Suzanne Lerouxel

Suzanne Lerouxel*, famille originaire de Cametours, mère de trois enfants âgés de 3 à 8 ans, exploite seule une ferme à Gratot, alors que son mari est prisonnier de guerre en Allemagne.
Elle accueille Berthe et sa fille Marcelle, âgée de 8 ans, à partir de juin 1943. Les deux femmes deviennent très amies.

Venus d'Ukraine d'où ils avaient fui les persécutions, Berthe et Jules Pipkis s'installent rue Torteron à Saint-Lô et ouvrent un magasin de confection : "La grande fabrique".
Jules est naturalisé et mobilisé en septembre 1939. Fait prisonnier en mai 1940, il est envoyé dans un stalag près de Nuremberg.
Une fille, Marcelle, est née avant la guerre.

Le père disparu, le magasin est réquisitionné en août 1942 au profit du délégué du Service de la main-d'œuvre française en Allemagne, ainsi que l'appartement. La mère et la fille cherchent un refuge.

Ferdinand* et Angélina Huault* accueillent Berthe puis sa fille Marcelle à Carantilly, près de Cerisy-la-Salle (Manche).

Une voisine risquant de les dénoncer, les Huaut* cherchèrent une autre cachette. Aidés par des résistants de Carantilly, ils les mettent alors en contact avec Suzanne Lerouxel* qui racontera : "Elles m'avaient été présentées par Ferdinant Huault* qui m'avait demandé si je voulais bien accueillir une maman et sa petite fille de confession israélite en vue de la soustraire à la barbarie nazie, j'ai accepté d'accomplir cet acte sans hésitation même si nous savions que c'était interdit".

Marcelle se souvient de la gentillesse de Suzanne Lerouxel* et de la poupée qu'elle reçut à Noël et qu'elle garda précieusement pendant des années.

Elles resteront chez Suzanne Lerouxel* jusqu'en février 1944.
Devant un nouveau risque de dénonciation, la résistance locale les aide à gagner Paris d'où elles rejoindront des parents à Châteauroux.

Jules Pipkis reviendra de déportation et les familles se retrouveront à Saint-Lô.

L'amitié de Suzanne* et de Berthe se poursuivra bien après la Libération.

La famille Pipkis tiendra jusqu’à la fin des années 80, un commerce réputé de prêt-à-porter à Saint-Lô.

C’est à la demande de Marcelle Pipkis, devenue Marcelle Bromberg que Ferdinand* et Angélina Huault* reçurent, à titre posthume, le titre de Juste des Nations en 1998, à la Mairie de Saint-Lô en même temps que Suzanne Lerouxel*.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem