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Lot

Région :
Occitanie
Département :
Lot

Préfets :
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Robert Dumas
(17/08/1944 - 04/01/1946)
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(22/05/1937 - 05/02/1940) Préfet du Lot
Antoine Petit
(14/11/1941 - 19/02/1944) Antoine Loïc Petit, Préfet du Lot
Frédéric Empayatz
(19/02/1944 - 17/08/1944) Préfet du Lot

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Berthe Nasinec Pépiriot

Texte pour ecartement lateral

Saint-Céré 46400 Lot
Nom de naissance: Bozina Nasinec
Nom d'épouse: Pépiriot
Date de naissance: 03/01/1907 (Tchécoslovaquie)
Date de décès: 1963 (La Frette-sur-Seine (98))
Nationalité : Française
Profession: Coiffeuse
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Berthe-Nasinec-Pepiriot
Plaque déposée à Saint-Céré le 8 juin 2011
source photo : Arch.
crédit photo : D.R.
Berthe-Nasinec-Pepiriot
Berthe Nasinec Pépiriot
source photo : Arch.
crédit photo : D.R.
Histoire
Bozina Nasinec est née le 3 janvier 1907, près de Prague.
En 1933, elle se marie à Paris avec Robert Pépiriot.
En 1934, quand Robert décide de succéder à son père, coiffeur à Saint-Céré, sa femme et sa petite-fille Mila, deviennent Berthe et Jeanine.

Le 8 juin 1944, la division SS Das Reich rentre dans Saint-Céré. Trois maquisards sont pris au piège et s'enfuient dans Saint-Céré. Le quartier est cerné. Quarante otages, en majorité des femmes et des enfants, sont rassemblés en haut du boulevard Gambetta. Adolf Dieckmann, qui commande le détachement et qui sera, deux jours plus tard, le bourreau d'Oradour-sur-Glanes, s'apprête à exécuter le groupe pour non-dénonciation. C'est alors que Berthe Nasinec Pépiriot, coiffeuse à Saint-Céré, née à Prague, s'adresse à lui, en allemand. Surpris par le courage de cette femme, il engage le dialogue. Après 4 heures d'âpres négociations, les otages sont enfin libérés. L'officier allemand renvoie Berthe avec cette phrase "Madame, vous êtes très courageuse, toutes ces personnes vous doivent la vie."

Le 8 juin 2011, à l'initiative de l'association des Amis du Pays de Saint-Céré et de la municipalité, une plaque a été apposée sur la façade de l'immeuble boulevard Gambetta où Berthe Nasinec Pépiriot avait son salon de coiffure.

05/08/2011

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Association des Amis du Pays de Saint-Céré

Discours prononcé par M. Mohamed Saadallah, sous-préfet de Figeac, à l'occasion du dévoilement de la plaque à la mémoire de Berthe Nasinec Pépiriot

Nous sommes réunis ici, grâce à l’initiative prise par M. Jean-Louis Magnaval, animateur de la commission "patrimoine" de l’association des Amis du Pays de Saint-Céré, que je tiens à remercier très sincèrement pour avoir su rassembler les énergies et les concours nécessaires afin que ne tombe dans un total oubli, l’histoire de Berthe Pépiriot.
Je tiens également à vous remercier, Monsieur le Maire, d’avoir accompagné un tel projet et permis ainsi cette manifestation du souvenir.
Car l’histoire de Berthe Pépiriot, qui vient d’être rappelée, méritait assurément d’être honorée, ne serait-ce que pour souligner qu’il n’est jamais trop tard.
Aujourd’hui, nous honorons sa mémoire, certes — mais surtout, nous devons nous imprégner de ses gestes.
Que nous dit, aujourd’hui, Berthe Pépiriot ?
Qu’il n’y a pas, d’abord, de petits gestes de résistance.
Berthe Pépiriot n’a pas porté les armes, elle n’a plastiqué ni train, ni pont, elle n’a pas attaqué de convois allemands.
Elle a, comme beaucoup d’autres, apporté sa pierre à l’édifice de la Résistance — sans violence, par humanité, avec simplicité.
Elle nous montre, ensuite, le pouvoir de la parole.
Berthe Pépiriot a, en somme, caché des hommes recherchés par les nazis. Mais elle les a cachés par ses mots, dans ses mots. Elle a, par sa seule parole, désamorcé la violence. C’est là un véritable triomphe sur la barbarie.
Pour les nazis, une seule parole existait — celle du chef. La parole n’était pour eux aucunement échange — elle était seulement impérative, faite d’ordres, d’interdictions, de stigmatisation.
Pour les nazis, les mots n’étaient jamais que des éléments d’un processus de mort : le simple mot juif, le simple mot tzigane, le simple mot résistant — et tant d’autres — valaient condamnation à mort.
Les nazis, par les mots, réduisaient les individus à des catégories. Par cet usage des mots, un homme cessait d’être un homme, pour n’être plus qu’un type, qu’un cliché, qu’une anecdote.
Par cet usage des mots, un homme cessait d’être professeur ou boulanger, citadin ou paysan, grand ou petit, il cessait d’être cette infinité de détails et de qualités qui sont l’humanité — pour n’être plus qu’un attribut — pour n’être plus que juif, tzigane, communiste, homosexuel.
Berthe Pépiriot, a parlé, a parlé longuement, elle a utilisé le langage pour ce qu’il est — une part de la vie, et non un outil de mort.
Berthe Pépiriot nous apprend, également, à ne pas avoir peur. Alors qu’elle avait tout pour avoir peur. Elle était étrangère, elle était femme.
Venue d’une zone frontalière de Tchécoslovaquie, les Sudètes, annexée par les Allemands — elle était Allemande pour les Français, et Tchèque pour les Allemands. Elle était une exilée, une déracinée.
Et, dans la société des années quarante, où les femmes n’avaient pas encore accédé à l’égalité des droits, la place d’une femme n’était pas sur le devant de la scène.
Il faut donc imaginer ce que signifiait le geste de Berthe Pépiriot — elle prenait la parole, alors qu’elle était une femme, dans une société où les femmes vivaient dans l’ombre de leurs époux; alors même que son accent rappelait qu’elle était une étrangère, dans une société où le racisme avait force légale.
Pourtant, elle parla.
Plus encore, elle parla à l’officier SS avec le langage de la raison, de l’humanité.
Ni invective, ni geste de bravoure suicidaire. Elle parla, parce qu’elle n’avait pas peur — et qu’elle avait confiance dans cette capacité qu’ont les êtres humains de transformer les choses, et les destins, par la parole.
Elle nous apprend ainsi à dépasser nos peurs — et à nous parler les uns aux autres.
C’est à cela, aujourd’hui, qu’il est juste de rendre un hommage appuyé et mérité, à une personnalité méconnue de Saint-Céré et qui voit maintenant son nom gravé sur une façade de cette ville.
Votre présence Monsieur le Maire, ainsi que celle de nombreux élus auprès des membres de l’association des Amis du Pays de Saint-Céré atténue les années d’oubli et permet à Berthe Pépiriot d’obtenir la reconnaissance pour son courage qui a permis de sauver des vies humaines.
Cela s’est passé ici à Saint-Céré, voilà maintenant 67 ans.


Source : Bulletin de l’Association des Amis du Pays de Saint-Céré, n° 55, juin 2011.

05/08/2011

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Auteur : SYLVIE GOLL SOLINAS - terminal



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