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39/45 en France (WWII)
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Région :
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Préfets :
Pierre Olivier de Sardan
(1941 - 1942) Préfet de la région de Montpellier (Aude, Aveyron, Hérault, Lozère et Pyrénées-Orientales)
Alfred Hontebeyrie
(11/10/1942 - 16/07/1944) Alfred Roger Hontebeyrie, Préfet de l'Hérault et de la région de Montpellier (Aude, Aveyron, Hérault, Lozère et Pyrénées-Orientales) (1895-1969)
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Institution religieuse
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Angoustrine-Villeneuve-des-Escaldes
durant la Seconde Guerre mondiale (WWII) |
Texte pour ecartement lateralCommune : 66760 Angoustrine Sous-préfecture : Prades |
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La Villa Roselande était un sanatorium pour les frères tuberculeux. Mais elle recevait aussi quelques religieux malades.
La Villa Roselande faisait partie d'une filière qui aidaient à passer vers l'Espagne. Des deux côtés de la frontière, à Angoustrine (Villa Roselande) et au village de Llivia, deux maisons de Frères des Écoles chrétiennes entretenaient entre elles d’étroits rapports, et dont les membres sous des prétextes multiples, se rendaient de fréquentes visites.
Les passages furent nombreux et relativement aisés jusqu’à la fin de 1942. Ils devinrent plus difficiles à partir du bouclage de la frontière par les Allemands.
Le Révérend père Ricaud, commissaire des renseignements généraux dans les Alpes Maritimes, joua un rôle important dans la préparation des passages.
Le Frère Aimé*, malade lui-même, organisait les passages d’Angoustrine (où il y avait une garnison allemande) à Llivia.
A l’arrivée des Frères espagnols, le menuisier de Llivia s’occupaient de convoyer l’évadé jusqu’à Puigcerda où il prenait le train.
Le Frère Nictaire fut arrêté. Il avoua avoir fait des passages mais ne donna aucun nom. Il fut déporté vers Dachau.
05/09/2018
L'abbé Ginoux
De nombreux témoignages soulignent le rôle méritoire du clergé. Deux hautes figures dominent l’époque, l’abbé Ginoux à Dorres et le père Domènech à Puigcerdà. Les souvenirs locaux insistent sur l’efficacité des bonnes relations entre la cure de Dorres, le Sanatorium des Escaldes, Villa de Roselande à -des-Escaldes, Les Violettes à Ur :
"C’est encore en Cerdagne que l’on vit une sainte « alliance » très efficace entre les « curés » et les « toubibs ». La providence des évadés avait situé en Cerdagne des maisons de cure à Font-Romeu et des sanatoriums aux Escaldes et à Osseja, tous établissements propres à abriter beaucoup de faux malades. Il y avait aussi les «trois abbés Jean » en liaison parfaite, l’abbé Jean Ginoux, curé de Dorres, aumônier des Escaldes, l’abbé Jean Jacoupy, curé de Latour-de-Carol, enfin l’abbé Jean Domènech1, archiprêtre de Puigcerdà (Espagne), homme d’une grande bonté, accueillant tous les fugitifs et les évadés sans exception."2
"La filière est en contact avec l’Institut Catholique de Toulouse où un professeur d’histoire, l’abbé Martimort, adresse les gens menacés à l’abbé Capdet ou à l’abbé Mayeux au Grand Séminaire. L’abbé les amène à l’évêché où la chancellerie épiscopale établit une nomination provisoire comme prédicateur, diacre temporaire ou catéchiste, devant aider un curé débordé, ou pour contribuer à augmenter la solennité d’une fête paroissiale, d’une communion privée ou solennelle ou des grandes fêtes du calendrier liturgique.
Les occasions ne manquent pas et l’aide d’un jeune prêtre ou d’un abbé plus âgé et malade est bien accueillie au Sanatorium des Escaldes, au Home Catalan, à l’Ermitage Notre-Dame de Font-Romeu ou à la Villa de Roselande à -des-Escaldes. Là le père Gallet, l’abbé Rous, l’abbé Ginoux et les frères ont tant de travail ! Le jour prévu, dûment ensoutané, bréviaire à la main, on prend le train jusqu’à Villefranche puis le petit Train Jaune qui vous amène en Cerdagne où les Frères de la Doctrine Chrétienne vous amènent chez leurs confrères de Llivia, à moins que l’abbé Ginoux vous faisant passer à Puigcerdà ne vous confie au curé de la cité, Mossèn Domènech, qui vous fait gagner Barcelone".3
Parmi les passés les plus notoires, nous citerons le Grand Rabbin de Bruxelles qui, le 22 février 1942, écrit à Monseigneur Bernard une lettre de remerciements pour "l’avoir accueilli et logé à l’évêché et lui avoir permis d’ échapper à l’internement..." ; le rabbin Mordoch, guide spirituel de la communauté israélite de Perpignan, fait de même le 14 septembre 1942 et y ajoute : "toute (sa) gratitude pour toute votre action en faveur de mes coreligionnaires"4 ; l’abbé René de Naurois* aumônier des sœurs de la Compassion, 31 rue Deville à Toulouse, prêtre et lieutenant de réserve, grand fournisseur de faux certificats de baptême devant l’Éternel, dont les prêches hostiles à Vichy et aux nazis l’obligent à passer la frontière à Llivia le 26 décembre 1942 déguisé en Frère de la Doctrine Chrétienne avec le frère Nectaire de la Villa de Roselande à -des-Escaldes.5
"C’est également au printemps 1942 que l’abbé Ginoux développe son activité à la faveur d’une rencontre avec un étudiant en médecine de Toulouse, futur professeur au collège de France, Jacques Ruffié. Un professeur de la faculté de Médecine de Toulouse, Camille Soula, s’occupait de certains juifs réfugiés. Pendant les vacances de Noël 1941, il avait contacté l’abbé Albert Gau à Carcassonne et monté une filière d’évasion par Perpignan où sa belle-mère possédait une confiserie, 11 rue de la Barre. Cette filière se révélant insuffisante, il chargea Jacques Ruffié d’en ouvrir une autre et l’étudiant ayant ouï dire qu’un curé de Dorres passait des gens, il vint le trouver et l’abbé accepta. Le prêtre loge les évadés au presbytère ou chez l’aubergiste Marty qui les nourrit. Il a aussi une cache dans l’église entre voûte et toit ou au sanatorium des Escaldes où nombre de docteurs, dont la future femme d’Henry Frénay, le fondateur de « combat », collaborent avec lui. Il reçoit les fausses cartes d’identité de Perpignan où le commissaire Puybaraud les établit et, comme elles sont trop neuves, l’abbé les vieillit en les glissant sous la paille des prie-Dieu des premiers rangs et « les genoux des dévotes assistant à sa messe matinale et quotidienne les usaient et froissaient..."6
Le 24 juillet 1942, le Commissaire de Bourg-Madame accueille deux frères des Ecoles Chrétiennes d’Angoustrine refoulés par la police espagnole. Le 17 juillet, le père supérieur à Llivia "les aurait avisés que le Père Supérieur de Barcelone désirait les voir. A cet effet, le Père de Llivia leur remit un sauf-conduit espagnol et une convocation du Père Supérieur de Barcelone".7 L’affaire dut sembler suffisamment louche à la police espagnole pour qu’elle les escorte de Ripoll à Barcelone et ne les quitte plus jusqu’à leur refoulement de Puigcerdà à Bourg-Madame. Les frères de Roselande disent alors que les papiers d’identité, probablement donnés à des fugitifs, ne leur ont pas été restitués.
"Le 12 novembre 1942, les Allemands envahissent les Pyrénées-Orientales. La Cerdagne est zone interdite et, le 15 novembre, la douane allemande, la Grenzchutz, installe son PC à Mont-Louis. En deux mois, la frontière est quadrillée. Elle organise un service de renseignements avec des Français, des Espagnols, grassement payés, qui recherchent les candidats au passage, espionnent pour dénicher les passeurs et se conduisent comme des gangsters. Le danger est constant. Le Quartier Général est établi alors à Thuès-les-Bains et huit postes frontière sont en place : Villefranche de Conflent, Latour de Carol, Porté, Enveitg, Estavar, Targasonne, Angoustrine, Bourg-Madame et deux commandos d’intervention complètent la surveillance avec les maîtres de chiens, la Feldgendarmerie et, s’il le faut, l’appui des chasseurs de montagne (Jägergebirge) stationnés à Mont-Louis".8
"Du côté d’Ur, de Bourg-Madame et de Targasonne, c’est Jean de Maury qui habite -des-Escaldes qui renseigne. L’abbé Ginoux a un chemin sûr vers la gare de Latour-de-Carol, utilisant les couverts passant près du cimetière et aboutissant à un ponceau sous la voie ferrée venant d’Espagne à quelques mètres en aval de la gare. Les passages se font de nuit, vers une ou deux heures du matin. Quand il ne conduit pas lui-même les évadés comme le 1er janvier 1943 où il passe des diplomates tchèques adressés à Roselande par le Cardinal Pierre-Marie Gerlier*, archevêque de Lyon, il les confie aux frères de la Villa de Roselande. Mais autour de ceux-ci l’étau se resserre. Le 29 mars 1943, le frère Nectaire est arrêté. La veille, se promenant près de la Villa de Roselande, il avait été accosté par un soldat allemand qui lui avait raconté qu’il voulait déserter car il était désigné pour le front russe. Le frère lui avait répondu :
« L’Espagne n’est pas loin. Vous la voyez de l’autre côté de ce monticule. Suivez ce petit sentier. »
Le frère Nectaire fut déporté à Dachau puis à Buchenwald. Un an plus tard, la Feldkommandantur de Bourg-Madame ordonna au préfet des Pyrénées-Orientales de procéder à l’évacuation de la maison des « Hermanos de la Doctrina Cristiana » (sic) coupables d’une hostilité permanente envers le Grand Reich et fortement soupçonnés de contribuer à la fuite vers l’Espagne des terroristes".9 "Les frères, y compris un grabataire, furent impitoyablement expulsés et ne retrouvèrent leur Home qu’en 1945".10
Roselande, qui apparaît dans ces longues citations, était un sanatorium où l’on soignait les frères tuberculeux de l’ordre de Saint Jean Baptiste de la Salle. Les bâtiments ne correspondant plus aux normes d’un sanatorium, ils furent vendus après la guerre aux petites sœurs de l’Assomption qui s’y sont installées au début des années soixante. Les frères ont alors acquis le Mas Blanc à Bourg-Madame. De Roselande, on a une vue imprenable sur la collinette où passe la frontière de Llivia, ce qui explique en partie le choix de cette maison à l’heure du passage.
Extraits de la thèse de Jean-Louis Blanchon, La Cerdagne pays-frontière. 1936-1948, Rupture ou continuité ? Université de Toulouse - Le Mirail, 1992.
05/09/2018
Auteur : Jean-Louis Blanchon
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Auteur :
SYLVIE GOLL SOLINAS
- terminal
- 1 - A la Libération, le père Domènech a été décoré de la Légion d’Honneur et de la médaille de la Résistance. En 1950, un phalangiste et un ancien agent de la Gestapo ont frappé le père Domènech et lui ont craché au visage pour son attitude pendant l’Occupation.
- 2 - La vie de la douane, octobre 1981. N° 188. "La frontière pyrénéenne. La frontière en pointillés". pp 17-27.
- 3 - Émilienne Eychenne, Les portes de la liberté, Toulouse, Privat, 1985.
- 4 - Archives de l’évêché et ADPO, copies in Fonds Fourquet, 2 GM, L I.
- 5 - Émilienne Eychenne, Op. cit.
- 6 - L. Maury, La Résistance audoise, Quillan, Imprimerie universelle, 1980.
- 7 - ADPO 31 W 57, 24 juillet 1942.
- 8 - J. Larrieu, La Résistance dans la montagne catalane, Actes du 51éme congrès de la Fédération Historique du Languedoc Méditerranéen et du Roussillon, Montpellier, 1980.
- 9 - J. Perrigault, Les passeurs de frontière, Paris, La France au Combat, 1945.
- 10 - J. Larrieu, Les curés passeurs des Pyrénées-Orientales 1939-1945, Bulletin n°4 du Centre de Recherche sur les Problèmes de la Frontière, 1990.
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