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Robert Voisin


alias Vincendeau
Dossier Yad Vashem : 14323
Remise de la médaille de Juste : 2023
Sauvetage :   - 
Ligueil 37240 - Indre-et-Loire
Profession: Médecin
Qualité: Résistant
Date de naissance: 07/07/1892 (Toulouse)
Date de décès: 10/12/1972 (Ligueil (37))
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Robert-Voisin
La maison dans laquelle a vécu le docteur Robert Voisin* à Ligueil
source photo : La Nouvelle République
crédit photo : © Photo NR
Robert-Voisin
Robert Voisin*
source photo : Yad Vashem
crédit photo : D.R.
Notice

Né le 7 juillet 1892 à Toulouse Robert Voisin*, diplômé en médecin, s'établit à Ligueil au cours des années 1930.
Officier de marine lors de la guerre de 14/18, il est mobilisé en septembre 1939 dans le service de la santé de la marine.
Le médecin-chef Robert Voisin* est très proche des hommes placés sous ses ordres, ainsi que pour les blessés.
Devant l’avance des Allemands, il va les libérer de leurs obligations militaires et les renvoyer chez eux. L’armistice signé le 22 juin 1940, impose le partage de la France en zones et la mise en place d’une ligne de démarcation.
Le docteur Robert Voisin* ne se rend pas à l’ennemi. Il revient chez lui à Ligueil. À son arrivée à Ligueil, il a une mauvaise surprise, sa maison est occupée par l’état-major de la Wehrmacht. Ses réclamations pour obtenir la restitution de son bien demeurent vaines. Le docteur Robert Voisin* - alias Vincendeau (son nom dans la clandestinité) - possède une automobile et des bons d’essence pour accomplir ses visites.
Il a une parfaite connaissance des lieux et une formidable envie de secourir ceux qui sont en danger. Le docteur Voisin-Vincendeau*, fait passer la ligne à de nombreux fugitifs, qu’ils soient évadés, juifs et autres proscrits recherchés, comme les réfractaires au STO (Service du travail obligatoire) en Allemagne.
Sans relâche, il poursuit ses passages car les candidats ne diminuent pas. De nombreux aviateurs anglais abattus doivent être dirigés vers l’Espagne et la salle d’attente du docteur Voisin-Vincendeau voit entrer de plus en plus de « patients », de jour comme de nuit.
Ce qui lui vaut d’être convoqué à la Kommandantur de Tours.
Sentant le piège, il disparaît. Réfugié d’abord à Loches, il part en Dordogne, jusqu’en novembre 1944, date à laquelle il reprendra le chemin de la Touraine qui vient d’être libérée.
Ligueil retrouve son médecin qui va exercer quelques années encore. Le docteur Robert Voisin* s’éteindra le 10 décembre 1972 à Ligueil. Ses patients et les ligoliens étaient fiers de lui. Il était officier de la légion d’honneur.

Lucien Caen et Renée Lévy se sont connus après la première guerre mondiale en 1919.
Julien Caen (1860-1928), le père de Lucien, lorrain, était marchand de grains tandis que Lambert Lévy (1861-1930), le père de Renée, meusien, était marchand de bestiaux.

Lucien est né dans la Moselle occupée par les Allemands, et il est négociant en vin. Renée Lévy était née à Étain dans une famille juive installée à Uckange en Moselle depuis 1636.
Ils se marient le 12 décembre 1919 à Metz. Leurs deux fils naissent à Metz : Pierre le 25/08/1921 et Jacques le 11/03/1927.
Ils habitent 4 rue Charlemagne à Metz.

Après l'avénement d'Hitler au pouvoir, la famille envisage d'émigrer au Canada, mais l'état de santé de Lucien n'a pas permis de réaliser ce projet.
En effet, Lucien est atteint d’une maladie rénale. Jacques, qui deviendra hématologue, voit son père couvert des sangsues que l’on dispose, à l’époque, sur le corps des malades dont elles sucent le sang gorgé de substances toxiques.
Joseph Weill, le médecin qui s’occupait de Lucien et qui s'était attaché à Jacques, initie l’enfant à la réalisation d’examens d’urine et de sang.
Lorsque Lucien meurt, en 1938, le jeune garçon fait un serment : « Je serai médecin, je serai biologiste ».

En août 1939 le jour où Ribbentrop et Molotov signent le pacte germano-soviétique de non-agression, la mère et les deux fils quittent Metz.
Ils partent à Chinon (37) au bord de la Vienne rejoindre la sœur de Renée Caen et ses trois enfants. Ils habitent sur Haute Saint-Maurice.
Probablement dénoncés en septembre 1940, les Allemands débarquent. Tous déclarés comme Juifs, ils doivent rendre leur poste de TSF. Toutefois ils restent à Chinon jusqu’au 11 août 1942.

Le 11 février 1942, Pierre était sur la liste des otages recherchés après l’assassinat d’un officier allemand à Tours tout comme l'oncle des enfants Marc Caen et son fils Jean pour faire partie des 50 otages en représailles.
Marc Caen, ancien combattant de la première guerre mondiale, Médaille Militaire et Croix de Guerre, est arrêté avec son fils Jean, étudiant en pharmacie seront raflés, emmenés à la prison de Tours, puis envoyés à Compiègne. C'est là que Jean fêtera ses 20 ans. De là, ils seront déportés sans retour à Auschwitz (Pologne) par le convoi n° 2. Marc Caen sera gazé en juin 1942, Jean sera abattu d'une balle dans la nuque le 11 juillet 1942 parce qu’il traînait la jambe.

L'épouse de Marc Caen, Thérèse Caen et leur fille Colette Caen, née le 07/05/1928 à Metz, seront également arrêtées et déportées sans retour vers Auschwitz (Pologne) le 13/02/1943 par le convoi n° 48.
Son neveu, fils de sa soeur Fanny Caen épouse Daltroff, Léon Alfred Daltroff, né le 27/06/1926 à Metz, sera déportés de Drancy à Auschwitz sans retour le 10/02/1944 par le convoi n° 68.

Le 11 février 1942 à Chinon, Monsieur Lepingard, l’oncle de Micheline Lajoye-Mathiez, accompagne Pierre jusqu’à la ligne de démarcation entre Châtellerault et Chauvigny au nez et à la barbe des Allemands. Il se rend alors à la gendarmerie où le capitaine de gendarmerie lui donne le moyen de passer en zone non occupée.

A la suite de ces arrestations, alors que Jacques rentrait du collège, la bonne du curé, voisine de leur maison, l'a alerté et lui a conseillé de partir à vélo avertir son frère qu'il était recherché. Celui-ci a alors pris la fuite sans même prendre le temps d'embrasser sa mère.
Il part à. la barbe des Allemands, en voiture avec M. Lepingard, frère de Mme Mathiez chez qui il travaillait. Ils arrivent jusqu’à la ligne de démarcation entre Châtellerault et Chauvigny. C'est le capitaine de gendarmerie de Châtellerault qui lui indique la filière pour rejoindre Chavigny, dans la Vienne, en zone non occupée.

Renée Caen et Jacques sont interrogés par la Kommandantur mais ne divulguent pas où se trouve Pierre.

Les 17 et 18 juin 1942, Jacques, 15 ans, passe la première partie du bac à Chinon puis il se présente aux épreuves orales du 11 juillet 1942 à Tours. Le professeur de physique lui demande pourquoi il ne porte pas l'étoile juive. Il répond avec assurance "Parce que je ne suis pas juif".

Le 15 juillet 1942, Renée Caen accompagne Jacques jusqu'à Joué-lès-Tours. Il embrasse sa mère pour la dernière fois avant qu'elle rentre à Chinon avec le projet de rejoindre ses fils un peu plus tard.
Renée Caen ne peut partir maintenant avec son fils car elle a promis à sa cousine Marcelle Zackayus qui a disparu, de s’occuper de son père, un vieil oncle, Alphonse Lévy.

Muni de faux papiers au nom de "Jacques Chardon", né à Oran, fournis par l'évêché de Tours tout comme son frère "Pierre Chardon", il prend son vélo pour rejoindre un passeur mis en contact par le capitaine de gendarmerie.
C'est le Docteur Robert Voisin*, médecin à Ligueil qui l'avait conduit jusqu'aux environs de Loches, en zone libre. Puis il poursuit sa route jusqu'à Valence pour rejoindre Pierre.

Le 17 juillet, Renée Caen est arrêté au petit matin par des gendarmes français. Elle est incarcérée à la prison de Tours puis au séminaire d'Angers.
Le 20 juillet 1942, le convoi n° 8, un train de marchandises quittait la gare d’Angers avec 827 personnes de confession juive, dont Renée Caen, direction Auschwitz.

Une de leurs cousines téléphone à Valence et informe les deux frères de l'arrestation de leur mère.

Jacques se rend à Vichy en août 1942... il ne sera donnée aucune suite à ses demandes...

Le 11 novembre 1942, la zone libre est occupée.

Le 15 janvier 1943, date à laquelle les juifs devaient faire apposer le tampon JUIF en lettres routes sur leur carte d'identité, Pierre et Jacques partent pour se réfugier à Albon, dans la Drôme, chez d'anciens locataires de leurs parents. Jean-Pierre d’Homecourt et à son épouse vont les cacher dans leur propriété jusqu’à fin août 1944.

Jacques est inscrit sous son faux nom à l'Ecole universelle pour pouvoir se présenter à la seconde partie du baccalauréat qu'il passera avec succès à l'été 1943, sous son vrai nom grâce à la complicité bienveillante du proviseur du lycée de Valence.

Le Docteur Voisin faisait partie d’un réseau de résistance. Il a fait passer la ligne de démarcation à d’autres gens dont Michel Debré. Il a sauvé aussi Claire-Lise Caen, la fille de Thérèse et Marc Caen qui après-guerre se retrouve orpheline ayant perdu ses parents, son frère Jean et de sa sœur Colette Caen tous morts à Auschwitz.
Elle s’était repliée à Tulle où elle avait assisté cachée sans rien pouvoir faire à l’exécution de 99 personnes pendues le 9 juin 1944 par la division Das Reich.
Elle épousera Alfred Daltroff en 1945, fils de Albert Deltroff et Léa née Jacob, assassinés à Auschwitz (Pologne).

« Au péril de sa vie, il a rendu de nombreux services. Il ne voulait pas connaître les noms de ses passagers furtifs, ni les raisons de leur passage. Il a reçu après-guerre les remerciements du professeur Robert Debré pour avoir fait passer la ligne à son fils Michel Debré ».

Jacques Caen deviendra un hématologue renommé dont on peut lire des centaines de contributions dans les revues scientifiques les plus prestigieuses et s'est acquitté de responsabilités importantes : Chef de laboratoire, chaire de cancérologie médicale et sociale à Paris (1956), Chef de travaux à la chaire d’hématologie (1961), Maître de conférences agrégé (1966), biologiste des hôpitaux de Paris, Chef du service de biologie et d’hématologie (1971-1992), Directeur de l’unité de recherche Inserm 150 « Thrombose expérimentale et hémostase » à l’hôpital Lariboisière (1974-1989), Directeur de l’équipe puis de l’unité de recherche associée du CNRS (1971-1988), chercheur au centre Claude-Bernard sur l’hémostase et la thrombose (1971-1993), professeur à l’université Paris VII-Denis Diderot (1978-2000), professeur émérite, Directeur de l’Institut des vaisseaux et du sang à l’hôpital Lariboisière (1989-2000). Les prix, les distinctions, la présence au sein d’instances scientifiques et de sociétés savantes s’ajoutent à ce prestigieux déroulé biographique qui laisse le lecteur…exsangue.

En 2023, Yad Vashem a décerné à Robert Voisin* le titre de Juste parmi les Nations.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem



 
Familles hébergées, cachées, aidées ou sauvées par Robert Voisin
Jacques Caen (dit Jacques Chardon)
Claire-Lise Daltroff
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