Camille vient d’avoir dix-neuf ans. Comme chaque samedi, elle prend le tram gare des Charentes à Limoges pour rentrer chez ses parents au Repaire, hameau voisin d’Oradour-sur-Glane. Nous sommes le 10 juin 1944… Elle ne reverra jamais son père, ni ses grands-parents, ni ses oncles et tantes, cousins et amis, tous massacrés par le détachement de la Waffen-SS Das Reich. Avec sa mère et les autres rares survivants, elle en est réduite à gratter les décombres du village à la recherche de quelques restes de leur vie passée… Deux mois plus tard, dans l’enthousiasme généré par la Libération, Camille décide de devenir une militante. Elle intègre l’administration des Chèques postaux à Strasbourg, puis à Paris. Membre dirigeant de la fédération CGT des PTT, secrétaire générale du syndicat des Chèques postaux, l’entreprise féminine la plus importante d’Europe, elle est de toutes les luttes pour l’amélioration des conditions de travail, en particulier celles des femmes, mais aussi contre la guerre d’Indochine ou d’Algérie, et elle participe avec fièvre à Mai 68. Jamais pourtant elle n’oubliera son village, militant toujours de près ou de loin au sein de l’Association des familles des martyrs d’Oradour et des Familles de fusillés et massacrés de la Résistance. Elle trouvera aussi la force de témoigner lors du procès des auteurs du massacre, à Bordeaux, en 1953. Depuis son retour en Limousin à sa retraite, Camille Senon œuvre inlassablement contre les horreurs de la guerre, pour la paix, la fraternité et la justice, organisant des visites dans les ruines d’Oradour. Aujourd’hui, à quatre-vingt-huit ans, ce grand témoin a accepté de laisser la plume de Guy Perlier parcourir sa vie.
Camille SENON est née le 5 juin 1922. Officier de la Légion d'Honneur Chevalier des palmes académiques Survivante du tramway d'Oradour-sur-Glane. Militante de la mémoire des crimes nazis. Militante politique (P.C.F.) et syndicale (C.G.T.).
Guy PERLIER, Docteur en histoire contemporaine. Animateur de la Délégation Territoriale (87) des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation. Il signe ici son cinquième ouvrage aux éditions Les Monédières, après Les camps du bocage (2009), Indésirables (2010), Les chants de l’anti-France (2011), La Rafle (2012).
16-17 juillet 1942, grande rafle du Vel d’Hiv, tout le monde connaît et on en a entendu parler… mais sait-on qu’en août 42, un convoi de Juifs étrangers est parti de la gare de Nexon, en Haute-Vienne, direction Auschwitz via Drancy ? C’était le résultat d’une rafle dans la région de Limoges, située en zone non occupée. Comment cette rafle a-t-elle pu avoir lieu dans une zone non régie par les forces d’occupation allemande ? Tout le processus, de l’idéologie à l’organisation et au déroulement est ici détaillé. Sans passion, ni parti pris, cette analyse s’appuie sur les résultats de récents travaux de recherche. Tant ceux des historiens allemands qui ont permis d’éclairer l’inflexion de la politique raciale nazie en 42, à la lumière des documents retrouvés dans les archives de l’ancien espace soviétique que ceux de l’auteur, docteur en Histoire de l’université de Limoges, qui a consulté de nombreux documents régionaux. Et parmi eux, il a révélé la liste des déportés dressée par les Services français, au pied des wagons, lors de l’embarquement à Nexon. Liste oubliée jusqu’à ce jour et qui pourra désormais être confrontée à celle de l’administration SS. Cet enchaînement est clairement analysé et détaillé, du sommet à la base, de la conception à la réalisation en relatant les faits exacts détaillant le fonctionnement de l’organisation qui fut mise en place dans la région de Limoges. Loin de s’appesantir sur la responsabilité ou désignation des coupables locaux, l’examen des faits circonscrit les évènements à leur actualité, sans remise en question juridique ou philosophique dans une optique historique de vérité et de compréhension.
Liens externes[Ajouter un lien vers un article d'intérêt ou un site internet] 1 Notre Dame de Sion : les Justes (La première religieuse de Sion à recevoir ce titre en 1989 est Denise Paulin-Aguadich (Soeur Joséphine), qui, à l’époque de la guerre, était ancelle (en religion, fille qui voue sa vie au service de Dieu). Depuis, six autres sœurs de la congrégation, ainsi qu’un religieux de Notre-Dame de Sion ont reçu la même marque de reconnaissance à titre posthume. Ils ont agi à Grenoble, Paris, Anvers, Rome. L’action de ces religieuses et religieux qui ont sauvé des Juifs pendant la deuxième guerre mondiale mérite de ne pas être oubliée. Et il y en a d’autres, qui, même s’ils n’ont pas (encore ?) reçu de reconnaissance officielle, ont œuvré dans le même sens, chacun à leur place. )
2 L'histoire des Van Cleef et Arpels (Blog de Jean-Jacques Richard, très documenté. )
3 Résistance à la Mosquée de Paris : histoire ou fiction ? de Michel Renard (Le film Les hommes libres d'Ismël Ferroukhi (septembre 2011) est sympathique mais entretient des rapports assez lointains avec la vérité historique. Il est exact que le chanteur Selim (Simon) Halali fut sauvé par la délivrance de papiers attestant faussement de sa musulmanité. D'autres juifs furent probablement protégés par des membres de la Mosquée dans des conditions identiques. Mais prétendre que la Mosquée de Paris a abrité et, plus encore, organisé un réseau de résistance pour sauver des juifs, ne repose sur aucun témoignage recueilli ni sur aucune archive réelle. Cela relève de l'imaginaire. )
4 La Mosquée de Paris a-t-elle sauvé des juifs entre 1940 et 1944 ? une enquête généreuse mais sans résultat de Michel Renard (Le journaliste au Figaro littéraire, Mohammed Aïssaoui, né en 1947, vient de publier un livre intitulé L’Étoile jaune et le Croissant (Gallimard, septembre 2012). Son point de départ est un étonnement : pourquoi parmi les 23 000 «justes parmi les nations» gravés sur le mémorial Yad Vashem, à Jérusalem, ne figure-t-il aucun nom arabe ou musulman ? )
5 Paroles et Mémoires des quartiers populaires. (Jacob Szmulewicz et son ami Étienne Raczymow ont répondu à des interviews pour la réalisation du film "Les garçons Ramponeau" de Patrice Spadoni, ou ils racontent leur vie et en particulier leurs actions en tant que résistants. On peut le retrouver sur le site Paroles et Mémoires des quartiers populaires. http://www.paroles-et-memoires.org/jan08/memoires.htm. (Auteur : Sylvia, Source : Canal Marches) ) 6 Les grands entretiens : Simon Liwerant (Témoignage de Simon Liwerant est né en 1928. Son père Aron Liwerant, ouvrier maroquinier né à Varsovie, et sa mère Sara née Redler, seront arrêtés et déportés sans retour. )
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