Reine Chevris

Constant, né à Landivy, le 27/08/1894, et Reine Colin*, née à Saint-Ellier-du-Maine (Mayenne) le 14/10/1896, se marient le 8 février 1926 à Landivy.
Ils sont agriculteurs à L'Auguinière (sur la commune de Landivy).
Ils ont deux enfants, André, né le 14/03/1927, et Germaine, née le 14/03/1928.
En 1943, ils recueillent Georges Gutman, âgé de 12 ans.

Quelques jours avant et après la rafle du Vel d’Hiv, le comité de la Rue Amelot prend en charge des enfants. Georges Gutman, né en 1931, et son petit frère, Roland, né en 1938, sont issus d’une famille polonaise arrivée à Paris en 1930. Ils sont emmenés dans une famille de paysans dans le Maine-et-Loire quelques jours après la rafle du Vel d’Hiv. Leurs parents sont visités régulièrement par une assistante sociale de la Rue Amelot, Mademoiselle Rosenthal, qui leur apporte une aide financière leur permettant de subsister. Georges Gutman se souvient des conditions dans lesquelles se sont effectuées leur départ à la campagne : "(...) Mademoiselle Rosenthal a proposé à mes parents de nous envoyer à la campagne (...). Hésitation de mes parents, bien sûr, mais nous sommes tout de même partis, nous avons quitté Paris. Nous étions tout un groupe de gosses. Mon frère, moi et d’autres encore. Et celle qui nous conduisait était censée être une infirmière. Elle nous répartissait chez des paysans à la campagne. C’est elle qui devait payer les paysans, c’est elle qui avait les adresses dans sa tête et elle ne faisait que ça. Après nous, elle faisait d’autres voyages, avant nous, elle en avait certainement fait beaucoup d’autres."¹

Par la suite, Mme Mounier, assistante sociale, l'amena à la ferme des Chevris*.
Son petit frère, Roland, 5 ans, est pris en charge par la famille Louis Colin, à Landivy également.
Constant et Reine Chevris, découvrant la situation dramatique de l'enfant et de sa famille, envoya des petits colis de beurre à M. et Mme Gutman, cloitrés à Paris.

Georges fréquentait l'école du village dirigée par Louis Derennes*. Directeur de l'école communale et instituteur de la classe du certificat d'étude, il veille à la sécurité des enfants juifs, assez nombreux, réfugiés dans le village.
Le registre de l'école indique qu'entre 1940 et 1944, plus de 20 enfants Juifs fréquenteront l'école.
Louis Derennes*, convoqué à la Kommandantur de Laval en juin 1944, doit répondre de la présence d'enfants juifs dans son école.
Revenu à l'école, il convoque Georges Gutman lors de la récréation pour l'informer de la situation. Georges lui répond : "Je pense qu'il n'y a pas d'élèves juifs à l'école, Louis Derennes".
Le directeur dit alors : "Évidemment, il n'y en a pas. Mais si tu en connaissais, dis-leur de ne plus venir à l'école".
Les enfants Juifs ainsi prévenus ne reviennent pas à l'école, puis ce sera les vacances et la Libération.

Georges Gutman a connu la sécurité et le bien-être à Landivy jusqu'à la Libération.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem