Marie Vincent

Marie*, d'origine italienne et Eugène Vincent* exploitaient une petite ferme, située en dehors du petit village provençal d’Eyguières (Bouches-du-Rhône).
Marie, d’origine italienne, avait auparavant fait connaissance de la famille Cohen qui venait parfois se ravitailler à la ferme.

Fernand Cohen, sa femme Henriette, née le 17 aout 1917 à Marseille et leurs deux filles, Monique, née en 1941, et Nicole, née le 11 janvier 1943 habitaient Marseille. Henriette était sorti de la clinique le 23 janvier lorsqu'ils décident de quitter Marseille après les rafles du Vieux Port pour rejoindre les parents de Fernand Cohen, Rosine et Lucien Cohen à Eyguières, non loin de Marseille.
Plusieurs membres de leur famille ainsi que de nombreux Juifs furent arrêtés à Marseille au cours de ces rafles et déportés.
Henriette et Fernand Cohen louent une petite ferme un peu éloignée du village.

Agé de 21 ans, Fernand Cohen avait créé une société de parfumerie à Marseille en 1934. Il était ce qu’on appelle un « nez », capable d’identifier des milliers de fragrances et de combiner les essences avec talent et créativité. Passion-nez et entrepreneur dans l’âme, il fonde alors l’entreprise Parfums Coronia avec des parfums « sans alcool » !

Lucien Cohen était très connu dans le village. Il avait l’accent provençal et une forte personnalité. C’était un juif comtadin, c’est-à-dire un juif du Pape. Il avait été arrêté en janvier 1943 mais s’était échappé en sautant du train. Son épouse Rosine née Lisbonne à Marseille le 22 mai 1982 et leur fille avaient été arrêtées en même temps que Lucien Cohen. Internées aux Baumettes, elles avaient été libérées par l’intermédiaire d’un ami.

Le 21 mai 1944, jour de la fête des mères, Henriette Cohen et Rosine Cohen sont arrêtées en ville par la gestapo française.
Le même jour des miliciens revinrent à leur domicile, pour arrêter le reste de la famille. Fernand, qui se trouvait à l’autre bout de l’appartement situé au rez-de-chaussée, comprit immédiatement le danger. Il saisit ses deux filles, sauta par la fenêtre qui se trouvait côté rue et s’enfuit à travers champ. Il courut jusqu’à la ferme de Marie* et Eugène Vincent*. Affolé et à bout de souffle, il leur expliqua la situation et leur demanda d’héberger ses deux fillettes.
Les miliciens se rendirent ensuite chez Lucien Cohen pour l'arrêter.

Marie* et Eugène Vincent* acceptèrent malgré les risques encourus parce qu’ils avaient eux-mêmes une fillette de 5 ans. Eugène Vincent* lui proposa de se cacher ensuite dans la propriété isolée de ses parents.
Une fois l’alerte passée, Fernand Cohen revint chercher ses filles.

Le 21 mai 1944, Henriette Cohen et sa belle-mère Rosine Cohen sont arrêtées et emmenées à « l’hôtel de la Bonne Espérance » à Mirabeau. Ils dorment à cinq dans la même chambre : les trois geôliers, Henriette et Rosine. Le lendemain, elles sont emmenées rue de Paradis à Marseille. Elles sont ensuite envoyées à la prison des Beaumettes, enfermées avec plusieurs femmes pour quelques jours.
La gare Saint-Charles ayant été bombardée, un convoi part de la gare d’Arenc pour Drancy où elles vont rester un mois.
Le 6 juin 1944, ils apprennent le débarquement des alliés en Normandie, la guerre était finie, elles allaient être libérées !!
En fait, elles seront déportées à Auschwitz le 30 Juin 1944 par le convoi n° 76. Rosine Cohen est immédiatement gazée à son arrivée.

Henriette sera libérée le 15 avril 1945 par les Anglais à Bergen-Belsen, tandis que ses beaux-parents ne reviendront pas. Son mari Fernand et ses deux filles l'attendent sur le quai de la gare Saint-Charles et depuis son retour de déportation, les deux familles Cohen et Vincent ont toujours entretenu des relations amicales.

Henriette et Fernand Cohen donnent naissance à une troisième fille en 1946, puis une quatrième en 1948 et ils auront ensuite deux garçons, Jean-Luc et Bernard.

Le 13 septembre 2000, Yad Vashem a décerné à Marie* et Eugène Vincent* le titre de Juste des Nations.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem