Joseph Gerson, un commerçant juif né à Salonique le 5 janvier 1909, fils de Isaac Gerson, né en 1872 à Constantinople, et de Sara Eskenazi, née en 1884 à Constantinople et Bella née Hasson en 1911 à Salonique, fille de Joseph Hasson né à Salonique et de Bienvenue Abastado, née en 1875 à Salonique, avaient quitté Salonique au début des années 1930. Ils habitaient chacun avec leur famille dans le quartier de la Roquette où vivait la communauté des Juifs grecs et turcs.
La soeur aînée de Bella était parti au Brésil rejoindre la communauté juive grec.
Bella avait rejoint son frère aîné Haïm Hasson qui le présente à Joseph Gerson.
Les deux jeunes se marient. Jo Gerson vend des parapluies, tandis que Bella travaille dans l'atelier de confection de son frère.
Leurs deux enfants naissent à Paris, Robert en 1935, et Janine en 1938.
Bella part avec sa belle-soeur Elivre et les trois enfants en bas âge et s'arrêtent dans un petit village d'Eure-et-Loire où ils entendent des propos antisémites, précédent de peu le statut des juifs du 3 octobre 1940.
En septembre 1942, aidés par une voisine, il confièrent Robert, 7 ans, à Suzanne Merlette*, lavandière qui habitaient à Maignelay-Montigny dans l'Oise avec sa fille, Annie, née en 1935.
Au début de la guerre, son mari Clotaire avait été fait prisonnier en Allemagne et ne reviendra de captivité qu’à la fin de la guerre.
En novembre 1942, après la rafle des grecs, Bella et Jo Gerson, cachés, demandèrent à Suzanne Merlette* d’héberger leur petite fille Janine âgée de 4 ans.
Suzanne Merlette* se rendit à Paris recueillir la fillette. Traumatisée par la séparation d'avec ses parents, Janine n’arrêta pas de pleurer pendant tout le voyage. Ses cris risquaient d’alerter la police, et pour Suzanne Merlette*, ce voyage se déroula dans la peur de se faire arrêter. Pendant deux jours, Janine ne voulut rien entendre.
Janine et Robert restèrent pourtant cachés chez Suzanne Merlette* pendant deux ans. Robert fut scolarisé et l’instituteur qui était aussi secrétaire de mairie « se chargea de tout ».
Pour la sécurité des enfants, Suzanne Merlette* demanda à leurs parents de les faire baptiser. Joseph Gerson lui répondit «Faites tout ce qu’il faut, pourvu que vous sauviez mes enfants». Le curé de la paroisse fait signer aux parents un document par lequel les parents s'engagent à laisser les enfants continuer à pratiquer la religion catholique après la guerre...
Pour le ravitaillement, Suzanne Merlette* faisait des prouesses grâce à son jardin potager, l’aide de la boulangère et celle d’un oncle boucher.
Suzanne Merlette* cachera d’autres enfants juifs pendant de courtes périodes.
Joseph Gerson, 35 ans, arrêté parce que juif le 17 janvier 1944, sera déporté sans retour de Drancy à Auschwitz le 3 février 1944 par le convoi n° 67.
A la Libération, Robert et Janine rentrèrent chez leur mère Bella qui mit une chape sur cette période et n'évoqua plus jamais la guerre ou son passé salonicien.
Au début des années 2000, ils ont renoué les liens avec Suzanne Merlette*, veuve depuis 1992 et sa fille Annie.
Le 3 mars 2005, l'Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Suzanne Merlette* le titre de Juste parmi les Nations.