Françoise Seligmann

Françoise Claudine Jullien est née en 1919 à Marseille. Elle est la fille unique de Laure Beddouckh, originaire d'une famille juive d'Algérie) et du sous-lieutenant Adolphe Jullien, qui n'est pas juif.

La mère de Laure Beddouckh, Esther née Gabrielle Lyon, juive du Comtat Venaissin, rejoint Marseille après que son mari ait déserté le domicile conjugal, laissant la mère et la fille sans ressources à Oran.

Laure Beddouckh, devenue enseignante et journaliste, est une militante engagée pour les droits des femmes et fonde la section marseillaise de l'UFSF (Union Française pour le suffrage des femmes) dont elle est la secrétaire générale jusqu'en 1940.

Laure est exclue de l’enseignement et de la presse parce que juive, tandis que Françoise est contrainte d'interrompre ses études alors qu’elle est étudiante en deuxième année de Khagne et à entrer dans la vie active. Elle entreprend une carrière d’assistante sociale, spécialisée dans l’enfance délinquante.

A la fin de l’année 1941, Françoise entre dans la résistance sans abandonner ses activités professionnelles jusqu’en juin 1943.

Germaine Poinso-Chapuis sauve in extremis Laure Beddouckh, sa mère Esther née Gabrielle Lyon, et sa fille Françoise Claudine Jullien en les aidant à quitter Marseille pour se réfugier à Lyon.

Françoise Claudine Jullien intègre à Lyon le mouvement de Résistance Combat où son travail consiste à rechercher dans les prisons des agents disparus, à les ravitailler, et à organiser leur évasion ; faux papiers transports, lieux d’accueil, c’est ainsi que Françoise organise un réseau d’accueil pour les évadés. Elle crée aussi une ligne d’évasion de Lyon vers la Suisse et convoie en personne une centaine de Juifs et de refugiés politiques, leur faisant passer la frontière, sauvant leur vie.

En mai 1943, elle rejoint Paris et accomplit plusieurs missions en zone interdite et organise un réseau de contacts. Un an plus tard, elle sert d’agent de liaison à Albert Camus et à l’équipe du journal « combat » cachée dans un vieil immeuble de la rue de Réaumur qui publie clandestinement le journal.

Jusqu’à la fin de la guerre, elle poursuit ses actes de résistante, puis c’est la libération et en 1946, elle fonde un journal féministe La Française, journal d'information et d'action féminines, luttant pour l’indépendance des femmes et la parité sociale, dans la foulée, elle rejoint le parti socialiste et en devient, à partir de 1983 et pendant environ 10 ans, la secrétaire nationale. Elle est également promue au rang d’officier de la légion d’honneur et commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres pour l’ensemble de ses combats.

En 2013, Francoise Seligmann en mémoire des combats qu’elle a menés contre le nazisme au sein de la résistance avec son époux Francois-Gerard Seligmann fait un don à la Chancellerie des Universités de Paris pour la création d’un prix littéraire contre le racisme sous toutes ses formes.

Co-fondatrice et directrice d’Après-demain, ancienne proche collaboratrice de Pierre Mendès France de 1955 à 1958. Présidente d’honneur et membre du bureau national de la Ligue des Droits de l’Homme, elle s’est éteinte le 27 février 2013 à l’âge de 93 ans.¹