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Préfets :
Marcel Ribière
(1940 - 1943) Marcel Julien Henri Ribière, Préfet de la région de Marseille (Alpes-Maritimes, Basses-Alpes (Alpes-de-Haute-Provence), Bouches-du-Rhône, Corse, Gard, Hautes-Alpes, Var et le Vaucluse) (1892-1986)
Max Bonafous
(1941 - 1942) Préfet des Bouches-du-Rhône (1900-1975)
Adelin Rivalland
(1942 - 1943) Adelin Pascal Jean Joseph Rivalland (1893-1965)
Antoine Lemoine
(1943 - 1944) Antoine Jean Marcel Lemoine, Préfet des Bouches-du-Rhône
Jacques Bussière
(1944 - 1944) Jacques Félix Bussière, Préfet des Bouches-du-Rhône. Arrêté, interné au camp de Compiègne puis déporté en Allemagne, il mourra en déportation (1895-1945)
Émile Malican
(1944 - 1944) Émile Gabriel Louis Marie Malican, Préfet des Bouches-du-Rhône
(Mai 1943 - Mai 1944) Marie Joseph Jean Chaigneau, Préfet de la région de Marseille (Alpes-Maritimes, Basses-Alpes (Alpes-de-Haute-Provence), Bouches-du-Rhône, Corse, Gard, Hautes-Alpes, Var et le Vaucluse). Arrêté en mai 1944 par les Allemands, il est déporté au camp d'Eisenberg
Raymond Aubrac
(1944 - 1945) Raymond Aubrac, de son vrai nom Raymond Samuel, Commissaire de la République de la région de Marseille (Alpes-Maritimes, Basses-Alpes (Alpes-de-Haute-Provence), Bouches-du-Rhône, Corse, Gard, Hautes-Alpes, Var et le Vaucluse) (1914)
Paul Haag
(1945 - 1946) Paul Maurice Louis Haag, Commissaire de la République de la région de Marseille (Alpes-Maritimes, Basses-Alpes (Alpes-de-Haute-Provence), Bouches-du-Rhône, Corse, Gard, Hautes-Alpes, Var et le Vaucluse) (1891-1976)
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Texte pour ecartement lateral |
Bella Nizard
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Texte pour ecartement lateral
Marseille 13000 - Bouches-du-Rhône
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Nom de naissance: Weil
Nom d'épouse: Nizard
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La famille Nizard en 1928 - Photo prise avant la naissance de Robert et d'Henri. Autour d'Armand et de Bella, de gauche à droite, Blanchette, Suzanne, Marthoune, Gilbert, André, Mireille et Maurice
source photo : Michel Benveniste
crédit photo : D.R. |
Histoire
Histoire de la famille Armand Nizard
Il y a 50 ans, le 8 juin 1943, Armand Nizard et son fils aîné André étaient arrêtés à Fay-sur-Lignon, puis déportés à Auschwitz le 31 Juillet de la même année, d'où ils ne sont pas revenus.
Ils ont été arrêtés, dans leur propre pays, puis assassinés, non parce qu'ils avaient commis un crime, mais parce qu'ils étaient Juifs.
Cinquante ans après, nous avons pensé que nous n'avions pas le droit d'oublier, que nous avions le devoir de perpétuer leur mémoire et de raconter à nos enfants et à nos petits enfants cette histoire de notre famille, victime de cette entreprise d'annihilation systématique, fondée sur la seule appartenance à une religion.
Le gouvernement de notre pays, illégitime, mais gouvernement reconnu quand même, a pris de sa propre initiative, et fait appliquer par l'administration et la police, des mesures faisant partie d'un plan d'extermination concerté. Tous les faits historiques montrent que ce gouvernement était au courant de la solution finale.
Nous avons voulu retracer les difficultés et le combat d'Armand Nizard contre un Etat qui voulait sa perte et celle de sa famille, afin d'assurer la survie et l'avenir de sa femme et de ses sept enfants dont il avait encore la charge, Suzanne et Blanchette étant déjà mariées.
Nous avons voulu honorer le courage d'une grande partie de la population française, qui s'est opposée à cette politique, souvent au risque de sa vie, et sans laquelle la famille d'Armand Nizard n'aurait pu traverser ces épreuves.
Enfin, nous voulons transmettre à nos enfants cette partie noire de l'histoire de France dont notre famille a été témoin. Cela fait partie de leur éducation de citoyen, afin qu'ils comprennent que le respect de la légalité s'arrête là ou prend fin la dignité humaine et que ceux qui sont persécutés ou rejetés, du seul fait de leur religion ou de leur race, méritent leur soutien.
Une simple plaque sur le tombeau familial du Cimetière Israélite de la Timone à Marseille, rappelle les noms, d'Armand, d'André, de Simon et de Marthe Nizard, suivis de la mention "Morts pour la France".1
13/07/2011
Auteur : Michel Benveniste
[Compléter l'article]
La famille d'Armand Nizard en 1940
La famille d'Armand Nizard est riche de 9 enfants. Elle est citée en exemple. Les 9 enfants sont tous nés au 46 Boulevard Notre Dame. C'est le Dr. Valette, qui habite en face, qui aidera à la délivrance de Bella. Le docteur Valette deviendra le président de l'ordre des médecins de Marseille, nouvellement crée par le gouvernement de Vichy.
Bella recevra la médaille d'or de la famille française, pendant l'occupation, au cours d'une cérémonie officielle, quelques mois avant la déportation d'Armand et d'André...
- André, 26 ans : célibataire, il travaille avec son père. Mobilisé en 1939. Il appartient à un corps franc et reçoit la Croix de Guerre, avec citation à l'ordre de la Division au cours d'une prise d'arme. Il est démobilisé en 1940, et arrêté avec son père le 8 juin 1943, puis déporté à Auschwitz.
Suzanne, 25 ans : mariée en 1939 avec David Berrebi, vit en Avignon. Daniel, leur fils naîtra en 1940 et leur fille Sylvie en 1947. Ils ont été témoins des événements de Fay-sur-Lignon.
David décédera en 1965.
- Blanchette : 22 ans en 1940, est mariée à Léon Ergas. Ils quittent Paris pour le Portugal en 1939 après la naissance d'Abraham, avant la déclaration de guerre.
Ils habitent Lisbonne où naîtra Diana. Ils partent en Argentine en 1942, où naîtront Miriam et José. Ils déménagent à Montévideo en 1944 où naîtront Gladys et Viviane.
Léon décédera brusquement en 1947. Blanchette est décédée à Buenos-Aires en 1990 après avoir pleinement rempli son devoir de Mère et de Grand-mère.
- Maurice, 20 ans : célibataire, il termine sa 3e année de médecine en juin 1940. Après publication de la loi du 3/10/1940 portant statut des Juifs qui instaure un numerus clausus, il bénéficie en tant que membre d'une famille nombreuse, du droit de s'inscrire en 4e année de médecine. En juin 1941, on lui interdit de passer ses examens, en ne le considérant que comme auditeur. Par voie de conséquence, il ne peut s'inscrire en 5e année. Le Professeur De Vernejoul le prend sous sa protection dans son service, jusqu'à la fin 1941, sans aucune autorisation.
A la libération, grâce à ce dernier et au Professeur Carcassonne, sa 5e année sera validée, en raison de ses affectations et de ses états de service : dans les chantiers de jeunesse (remplaçant le service militaire), au maquis de Haute Loire, à l'hôpital militaire du Puy, à l'hôpital militaire Michel Lévy à Marseille, à l'école des cadres d'Aix en Provence et à l'accueil des déportés, rentrant via Odessa, au chemin de la Madrague à Marseille.
De janvier à mai 1945, au cours de sessions spéciales, il passera ses examens de 4e et 5e années de médecine et présentera sa thèse de doctorat. Il installera son cabinet dans le salon de la demeure familiale au rez-de-chaussée du 46 bd Notre Dame. C'est Elvira Luporini, la fidèle nounou qui ouvrira la porte aux clients. Il épousera Lucienne Allard en 1952 et Thierry naîtra en 1953.
- Marthoune, 18 ans : elle travaille avec son père. Elle suivra la famille à Fay-sur-Lignon. A la libération, elle épousera Raphael Arditti. Ils auront six enfants, Robert, Juliette, Alain, Bernard, Richard et Claudine. Raphael Arditti décédera en 1983.
- Mireille, 16 ans. Elle est élève au Lycée Montgrand. Elle passera la première partie du baccalauréat en 1942 à Marseille et la deuxième partie en 1944 au Chambon sur Lignon.
Elle épouse en 1947 Sylvio Benveniste. Ils auront deux enfants : Michel en 1949 et Isabelle en 1952.
- Gilbert, 13 ans. Elève au lycée Périer. Il poursuivra ses études au Collège Cévenol du Chambon-sur-Lignon. A la libération, il retourne au lycée Périer et passe son baccalauréat. Il reprendra ensuite l'exploitation du bureau Nizard jusqu'en 1947 avec Charles Weil, neveu de Bella. Après quelques années à la Régie Renault, puis à Renault Italie à Milan, il retourne à Marseille et collabore avec son frère Henri dans l'exploitation de son cabinet d'administrateur d'immeubles. Il devient ensuite expert immobilier, obtient le diplôme de l'Institut d'Etudes Economiques Appliquées à la Construction et à l'Habitation (ICH Paris) et est inscrit en qualité d'expert évaluateur sur la liste de la Cour d'Appel d'Aix en Provence. Il avait épousé en juillet 1961 Thérèse Oliva. Ils auront un fils Alexandre qu'ils élèveront en même temps qu'Evelyne, issue du premier mariage de Thérèse.
- Robert, 10 ans. Elève au lycée, il poursuivra ses études au Collège Cévenol du Chambon-sur-Lignon. Rentré à Marseille, il retourne au lycée Périer. Au décès de Léon Ergas, mari de Blanchette, à peine bachelier, il ira passer quatre ans en Argentine et en Uruguay auprès de sa sœur restée veuve avec 6 enfants pour la soutenir. Il reprendra ses études à son retour en France et passera ses licences de droit, d'anglais et d'espagnol. Il épouse Monique Florack en 1960.
- Henri, 8 ans. Elève au lycée, il poursuivra ses études au Collège Cévenol du Chambon sur Lignon. Rentré à Marseille, il retourne au lycée Périer. Après son bac, il obtiendra son diplôme de l'Ecole Supérieure de Commerce de Marseille. Il épouse Monique Gusching en 1955. Ils auront un fils, Hervé. Monique décédera en 1988.
- Simon Nizard, le frère d'Armand, né en 1900. Elève au lycée Thiers, il était lié d'amitié avec Henri Benveniste, son camarade de classe. Marié sans enfants avec Marthe Moïse, du même âge, fille d'un Officier de la Marine Marchande, nièce d'antiquaire, esprit fin et cultivé. A 39 ans, elle avait entrepris des études de médecine. En 1943, elle était en quatrième année. Ils ont été déportés ensemble en 1943. Ils ne sont pas revenus.
Les enfants d'Armand et Bella sont élevés dans un environnement de règles et de principes moraux. Dans le sein familial, c'est plus une école de comportement qu'un enseignement religieux. Le Père et la Mère montrent l'exemple.
Armand, originaire de Tunisie, est un ancien élève de l'Alliance Israélite Universelle, dont tous les professeurs, hommes et femmes, sont issus des Ecoles Normales d'instituteurs de Paris.
Bella, originaire d'Alsace, a été élevée dans une institution tenue par des sœurs françaises, seules habilitées par les allemands, depuis l'annexion de l'Alsace et de la Lorraine en 1870, à dispenser aux filles, l'enseignement du français.
L'un et l'autre ont chacun un grand père qui a été rabbin.
On ne va à la synagogue que pour les offices des grandes fêtes : Pâques (Pessa'h), Nouvel An (Roch'Hachanah) et Grand Pardon (Yom Kippour), mais on respecte la solennité du Shabbat.
Armand et Bella ont une part active dans les œuvres. Ils assurent à Marseille, dès 1930, la charge de la collecte du KKL (Keren Kayemeth Leisrael), destinée à acheter en Palestine les terres incultes et à les assainir par des plantations d'arbres, de façon à en faire une terre d'accueil et de refuge.
En 1938 et 1939, tous les vendredi soir, au domicile familial, ils organisent un repas de shabbat, table ouverte, où seront invités des Juifs allemands réfugiés à Marseille. Au lendemain de la libération, beaucoup viendront exprimer leur reconnaissance. Certains, à la création de l'État d'Israël accéderont à des fonctions importantes.
13/07/2011
Auteur : Michel Benveniste
[Compléter l'article]
L'armistice du 25 juin 1940
Le partage de la France imposé par le traité d'armistice est le suivant:
- Zone annexée à l'Allemagne : l'Alsace et la Lorraine
- Zone interdite : les départements français du nord de la France
- Zone occupée, suivant une ligne partant de Besançon et allant jusqu'à la frontière espagnole
- Zone non occupée, ou zone libre, le restant du territoire
- la Corse et les 3 départements alpins (Alpes maritimes, Haute Savoie et Savoie) sont occupés par les Italiens.
- la plus grande partie de la flotte, sous commandement français, est mouillée à Toulon
- l'empire colonial reste théoriquement sous administration française
- la France s'engage à remettre à l'Allemagne ses nationaux ayant fui leur pays, donc les Juifs allemands.
Les français sont frappés de stupeur : on désigne les responsables de la défaite. C'est le front populaire et, bien sûr, les Juifs.
Marseille est en zone non occupée sous l'autorité française du gouvernement de Vichy. Les députés et sénateurs qui se sont réunis à Vichy ont désigné le Maréchal Philippe Pétain comme Chef de l'Etat français et le Président de la République, Alfred Lebrun s'étant retiré, tous les pouvoirs sont entre les mains du Maréchal.
L'armistice apporte tristesse et consternation avec un espoir cependant de voir démobiliser et rentrer les soldats.
La population française dans son ensemble, y compris les Juifs, fait confiance au Maréchal Philippe Pétain pour gouverner la France à travers les épreuves de la défaite.
13/07/2011
Auteur : Michel Benveniste
[Compléter l'article]
Mesures prises par l'État français à l'encontre des Juifs
La situation, très vite, se dégrade et un arsenal législatif impressionnant est déployé afin d'exclure les juifs de la communauté française, de les empêcher d'assurer leur subsistance et de les mettre dans une situation de dépendance:
- Loi du 27/7/1940 : révision des naturalisations des Juifs depuis 1927.
- Décret du 16/8/1940 : institution de l'Ordre National des Médecins. Seuls les citoyens de père français pourront exercer.
- Loi du 27/8/1940 : abrogation de la Loi Marchandeau du 21/4/1939 sur la presse, qui sanctionne les attaques à caractère racial ou antisémite.
- Loi du 4/10/1940 qui permet l'internement dans des camps spéciaux ou l'assignation à résidence des Juifs étrangers.
- Loi du 7/10/1940 portant abrogation du décret Crémieux du 24/10/1870 accordant la nationalité française aux Juifs d'Algérie.
- JO du 18/10/1940 publiant la Loi du 3/10/1940 portant statut des Juifs.
Cette loi a une portée constitutionnelle : sur la base de critères bien définis, elle assigne à toute une catégorie de citoyens français, ou de personnes étrangères résidant en France, une condition juridique et sociale inférieure, les excluant pratiquement de toute activité professionnelle.
C'est ainsi que les Juifs :
- ne peuvent plus être fonctionnaires
- ne peuvent plus exercer de professions libérales
- Les commerçants et artisans Juifs sont mis sous tutelle administrative par le Commissariat aux affaires juives. Des administrateurs sont nommés pour administrer et aryaniser leurs entreprises.
- Un numerus clausus est créé pour l'accès des Juifs aux études universitaires.
Les décrets d'application de la loi portant statut des Juifs ainsi que toutes les mesures prises à leur encontre en 1940, le sont à la seule initiative du gouvernement de Vichy. On n'a retrouvé dans aucune des archives, ni française, ni allemande, la trace de négociations ou d'échange de vue avec les autorités allemandes d'occupation.
- Loi du 2/6/1941 : elle abroge et remplace la loi du 3/10/1940 portant statut des Juifs. Elle aggrave les mesures précédemment édictées, en prescrivant notamment le recensement par déclaration écrite, mentionnant la situation de famille, la profession, et la liste des biens personnels et professionnels.
Ce sont ces listes qui serviront à l'établissement du fichier multicritères utilisé lors des rafles de 1942 et 1943. Les fiches d'arrestation seront établies rue par rue, immeuble par immeuble, étage par étage.
A cet effet la Préfecture de police de Paris donne le 12/7/1942 des consignes aux équipes chargées des arrestations prévues lors de la "rafle du Vel'dHiv", au cours de laquelle plus de 12 000 personnes ont été arrêtées puis déportées. Les agents "capteurs" doivent en cas d'arrestation, comme de non arrestation, établir un compte rendu au dos de la fiche. Ils doivent y indiquer leur nom.
Les autorités allemandes, qui avaient cyniquement et délibérément "sous-traité" ces opérations de recensement et d'arrestation, ont félicité les autorités françaises pour le magnifique travail accompli...
- Loi du 22/7/1941 relative aux entreprises, biens et valeurs appartenant aux Juifs. Cette loi publiée au JO du 26/8/1941 énonce au titre premier le rôle et le pouvoir des administrateurs provisoires. Le Commissariat aux affaires juives recrute les administrateurs parmi les citoyens français non juifs, qui par suite des événements, se sont retrouvés sans occupation (courtiers, représentants, armuriers, etc...).
Il y a bien sûr beaucoup de candidats. Leur rôle va consister à gérer, administrer les affaires juives et à les aryaniser en les vendant à des non-juifs. Ils sont rémunérés par les entreprises qu'ils administrent et dès qu'il n'y a plus d'argent en caisse, ils procèdent à leur liquidation. Ce sont des exécutants disciplinés qui ne peuvent interpréter les ordres que leur donne le Commissariat aux affaires juives. Si leur conduite laisse à désirer, ou s'ils désapprouvent le rôle qu'on leur fait jouer, ils doivent démissionner et s'en aller.
- Les Juifs de la zone occupée se voient interdits la fréquentation des cafés, des cinémas et de tous les lieux publics. A Paris, ils ne peuvent emprunter que le dernier wagon des rames de métro.
Toutes les mesures prises prévoient des sanctions en cas de non application ou d'infraction. Les "délinquants" peuvent être frappés :
d'un mois à un an de prison
d'amendes de 100 à 10 000 francs
d'une mesure d'internement
Le Commissariat aux affaires juives est un nouveau service de police qui fonctionne avec le personnel du Ministère de l'Intérieur. Ce personnel rend compte au Préfet.
Les décrets et arrêtés se terminent par un article qui mentionne : "M. le Commissaire central de Police, M. le Commandant de Gendarmerie, M. le directeur de la Police administrative, sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de veiller à l'exécution du présent décret (ou arrêté)."
Ce qui précède explique, en raison des risques de sanction, que les Juifs, bon gré, mal gré, se sont pliés aux mesures discriminatoires, d'autant que ces mesures sont appliquées par les forces de police françaises et que l'on ne relève aucunes sévices corporel jusqu'aux grandes rafles qui vont commencer en juillet 1941.
13/07/2011
Auteur : Michel Benveniste
[Compléter l'article]
Conséquences professionnelles pour la famille Armand Nizard
Armand Nizard exerce la profession de commissionnaire en denrées coloniales (sucre, café, cacao, épices ...).
Son fils André, ses filles Suzanne, jusqu'à son mariage à la veille de la guerre, et Marthoune travaillent avec lui. Il a de bonnes relations. Il jouit d'une excellente réputation, ce qui est important car les affaires se traitent souvent sur parole. Elles portent aussi sur de gros tonnages. Vis à vis de ses commettants, sa qualité de commissionnaire entraîne son entière responsabilité car il achète et revend.
Un premier administrateur sera désigné par le Commissariat aux affaires juives : M. Syrejol, courtier en marchandises qui entretient de bons rapports, de longue date, avec Armand Nizard.
Très rapidement, M. Syrejol, pour convenances personnelles, abandonne ses fonctions. Il sera remplacé par M. Viton-Laval, également courtier en marchandises. C'est ce dernier qui fixera la vente aux enchères du bureau le 21 avril 1943. Il n'y aura pas d'enchérisseur et le bureau sera fermé.
A la libération, Charles Weil, neveu de Bella réfugié à Limoges, reprend l'exploitation avec Gilbert jusqu'en 1947.
13/07/2011
Auteur : Michel Benveniste
[Compléter l'article]
Le début du drame
En octobre 1941, la grand-mère, la mère d'Armand Nizard décède.
En novembre 1941, Maurice part aux chantiers de jeunesse : le gouvernement de Vichy remplace le service militaire obligatoire par un mouvement de jeunesse, où sont affectés les anciens officiers et sous-officiers de l'armée d'active. Jusqu'en fin 1942, l'incorporation se fait sans distinction de religion. Cependant le cursus universitaire de Maurice n'étant pas reconnu, il est incorporé sans aucun grade. Il ne doit qu'au diagnostic d'une appendicite aiguë effectué sur un des ses camarades, une nuit de janvier 1942, d'être enfin muté dans le service de santé du chantier.
En juin 1941, la loi prescrit le recensement des Juifs par déclaration écrite du chef de famille, pour lui-même, son épouse et ses enfants mineurs.
Le dilemme pour tout chef de famille, empêché d'avoir une activité professionnelle, flanqué d'un administrateur désigné par le Commissariat aux affaires juives est de savoir quelle décision prendre pour sauvegarder les siens:
- Doit-il refuser le recensement en risquant la prison, l'amende, puis l'internement ?
- Peut-il quitter son lieu d'habitation sans carte de rationnement, et avec quels moyens financiers ?
- Comment assurera-t-il l'éducation de ses enfants en âge de scolarité ?
Il semble qu'Armand Nizard ait été parfaitement lucide et ait choisi le rempart de l'honnêteté et de la candeur pour réaliser discrètement la presque totalité de ses valeurs mobilières. Cela lui a permis de mettre sa famille à l'abri à Fay-sur-Lignon et, lui et son fils aîné ayant été déportés, de permettre à sa femme et à ses enfants de vivre modestement, même après la libération.
Au fur et à mesure que les mois passent, la situation se dégrade de plus en plus.
De juin à août 1942, par suite d'une primo-infection, Gilbert effectue un séjour à Lus-la-Croix-Haute. Il est conforté à deux reprises différentes par Maurice, qui est aux Chantiers de Jeunesse à Die.
L'année 1942 voit l'arrestation des Juifs étrangers et leur déportation vers les camps de la mort, en particulier depuis le camp d'Aix les Milles. Le Gouvernement de Vichy assure les Juifs français qu'ils ne seront pas atteints dans leur personne.
Le 12 novembre 1942, à la suite du débarquement allié en Afrique du nord, les troupes allemandes envahissent la zone non occupée.
La loi du 11 décembre 1942 prescrit l'apposition du tampon JUIF sur les cartes d'identité et sur les cartes de rationnement.
Au tout début janvier 1943, Simon , le frère d'Armand est arrêté par la Gestapo, sur dénonciation, avec son épouse Marthe à son domicile, au 58 boulevard Notre-Dame à Marseille. Après un court séjour à la prison Saint-Pierre du boulevard Chave, ils seront déportés sans retour au camp de Sobibor le 25/03/1943. C'est un grand chagrin pour Armand qui en parle constamment dans sa correspondance de Drancy.
Mireille, inconsciente du danger couru, se présente à la Gestapo, au 425 rue Paradis, avec sa carte tamponnée JUIF, pour obtenir une autorisation de déposer un colis à la prison Saint-Pierre.
Avec la mère de Marthe, elle portera ce colis qui ne parviendra jamais à ses destinataires.
Le 22 janvier 1943, et les jours suivants, ce sont les contrôles de police, les rafles et les arrestations des Juifs dans les quartiers du centre, qui précèdent l'évacuation du quartier du Vieux Port. Miraculeusement, les rafles s'arrêtent au cours Pierre Puget, à quelques dizaines de mètres du boulevard Notre Dame.
Ce même soir du 22 janvier 1943, Suzanne, son mari David et son fils Daniel vont à la gare prendre leur train pour Avignon. Suzanne est retenue pour contrôle de sa carte d'identité tamponnée et c'est par miracle que David, après discussion, arrive à la faire libérer. Dès leur retour en Avignon, après un voyage mouvementé dans un compartiment bourré d'Allemands, ils prennent la décision de partir immédiatement à Fay-sur-Lignon.
La semaine avant ces rafles, Mlle Weber, professeur de philosophie au Lycée Montgrand, demande aux jeunes élèves israélites de venir la voir à la fin de son cours. Elles sont trois à se présenter : Mireille, Jaqueline Bader et Nadine Danon. Elle les supplie de ne plus venir en classe, en raison des rafles dont elle est avertie.
Dans cette même semaine, au cours d'une journée de plein air au stade, la classe toute entière est l'objet d'un contrôle d'identité à la sortie. Mireille, qui n'a que sa carte d'identité scolaire, passe sans difficulté tandis que sa camarade de classe, Jaqueline Seiche, est retenue et ne reviendra pas de déportation. Armand Nizard, dans sa lettre du 22/7/1943, mentionne sa présence à Drancy.
Au mois de mars 1943, vers 19 heures, un nommé Muller, interprète allemand, vient "en ami" au boulevard Notre Dame prévenir du danger. Sous la menace d'un revolver, il s'empare de bijoux et de 110 000 F (soit à peu près la même somme d'aujourd'hui), qui étaient dans l'armoire à linge de la chambre de Bella.
Il reviendra, non plus "en ami", quelques jours après, flanqué de deux soldats allemands, et s'emparera de la totalité des bijoux de Bella, se trouvant dans le coffre dissimulé dans le secrétaire de la chambre à coucher.
C'est à ce moment, devant tous ces dangers accumulés, que la décision de partir est prise, donc de basculer dans la clandestinité.
Le départ de Marseille s'est fait en catastrophe : la collection de porcelaine de Saxe du salon (retrouvée en morceaux) est rangée dans des cartons et les tableaux sont dissimulés à proximité des tas de charbon dans la cave. Dans l'affolement, on a simplement confié ... la machine à coudre aux parents de Christiane Israël, M. et Mme Benoît.
Armand, Bella et André partent à Nice. Pourquoi Nice ? Probablement pour réunir les moyens de subsistance nécessaires.
Les cinq autres enfants, sous la conduite de Maurice, partent pour Livron, et de là gagnent Fay-sur-Lignon, où Suzanne, David et Daniel ont déjà trouvé refuge chez Albert Exbrayat, garagiste.
Tous les voyageurs ont des papiers non tamponnés, fournis par M. Arnaud, chef de division à la Préfecture.
Armand et Bella, d'une part, et André d'autre part, arrivent à leur tour à Fay-sur-Lignon pour limiter les risques. La famille est à nouveau réunie.
13/07/2011
Auteur : Michel Benveniste
[Compléter l'article]
Pourquoi Fay-sur-Lignon ?
Dans son livre Le sang des Innocents, Philip Hallie explique : "Au Chambon sur Lignon, un petit village protestant de l'Ardèche, sous les yeux du gouvernement de Vichy et d'une garnison SS stationnée tout près, il se passa des choses extraordinaires, presque miraculeuses.
Discrètement, sans violence, les Chambonnais et leurs pasteurs sauvèrent des milliers d'adultes et d'enfants juifs d'une mort certaine.
Fay-sur-Lignon est à quelques kilomètres du Chambon. L'esprit du Pasteur Trocmé, de son épouse, des membres de sa famille, inspire l'œuvre de sauvetage accomplie par tous.
Beaucoup de ces Justes ont péri dans les camps d'extermination avec ces Juifs auxquels par esprit biblique, et se rappelant qu'ils avaient eux-mêmes été persécutés de par leur religion dans leur propre pays, ils s'étaient entièrement consacré pour les sauver."
Pierre Sauvage, réalisateur franco-américain, né pendant la guerre au Chambon-sur-Lignon où ses parents, Juifs, étaient réfugiés, raconte, dans un documentaire intitulé Les Armes de l'Esprit, l'histoire longuement méconnue de ces villageois qui ont accueilli et ouvert leurs caves, leurs garde-manger aux réfugiés juifs. Il cite le témoignage de Mme Georgette Barrot, qui tenait la pension de famille dans le village où habitaient Gilbert, Robert et Henri : "Ça s'est fait tellement naturellement que l'on ne comprend pas qu'on fasse tant d'histoires autour. Ça s'est fait tout simplement parce qu'ils avaient besoin d'être aidés. Cet accueil venait beaucoup de ce que les gens croyaient en quelque chose. Dans la Bible, il est écrit de donner à manger à celui qui a faim, de visiter celui qui est malade, c'est une chose normale".
La grande question que posent Sauvage et Camus (qui séjourne au Chambon-sur-Lignon lorsqu'il commence à écrire La Peste) est la suivante : "Pourquoi lorsque le monde se préoccupait si peu du sort des réfugiés, une poignée de gens a-t-elle tant fait pour eux ?"
Le 14 octobre 1990, l'Etat d'Israël, par l'intermédiaire du Comité pour Yad Vachem, a témoigné sa reconnaissance à tous les habitants du Chambon-sur-Lignon et de sa région en leur décernant le titre de Justes. Yad Vachem, dont le but est de sauvegarder le souvenir et la mémoire de la Shoah (l'extermination de 6 millions de Juifs), honore habituellement un non-juif, qui, au péril de sa vie, a sauvé un Juif pendant la période nazie. Exceptionnellement, c'est toute une communauté qui a fait l'objet de cette distinction : les paysans et villageois de la région du Chambon-sur-Lignon.
Nous avons le devoir de citer, pour les honorer, ceux qui ont approché de près la famille d'Armand Nizard : le pasteur Daniel Curtet*, les familles Chazot, Exbrayat, Giraud, Mme Mairesse, spécialiste dans l'établissement de fausses cartes d'identité, et bien d'autres qui ont droit à toute notre reconnaissance.
A propos du film de Pierre Sauvage, on peut citer ces quelques mots de Claude Miller:
"La vie peut et doit être sauvegardée...
Rien ne peut se comparer à la vie...
Vérités premières toujours bonnes à dire...
Vérités égarées..."
Tout le monde loge temporairement chez M. Chazot, le maire de Fay-sur-Lignon, qui tient un hôtel puis, grâce aux Exbrayat, à la maison Giraud qui a une double entrée, sur la place du marché et sur la route. Suzanne, David et Daniel quittent Fay-sur-Lignon pour s'installer à quelques kilomètres, au Mazet-Saint-Voy.
Mireille reverra Mme Vve Chazot, Albert Exbrayat et sa femme en 1991.
Les trois garçons, Gilbert, Robert et Henri seront pensionnaires au Collège Cévenol au Chambon-sur-Lignon, dès la rentrée scolaire d'octobre 1943.
Maurice, rend des services médicaux et infirmiers aux habitants du village et des environs.
Marthoune et Mireille restent avec Bella pour tenir la maison.
Mireille poursuit ses études par correspondance. Elle reçoit les cours de philo de M. Baudroix, professeur au Lycée Thiers, les cours de math de l'Ecole Universelle, et Maurice lui donnera les cours d'histoire naturelle et de physique-chimie. Elle est employée à temps partiel chez le tailleur.
Elle y sera reconnue un jour par un réfugié allemand, reconnaissant qu'elle ait ravitaillé, en novembre 1942 son groupe de réfugiés, caché dans les collines de Mazargues2.
A cette époque, malgré la présence des allemands, un groupe d'Eclaireurs Israélites en uniforme, assurait le transport de bouteillons de soupe, sur les plate-forme de tramways, depuis la rue de Forbin, siège des Dominicains, jusqu'à Mazargues. Ce ravitaillement était placé sous la responsabilité d'Adrien Benveniste, jeune professeur agrégé des lettres au Lycée Thiers, révoqué en application du statut des Juifs.
Adrien Benveniste s'est dévoué également au sauvetage des enfants juifs en organisant leur passage en Suisse. Il est malheureusement décédé en service commandé avant la libération.
13/07/2011
Auteur : Michel Benveniste
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Le drame : l'arrestation du chef de famille et de son fils aîné
Le répit sera de courte durée. Armand garde le contact avec ses relations d'affaires et l'administrateur désigné par le Commissariat aux affaires juives, afin de sauvegarder tout ce qui peut encore avoir de la valeur. André doit repartir pour Marseille pour y retrouver sa fiancée. Le 8 juin 1943, vers 11 heures du matin, un taxi Citroën C4 à gazogène transportant deux personnes s'arrête devant l'hôtel Chazot. Ce sont deux français engagés dans la police allemande qui recherchent la famille Nizard. L'un d'eux présente sa carte de visite, au nom de Decarpentries, avec son adresse à Marseille, et l'indication en allemand de sa fonction. Cette carte de visite est conservée avec les pièces authentiques, lettres et autres en notre possession.
Le chef de la brigade de gendarmerie de Fay-sur-Lignon, le gendarme Glaizon est averti. Après avoir examiné la carte de visite, sans avoir pris la peine de vérifier leurs papiers d'identité, il déclare ne pas pouvoir s'opposer à la police allemande. Les deux hommes font une véritable perquisition à la maison Giraud, cherchant officiellement des armes, mais en réalité cherchant de l'argent. Ils s'emparent de 60 000 francs. Finalement ils repartent en amenant Armand et André et personne d'autre car il n'y a que deux places disponibles dans le taxi...
Mireille préviendra la jeune fille qu'André devait retrouver à Marseille. A la libération, ensemble elles espéreront son retour.
Armand et André écriront régulièrement des lettres qui miraculeusement parviendront à destination. Elles sont écrites sur du papier hygiénique, à l'aide de crayon mine ou fuchsine. Elles ont pu être difficilement déchiffrées et retranscrites. Elles font l'objet du recueil de lettres que tous les enfants d'Armand et Bella ont reçu en 1983. Elles relatent les séjours à la prison St Pierre et à Drancy.
André écrit le 7/7/1943, de Drancy : "Cette lettre confirme nos avis précédents. Ne vous endormez pas dans une fallacieuse quiétude, faites ce que nous vous recommandons et n'attendez pas. Prenez toutes précautions en passant les lignes de démarcation qui en fait existent. Depuis notre départ de Fay-sur-Lignon, nous avons encore présente à nos yeux, la vision de notre petite maison de campagne où il a fait si bon vivre. Nous serions désolés d'apprendre qu'il vous a été fait l'obligation de la quitter. Si vous y êtes restés, n'oubliez pas qu'il est nécessaire de prévoir le pire. Pour cela, se ménager la possibilité de départ ou de camouflage et ne pas oublier de préserver le patrimoine...".
Ce sera le silence total et sans espoir à partir du 30 juillet 1943. Ils seront déportés à Auschwitz (convoi n° 58 du 31/7/1943, Mémorial de la déportation des Juifs de France, Klarsfeld). Ils ne reviendront pas.
Dès le lendemain de l'arrestation, Bella et Maurice iront au Puy. Ils seront reçus et réconfortés par le Secrétaire général de la Préfecture, M. Romeuf, qui fait partie de la résistance. Il leur ménagera une entrevue avec le Procureur de la République, qui leur oppose un non possumus poli. Ce magistrat sera pendu pour trahison à la libération.
Le retour à Fay-sur-Lignon est triste et, à l'initiative des Exbrayat, on décide de partir immédiatement dans une maison abandonnée située dans la forêt. Ce transfert est une précaution en cas de nouvelle incursion des gestapistes. Le mouvement de solidarité est émouvant, et, dès le lendemain, tous les hommes de Fay-sur-Lignon apportent leur concours pour rendre la maison habitable. Par la suite, lorsqu'on saura qu'Armand et son fils ont été transférés à Drancy, Albert Exbrayat et son frère iront à Paris. Ils ne pourront voir les deux internés, mais le colis dont ils sont porteurs leur sera remis.
Pendant l'hiver 1943-1944, un soir de décembre, il y aura des menaces de rafles et d'arrestation au Chambon-sur-Lignon. Les trois petits, Gilbert, Robert et Henri, élèves au Collège Cévenol au Chambon-sur-Lignon, seront mis sur la route en fin de soirée par Mme Barrot, propriétaire de la pension où ils logent. Ils feront 17 km à pied, dans la neige, pour rejoindre Fay-sur-Lignon. Maurice, prévenu, va à leur rencontre et termine le trajet avec eux.
Maurice, qui appartient au réseau de résistance du Commandant Fayolle (père d'un ami de Robert), est en partie momentanément libéré de ses obligations dans la résistance et soutient sa mère et ses frères et sœurs dans ce nouvel isolement. Au bout de quelques semaines, la famille regagne Fay-sur-Lignon.
L'attitude de la population de Fay-sur-Lignon est remarquable. Le pasteur Curtet*, très discrètement, apparaît le dimanche ou le vendredi soir, à la tombée de la nuit. Il passe une petite demi-heure à lire des passages de l'Ancien Testament ou à commenter les Psaumes, ou à expliquer la signification des Dix Commandements. L'hiver, les membres de la famille Nizard sont régulièrement invités à des veillées familiales aux châtaignes.
13/07/2011
Auteur : Michel Benveniste
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La libération et le retour à Marseille
C'est avec joie que l'on apprend le débarquement allié du 6 juin 1944.
Dès que la région du Puy sera libérée, Maurice est officiellement nommé à l'hôpital du Puy avec le grade de Lieutenant.
Gilbert et Mireille regagnent Marseille en train jusqu'à La Voulte-sur-Rhône. Ils traversent le Rhône à pied, et sont pris en stop par un camion militaire, puis par une voiture de marseillais. Ils constatent que les 3 étages de la maison familiale du 46 boulevard Notre-Dame sont vides de tout meuble.
Quelques semaines plus tard, le restant de la famille regagnera Marseille.
Les Benoît, les Wilson (parents de camarades de classe de Mireille) apportent aide et réconfort et prêtent des meubles, des matelas et de la vaisselle. Les Martin (parents d'un camarade de classe de Maurice) transportent des meubles retrouvés depuis un local situé boulevard Levérier (près du jardin zoologique). Le fiancé d'Olga Lévy, camarade de classe de Mireille, le lieutenant américain Jay Baron, procure un permis de visite des locaux anciennement occupés par les allemands et permet ainsi la récupération de nombreux meubles ayant appartenu à la famille.
Maurice, alors lieutenant médecin, est muté à l'hôpital Michel Lévy à Marseille. Il apprend, par un ami à la sécurité militaire, que le sinistre Decarpentries est détenu en prévention dans l'immeuble de la CFAO, au cours Pierre Puget. Il est autorisé à le rencontrer. Decarpentries implore son pardon à genoux, prétextant qu'il ne connaissait pas le sort réservé aux Juifs qu'il arrêtait. 48 heures après cette entrevue, et avant de passer en jugement, on apprend son évasion et sa disparition. Il sera condamné à mort par contumace.
13/07/2011
Auteur : Michel Benveniste
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Le cinquantième anniversaire des rafles
A l'occasion de la sortie du livre Marseille, Vichy et les nazis, Mme Torros Marter, Présidente de l'Amicale des déportés d'Auschwitz - Section Marseille-Provence, déclare dans son allocution, le 31 mars 1993:
..."Par ce livre, nous avons voulu rendre hommage à ces hommes, femmes et enfants exterminés. Mais nous avons aussi voulu porter l'histoire de cette funeste période marseillaise, à la connaissance de ceux qui n'ont pu en être les témoins, parce que n'habitant pas notre ville ou la métropole à l'époque, parce que trop jeunes pour avoir connu la guerre de 1939-1945"...
..."C'est hélas une part de notre histoire qui concerne nos concitoyens d'abord et aussi les jeunes gens et les jeunes filles qui l'étudient dans les manuels scolaires, souvent peu prolixes sur cette période"...
..."Lorsque nous aurons atteint notre but de placer cet ouvrage dans toutes les bibliothèques scolaires et universitaires de notre ville et de sa région,
... Lorsque nous aurons atteint notre but de le faire lire à ceux qui constituent le ferment de l'avenir,
... Alors nous aurons rempli notre devoir envers ceux qui sont morts assassinés par une idéologie extrémiste.
... Notre mémoire est leur seule sépulture"...
Mme Mireille Champion, professeur d'histoire au Lycée Claude Debussy à St Germain en Laye, écrit sur le même livre:
..."Faire revivre leurs noms, reconstituer les rafles, s'interroger sur notre passé, je pense que cet ouvrage y réussit pleinement"...
..."La finesse et la clarté de l'analyse qui reconstitue minutieusement les faits, qui dénonce la politique délibérée conduite par le pouvoir régulièrement établi en 1940, nous incite à une réflexion sur notre histoire"...
..."La place centrale occupée par les témoignages qui restituent le vécu et suscitent l'émotion"...
..."Les écrits poignants de ceux qui ont été déportés sans retour, incertitude et espoir, avant tout rassurer et protéger leur famille"...
..."L'évocation terrible de la survie par ceux qui ont pu revenir exprime l'immense désespérance des détenus et nous transmettent l'humanité qu'ils ont su conserver"...
..."Tous, sont les jouets des événements, chacun a son histoire, écrivait de Drancy Armand"3
Nizard, le 4 juillet 1943 (page 146)"...
..."Un véritable réquisitoire contre un passé qu'on voudrait oublier... Cet ouvrage nous apporte la réflexion nécessaire, en cela ce livre constitue une belle page d'histoire".
Nous devons à Mme Suzette Hazzan, professeur d'histoire au Collège Longchamp à Marseille, le soin d'avoir sélectionné les divers passages des lettres d'Armand et d'André Nizard qui ont paru dans ce livre (pages 142 à 157).
Elle écrit page 142 : ..."Leur correspondance quotidienne à leur famille est une source de renseignements sur tous les aspects de l'enfermement à Drancy. Les conditions de détention, la faim, le manque d'hygiène, les carences de toutes sortes, et les menaces qui pèsent sur les familles encore libres grâce au silence de quelques uns...
Ces extraits de lettres permettent de se faire une idée de la vie des déportés à Drancy et de la particulière richesse humaine de leurs auteurs, en particulier d'Armand Nizard, qui fit preuve d'une dignité exemplaire".
Nous tenons enfin à rappeler la mémoire de notre ami Moïse Israël, homme de bien, dont le souvenir restera gravé dans la mémoire de ceux qui l'ont connu. Armand Nizard signale sa présence à Drancy dans sa lettre du 24 juin 1943. Moïse appartenait à un réseau de résistance et dissimulait de nombreuses armes sous les lambris de bois recouvrant les murs intérieurs de sa pharmacie, au boulevard de la Corderie. Il est arrêté sur dénonciation dans la nuit du 8 avril 1943 avec son épouse. Le chef de la gestapo, Dunker Delage, ne découvre pas les armes, malgré une longue perquisition et un interrogatoire particulièrement dur. Furieux, il lui lance "Ça ne te suffisait pas d'être Juif !!".
Ils sont déportés. Sa femme mourra, victime des expériences du sinistre médecin d'Auschwitz Mengele. Quant à lui, il parviendra à survivre.
A la libération des camps, il demeurera volontairement plus d'un mois dans un hôpital pour soigner une centaine de déportés rescapés atteints du typhus.
Puis, de retour à Marseille, considérablement affaibli, il sera accueilli par son ancienne assistante Christiane Benoît, qu'il épousera en 1947.
Longtemps il s'enfermera dans son silence. Jamais un mot sur ses souffrances. Puis, brusquement, 2 ans avant sa mort, il décide de lever le voile sur cette époque tragique, outré de la négation et de la déformation qui en sont faites. Il nous quittera le 3 mars 1987, après avoir consacré une grande partie de son temps à assister ses anciens compagnons d'infortune.
Il était titulaire de la Croix de Guerre avec Palmes, Officier de la Légion d'Honneur et Président d'honneur de la Fédération des Déportés et Internés de la Résistance.
13/07/2011
Auteur : Michel Benveniste
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Derniers Écrits, Derniers Espoirs
Le 31 Juillet 1983, Mireille écrivait à ses frères et sœurs, en préface d'un livret regroupant les lettre d'Armand et d'André reçues en juin et juillet 1943, les quelques mots suivants:
"En ce quarantième anniversaire de la déportation de PAPA et d'ANDRE, en souvenir de notre MERE, qui a vécu avec dignité et courage cette terrible épreuve, j'ai pensé que je ne devais pas être la seule détentrice de leurs derniers messages écrits au Camp de DRANCY, antichambre d'AUSCHWITZ.
J'ai décrypté leurs lettres, écrites avec tant de difficulté sur du papier hygiénique, la plupart du temps d'une écriture fine et serrée, afin de les rendre plus faciles à lire.
Pour NOUS, pour nos ENFANTS et PETITS ENFANTS, ces écrits sont des témoignages vécus de la catastrophe qui s'est abattue sur notre FAMILLE, en ce mois de JUIN 1943.
Par respect pour leur MEMOIRE, nous ne devons pas oublier."
31 Juillet 1983
Dans chaque lettre, s'exprime toute la valeur des sentiments d'Armand, à l'égard de son épouse Bella et de ses enfants. En voici quelques extraits, qui présentent un caractère familial et intime.
A leur lecture, nous, ses descendants, nous ne pouvons être qu'émus et fiers de tant de dignité, d'amour et de sollicitude.
Lettre du 24 juin 1943
"Je demande à Dieu que mes souffrances et privations soient un rachat de la santé de mes enfants, et la garantie d'une vie heureuse..."
Lettre du 25 juin 1943
"Notre seul souci est pour vous et nous attendons de vos nouvelles avec beaucoup d'anxiété. J'ai hâte de savoir si Maurice est en sécurité. Marthoune et Mireille doivent être toujours dignes, énergiques et s'occuper de bien faire manger les trois petits. Ces derniers doivent aussi travailler avec méthode. De temps à autre un petit examen par Maurice ou par un professeur à recruter au village. Quant à toi, ma chère Bella, ne te fais pas de mauvais sang. Montre-toi à la hauteur des circonstances. Je te quitte en t'embrassant bien fort ainsi que mes chers Petits, et n'oublie pas Suzanne, qui doit vous réconforter par son courage et sa vaillance habituelle. Je remercie Dieu que ma femme et mes enfants aient été épargnés de cette épreuve."
Lettre du 3 juillet 1943
"Je remercie Dieu d'avoir épargné cette épreuve à ma Femme et à mes Filles. Cette promiscuité honteuse."
Lettre du 11 juillet 1943
"Je plains ma Chère Bella de l'épreuve inattendue qui s'est abattue sur elle et sur les enfants. Je veux que cette épreuve nous serve de leçon d'énergie, de calme, de bonne conduite et de dignité. Que cette épreuve fortifie l'avenir et que Maurice soit le chef adjoint de la Chère Maman. Dieu fasse que nous nous en sortions plus forts, plus unis...
...C'est la rançon pour le bonheur de mes enfants que je voudrais plein de qualités, d'énergie et de santé...
...Soignez la santé des enfants, respirez bien, mangez bien et pas de chagrin. Le cœur haut et supportons l'épreuve avec vaillance..."
Lettre du 21 juillet 1943
"Que mes enfants soient dignes et courageux, et surtout d'une conduite exemplaire. Je dis ça aux Filles surtout, car les Filles sont faibles. Qu'elles vivent la vie d'intérieur, qu'elles évitent les fréquentations et qu'elles restent dignes de la Famille."
Lettre du 24 juillet 1943
"Tous ceux qui sont ici ont été arrêtés pour peu de chose. Il aurait été étonnant que nous échappions à cette chasse à l'homme organisée par une grande puissance qui a conquis toute l'Europe."
Lettre du 25 juillet 1943
"La journée d'hier s'est bien passée. Commencée par l'office religieux du samedi. Naturellement, j'étais très ému et mes larmes coulaient toutes seules en pensant à vous, surtout au moment de la prière des Cohanim, où je rappelle tous mes enfants proches et éloignés. Je souhaite que mes souffrances soient une garantie pour leur bonheur, leur prospérité et une longue vie.
Mireille et Marthoune sont elles toujours avec vous ? Je pense souvent à Gilbert, qui a maintenant 16 ans et je voudrais qu'il travaille à s'instruire. A son âge, il y a des jeunes gens qui ont le bachot et je crois qu'il est bien en retard. Encore une fois, je lui recommande des exercices respiratoires qui lui feraient beaucoup de bien à condition d'être quotidiens et réguliers. Dix à quinze minutes par jour suffisent. Robert et Riri pourraient aussi faire les exercices. J'espère que les yeux de Boby vont mieux et que vous avez fait remplacer les lunettes.
Je suis désolé quand je remarque qu'il voit en tournant la tête. Je souhaite ardemment que ça lui passe et lorsque je retourne, je le trouve en parfaite santé, comme tout le monde".
Lettre du 29 juillet 1943
"Sans doute lorsque cette lettre vous parviendra, nous serons en route pour une destination lointaine... Avant de vous quitter, je ne veux pas oublier de vous répéter mes recommandations de prudence et de circonspection dans le choix de votre séjour, de vos relations et du maintien du patrimoine".
Lettre du 30 juillet 1943
"Nos souffrances seront comptées pour le Salut de nos enfants dont j'épèle le nom de chacun chaque soir pour le mettre sous la protection divine."
Le 31 juillet 1943, au départ de Paris Bobigny, le convoi ferroviaire n° 584 s'ébranle à 10 heures du matin. Ce convoi est composé de 25 wagons de marchandises dans lesquels sont entassés 1 000 détenus juifs en provenance de Drancy, à destination d'Auschwitz.
Armand et André Nizard sont parmi les 514 hommes et les 486 femmes, dont 95 enfants et adolescents de moins de 18 ans.
Le transport fait l'objet de 3 télex allemands (n°XLIX-11, 15 et 18), établis en 3 exemplaires destinés:
- à l'UGIF
- au camp de Drancy
- à Auschwitz
Ils sont parafés de Rothke, chef de la section antijuive de la gestapo de Paris.
Ils comprennent :
- Le compte rendu du départ, la destination du convoi, et le nom du chef d'escorte responsable, le Meister Schupo Leidenger.
- La liste alphabétique nominative, avec prénoms et dates de naissance des voyageurs En 1945, on ne dénombre que 28 survivants, et malheureusement Armand et André Nizard ne sont pas parmi eux.
En dehors de tous les sentiments qui se dégagent de ces correspondances, il nous faut aussi signaler la peine et l'inquiétude qu'Armand ressent à la suite de l'arrestation de Simon, son jeune frère, et de son épouse Marthe. Nés en 1900, ils avaient, le même âge. Marthe, esprit fin et délicat, continuait ses études en 4e année de médecine.
On saura, bien après la libération, les souffrances qu'ils ont endurées avant de mourir, lui de maladie, elle dans des conditions inhumaines et impossibles à raconter, vivant un véritable enfer au cours de ses derniers jours.
Tous les sentiments exprimés ci-dessus sont parfaitement compréhensibles, lorsque l'on situe les circonstances du drame de l'arrestation d'Armand et d'André. Elle est inattendue, elle a lieu en silence sur la place du marché d'un village paisible, en plein soleil, en fin de matinée, en présence de la presque totalité des habitants de Fay-sur-Lignon, au milieu d'une réprobation unanime de l'acte qui est en train de s'accomplir. Suzanne et Marthoune sont absentes, aux commissions. Bella, Maurice, Mireille, Gilbert sont là, assistant aux conciliabules des gestapistes avec le gendarme Glaizon.
Robert et Henri, 13 et 11 ans, assistent au début du drame et sont écartés et cachés dans un grenier, par précaution, par des habitants compatissants.
Le Père embrasse ses enfants et son épouse. André, le fils aîné, qui est adoré par ses frères et sœurs, se sépare de sa Mère et glisse un message à l'oreille de Mireille, pour la jeune fille qui l'attend à Marseille.
Mireille, en 1991, a vu Mme Chazot, veuve du Maire, qui a assisté avec les siens à cette scène émouvante, éclater en sanglots, 48 ans après, à sa simple évocation.
Parmi les membres de la famille, une seule personne, Bella, l'épouse, la Mère, restera muette, écorchée vive, sous une cuirasse de dignité et de courage, maîtrisant son chagrin, consciente de sa tâche inachevée, respectée et entourée de ses enfants.
Les trois petits, Gilbert, Robert, Henri, étant devenus adultes, et sortis d'affaire, Bella, au cours des années qui suivent, rendra visite en Argentine à Blanchette, restée veuve avec 6 enfants à élever. Elle passera des jours et des jours à aider et à soutenir Marthoune dans son rôle de jeune maman, ayant elle aussi 6 enfants à élever. Bientôt, Bella n'aura plus de force.
Quel admirable exemple resplendissait de cette femme, douce, calme et résolue, disparue le 8 juin 1958, jour anniversaire de l'arrestation d'Armand et d'André.
Mais aujourd'hui, n'y-a-t-il pas lieu de souligner, qu'après cette succession d'épreuves, de souffrances et de deuils, la famille issue de l'union, en 1912, d'Armand Nizard et de Bella Weil, se chiffre à 153 personnes vivantes, alors que ce 8 juin 1943, tout semblait perdu.
La grande leçon dont nous devons aussi nous souvenir, c'est qu'il faut toujours garder l'espoir.
13/07/2011
Auteur : Michel Benveniste
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1 Débarquement en Provence et Libération du midi de la France (Le débarquement en Provence et la libération des villes de Toulon, Saint-Tropez, Aix en Provence et Marseille en août 1944. Film composé d'images : du débarquement anglo-américain et français en Provence les 14 et 15 août 1944… )
2 Les enfants et amis Abadi (Voir le site Les enfants et amis Abadi, remarquable ! Odette Rosenstock et Moussa Abadi avec le concours de Monseigneur Paul Rémond, Archevêque-Évêque de Nice, ont créé le réseau Marcel pour lutter contre le nazisme et les lois antijuives de Vichy. Ils ont caché et sauvé, dans le diocèse de Nice, 527 enfants juifs de 1942 à 1944. « Les Enfants et Amis Abadi » est une association loi 1901 créée le 4 mai 2000 par Jeannette Wolgust. Elle a pour but de réunir les amis et les enfants cachés par Odette et Moussa Abadi, afin de préserver et perpétuer leur mémoire, et plus généralement de préserver et perpétuer la mémoire de la Shoah. )
3 Artistes et intellectuels réfugiés dans la région marseillaise en 1940-1942 (Robert Mencherini. « Artistes et intellectuels réfugiés dans la région marseillaise en 1940-1942 : un jeu
d’ombres entre survie et engagement ». [actes du colloque] Déplacements, dérangements,
bouleversement : Artistes et intellectuels déplacés en zone sud (1940-1944), Bibliothèque de l'Alcazar,
Marseille, 3-4 juin 2005 organisé par l'Université de Provence, l'Université de Sheffield, la bibliothèque de
l'Alcazar (Marseille). Textes réunis par Pascal Mercier et Claude Pérez. )
4 Camp de Saliers. 1942-1944. Une mémoire en héritage. (Histoires et mémoires du camp d'internement pour Nomades de Saliers (Bouches-du-Rhône) ayant accueilli près de 700 voyageurs, sinti, manouches, gitans, yeniches, mais aussi forains, dont 26 ne sont pas revenus… Na bister! (N'oublions pas!) )
Notes
- 1 - Conformément à l'article 1er de l'ordonnance n°45-2717 du 2 novembre 1945, J.O. des 5/11 et 13/12/1945.
- 2 - Mazargues est un quartier de Marseille dans le 9earrondissement.
- 3 - Marseille, Vichy et les nazis, Marseille 1993, Amicale des Déportés d'Auschwitz et des camps de Haute Silésie.
- 4 - Mémorial de la déportation des Juifs de France, Serge Klarsfeld, pages 418 et 422.
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