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Région :
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Département :
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Le sauvetage des enfants juifs pendant l'Occupation, dans les maisons de l'OSE 1938-1945

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Dates : 1939-06/1940

La Petite Colonie
durant la Seconde Guerre mondiale (WWII)

Texte pour ecartement lateralCommune : 95160 Montmorency
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Histoire

Montmorency a vu, tout au long de ces moments tragiques de la 2e Guerre mondiale, passer de nombreux enfants juifs. Son cadre protégé dans cette partie de la région parisienne explique la quantité de maisons de maitre assez grandes pour accueillir des collectivités d’enfants, ce qu’elle fit dès l’immédiat avant guerre.

En 1934, déjà l’OSE y installe, grâce aux libéralités de la baronne Pierre de Gunzburg, une colonie de jour pour une trentaine d’enfants (d’âge préscolaire) de juifs immigrés déshérités. Il s’agit pour l’OSE d’y inculquer les principes d’hygiène de base et d’essayer de réparer les fractures identitaires dues aux traumatismes de l’exil et des persécutions naissantes. En effet, l’OSE s’est fixée comme objectif prioritaire de venir en aide aux populations juives en difficulté qui arrivent par vagues successives. Et la misère est si grande dans ces familles d’immigrés que l’OSE veut ouvrir un patronage innovant où l’on mettrait l’accent sur l’hygiène de vie.

Mais l’histoire lui fait changer de cap. L’OSE se mobilise pour les enfants d’outre-Rhin. Après la Nuit de cristal (1938), dans les locaux de « la petite colonie » viendront de plus en plus nombreux des enfants allemands ou autrichiens. C’est à cette époque, également qu’apparaît la nécessité d’héberger des enfants plus âgés arrivés individuellement, que des parents prévoyants font partir de l’autre côté du Rhin et qui sont accueillis par Andrée Salomon à Strasbourg. Grâce à la mobilisation de plusieurs comités, ces enfants obtiennent l’autorisation de venir en France à condition que leur subsistance soit assurée jusqu’à leur majorité.

Les bruits de bottes se font de plus en plus précis et les enfants étrangers de langue allemande sont mal accueillis. A l’école, on les traite de boche et beaucoup ont besoin d’être protégés.

L’OSE fait appel à un pédagogue juif autrichien pour diriger les maisons de Montmorency. Militant de l’internationale socialiste, il était arrivé en France en 1937. Il met en pratique ses méthodes d’éducation nouvelles expérimentées dans la jeune république autrichienne.

Ils sont 304 enfants répartis dans quatre maisons. Une vingtaine, les plus fragiles partent directement au bord de la mer à Ares et Arcachon. Il en reste donc 283 à répartir dans les maisons au fur et à mesure de leur arrivée entre la fin de l’automne 1938 et la déclaration de guerre de septembre 1939.

L’origine et la situation sociale permettent de distinguer trois groupes. Dès février 1939, une centaine d’enfants sont installés dans la « Villa Helvétia », ils venaient directement d’Allemagne ou de l’Assistance médicale aux enfants réfugiés, liée au CAR (Comité d’action pour les réfugiés). En moins de trois semaines, tous les aménagements nécessaires furent achevés grâce à la bonne volonté d’un groupe d’adultes émigrés. Margot Cohn secondait Ernst Papanek pour la bonne marche de la maison. Elle était jeune, dynamique et à l’écoute des enfants.

Les plus orthodoxes, arrivés en ordre dispersé sont installés au château de la Chesnaie à Eaubonne, sous la direction administrative d’Anna Krakowski.

En août 1939, la maison des Tourelles à Soisy-sous- Montmorency est prête à accueillir une cinquantaine d’enfants du paquebot le Saint-Louis qui devait accoster à Cuba1. Elle est inaugurée dans les premiers jours de la guerre et abrite l’école. Les plus religieux vont à Eaubonne. 27 enfants du Saint-Louis ont été accueillis par l’OSE qui va les chercher à Boulogne-sur-mer, tandis que leurs parents sont dispersés et malheureusement internés dans différents camps français. 18 seront placés dans les maisons de la Creuse et de la Haute-Vienne, en particulier à Montintin2.

L'hétérogénéité du groupe rend le travail pédagogique très complexe.

Les "Cubains" sont des enfants de Juifs allemands très intégrés, archétypes des classes moyennes tandis que les "Robinsons" enfants de sociaux-démocrates allemands, viennent d'un camp d'été des faucons rouges3 au Plessis- Robinson (Hauts-de-Seine), très politisés et pour la moitié non-juifs. Dernière différence, les "Robinsons" ont leurs parents pour la plupart des réfugiés politiques.

Tous ces enfants devaient se plier brusquement aux destinées communes à tous les exilés : l’entrée dans une autre culture et une autre langue, le réapprentissage de l’étude après avoir été privés de tout travail ordonné. Mais surtout comment dépasser le choc psychique dû à la séparation des parents ? Cette question était au centre des préoccupations pédagogiques de l’équipe.

Après avoir été humiliés par les persécutions nazies dans leur pays, ces enfants avaient besoin de redonner un sens à des valeurs bafouées : courage, loyauté, responsabilité, dignité. Une petite fille raconte que, debout au fond de la classe, elle a servi de cobaye pour que les autres déterminent les caractéristiques des traits juifs. Une autre, une petite rousse aux yeux noirs, demande en arrivant à Montmorency, si les enfants juifs ont le droit de jouer dans le parc. Certains, très assimilés, attirés par les jeunesses hitlériennes manifestent de la honte d'être juif. Enfin, ils ont vu, pour la plupart leurs parents humiliés ou arrêtés.

Souder les enfants entre eux, les socialiser pour constituer des communautés ; remettre au travail scolaire des enfants de culture allemande, privés de surcroît, depuis plus d'un an, de tout enseignement régulier, tels sont les objectifs de Ernst Papanek qui assure la direction de l’ensemble avec sa femme4.

Le premier objectif a été atteint en faisant collaborer les enfants à l'administration de leur foyer, le deuxième en mettant en place des méthodes individuelles d'apprentissage.

Chaque maison possède un économe, une femme de service et des éducateurs, et fonctionne en co-administration pour tout ce qui concerne la vie quotidienne, exceptées la pédagogie et la gestion.

La co-administration devait permettre aux enfants d’assumer des règles d’autant plus librement consenties qu’ils furent partie prenante de leur élaboration. Une constitution écrite soumise par les adultes sous une forme brute servait de base à une discussion et une réécriture dans leurs termes. On peut lire dans son préambule : « Tous les enfants et tous les adultes vivant dans les homes de l’Union- OSE forment une communauté. Celle-ci régit la vie de chaque institution en participant démocratiquement à son administration. Cette petite communauté ne représente qu’une partie de la communauté des hommes. Les droits et les devoirs démocratiques incombent à chacun des membres, qu’il s’agisse d’une petite ou d’une grande communauté. Les libertés et les droits de chacun sont limités d’un commun accord. Ils doivent être conformes à ceux adoptés par l’humanité toute entière, à ceux du pays où nous vivons et à ceux de la collectivité à laquelle nous appartenons. »

Les plus âgés ont d’abord crié à la manipulation puis se sont piqués au jeu lorsqu’ils ont compris qu’ils avaient prise sur les situations, en particulier grâce à leur parlement. Lors de conseils de discipline5 le fait de défendre et de juger leur semblable leur permettait de dépasser les actes de soumission de leur passé proche.

Il était important de maintenir des liens familiaux par le courrier, de veiller à ce que l'attachement aux éducateurs n'interfère pas avec l'amour filial et, comme le dit Ernst Papanek, les enfants attendaient des adultes "des interprétations positives des relations qu'ils entretenaient avec leur famille"6. En effet, la plupart de ces enfants éprouvaient des sentiments contradictoires vis-à-vis de leurs parents, un mélange de fierté et de compassion pour leur angoisse et leur désespoir sous le joug nazi. Petit à petit, ils réalisèrent que leurs parents avaient tout accepté dans l’espoir de les sauver eux.

L'esprit communautaire dans les maisons, le tutoiement, mais surtout la relation de confiance avec les éducateurs, ont été des facteurs de cohésion pour rapprocher ces enfants de provenance différente7. Enfin, face aux humiliations et aux dangers à venir, il fallait fournir une autre alternative au fascisme. L’OSE se démenait également pour faciliter l’intégration de ces enfants. C’est ainsi que Germaine (Jenny) Masour, une des dirigeantes de l’OSE en zone sud pendant la guerre fut contactée pour jouer le rôle de marraine parlant l’allemand pour sortir ces enfants le dimanche. Elle choisit une jeune fille de 14 ans, mais la guerre interrompt ces projets8.

La scolarité est assurée pour 73 % des enfants par l’école publique et pour les autres à l’école de la maison des Tourelles avec l’objectif de préparer tout le monde au certificat d’études. Les enfants sont répartis en 6 groupes suivant l’âge avec des heures de jardinage, d’art appliqué et de cuisine. Enfin des ateliers de reliure et de maroquinerie devaient les initier à un éventuel apprentissage manuel et l’atelier de cordonnerie servait à réparer les chaussures de tous. On observe donc une attention particulière à l’enseignement professionnel avec une culture générale aussi élevée que possible, signe des temps troublés, mais également projet idéologique. Il fallait leur assurer un bon métier.

Ernst Papanek s'appuie d’une part sur une méthode pédagogique inspirée du « plan Dalton » tenant compte de l’individualité de chaque enfant et dans un second temps sur "la Project Méthod" qui consiste à faire travailler les enfants sur des projets concrets, chacun suivant ses propres moyens. Ainsi raconte-t-il « un jour, nous apprîmes que le sous-marin américain, le Squalus avait sombré et que l’équipage avait péri malgré les efforts déployés pour le sauver. Cet événement fut l’objet de nos discussions incessantes. Nous estimions la distance entre notre maison et le lieu du sinistre, nous calculions la quantité d’oxygène nécessaire à la survie après un naufrage. Nous suivions les efforts des sauveteurs munis du nouveau « casque d’immersion » et parlions à ce propos de la pression hydraulique et de la vitesse d’écoulement de l’eau. Nous fûmes surpris par le manque de connaissances scientifiques des plus grands et par l’incompréhension des plus jeunes. Aussitôt, nous organisâmes des leçons de physique à la portée de tous9 ».

Au moment de la déclaration de guerre, il fallut faire face rapidement : organiser les exercices de défense passive, habituer les enfants à descendre dans les caves aménagées avec eux, surmonter leurs peurs et leurs angoisses. Lors d’une attaque aérienne, les plus âgés organisèrent une soirée musicale dédiée à Mozart et Beethoven pour chanter en cœur. Ainsi vécurent les enfants de Montmorency de septembre 1939 à juin 1940.

L’évacuation vers la zone sud prit plusieurs semaines. Le dernier groupe des grands, pour des questions de formalités administratives prit le dernier train qui partait de Paris. Certains garçons sont même partis à pied ou à bicyclette vers un lieu mystérieux, inconnu de tous, appelé Montintin.

06/03/2023
Lien : OSE

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Familles hébergées, cachées ou sauvées à La Petite Colonie [Compléter]
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Familles arrêtées (La Petite Colonie) [Compléter]
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Liens externes [Ajouter un lien vers un article d'intérêt ou un site internet]
1 Juifs en psychiatrie sous l'Occupation. L'hospitalisation des Juifs en psychiatrie sous Vichy dans le département de la Seine (Par une recherche approfondie des archives hospitalières et départementales de la Seine, l'auteur opère une approche critique des dossiers concernant des personnes de confession juive internées à titre médical, parfois simplement préventif dans le contexte des risques et des suspicions propres à cette période. La pénurie alimentaire est confirmée, influant nettement sur la morbidité. Ce premier travail sera complété par un examen aussi exhaustif que possible des documents conservés pour amener une conclusion. )
2 Héros de Goussainville - ROMANET André (Héros de Goussainville - Page ROMANET André )
3 Résistance à la Mosquée de Paris : histoire ou fiction ? de Michel Renard (Le film Les hommes libres d'Ismël Ferroukhi (septembre 2011) est sympathique mais entretient des rapports assez lointains avec la vérité historique. Il est exact que le chanteur Selim (Simon) Halali fut sauvé par la délivrance de papiers attestant faussement de sa musulmanité. D'autres juifs furent probablement protégés par des membres de la Mosquée dans des conditions identiques.
Mais prétendre que la Mosquée de Paris a abrité et, plus encore, organisé un réseau de résistance pour sauver des juifs, ne repose sur aucun témoignage recueilli ni sur aucune archive réelle. Cela relève de l'imaginaire. )
4 La Mosquée de Paris a-t-elle sauvé des juifs entre 1940 et 1944 ? une enquête généreuse mais sans résultat de Michel Renard (Le journaliste au Figaro littéraire, Mohammed Aïssaoui, né en 1947, vient de publier un livre intitulé L’Étoile jaune et le Croissant (Gallimard, septembre 2012). Son point de départ est un étonnement : pourquoi parmi les 23 000 «justes parmi les nations» gravés sur le mémorial Yad Vashem, à Jérusalem, ne figure-t-il aucun nom arabe ou musulman ? )
5 Paroles et Mémoires des quartiers populaires. (Jacob Szmulewicz et son ami Étienne Raczymow ont répondu à des interviews pour la réalisation du film "Les garçons Ramponeau" de Patrice Spadoni, ou ils racontent leur vie et en particulier leurs actions en tant que résistants. On peut le retrouver sur le site Paroles et Mémoires des quartiers populaires. http://www.paroles-et-memoires.org/jan08/memoires.htm. (Auteur : Sylvia, Source : Canal Marches) )

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Etoile jaune: le silence du consistoire centrale , Mémoire ou thèse 7 pages, réalisation 2013
Auteur : Thierry Noël-Guitelman - terminal
Lorsque la 8e ordonnance allemande du 29 mai 1942 instaure l'étoile jaune en zone occupée, on peut s'attendre à la réaction du consistoire central. Cette étape ignoble de la répression antisémite succédait aux statuts des juifs d'octobre 1940 et juin 1941, aux recensements, aux rafles, aux décisions allemandes d'élimination des juifs de la vie économique, et au premier convoi de déportés pour Auschwitz du 27 mars 1942, le consistoire centrale ne protesta pas.

Notes

- 1 - Voir Diane Afoumado, Exil impossible, l’errance des Juifs du paquebot Saint-Louis, l’Harmattan, 2005. Le bateau quitte Hambourg le 13 mai 1939 avec à son bord 937 passagers pour Cuba. Il débarque à Anvers (Belgique) le 17 juin 1939. Une conférence quadripartite comprenant la HICEM, le Joint et les pays européens qui acceptent d’accueillir ces réfugiés juifs se répartissent les passagers. 224 viennent en France (ils sont en fait 215 dans la liste officielle) dont 65 seront déportés à Auschwitz. (un autre chiffre parle de 78).
- 2 - Voir la liste complète des enfants dans Diane Afoumado, op.cit, p.218-219.
- 3 - Les faucons rouges étaient regroupés dans l’International Falcon Movment, organisation de jeunesse socialiste autrichienne créée au début du XXe siècle par le pédagogue Anton Afritsch, autour des valeurs de la mixité, de l’autodiscipline et de l’autogouvernement. Ils se développent en 1918 pour former les cadres de la république socialiste autrichienne. Un nouveau mouvement de la jeunesse sociale-démocrate est créé en 1925 par Anton Tesarek, il sera dissous en 1934. Les Faucons rouges organe de la jeunesse socialiste apparaissent en France en 1930.
- 4 - Pour lui, il était important de cumuler et de coordonner les fonctions pédagogiques et administratives . Il chapeautait l’ensemble des maisons, mais il existait un ou une responsable pour chaque maison.
- 5 - Ce concept était préféré à celui de tribunal d’enfants, considéré comme trop dur. On trouve la même réticence chez Kozschak qui en a théorisé les dangers.
- 6 - Ernst Papanek, Les enfants de Montmorency, op. cit. ; p. 4.
- 7 - Selon Ernst Papanek, deux autres évènements ultérieurs eurent une répercussion constructive sur ces enfants : la révolte du ghetto de Varsovie qui leur a permis une identification positive dans une lutte inégale et l'attrait de la Palestine, ibid., p. 4.
- 8 - Voir Jenny Masour-Ratner, Mes vingt ans à l’OSE, édit Fondation pour la Mémoire de la Shoah/ Le Manuscrit, 2006. C’est sans doute Valentine Cremer que Germaine Masour connaissait parmi le milieu des Juifs russes exilés en France qui lui fit connaître les maisons de Montmorency. Elle avait participé, au titre de l’OSE à la conférence pour la répartition des réfugiés du Saint- Louis.
- 9 - Ernst Papanek, Les enfants de Montmorency, op.cit, p.7.

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