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Germaine Masour Ratner



 
Paris 75000 - Paris
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Germaine-Masour-Ratner
Fausse carte d'identité de Jenny Masour Ratner sous le nom de Germaine Dessonaz, établie le 18 juin 1943
source photo : Arch. OSE
crédit photo : D.R.
Histoire
Eugénie Masour nait à Odessa (Empire russe, Ukraine actuelle) le 29 décembre 1895, dans un famille de l'intelligentsia juive.

Après les pogroms de 1905, elle fait ses études dans un internat pour jeunes filles avec sa sœur aîné, à Breslau (Pologne).

Après ses études, elle vient en France avec sa mère et sa sœur pour perfectionner son français. Elles habitent à Saint-Lazare.

Sa sœur reste à Paris après son mariage avec un polytechnicien français.

La famille fuit la Russie, se réfugie en Allemagne et rentre à Odessa.

En 1917, Jenny épouse Jacques Ratner, étudiant en physique qui travaille comme journaliste dans un journal anticommuniste.
Munis de visas, le couple quitte Odessa et arrive à Paris en 1934.
Les deux jeunes gens reprennent leurs études : Jenny en physique et Jacques Ratner en chimie.

Ses études terminées, elle est engagée comme traductrice aux usines de cinéma Pathé de Vincennes.

Elle divorce, se remarie, donnera naissance à un petit garçon qui meurt avant d'avoir deux ans. Son mari meurt d'un cancer du poumon. Veuve à 39 ans, elle retrouvera Jacques Ratner...

Elle rentre à l'OSE (Œuvre de secours aux enfants) en France en 1939. Elle connaissait cette organisation née en Russie depuis la petite enfance. On lui demande de traduire un rapport sur les camps d'internement en France puis elle est chargée de s'occuper des jeunes réfugiés du Reich dans les maisons de Montmorency.

En mai 1940, l'exode la jette sur les routes. Son train s'arrête à Vichy où elle retrouve sa sœur. Jacques Ratner ne peut rester à Vichy et part à Montpellier. Elle le rejoint et loue un petit logement à Palavas-les-Flots et devient éducatrice à la maison d'enfants de Saint-Raphaël, la Villa Mariana.

Dès que fut conclu le pacte entre la Russie de Staline et l'Allemagne d'Hitler, tous les réfugiés russes sont arrêtés en tant qu'ennemis et internés dans des camps.
Jenny est internée au camp de Fréjus avec des Russes en grande majorité antisémites, adeptes du Tsar.
Elle y retrouve aussi des amis et les autorités du camp comprennent que ces internés sont de farouches opposants au bolchévisme. Ils sont libérés.

Après la déclaration de guerre en 1940, Jenny a 45 ans. Dès sa libération, elle revient à Montpellier où elle prend en charge la maison des enfants étrangers sortis des camps, au Solarium Marin à Palavas-les-Flots.
C'est son mari, Jacques Ratner, qui tiendra pendant toute l'occupation le précieux fichier des enfants de l'OSE.

Le 26 août 1942, les juifs étrangers sont raflés en zone sud et les maisons de l'OSE deviennent un piège.

Après que la zone sud soit envahie par les Allemands, en novembre 1942, la direction de l'OSE se transporte en zone d'occupation italienne. A la fin de l'année 1942, Jenny travaille au bureau de l'OSE à Chambéry sous le nom de "Germaine Dessonaz" et s'occupe d'organiser les convois d'enfants vers la Suisse.

En janvier 1943, elle rencontre Georges Garel, chargé d'organiser un réseau clandestin d'enfants.
Jenny travaille alors à la dissolution des maisons d'enfants et fait le lien entre les directeurs des maisons et les responsables du circuit clandestin.
Durant l'été 1943, elle est à La Léchère (Savoie) et s'installe à Lyon en septembre.
A Limoges, Jenny travaille à l'évacuation des maisons de la Haute-Vienne et de la Creuse. Elle assure alors la liaison avec les responsables des secteurs clandestins chargés de fabriquer des faux papiers pour les enfants, de leur apprendre leurs faux noms et de leur trouver des refuges dans les internats, collèges religieux ou de trouver des nourrices.

En février 1944, les membres du bureau de l'OSE sont arrêtés à Chambéry et toutes les structures de l'OSE ferment et se réfugient dans la clandestinité.

La direction se réunit dans des trains ou au domicile de René Borel, le trésorier non juif de l'organisation.

En septembre 1944, Jenny retourne à La Léchère jusqu'à la libération de Lyon.

A la fin du mois de septembre la décision est prise de reconstruire et de réouvrir les maisons d'enfants et les centres médico-sociaux de l'OSE.

En 1945, Jenny part en Suisse pour concevoir les étapes du retour des enfants cachés durant la guerre. Elle rentre à Paris et est chargée du "regroupement familial).

En juin 1945, elle se charge de l'accueil de 426 enfants survivants de Buchenwald.
A la fin de l'année 1945, vingt-cinq maisons d'enfants sont ouvertes : treize en province et douze dans la région parisienne.

En 1946, Jenny part à New York pour organiser l'émigration d'enfants de l'OSE vers les États-Unis.
En 1947, elle part au Canada.
En 1950, elle obtient la nationalité française.

Elle prend sa retraite en 1961 après avoir travaillé vingt ans au service de l'OSE.

12/02/2011

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Résistante juive

Période de Résistance
De 1940 à la Libération (Montpellier, Saint-Raphaël, camps du Sud, Creuse, Haute-Vienne, Allier, Vic-sur-Cère, Chambéry Grenoble, Lyon)

Réseaux
OSE (Oeuvre de secours aux enfants)
Garel

Euguénia Masour Ratner vient d'une famille bourgeoise qui a quitté la Russie pour l'Allemagne lors de la révolution bolchevique et qui est arrivée en France en 1936, chassée par le nazisme. Elle achève ses études de chimiste mais est obligée de quitter Paris envahi par les Allemands et se réfugie à Montpellier. Elle y rejoint ses amis de la direction de l'OSE (Oeuvre de secours aux enfants) après un passage comme éducatrice à la maison d'enfants de Saint-Raphaël. Elle est alors chargée de liaison entre les camps d'Agde, de Gurs et de Rivesaltes et les maisons d'enfants. L'OSE (Oeuvre de secours aux enfants) mène une action efficace pour faire libérer des camps les enfants étrangers de six à quinze ans et les installe à Palavas-les-Flots, puis dans la Creuse, la Haute-Vienne et l'Allier. Jacques Ratner, le futur époux d'Euguénia, la rejoint et établit des fiches complètes sur tous les enfants (après la guerre, ce sera une preuve essentielle de leur identité). Les États-Unis ayant mis 1 000 visas à la disposition des enfants en danger, Euguénia s'occupe également de la préparation des convois d'enfants vers les États-Unis. Sur ces 1 000 visas, seulement 350 sont utilisés, le débarquement des Alliés en Afrique du Nord ayant stoppé les départs.

Après le 11 novembre 1942, date de l'invasion allemande de la zone Sud, Euguénia Masour suit la direction de l'OSE (Oeuvre de secours aux enfants) à Vic-sur-Cère (Cantal) puis à Chambéry (Savoie). Elle rejoint le circuit Garel et prépare les convois d'enfants vers la Suisse. Elle travaille en collaboration avec Georges Loinger, rassemblant les enfants tantôt à Chambéry, tantôt à Grenoble ou à la frontière. Les œuvres juives sont obligées de se séparer de leurs collaborateurs étrangers. Euguénia Masour continue le travail sous le nom de Germaine Dessonez, et Jacques Ratner  sous celui de Marcel Mathon. Par mesure de sécurité, Euguénia Masour est envoyée à Limoges. Elle aide à évacuer les maisons d'enfants de la région, elle cherche des centres ou internats pour placer les plus grands, et place les plus petits chez des nourrices rétribuées. Elle munit la plupart des enfants de faux papiers. Sa tâche terminée à Limoges, elle s'installe à Lyon et reprend les passages clandestins vers la Suisse. La Résistance intensifie sa lutte contre l'occupant et les représailles sont terribles. L'OSE-Garel entre totalement dans la clandestinité. C'est dans l'appartement lyonnais de René Borel* (membre catholique de l'OSE) que les mesures indispensables sont prises en attendant la Libération. 

24/08/2017
Auteur : Frida Wattenberg Lien : Organisation juive de combat : Résistance-sauvetage. France 1940-1945

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Titre

Mes vingt ans à l'OSE : 1941-1961

Mes vingt ans à l'OSE : 1941-1961

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Auteur   Germaine Masour Ratner  
Édition   Le Manuscrit  
Année   2006  
Genre   témoignage  
Description   Depuis l'âge de neuf ans, ma vie n'a cessé d'être mouvementée. J'ai vécu deux guerres, deux révolutions et l'occupation de la France par les Allemands. Témoin de mon temps, j'ai bien des choses intéressantes à raconter. » Telles sont les premières lignes des mémoires de Germaine Masourt dont nous publions une partie, la plus historique, celle concernant la guerre et la reconstruction, ses vingt ans à l'OSE. Comme le titre l'indique, son itinéraire s'identifie à l'histoire de l'OSE qu'elle ne quittera qu'au moment de sa retraite. Cette œuvre médico-sociale née à Saint-Petersbourg en 1912, repliée à Montpellier ne pouvait qu'accueillir cette jeune juive russe immigrée d'Odessa. Elle y fera toute sa carrière jusqu'à la fin des années 1970.

Extrait du livre
Un jour, après les heures de bureau, le concierge répondit à un coup de sonnette pressant. Il vit un homme en uniforme, tenant par la main un petit garçon de neuf ou dix ans, vêtu de l'uniforme américain. Ces visiteurs tardifs furent dirigés vers mon bureau, où j'étais encore en train d'étudier un dossier ; ils venaient tous deux du Havre. L'homme me raconta son histoire : quand l'armée américaine libéra un des camps de concentration d'Allemagne, on découvrit — parmi les adultes — un petit garçon blond aux yeux bleus, maigre mais paraissant solide. Quelqu'un s'approcha de lui, une tablette de chocolat à la main ; l'enfant prit peur et recula. Il n'avait jamais vu de chocolat de sa vie. L'officier connaissait quelques phrases d'allemand ; il demanda si l'enfant était seul, si quelqu'un s'occupait de lui. En recevant une réponse négative, il s'approcha du petit garçon, le caressa et lui demanda de venir avec lui pour manger un bon repas. L'enfant le suivit ; il avait compris qu'il ne fallait plus avoir peur, que tous les hommes en uniforme n'étaient pas méchants et, surtout, qu'on allait lui donner des bonnes choses à manger. Au mess des officiers, tout le monde entoura le drôle de couple que formaient le militaire et l'enfant ; ce dernier devint la mascotte du régiment. On lui fit faire un costume à sa taille et des bottes à ses mesures pour qu'il puisse défiler avec les autres, en petit soldat. Intelligent et doué, l'enfant apprit vite à baragouiner l'américain. Il s'attacha à l'officier qui l'avait sorti du camp et lui demanda de l'emmener avec lui quand il repartirait en Amérique, la guerre finie. Touché par le sort de ce garçon qui avait survécu par miracle, l'officier décida de l'adopter et de partir avec lui aux États-Unis. Le moment du départ arrivé, ils se rendirent au Havre pour prendre le bateau. L'enfant était toujours vêtu de ses habits militaires, qu'il ne consentait pas à quitter. Cet Américain si généreux ne connaissait pas les lois rigoureuses de son propre pays. Quand il présenta son passeport, on lui demanda pourquoi la photo de son fils n'y figurait pas. « Mais ce n'est pas mon fils, rétorqua-t-il. C'est un enfant rescapé d'un camp que je voudrais adopter en rentrant chez moi. — Et de quelle nationalité est-il ? — Je l'ignore. — Je suis né en Pologne », répondit l'enfant. Les adultes qui l'entouraient comprirent qu'il fallait le ménager et adoucir la déception qui l'attendait. On expliqua à l'officier ce qu'était un « quota », qu'on ne pouvait pas emmener ainsi un enfant étranger — toutes choses qu'il ignorait. Le bateau allait bientôt partir. Que faire ? Il y avait dans le port un bureau de l'Armée du Salut qui prit le garçon en charge. Il sanglotait à fendre l'âme, incapable de comprendre pourquoi il devait quitter le seul être au monde qui voulût de lui. Il craignait qu'on le ramène au camp. Quand il fut un peu calmé, l'officier lui expliqua qu'il devait rester pendant quelque temps en France pour obtenir des papiers d'identité, et qu'ensuite il reviendrait le chercher. À l'Armée du Salut, on interrogea l'enfant. On apprit qu'il était juif polonais, que ses parents étaient morts au camp et qu'il avait survécu parce que sa frimousse de type « aryen » avait plu à un SS. Il en fit sa petite « ordonnance », le chargeait de commissions pour ses camarades...

 

Liens externes [Ajouter un lien vers un article d'intérêt ou un site internet]
1 Notre Dame de Sion : les Justes (La première religieuse de Sion à recevoir ce titre en 1989 est Denise Paulin-Aguadich (Soeur Joséphine), qui, à l’époque de la guerre, était ancelle (en religion, fille qui voue sa vie au service de Dieu). Depuis, six autres sœurs de la congrégation, ainsi qu’un religieux de Notre-Dame de Sion ont reçu la même marque de reconnaissance à titre posthume. Ils ont agi à Grenoble, Paris, Anvers, Rome. L’action de ces religieuses et religieux qui ont sauvé des Juifs pendant la deuxième guerre mondiale mérite de ne pas être oubliée. Et il y en a d’autres, qui, même s’ils n’ont pas (encore ?) reçu de reconnaissance officielle, ont œuvré dans le même sens, chacun à leur place. )
2 L'histoire des Van Cleef et Arpels (Blog de Jean-Jacques Richard, très documenté. )
3 Résistance à la Mosquée de Paris : histoire ou fiction ? de Michel Renard (Le film Les hommes libres d'Ismël Ferroukhi (septembre 2011) est sympathique mais entretient des rapports assez lointains avec la vérité historique. Il est exact que le chanteur Selim (Simon) Halali fut sauvé par la délivrance de papiers attestant faussement de sa musulmanité. D'autres juifs furent probablement protégés par des membres de la Mosquée dans des conditions identiques.
Mais prétendre que la Mosquée de Paris a abrité et, plus encore, organisé un réseau de résistance pour sauver des juifs, ne repose sur aucun témoignage recueilli ni sur aucune archive réelle. Cela relève de l'imaginaire. )
4 La Mosquée de Paris a-t-elle sauvé des juifs entre 1940 et 1944 ? une enquête généreuse mais sans résultat de Michel Renard (Le journaliste au Figaro littéraire, Mohammed Aïssaoui, né en 1947, vient de publier un livre intitulé L’Étoile jaune et le Croissant (Gallimard, septembre 2012). Son point de départ est un étonnement : pourquoi parmi les 23 000 «justes parmi les nations» gravés sur le mémorial Yad Vashem, à Jérusalem, ne figure-t-il aucun nom arabe ou musulman ? )
5 Paroles et Mémoires des quartiers populaires. (Jacob Szmulewicz et son ami Étienne Raczymow ont répondu à des interviews pour la réalisation du film "Les garçons Ramponeau" de Patrice Spadoni, ou ils racontent leur vie et en particulier leurs actions en tant que résistants. On peut le retrouver sur le site Paroles et Mémoires des quartiers populaires. http://www.paroles-et-memoires.org/jan08/memoires.htm. (Auteur : Sylvia, Source : Canal Marches) )
6 Les grands entretiens : Simon Liwerant (Témoignage de Simon Liwerant est né en 1928. Son père Aron Liwerant, ouvrier maroquinier né à Varsovie, et sa mère Sara née Redler, seront arrêtés et déportés sans retour. )




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