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Bouches-du-Rhône

Région :
Provence-Alpes-Côte d'Azur
Département :
Bouches-du-Rhône

Préfets :
Marcel Ribière
(1940 - 1943) Marcel Julien Henri Ribière, Préfet de la région de Marseille (Alpes-Maritimes, Basses-Alpes (Alpes-de-Haute-Provence), Bouches-du-Rhône, Corse, Gard, Hautes-Alpes, Var et le Vaucluse) (1892-1986)
Max Bonafous
(1941 - 1942) Préfet des Bouches-du-Rhône (1900-1975)
Adelin Rivalland
(1942 - 1943) Adelin Pascal Jean Joseph Rivalland (1893-1965)
Antoine Lemoine
(1943 - 1944) Antoine Jean Marcel Lemoine, Préfet des Bouches-du-Rhône
Jacques Bussière
(1944 - 1944) Jacques Félix Bussière, Préfet des Bouches-du-Rhône. Arrêté, interné au camp de Compiègne puis déporté en Allemagne, il mourra en déportation (1895-1945)
Émile Malican
(1944 - 1944) Émile Gabriel Louis Marie Malican, Préfet des Bouches-du-Rhône
(Mai 1943 - Mai 1944) Marie Joseph Jean Chaigneau, Préfet de la région de Marseille (Alpes-Maritimes, Basses-Alpes (Alpes-de-Haute-Provence), Bouches-du-Rhône, Corse, Gard, Hautes-Alpes, Var et le Vaucluse). Arrêté en mai 1944 par les Allemands, il est déporté au camp d'Eisenberg
Raymond Aubrac
(1944 - 1945) Raymond Aubrac, de son vrai nom Raymond Samuel, Commissaire de la République de la région de Marseille (Alpes-Maritimes, Basses-Alpes (Alpes-de-Haute-Provence), Bouches-du-Rhône, Corse, Gard, Hautes-Alpes, Var et le Vaucluse) (1914)
Paul Haag
(1945 - 1946) Paul Maurice Louis Haag, Commissaire de la République de la région de Marseille (Alpes-Maritimes, Basses-Alpes (Alpes-de-Haute-Provence), Bouches-du-Rhône, Corse, Gard, Hautes-Alpes, Var et le Vaucluse) (1891-1976)

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Texte pour ecartement lateral

René Kochmann

dit René Franc
Texte pour ecartement lateral

Marseille 13000 Bouches-du-Rhône
Date de naissance: 1936 (Marseille)
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Histoire

Témoignage de René Kochmann

J'ai eu neuf ans en 1945. J'ai su, dès l'âge de sept ans et demi, que mon seul nom me mettait en danger. Mais je ne savais exactement pourquoi ni comment. Le terme "déporté" avait un sens pour moi. Mais lequel exactement ? Le mot "déportation" se trouvait pour moi associé à l'idée de mort violente et cruelle, mais je ne savais pas de quelle façon. En 1945, je savais, en tout cas, que selon toute vraisemblance, mon grand-père maternel jamais ne reviendrait de sa déportation et qu'en temps de guerre il pouvait être périlleux d'aller - tout simplement parce que c'était un samedi matin - à l'oratoire achkenaze du 24 de la rue des Convalescents, à Marseille. (Aucune plaque commémorative ne signale d'ailleurs ni l'existence de cet oratoire aujourd'hui disparu, que l'après-guerre a fait renaître pendant quelque temps, ni (ce qui est encore pire) l'arrestation d'hommes juifs venus y faire leurs prières un samedi de mars 1943, par des militaires de la Wehrmacht.
J'avais, peu après la Libération, déjà vu, mais où ? (dans les actualités cinématographiques de l'époque ?) circuler dans d'espèces de rues ou de chemins de boue entre de vagues baraques, des gens très maigres en pyjama rayé. J'avais vu ou cru voir (était-ce en rêve ?) de bizarres très hautes cheminées d'où s'échappait une fumée très noire et très épaisse. Je devinais que ces fumées-là avaient odeur mauvaise et âcre.
Un jour, au 9è étage de la rue Papéty, à Marseille, chez mon oncle Jacques, fin 1945 ou peut-être tout début 46, j'ai, resté seul, ouvert le tiroir supérieur d'une commode et j'en ai tiré un ou deux fascicules qui parlaient, photos à l'appui, des réalités les plus nues et les plus incroyables des camps d'extermination nazis. J'ai très tôt ainsi su non seulement les chambres à gaz et les crématoires, mais aussi parfois les bébés arrachés à leur mère et jetés vivants dans les flammes. [...] J'ai alors su avec une exactitude quasi arithmétique à quoi j'avais échappé. Des nuances sur ce qui m'avait été épargné se sont depuis plus de mille fois surajoutées, mais seulement des nuances. J'ai, sur l'extermination des miens, une idée à présent très précise : un horrible savoir loge en moi. Mais, à cause d'une certaine façon de chercher à "résoudre" définitivement la question juive, tout ce qui s'est passé en Europe de si longues années durant (et pour les miens vivant sous le régime nazi, bien avant septembre 1939), je ne le comprends pas plus à présent, plus de cinq décennies plus tard, que lorsque j'étais un gamin à peine sorti de la guerre. C'est pourquoi, même si je ne suis pas mort sur place de ce que je lisais dans ces brochures illustrées de photos, même si je n'ai pas ouvert la fenêtre la plus proche de cette commode pour me jeter dans le vide du haut du 9è étage, je crois pouvoir dire qu'à partir de ce moment-là j'ai senti que je ne serai jamais pleinement en vie. C'est pourquoi j'affirme que, même sans être mort en fin 1945 ou début 1946, en tout cas j'ai, alors, dès cet instant-là commencé très lentement à mourir, tout simplement parce que je n'ai jamais compris pourquoi j'avais été, moi, épargné, alors que tant d'autres de mon âge ou plus jeunes ou à peine plus vieux, n'avaient pas eu la chance de l'être. Je suis en agonie depuis la fin d'une "Shoah" sans fin. Et je suis d'autant plus plongé - comme malgré moi - dans cette inconfortable conviction que je vis sur une double trahison.
Entre novembre 1943 et novembre 1944, j'ai trahi mon patronyme en étant forcé de me cacher sous un autre nom de famille, plus "français", plus "en accord" avec la situation de l'époque. Je ne suis donc pas, à proprement parler, un enfant caché au sens usuel de cette expression. En effet, sous mon faux nom, j'ai continué, par chance, à vivre avec mes parents, en tout cas avec ma mère. La "personne" qui me cachait, c'était seulement un masque, ce n'était que moi sous un faux nom. C'était un moi apparent qui dissimulait le vrai moi que j'ai continué à être. La seconde trahison est intervenue quand j'ai, revenu dans ma ville natale en novembre 1944, pu reprendre mon vrai patronyme. Dans la joie de ces retrouvailles avec moi-même, avec le vrai moi que j'étais, que je n'avais jamais cessé d'être, je ne me suis pas rendu compte tout de suite de cette seconde trahison, qui a commencé lorsque la première a pu prendre fin. Pendant à peu près un an, j'étais devenu René Franc au lieu de continuer à me nommer René Kochmann. J'avais trahi René Kochmann pendant à peu près un an. J'allais trahir René Franc pour une durée beaucoup plus longue.
En effet, bien plus tard, revenu presque par hasard dans la ville où j'avais vécu sous mon faux nom, j'ai voulu revoir la maison où mes parents et moi avions logé. Lorsque je l'ai revue, je me suis mis, malgré tous mes efforts, à pleurer à gros sanglots étouffés sous mon mouchoir. J'ai en effet alors compris que, plusieurs décennies auparavant, j'avais trahi un petit garçon de mon âge, un masque certes, dira-t-on peut être, mais auquel j'avais donné vie, et qui avait existé de façon tout à fait authentique pour la plupart des gens qui m'avaient à l'époque côtoyé. Qu'était devenu ce petit garçon que, dans mon inconscience, j'avais abandonné ? Les tourments dus à ce genre de questions n'offre, c'est sûr, aucun point de comparaison avec les souffrances endurées par les enfants déportés. Mais j'ai souhaité en parler, car je crois qu'il y a peut-être d'autres ex-enfants juifs cachés pendant la guerre en Europe qui ont éprouvé à ce sujet les mêmes perpétuelles, taraudantes interrogations que moi. Pour le dire en utilisant des remarques du sociologue Edgar Morin, je dirais volontiers que cette expérience de l'altérité qu'on a ainsi introduite de force dans mon ego m'a fait quelque peu "marrane". Je dois ajouter que, parmi ceux qui nous ont aidés, ma mère et moi, à nous procurer les faux papiers qui nous ont servi de "cachette", il me faut mentionner le curé doyen de Vic-Fezensac. Il s'appelait Abel Thiard et est mort en 1954. Si quelqu'un pouvait m'informer sur le lieu où il est inhumé, je lui en serais reconnaissant. Sur sa tombe j'aimerais déposer un caillou en signe de mémoire, d'affection et de respect. J'ai le remords de n'avoir pas encore entrepris de démarches en vue de savoir si ce prêtre catholique, qui a aidé d'autres familles juives que la nôtre, se trouve ou non compté officiellement au rang des "justes parmi les nations". Nous ont aidé aussi le Dr Gérard Dat et un officier de gendarmerie de la même petite ville du Gers. Le Dr Gérard Dat était encore vivant en 1990. Je n'ai jamais su le nom du gradé de la gendarmerie de Vic-Fezensac venu à notre aide pendant cette difficile période.
A partir de l'été 1943, mon père a dû souvent se planquer loin de nous et exercer dans un trou perdu du Gers le métier de vacher. Il venait nous voir de temps en temps, le dimanche, je crois. Il nous a précédé, déjà pourvu d'un faux nom, à Limoges. Pourvus à notre tour du même patronyme de guerre que lui, ma mère et moi l'y avons rejoint en novembre 1943. Vers la fin du printemps 1944, requis par le STO sous son faux nom, mon père prend le maquis dans la Haute-Vienne. Nous ne le reverrons qu'à l'occasion de permissions et seulement après la libération de Limoges.

10/04/2010
Lien : Paroles d'étoiles

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Liens externes [Ajouter un lien vers un article d'intérêt ou un site internet]
1 Débarquement en Provence et Libération du midi de la France (Le débarquement en Provence et la libération des villes de Toulon, Saint-Tropez, Aix en Provence et Marseille en août 1944. Film composé d'images : du débarquement anglo-américain et français en Provence les 14 et 15 août 1944… )
2 Les enfants et amis Abadi (Voir le site Les enfants et amis Abadi, remarquable !
Odette Rosenstock et Moussa Abadi avec le concours de Monseigneur Paul Rémond, Archevêque-Évêque de Nice, ont créé le réseau Marcel pour lutter contre le nazisme et les lois antijuives de Vichy. Ils ont caché et sauvé, dans le diocèse de Nice, 527 enfants juifs de 1942 à 1944.
« Les Enfants et Amis Abadi » est une association loi 1901 créée le 4 mai 2000 par Jeannette Wolgust. Elle a pour but de réunir les amis et les enfants cachés par Odette et Moussa Abadi, afin de préserver et perpétuer leur mémoire, et plus généralement de préserver et perpétuer la mémoire de la Shoah. )
3 Artistes et intellectuels réfugiés dans la région marseillaise en 1940-1942 (Robert Mencherini. « Artistes et intellectuels réfugiés dans la région marseillaise en 1940-1942 : un jeu d’ombres entre survie et engagement ». [actes du colloque] Déplacements, dérangements, bouleversement : Artistes et intellectuels déplacés en zone sud (1940-1944), Bibliothèque de l'Alcazar, Marseille, 3-4 juin 2005 organisé par l'Université de Provence, l'Université de Sheffield, la bibliothèque de l'Alcazar (Marseille). Textes réunis par Pascal Mercier et Claude Pérez. )
4 Camp de Saliers. 1942-1944. Une mémoire en héritage. (Histoires et mémoires du camp d'internement pour Nomades de Saliers (Bouches-du-Rhône) ayant accueilli près de 700 voyageurs, sinti, manouches, gitans, yeniches, mais aussi forains, dont 26 ne sont pas revenus… Na bister! (N'oublions pas!) )

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