Rose Cahours

Rose Cahours* avait une petite ferme à Réalmont (Tarn).

Pendant l'occupation, la famille Sarfaty, venue de Paris en 1939, et la famille Silberstein, arrivée de Marseille en 1943, vivaient non loin de là. Les deux familles étaient de nationalité turque, ce qui leur permis une certaine protection. Ils étaient toutefois à la merci du bon vouloir des employés municipaux et de la gendarmerie.

Judith et Isidore Silberstein, Juifs originaires de Turquie, vivent à Paris quand la guerre éclate. Le 13 juin 1940, ils quittent Paris pour Vichy avant l'arrivée des Allemands puis se réfugient à Marseille.
En application de la Loi du 2 juin 1941 portant sur le statut des juifs (parue au Journal Officiel du 14 juin 1941), Isidore perd son emploi
Lorsque les Allemands occupent la zone sud, le 11 novembre 1942, le couple et leur petite fille, Nicole, née à Marseille le 18 août 1942, décide de quitter Marseille. Ils rejoignent les Sarfaty, une famille originaire de Turquie, comme eux, arrivée en 1939 à Réalmont, et louent une petite maison à Lafenasse à 3 km de là au début de l'année 1943.
Ils font la connaissance d'Ernest Boulade, fermier, qui vient leur proposer des œufs, et sympathisent. Le fermier leur propose son aide en cas de besoin.
La situation des Juifs dans la région devient dangereuse et les Silberstein partent se réfugier à Réalmont où Judith vient de donner naissance à leur seconde fille, Fanny, le 4 février 1944.

Au début de l'année 1944, des gendarmes français vinrent au village : ils comptaient arrêter Isidore Silberstein, ainsi que Albino Sarfaty et son frère Samy Sarfaty, pour les envoyer dans un camp de travail obligatoire en Allemagne.

Rose Cahours* fut avertie des arrestations prévues par sa fille Fernande, qui était la secrétaire de mairie. Elle cacha les trois hommes dans le grenier couvert de paille de sa porcherie. Rose, son mari Xavier Cahours, et leurs enfants Pierre (18 ans) et Fernande s'occupent des réfugiés et leur amènent régulièrement de la nourriture.
Chaque fois que Rose Cahours* allait nourrir les cochons, elle apportait à manger aux trois Juifs, qui restèrent cachés là pendant six semaines avant de partir chacun de son côté vers des refuges plus sûrs.

Ernest Boulade et ses deux sœurs, Maria et Emma qui vivaient à la ferme La Combessie, vinrent aussi leur rendre visite et décidèrent de ramener Isidore Silberstein à La Combessie à Lafenasse où il restera plusieurs semaines.
Ernest pourvoira à ses besoins et assurera la liaison avec sa femme et ses filles, mais Isidore Silberstein souffrait de l'éloignement des siens et le couple trouva une maison isolée à louer à Cuq-les-Vielmur.
Ernest Boulade et ses deux sœurs, Maria et Emma, venaient régulièrement leur rendre visite et leur apporter des produits frais et du lait de la ferme pour les deux fillettes.
Grâce à l'aide et au soutien de ces Justes, les Silberstein et les Sarfaty purent tenir jusqu'à la Libération.

Rose Cahours* courait de grands risques en cette période où perquisitions, arrestations et dénonciations faisaient partie de la vie quotidienne, mais elle les brava, simplement par raisons humanitaires.

Le 4 août 1996, l'institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Rose Cahours* le titre de Juste parmi les Nations.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem