Hélène* et Louis Cozona* étaient agriculteurs et exploitaient une ferme au hameau de Cruzols, à Lentilly (Rhône).
En 1941, sept réfugiés juifs de Strasbourg, la famille Raphaël, Lucienne, Julien et Fredy, ainsi que Yvonne Sherer et son fils Kurt et le petit Shimon Abitbol, avaient trouvé refuge dans leur ferme et y vivaient en location.
Au début de l’année 1944, la famille Abitbol de Saint-Fons (la banlieue de Lyon) chercha des cachettes dans les environs. Masshud et Masshuda Abitbol, Juifs nés au Maroc, avaient neufs enfants de nationalité française. Ils faisaient partie de la communauté de Juifs marocains apparue en France à l'entre-deux-guerres employés à la poudrerie de Saint-Fons. Il s'agissait d'une communauté dans l'ensemble prolétaire, le recensement de 1936 indiquait qu'ils étaient tous ouvriers à l'exception de deux maçons et cinq commerçants.
Les Abitbol décidèrent de se disperser dans plusieurs fermes et l’un de leurs fils, Shimon, âgé de 11 ans, fut accueilli par Hélène* et Louis Cozona*, chez qui il séjourna jusqu’à la fin de la guerre, sans aucune rémunération. Shimonfréquenta l’école de la commune, et, à son retour de classe, il participait de son plein gré aux travaux de la ferme, pour contribuer à sa subsistance. Shimon entretenait de bonnes relations en particulier avec Jean, le fils unique des Cozona, son aîné de 5 ou 6 ans. Le père de Shimon Abitbol travaillait dans le voisinage et venait souvent lui rendre visite. Par la même occasion, il en profitait pour se ravitailler à la ferme des Cozona qui le fournissaient généreusement.
Hélène* et Louis Cozona*, aidèrent, au risque de leur vie, leurs locataires ainsi que Shimon Abitbol, leur protégé, à se cacher dans les champs ou les vignes, lors de visites de patrouilles allemandes.
Freddy Raphaël est né le 27 juin 1936 à Colmar. Sa grand-mère et sa mère sont originaires de Turckheim (68) dans le Haut-Rhin et il est le fils d’un marchand de bestiaux.
Il passe sa petite enfance à Phalsbourg (57) jusqu’à l’âge de trois ans et demi.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, lors de l’évacuation de l’Alsace, il se réfugie avec sa mère à Clermont-Ferrand puis à La Voulte-sur-Rhône (07) puis, à partir de 1943, dans un hameau de Lentilly (69), où il se cache jusqu’à la fin de la guerre grâce à l’aide de religieux qui le placent chez Hélène* et Louis Cozona*.
Son père est prisonnier de guerre en Haute-Silésie dans un camp pour soldats juifs.
À la fin de la guerre, sa famille revient à Phalsbourg (57) : « Le retour à Phalsbourg fut douloureux. Nous avons retrouvé l’appartement familial vide, nos objets et notre mobilier ayant été “récupéré” par des voisins… Ils avançaient comme excuse pour avoir pris ces objets : “On pensait que vous ne reviendriez pas ! ” ».
Ainsi 7 des Juifs réfugiés chez Hélène* et Louis Cozona* ont-ils survécu à l’Occupation, tandis que tandis que Monsieur Sherer, probablement dénoncé, a été arrêté et déporté sans retour.
Shimon Abitbol, en particulier, fut entièrement pris en charge par la famille Cozona pendant plus de 6 mois.
Le 18 avril 2000, Yad Vashem a décerné à Hélène* et Louis Cozona* le titre de Justes des Nations.