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Préfets :
Léopold Chénaux de Leyritz
(25/06/1940 - 24/01/1944) Léopold Marie Frédéric Chéneaux de Leyritz, Préfet de Haute-Garonne et préfet régional de la région de Toulouse à partir de 1941 (Ariège, Gers, Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées, Lot, Lot-et-Garonne, Tarn et Tarn-et-Garonne et les parties non occupées des Basses-Pyrénées, de la Gironde et des Landes (1896-1970)
) secrétaire général de la sous-préfecture de Saint-Girons (Ariège), résistant
André Sadon
(24/01/1944 - 06/02/1944) André Paul Sadon, Préfet régional de la région de Toulouse (Ariège, Gers, Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées, Lot, Lot-et-Garonne, Tarn et Tarn-et-Garonne et les parties non occupées des Basses-Pyrénées, de la Gironde et des Landes (1891-1965)
Jean Cassou
(1944 - 1944) Commissaire régional de la République de la région de Toulouse (Ariège, Gers, Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées, Lot, Lot-et-Garonne, Tarn et Tarn-et-Garonne et les parties non occupées des Basses-Pyrénées, de la Gironde et des Landes (1897-1981)
Pierre Berteaux
(1944 - 1946) Pierre Félix Berteaux, Commissaire régional de la République de la région de Toulouse (Ariège, Gers, Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées, Lot, Lot-et-Garonne, Tarn et Tarn-et-Garonne et les parties non occupées des Basses-Pyrénées, de la Gironde et des Landes (1907-1986)
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Croix-Rouge suisse, Secours aux enfants (CRS, SE)
Dates : Mai 1941-1945
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Château de la Hille
durant la Seconde Guerre mondiale (WWII)
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Texte pour ecartement lateralCommune : 09120 Montégut-Plantaurel |
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Château de la Hille, 1941
source photo : Coll. Ruth Herz Goldschmidt
crédit photo : D.R. |
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Repas dans la cour du Château de la Hille
source photo : Arch.
crédit photo : D.R. |
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Un groupe d'enfants devant la porte de l'entrée au château de la Hille
source photo : Croix-Rouge
crédit photo : D.R. |
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Le Château de la Hille, 1941
source photo : United States Holocaust Memorial Museum
crédit photo : D.R. |
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Jojo, Lucette et Roland au Château de la Hille, 1943-1944
source photo : Coll. Sebastian Steiger
crédit photo : USHMM |
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Maurice Dubois* au Château de la Hille, 1941
source photo : Yad Vashem
crédit photo : D.R. |
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Déjeuner au Château de la Hille, 1943-1944
source photo : Coll. Sebastian Steiger
crédit photo : D.R. |
Direction : Maurice Dubois*, coordinateur des activités de la Croix-Rouge suisse, Secours aux enfants (CRS, SE) en zone sud
Rösli Näf*, directrice jusqu’à son licenciement, puis par Emma Ott
Personnel : Sébastien Steiger*, instituteur, Eugen Lyrer, instituteur, Emma Ott, Mlle Tännler
Histoire
Stèle du château de la Hille
Le texte de la plaque commémorative érigée à proximité du château de La Hille raconte le périple des orphelins juifs originaires d’Allemagne et d’Autriche. En 1942, la gendarmerie française, sur ordre du régime de Vichy, procèdera à l’arrestation de 45 d’entre eux, des adolescents âgés de plus de 15 ans. Traqués par le régime nazi et victimes de l'administration vichyssoise nombre d'entre eux ont survécu grâce au soutien de la Croix-Rouge et des habitants. Jacques Roth, ancien pensionnaire de la Hille, aujourd'hui écrivain, est l'auteur du texte de la plaque commémorative : "Le château de la Hille, vieux de cinq siècles, offrit aux heures les plus noires du XXe, un havre de paix à une centaine d'enfants juifs, réfugiés provenant d'Allemagne et fuyant la terreur et la haine raciale qui, par vagues successives, recouvrirent la Hollande, la Belgique et une large partie de la France. Arrivés au château en 1941, ils y vécurent entourés de la bienveillance des habitants du pays et sous les bons soins d'un groupe de jeunes suisses de la Croix-Rouge Suisse, Secours aux enfants : Maurice et Éléonore Dubois, Rösli Näf, Eugen Lyrer et Emma Ott. Leur trop bref répit prit fin avec les rafles d'août 1942, quand la quarantaine des plus de seize ans furent arrêtés par des gendarmes et conduits au Camp du Vernet d’Ariège, première étape sur le chemin des Camps de la mort auxquels ils étaient destinés. Alerté, Monsieur Dubois, directeur de l'œuvre, se rendit sur le champ à Vichy où il parvint à forcer la porte du plus haut responsable de la police de l'État et réussit à arracher «ses enfants», ainsi que les adultes qui les accompagnaient, à la déportation. Les "Hillois" purent regagner leur château. Mais le sentiment de sécurité, lui, ne revint pas. Dès novembre 1942, avec l'arrivée des troupes allemandes sur tout le territoire, sentant de nouveau la menace, les grands commencèrent à se disperser. Vingt-cinq d'entre eux tentèrent de gagner la Suisse. Vingt réussirent, cinq furent arrêtés. Une dizaine cherchèrent le salut au delà des Pyrénées plus proches ; cinq ne passèrent pas. D'autres furent recueillis par les fermiers du pays. Quelques unes des jeunes filles trouvèrent un abri dans un couvent. D'aucuns rejoignirent le maquis ; l'un d'eux tomba sous les balles ennemies. Des dix « Hillois » déportés à Auschwitz, un seul survécut. Au cours de son histoire, le château n'a été le lieu d'aucun fait d'armes, mais dans ce dernier épisode il fut témoin d'une victoire de l'humain sur la barbarie. Les anciens de la Hille lui disent merci, ainsi qu'aux habitants de Montégut Plantaurel et de ses environs."
06/04/2010
[Compléter l'article]
Les enfants du Château de Seyre
Le 22 mai 1940, arrivent au château de Seyre 80 orphelins et juifs, d’origine allemande et autrichienne, pris en charge par la Croix-Rouge suisse, après l'invasion de la Belgique par les allemands.
La Croix-Rouge suisse avait son siège rue du Taur à Toulouse et Maurice Dubois* était chargé de la protection des réfugiés juifs de toute la zone non occupée.
A Seyre, parmi les enfants, certains suivaient des leçons que faisait la directrice, Rösli Näf ; d'autres dessinaient sur les murs.
Au printemps 1941 ils sont envoyés au château de la Hille, à Montégut-Plantaurel.
L'encadrement est composé de quatre à cinq Suisses de la Croix-Rouge, des employés espagnols réfugiés de 1939.
Les enfants vont à l'école du village de Montégut, un enseignant est venu de Suisse pour apprendre l'anglais et le français.
Le gouvernement de Vichy livre aux Allemands tous les juifs étrangers vivant en France, en juillet 1942. Ainsi, tous les jeunes de la Hille de plus de 16 ans sont arrêtés par la gendarmerie française sur ordre du préfet de l'Ariège et internés au camp du Vernet.
La Croix-Rouge suisse intervient immédiatement. Maurice Dubois* rencontre à Vichy René Bousquet (le secrétaire général de la police), Laval participe directement aux tractations et finalement Vichy et les Allemands reculent devant les représailles brandies par le gouvernement suisse : le 2 septembre 1941, les jeunes sont libérés et réintègrent la Hille.
Dans une France où l'armée allemande est partout présente après l'occupation de la zone libre, le 11-novembre 1942, où le gouvernement «français» de Vichy participe activement à la chasse aux juifs. Les plus jeunes resteront au château de la Hille jusqu'à la Libération (août 1944) et même au-delà. Plusieurs gagneront le maquis ariégeois où ils se battront contre les nazis et la milice française ; l'un d'eux y trouvera la mort au combat, le 9-juillet 1944 ; il s'appelait Berlin Egoor, originaire de Coblence ; son nom figure sur le monument aux morts de Pamiers. Certains se cacheront dans des familles françaises ; d'autres réussiront à passer en Suisse grâce à la complicité d'habitants suisses. Les échecs furent nombreux et, refoulés en France par la police suisse, certains revinrent à la Hille. Le plus grand nombre passa en Espagne où Franco accepta que 8 000 juifs franchissent la frontière, après 1942.
Lors du passage des Pyrénées, des adolescents de la Hille furent vendus à la Gestapo par des passeurs... Beaucoup ont été gazés, d'autres ont survécu...
Après la guerre, ces enfants et adolescents quittèrent l'Europe pour Israël, l'Angleterre, les États-Unis. Certains sont revenus à la Hille et à Seyre, où deux violons et deux joyeux cochonnets sont à jamais sur les murs d'une grange.
26/02/2010
Auteur : Jean Odol, directeur
[Compléter l'article]
Anne-Marie Imhof
Elle avait 24 ans en 1942. Membre de la Croix-Rouge suisse, cette jeune licenciée en lettres a aidé les enfants juifs réfugiés dans la grande bâtisse de Montégut- Plantaurel. Elle conduira une douzaine d'adolescents vers la Suisse, les sauvant de la déportation. Dimanche, elle revenait sur les lieux.
A 82 printemps, Anne- Marie Imhof conserve un tempérament de jeune fille. Et c'est avec un allant extraordinaire qu'elle a retrouvé, dimanche, les lieux d'un passé peu ordinaire. A l'initiative de Walter Reed, qui séjourna au château de la Hille en 1941, les anciens enfants juifs que le Secours suisse aux enfants (un sous-secteur de la Croix-Rouge helvétique) y avaient placés entre février 1941 et l'été 1944, se sont réunis à Montégut- Plantaurel. Pour rendre hommage à ceux d'entre eux aujourd'hui disparus et pour dévoiler une plaque commémorative sur le chemin menant au château. « Je suis arrivée à la Hille le 6 mai 1943, en provenance de Montuel, un autre château qui servait également de refuge aux enfants juifs, près de Lyon. Mon engagement pour la cause de cette centaine de jeunes orphelins juifs allemands et autrichiens, dont les parents furent exterminés dans les camps nazis, vient directement de l'expérience que j'ai vécu en 1937, à Vienne. J'étais alors étudiante et j'y ai découvert ce qu'était l'antisémitisme, une véritable fièvre haineuse à l'encontre des juifs ». Dès 1942, la jeune Suissesse s'emploie avec fougue pour venir en aide aux enfants de Montuel, en pleine Zone occupée, n'hésitant pas à braver toutes les difficultés imposées par les Allemands. « Cette colonie regroupait des enfants juifs espagnols, victimes de la guerre civile, qui avaient connu les camps de réfugiés de Rivesaltes ou d'Argelès. Là encore, nous touchions du doigt ce que l'on a bien voulu appeler, pudiquement, le « problème juif ».
Au début de l'année 1943, je me suis ainsi rendue à Rivesaltes pour y chercher cinq enfants âgés de 5 à 13 ans et les placer à Montuel ».
Le bonheur malgré tout
Quelques mois plus tard, Anne-Marie Imhof découvre les Pyrénées, l'Ariège et le château de la Hille. « Ici tout respirait le bonheur malgré l'atmosphère de l'époque. Les enfants juifs allemands et autrichiens vivaient en parfaite osmose avec les villageois de Montaigut- Plantaurel. Les plus grands donnaient un coup de main aux champs, pour améliorer l'ordinaire; plusieurs étaient scolarisés au village ». Anne-Marie Imhof interrompt un instant son propos, pour échanger quelques mots en allemand avec une ancienne pensionnaire de la Hille. L'émotion est à son comble pour des retrouvailles après un demi-siècle qui n'a rien effacé des mémoires. « Après l'épisode d'août 1942 où les quarante enfants alors présents évitèrent de peu une mort certaine à Auschwitz, sauvés in extremis au camp du Vernet, il devenait urgent de placer les plus grands en sécurité ». Melle Roesli Naef, la directrice suisse de la Hille, organisait alors leur fuite clandestine vers l'Espagne et la Suisse. « C'est dans cette dernière direction que j'accompagnais une douzaine de nos protégés, tous munis de faux papiers ». De l'Ariège aux contreforts haut-savoyards, puis dans le massif helvétique, Anne-Marie Imhof sauva ainsi sa petite troupe de la Shoah. Un acte d'amour et de courage qui lui valut la reconnaissance éternelle de l'état hébreux, au rang des « Justes ».
31/10/2010
Auteur : Christophe LACHAISE
Lien : La Dépêche
[Compléter l'article]
La colonie pour enfants de La Hille, la rafle d’août 1942 et l’intervention de Maurice Dubois* à Vichy
La colonie ouverte au Château de la Hille et gérée par des Suisses ne comptait quasiment que des enfants juifs qui partageaient un destin collectif depuis 1938-1939 et dont bon nombre allaient échapper à la déportation, en particulier grâce au courage, à l’imagination et à l’action collective de collaboratrices et collaborateurs de la CRS, SE.
Les enfants et adolescents qui seraient installés au Château de La Hille au printemps 1942 venaient d’Allemagne et d’Autriche. Leurs parents les avaient placés en 1938 dans des homes à Bruxelles pour leur épargner les mesures antisémites dont eux-mêmes faisaient l’objet. L’occupation de la Belgique en mai 1940 provoqua leur départ précipité pour le Sud de la France. La situation très précaire dans laquelle ils se trouvaient, à Seyre près de Toulouse, conduisit à leur prise en charge par le Cartel suisse en octobre 1940.
Ellen Dubois parcourut alors la région à bicyclette, à la recherche d’un toit pour ses protégés. Elle le trouva en Ariège, dans un château inhabité depuis 20 ans de la petite commune de Montégut-Plantaurel non loin de Pamiers. Un château fortifié certes, mais en mauvais état, sans eau ni électricité. Les jeunes, secondés par des ouvriers espagnols, s’activèrent à sa rénovation. Bientôt toute l’équipe, d'environ 90 personnes, put emménager sous la conduite d’une nouvelle directrice, Rösli Näf*, une infirmière glaronnaise qui venait de passer plusieurs années chez le docteur Schweitzer à Lambaréné.
Les enfants poursuivirent leur éducation en fréquentant la bibliothèque bien vite installée au château, ou, pour les plus petits, l’école de Montégut-Plantaurel. La colonie était très bien acceptée par les paysans du voisinage. La menace s’abattit brusquement sur elle dans la matinée du 26 août 1942.
L’heure était très grave. 45 enfants avaient été emmenés. Rösli Näf* apprit le même jour de la préfecture de Foix (le château ne disposait pas du téléphone) que ses protégés avaient été enfermés dans le camp du Vernet, un camp dit de redressement, mais en l’occurrence une étape avant Drancy et Auschwitz-Birkenau. Le lendemain, 27 août, elle se rendit au Vernet, parvint à retrouver ses protégés. Elle décida de rester avec eux aussi longtemps qu’ils ne seraient pas libérés.
Maurice Dubois*, quant à lui, s’était rendu à Vichy. Il menaça le chef de la police de fermer toutes les maisons d’enfants de la CRS, SE en France si les enfants juifs arrêtés n’étaient pas libérés. Ce langage énergique fut entendu. Rösli Nâf* put quitter Le Vernet avec ses protégés le 2 septembre. Pour sa part, Ellen Dubois avait fait le voyage de Berne pour avertir la Croix-Rouge suisse, mais aussi tenter d’obtenir une meilleure protection des enfants juifs logés dans les homes et colonies de la CRS, SE.
La seule protection efficace aurait évidemment consisté à accueillir définitivement ces enfants en Suisse, avec l’aval de Vichy. La question fit d’abord l’objet de discussions entre le conseiller fédéral Eduard von Steiger, le ministre de Suisse à Vichy, Walter Stucki, et de hauts fonctionnaires. Conclusion unanime: "Il serait à la fois inopportun et dangereux que la CRS, SE prenne l’initiative de recueillir ces enfants. S’agissant d’une mesure du Gouvernement français prise dans des conditions que nul n’ignore, une pareille initiative serait interprétée comme une manifestation de réprobation avec toutes les conséquences qu’une telle attitude comporte" ; on écarta même l’idée d’une protestation1. Une proposition formelle d’accueil en Suisse des enfants fut soumise au Conseil fédéral, qui tarda à répondre. L’occupation du Sud de la France lui fit perdre toute actualité, car le Reich ne délivrerait bien entendu aucun visa de sortie à des Juifs.
31/10/2010
Auteur : François Wisard
Lien : Les Justes suisses
[Compléter l'article]
Les passages clandestins organisés depuis La Hille (1942-1944): Rösli Näf, Renée Farny, Anne-Marie Piguet, Gret Tobler, Sebastian Steiger
Au plus tard dès l’arrivée de la gendarmerie française le 26 août 1942, les pensionnaires du château de La Hille surent que la colonie n’offrait pas de sécurité malgré l’emblème de la Croix-Rouge suisse.
L’occupation allemande de la zone sud accentua encore le sentiment d’insécurité. Seules l’Espagne toute proche et la Suisse, où la plupart des pensionnaires avaient des parrains, pouvaient procurer un abri sûr. Dans les deux cas, le franchissement de la frontière ne pouvait se faire que clandestinement.
La directrice Rösli Nâf* choisit l’illégalité sans en
informer quiconque, pas même son supérieur Maurice Dubois*. Elle organisa la fuite en Suisse des plus de 16 ans, les plus immédiatement menacés. Peu avant Noël, elle fit partir un premier groupe de dix en leur remettant de l’argent. Trois prirent la direction de l’Espagne, trois celle de Lyon pour se mettre en contact avec des passeurs, alors que les quatre autres rejoignaient les Feux Follets à Saint-Cergues-les-Voirons. Cette colonie de la CRS, SE était située près de la frontière.
Renée Farny*, adjointe de la directrice, la Française Germaine Hommel*, et un jeune passeur, Léon Balland*, emmenèrent Jacques Roth et ses amis en "promenade".
Alors que deux des trois adolescents qui avaient voulu franchir les Pyrénées durent revenir au château de La Hille, la voie suisse semblait plus prometteuse. Rösli Nâf* décida d’y envoyer le reste des "grands" par groupes, à un ou deux jours d’intervalle. Or l’un des groupes ne trouva pas de passeurs à Lyon et Rösli Nâf* dut le rejoindre d’urgence. C’est là qu’elle apprit que cinq de ses protégés, à qui Renée Farny* avait voulu faire franchir la frontière dans la nuit du 1er au 2 janvier 1943, s’étaient fait arrêter. Une d’eux, Inge Joseph, réussit à s’échapper; Maurice Dubois*, alerté, parvint à obtenir la libération d’un autre jeune, Walter Strauss. Mais les trois autres ne purent échapper à la déportation.
Quant à Rösli Nâf*, elle rentra précipitamment au château de La Hille pour stopper toute l’opération.
La direction de la CRS, SE fut rapidement informée. Le colonel Hugo Remund, médecin-chef de la Croix-Rouge suisse,
décida non seulement de blâmer les collaboratrices, mais de les démettre de leurs fonctions. Il poussa le zèle jusqu’à les dénoncer à la Croix-Rouge allemande, qui n’en demandait pas tant. La Glaronnaise
Rösli Nâf* éprouva un tel écoeurement face au comportement de ses supérieurs censés représenter la Suisse qu’elle choisit de s’établir au Danemark après la guerre. Par modestie, elle refusa d’abord de recevoir la médaille des Justes que Vad Vashem voulait lui décerner en 1989. Toutefois, alors qu’elle participait à la cérémonie de remise des médailles organisée trois ans plus tard aux Feux Follets, elle accepta enfin de recevoir cette distinction.
La nouvelle directrice du château de La Hille, Emmi Ott, l’ancienne adjointe d’Elsbeth Kasser à Gurs, reçut des consignes très strictes. De toute évidence, elle ne pouvait entreprendre ou cautionner aucun sauvetage, sans risquer de compromettre définitivement, face à la direction de la CRS, SE, la petite colonie de l’Ariège. Ce furent toutefois deux nouvelles collaboratrices, arrivées à La Hille en 1943, qui reprirent les activités clandestines : la Vaudoise Anne-Marie Piguet* et la Zurichoise Gret Tobler. Pour augmenter les chances de succès, elles accompagnèrent elles-mêmes leurs protégés jusqu’à la frontière. Un troisième collaborateur, le Bâlois Sebastian Steiger*, remit sa pièce d’identité, après en avoir changé la photo, au jeune Walter Kamlet2 qui franchit la frontière avec Anne-Marie Piguet* et les deux soeurs Victoria* et Madeleine Cordier*, des Françaises.
Fraîche diplômée de l’Université de Lausanne, Anne-Marie Piguet* se porta volontaire à la CRS, SE, avec une première étape la colonie de Montluel près de Lyon.
Quarante ans plus tard, elle décrit ses sentiments : "J’arrive à Montluel en juin 1942, persuadée que je vais "secourir de petits Français". Mais c’est l’étonnement, mêlé d’une pointe de déception, lorsque je vois ces enfants espagnols et juifs, pauvres innocents jetés à la poubelle de l’histoire par la malice des temps".3
Après un passage au siège de la délégation à Toulouse, elle arriva à La Hille en mai 1943 pour s’occuper notamment du ravitaillement.
La situation demeurait critique : en février, la gendarmerie française avait arrêté cinq pensionnaires, dont trois avaient été déportés (Walter Strauss se trouvait parmi eux); en juin vint le tour de trois autres adolescents, dénoncés par le guide espagnol qui les accompagnaient au travers des Pyrénées. 4
C’est à cette époque – juin 1943 – qu’Anne-Marie Piguet* mit au point sa stratégie: accompagner les enfants du point de départ au point d’arrivée, franchir la frontière dans la seule région qu’elle connaissait très bien, le Risoux, une montagne boisée qui borde sa Vallée de Joux natale. Elle testa avec succès la filière pendant ses vacances. Et surtout, elle fit la connaissance de Victoria Cordier*, agent de liaison dans la Résistance française, et de sa soeur Madeleine*, qui fabriquait de fausses pièces d’identité. Les soeurs Cordier habitaient Champagnole, mais la maison maternelle se trouvait à Chapelle-des-Bois, au pied du Risoux, dans la zone interdite qui bordait la frontière suisse sur une largeur de deux kilomètres.
Selon des témoignages, les soeurs Cordier ont fait passer en Suisse plus de 80 personnes, juives et non juives.
La première tentative "à blanc", avec le fils d’un fermier suisse (Hans Schmutz) qui hébergeait clandestinement des enfants de La Hille, se déroula sans encombre. Avec l’aide de Victoria Cordier*, Anne-Marie Piguet* fit alors passer huit jeunes de La Hille et la mère de l’un d’eux, la cuisinière de la colonie dont le mari avait été déporté. En Suisse, les fugitifs étaient pris en charge par ses parents et par des amis, puis envoyés à l’intérieur du pays, le plus souvent à Zurich chez le pasteur Paul Vogt.
Même si la filière était bien organisée, l’accompagnement ininterrompu et le Risoux un terrain connu, la traversée de la zone interdite, puis de la frontière restait dangereuse. Le dernier passage – en mai 1944 – allait le rappeler. Avec Anne-Marie Piguet*, ils étaient trois au départ de La Hille : Paul Schlesinger, sa mère Flora – à qui Mme Schmutz voulut donner sa pièce d’identité suisse – et Walter Kamlet – à qui Sebastian Steiger* donna finalement la sienne. Trajet habituel pour le quatuor: Toulouse, Montluel, Champagnole où les rejoignirent deux jeunes devant passer en Suisse et enfin Chapelle-des-Bois. Avec Victoria* et Madeleine Cordier*, la petite équipe passa la frontière, mais elle tomba sur un policier vaudois qui voulait la refouler…
Madeleine Cordier*, qui parvint à éviter le refoulement, témoigne : "Fier de sa trouvaille [le gendarme Adrien Goy] se fait sévère. Madeleine*, il veut l’emmener en Suisse, et refouler les autres. Le règlement, c’est le règlement. Madeleine*, courageuse, éloquente, plaide: "Moi, descendre en Suisse? C’est impossible. On m’attend à la maison. Non, non! – Et refouler ces pauvres personnes qui viennent du fond de l’Ariège, qui sont en danger, qui sont mortes de fatigue, qui comptent sur vous. Vous ne pouvez pas faire ça, c’est trop cruel." Le gendarme n’est pas long à sentir sa résolution vaciller. "Bon, retournez sur France et moi je les descends au Brassus. Mais attention! Qu’ils ne disent à personne que je les ai trouvés près de la frontière!"
En 2003, une plaque a été déposée dans ce lieu: l’Hôtel d’Italie, en fait une cabane forestière. "Ici, de septembre 1943 à mai 1944, quatorze femmes, enfants, adolescents, Israélites pour la plupart, traqués en France occupée, ont trouvé refuge grâce à Fred Reymond*, Anne-Marie Piguet*, Madeleine* et Victoria Cordier* et au gendarme Adrien Goy en poste au Brassus".
Alors que la Vaudoise faisait passer plusieurs groupes par le Risoux, entre septembre 1943 et mai 1944, la Zurichoise Gret Tobler emmena deux jeunes filles en décembre 1943 jusqu’en Suisse, sans le secours de personne. Les filles avaient des visas d’entrée en Suisse, bientôt échus, mais bien sûr aucun visa de sortie.
Après plusieurs tentatives infructueuses de passer à travers les barbelés et un interrogatoire par des douaniers français, le trio atteignit le sol suisse.
31/10/2010
Auteur : François Wisard
Lien : Les Justes suisses
[Compléter l'article]
64 Familles hébergées, cachées ou sauvées au Château de la Hille
[Compléter]
Famille Abramovitch
- Paulette
1940 / 1943
Famille Berlin
- Inge, née en 1924 et son frère Egon Berlin, né en 1928 arrivent d'Allemagne par la Belgique à Seyre, puis sont envoyés au Château de la Hille. En 1942, les enfants de plus de 16 ans sont arrêtés et internés au Camp du Vernet. Rösli Näf* contacte immédiatement Maurice Dubois* qui demande à René Bousquet de relacher les enfants. Ils reviennent à la Hille en septembre 1942. Inge fait partie d'un groupe de cinq jeunes qui rejoindront l'Espagne, tandis que Egon reste en France et rejoint la résistance. Egon Berlin, meurt en combattant près de Roquefixade à l'âge de 16 ans. Il est enterré dans la cimetière de Pamiers.
Famille Blau
- Rosalie
1941 / 1942
Famille Chaim
- Edgar Chaim
Famille Clément
- François
1941 / 1942
Famille Cosmann
- Rosemarie Cosmann
1941 / 1942
Famille Deutsch
- Kurt Deutsch né à Ash (Tchécoslovaquie)
Famille Domka
- Aliza Domka, allemande, confiée par ses parents au Secours Suisse arriva au château de La Hille dans l'Ariège.
1941 / 1942
Famille Dortort
- Joseph et Emil Dortort
1941 / 1942
Famille Drab
- Egon Drab né à Vienne (Autriche)
>> Voir les 64 familles réfugiées <<
Familles arrêtées (Château de la Hille)
[Compléter]
Article non renseigné. Si vous avez connaissance de personnes arrêtées ou exécutées dans la commune, cliquez ci-dessus sur “Compléter” et ajoutez leur nom, prénom, les circonstances de l'arrestation et la date de l'arrestation, si possible.
Liens externes
[Ajouter un lien vers un article d'intérêt ou un site internet]
1 Les enfants du château de La Hille (1941-1945) (Une tragédie humanitaire pendant la seconde guerre mondiale. Documents et analyses présentés par la Croix-Rouge suisse a l’occasion de l’inauguration du musee de Montegut-Plantaurel (Ariège), le 23 juin 2007 )
2 Rencontre avec Paul Niedermann (Conférence de Paul Niedermann (1h24) enregistrée en mars 2011 au collège d'Estagel dans les Pyrénées-Orientales. Paul Niedermann retrace son parcours entre 1935 et 1945 de Karlsruhe à la Maison d'Izieu, en détaillant son passage au Camp de Rivesaltes. )
3 Page Facebook de Lois Gunden Clemens
4 Lien vers l'éditeur du livre "La Villa St Christophe à Canet-Plage" (La Villa Saint Christophe maison de convalescence pour enfants des camps d'internement avril 1941 février 1943 )
5 Vous êtes venus me chercher (Blog de l'auteur - parutions, conférences, signatures... )
6 Elie Cavarroc, Juste des Nations (M. Elie Cavarroc, nommé Juste des Nations. Référence du dossier n°10002 du Comité Français pour Tad Vashem )
Chronologie [Ajouter]
Cet article n'est pas encore renseigné par l'AJPN, mais n'hésitez pas à le faire afin de restituer à cette commune sa mémoire de la Seconde Guerre mondiale.
Témoignages, mémoires, thèses, recherches, exposés et travaux scolaires
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Vous êtes venus me chercher L'histoire de Rosa Goldmark, Récit
157 pages,
réalisation 2014
Auteur :
SYLVIE GOLL SOLINAS
- terminal
Notes
- 1 - Notice d’Edouard de Haller, 2 septembre 1942. Documents diplomatiques suisses,
vol. 14, pp. 754-756.
- 2 - Dans son récit Les enfants du château de La Hille, Bâle, Brunnen-Verlag, 1999, Sebastian Steiger a changé le nom de celui-ci en Walter Kamel – nom repris par le Dictionnaire des Justes de France. Il a également modifié le nom d’Emmi Ott.
- 3 - IM HOF-PIGUET, Anne-Marie, La Filière – en France occupée 1942-1944, Yverdon-les-Bains, Editions de la Thièle, 1985, p. 29.
- 4 - Le récit du quatrième adolescent, seul survivant, Werner Epstein, est reproduit dans IM HOF-PIGUET, Anne-Marie, La filière, op. cit., pp. 145-150.
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* Juste parmi les Nations |
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Justes parmi les Nations - Righteous among the Nations - De Gerechten mank de Völker - Giusti tra le nazioni - Drept între popoare - Gerechter unter den Völkern - Sprawiedliwy wsród Narodów Swiata - Rechtvaardige onder de Volkeren - Justuloj inter la popoloj - Rättfärdig bland folken - Spravodlivý medzi národmi - Spravedlivý mezi národy - Vanhurskaat kansakuntien joukossa - Világ Igaza - Justos entre as nações - Justos entre las Naciones - Justos entre les Nacions |
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