés et parviennent à se cacher pour une nuit chez une voisine.

Le 21 juillet 1942, Rivka et ses trois enfants se rendent au Centre communautaire rue Lamarck à Paris dans le 18e arrondissement. Le 7 août 1942, Rivka et ses enfants sont conduits au Centre de la Croix-Rouge de la Citée d’Orgemont à Argenteuil (Val d’Oise). Les deux fillettes, Charlotte et Paulette resteront ensemble, accueillies par la famille Garau qui, après un mois, les rend au Centre. Mais André, le petit frère, sera séparé et accueilli dans une autre famille, chez les Delcloy qui va le garder pendant toute la guerre.
Les filles sont ensuite placées dans la famille Poch pendant deux mois, puis retournent à nouveau au Centre.

Elles sont ensuite accueillies chez Arthur*, Cécile Magnier* et leur fille Marcelle, où elles vont rester jusqu’à la fin de la guerre, aimées et protégées. Elles seront adoptées par les grands parents, les oncles, les tantes, les cousins et cousines...

Les 3 enfants, enfin réunis chez Arthur* et Cécile Magnier* resteront chez eux encore pendant un an après la fin de la guerre.

La séparation sera difficile et ils ne les oublieront jamais.
Rivka survivra en se cachant dans divers endroits et retrouvera ses enfants.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem


Histoire

Cérémonie à l'école d'Orgemont

Jean-Michel Polge, directeur de l'école d'Orgemont, lors de la remise de médailles des Justes à l'école d'Orgemont le 4 février 2010 :

"C'est un moment un peu exceptionnel que celui que nous vivons actuellement, en nous retrouvant réunis dans la Maison-École de la République.
Nous célébrons le sauvetage d'enfants juifs, et pourtant la République ne sait pas ce qu'est un juif.
Nous célébrons un acte de désobéissance et pourtant l'école n'enseigne pas la désobéissance.
Nous célébrons deux personnes pour leur courage, alors qu'en ces lieux, les courages furent multiples et divers.

Pendant ces heures noires de l'histoire de notre pays, alors que la République avait dû céder la place à l'État français, il y avait deux écoles dans le quartier d'Orgemont.
L'école des filles, occupée par les troupes allemandes, n'accueillait plus d'élèves. La directrice s'est illustrée par son courage en résistant.
L'école des garçons, par un fonctionnement à mi-temps, accueillait alternativement filles et garçons. Les témoignages que nous avons recueillis montrent que le directeur de cette école était pour le moins conformiste, et adhérait aux idées officielles de l'époque. Il a d'ailleurs eu quelques soucis à la Libération... Tout n'est cependant pas si simple, puisqu'il s'arrangeait pour soustraire ses élèves menacés aux contrôles les jours de perquisition.
Ce n'est sans doute pas un hasard si, sur le registre matricule de l'école des garçons, nous avons trouvé des mentions stigmatisantes alors que le registre de l'école des filles, pour cette période, a tout simplement disparu.
Le registre matricule, pour ceux qui ne le savent pas, c'est ce livre dans lequel sont consignés les arrivées et les départs de tous les élèves de l'école. On y trouve leurs noms et prénoms, leur date de naissance, les noms, adresses et professions de leurs parents, et parfois des mentions qui permettent de savoir d'où viennent et où vont ces élèves.
C'est un document officiel, et quand, comme dans notre école, son origine remonte à 1931, cela devient un document historique.
C'est donc tout naturellement qu'il y a maintenant dix ans, Christine POLGE et Nathalie QUERRIEN, enseignantes de CM2, s'étaient penchées sur l'histoire locale de ce quartier et de cette école.
Le point d'entrée: les espaces urbains de notre quartier. Place Chauvelot, place du Lieutenant-Moreels et Square du Commandant-Doué. Trois points de passage que leurs élèves traversaient ou habitaient depuis des années sans même imaginer qu'il s'agissait de héros locaux d'une Résistance qui prenait tout à coup un visage.
L'atelier d'histoire d'Argenteuil proposait alors ses services pour rencontrer les enfants des écoles.
Dès la première rencontre, des pistes s'ouvraient, plus nombreuses que prévues, puisque Moreels et Chauvelot avaient eu des filles et que parmi les intervenantes de l'atelier, se trouvaient deux enfants cachées, Charlotte Barillet et Liliane Marton.
On ne savait pas à ce moment que dans le quartier d'Orgemont, des enfants persécutés avaient été cachés. La notion même d'enfant caché était une découverte pour nous et nos élèves. Les protagonistes de cette rencontre sont pour la plupart dans cette salle aujourd'hui.
Le travail était lancé. Charlotte et Liliane acceptaient de venir témoigner auprès des enfants, et la recherche des filles des trois fusillés d'Orgemont pouvait commencer.
Le directeur de l'école fut sollicité pour sortir les registres matricules, tous, ceux des filles et ceux des garçons, depuis 1931. Jacqueline Chauvelot et Nicole Moreels furent facilement identifiées, avec la mention « père fusillé », mais Charlotte comme sa sœur Paulette, qui pourtant étaient des enfants du quartier, restaient introuvables... et pour cause, puisque le registre des filles, de 42 à 44 avait tout simplement disparu. On peut bien entendu penser que c'est un hasard... mais pourquoi ne manque-t-il que celui-là ? Seule l'inscription, à la rentrée 1945, de leur petit frère André permettait de laisser une trace officielle de ce passage.
Sur le registre de l'école des garçons, le choc fut plus brutal. Tout avait été conservé : le livre, les noms, et les mentions qui s'y rapportaient : "enfant juif", "enfant de nationalité juive", "parents en camp de concentration"... toutes mentions qui n'ont rien à faire dans un registre officiel, et qui sont contraires à l'éthique de la République. Mais il est vrai qu'à cette époque, la République était entre parenthèses.
Après dix ans de rencontres et de recherches, Christine a pu estimer, à partir du registre de l'école des garçons, que ce quartier avaient dû cacher et protéger entre quarante et cinquante enfants. Cette extrapolation part du principe que le registre des garçons recensait les enfants de 6 à 12 ans, qu'il fallait multiplier ce nombre par deux pour avoir une image des 3/18 et qu'il était probable que le nombre de filles soit sensiblement équivalent.
Vous pouvez consulter dans cette salle une reproduction de ces pages.
Nous ne sommes pas historiens, et les découvertes que nous faisons, sont aussi celles de nos élèves. C'est ainsi que Charlotte, qui fut notre fil conducteur, est revenue à plusieurs reprises pour témoigner auprès des enfants, de sa vie de petite fille dans ce quartier d'Orgemont. Elle vous contera tout à l'heure son histoire, qui depuis dix ans fait aussi partie de celle de l'école.
Ce fut pour nos élèves l'occasion, de découvrir d'autres enfants cachés comme Jacques Patron qui a épousé la fille de ses bienfaiteurs, mais la volonté fut aussi très forte de laisser une trace de ces rencontres pour fixer cette mémoire. C'est ainsi qu'est née l'idée de la mosaïque que vous avez pu voir dans le hall de l'école, et qui fut entièrement conçue et réalisée par les élèves de CM1 et CM2 en 2007. Elle attendait bien sagement l'occasion d'apparaître en public.
Nous sommes donc aujourd'hui réunis pour remettre à Arthur et Cécile Magnier, par l'intermédiaire de leurs petites filles, anciennes élèves de l'école, la médaille des Justes. C'est, semble-t-il, la première fois qu'une telle médaille est décernée au sein d'une école, et comme élèves et enseignants de cette école, nous nous en réjouissons."

En effet, au-delà de la seule personnalité des époux Magnier, c'est le courage de tout un quartier que nous célébrons, avec ses habitants qui ont hébergé, ses enfants qui ont su tenir leur langue, ses autorités locales qui ont sans doute un peu fermé les yeux, ses enseignants et directeurs qui, malgré des différences importantes, ont pensé que la vie de leurs élèves prévalait sur toute autre considération.
C'est un courage simple et ordinaire, pas de celui qu'on retrouve dans les livres ou sur les stèles.
Souhaitons qu'il puisse faire école.
Pour conclure, comment ne pas évoquer l'ironie de l'histoire et le paradoxe de l'école, dans cette situation.
Ironie de l'histoire donc :
Il y a soixante-cinq ans, le directeur conformiste qui se permettait d'écrire dans le registre matricule « enfant de nationalité juive » s'était pourtant arrangé pour soustraire des perquisitions de la police et dissimuler aux forces d'occupation ses élèves menacés.
Aujourd'hui, et depuis le mois de décembre, après une pression administrative forte, les élèves de l'école ont été inscrit sur un fichier informatique national. Fichier anodin à ce qu'il semblerait, mais qui, s'il avait existé à l'époque que nous évoquons aujourd'hui, aurait suffit pour tracer ces élèves et les auraient condamné au destin le plus tragique.
Paradoxe de l'école aussi : ce qui a fondamentalement permis de sauver ces enfants, c'est la désobéissance. Désobéissante, Régina, la mère de Charlotte qui ne répond pas aux sollicitations de la police française, désobéissants les habitants du quartier qui ont protégé ces enfants en les cachant, désobéissants, les enseignants mais aussi le directeur de l'école qui les ont soustraits aux recherches administratives... Obéissant, David, le père de Charlotte qui, faisant confiance à la République française, s'est inscrit comme « Juif » sur les listes du commissariat, a porté son étoile jaune puis s'est rendu à la convocation pour aller en camp de travail et ne jamais revenir.
C'est pourtant au sein de cette école de la République que nous rendons aujourd'hui cet hommage... qu'il puisse au moins aider chacun d'entre nous à rester vigilant.
"

17/02/2010
Auteur : Jean-Michel Polge

[Compléter l'article]
Réseau de sauvetage
Cécile Magnier

 
Familles hébergées, cachées, aidées ou sauvées par Arthur Magnier
André Storch
Paulette Storch
Charlotte Storch

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Cet article n'est pas encore renseigné par l'AJPN, mais n'hésitez pas à le faire afin de restituer à cette commune sa mémoire de la Seconde Guerre mondiale.


Témoignages, mémoires, thèses, recherches, exposés et travaux scolaires [Ajouter le votre]

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Etoile jaune: le silence du consistoire centrale , Mémoire ou thèse 7 pages, réalisation 2013
Auteur : Thierry Noël-Guitelman - terminal
Lorsque la 8e ordonnance allemande du 29 mai 1942 instaure l'étoile jaune en zone occupée, on peut s'attendre à la réaction du consistoire central. Cette étape ignoble de la répression antisémite succédait aux statuts des juifs d'octobre 1940 et juin 1941, aux recensements, aux rafles, aux décisions allemandes d'élimination des juifs de la vie économique, et au premier convoi de déportés pour Auschwitz du 27 mars 1942, le consistoire centrale ne protesta pas.


Liens externes [Ajouter un lien vers un article d'intérêt ou un site internet]
1 Juifs en psychiatrie sous l'Occupation. L'hospitalisation des Juifs en psychiatrie sous Vichy dans le département de la Seine (Par une recherche approfondie des archives hospitalières et départementales de la Seine, l'auteur opère une approche critique des dossiers concernant des personnes de confession juive internées à titre médical, parfois simplement préventif dans le contexte des risques et des suspicions propres à cette période. La pénurie alimentaire est confirmée, influant nettement sur la morbidité. Ce premier travail sera complété par un examen aussi exhaustif que possible des documents conservés pour amener une conclusion. )
2 Héros de Goussainville - ROMANET André (Héros de Goussainville - Page ROMANET André )
3 Résistance à la Mosquée de Paris : histoire ou fiction ? de Michel Renard (Le film Les hommes libres d'Ismël Ferroukhi (septembre 2011) est sympathique mais entretient des rapports assez lointains avec la vérité historique. Il est exact que le chanteur Selim (Simon) Halali fut sauvé par la délivrance de papiers attestant faussement de sa musulmanité. D'autres juifs furent probablement protégés par des membres de la Mosquée dans des conditions identiques.
Mais prétendre que la Mosquée de Paris a abrité et, plus encore, organisé un réseau de résistance pour sauver des juifs, ne repose sur aucun témoignage recueilli ni sur aucune archive réelle. Cela relève de l'imaginaire. )
4 La Mosquée de Paris a-t-elle sauvé des juifs entre 1940 et 1944 ? une enquête généreuse mais sans résultat de Michel Renard (Le journaliste au Figaro littéraire, Mohammed Aïssaoui, né en 1947, vient de publier un livre intitulé L’Étoile jaune et le Croissant (Gallimard, septembre 2012). Son point de départ est un étonnement : pourquoi parmi les 23 000 «justes parmi les nations» gravés sur le mémorial Yad Vashem, à Jérusalem, ne figure-t-il aucun nom arabe ou musulman ? )
5 Paroles et Mémoires des quartiers populaires. (Jacob Szmulewicz et son ami Étienne Raczymow ont répondu à des interviews pour la réalisation du film "Les garçons Ramponeau" de Patrice Spadoni, ou ils racontent leur vie et en particulier leurs actions en tant que résistants. On peut le retrouver sur le site Paroles et Mémoires des quartiers populaires. http://www.paroles-et-memoires.org/jan08/memoires.htm. (Auteur : Sylvia, Source : Canal Marches) )

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