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Maurice Cling



 
Paris 75005 - Paris
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Maurice-Cling
Maurice, sa mère Simone Cling et son frère aîné Willy en France, 1931
source photo : Coll. Yad Vashem
crédit photo : D.R.
Maurice-Cling
Maurice en avril 1944. Photo de la classe de 4e au lycée Lavoisier peu avant son arrestation (2e à partir de la gauche rang de 4 en bas)
source photo : Arch. fam. Cling
crédit photo : D.R.
Maurice-Cling
Le cousin Victor, Willy et Maurice Cling à Château-Chinon (juin 1940)
source photo : Mémorial de la Shoah/Coll.Cling
crédit photo : D.R.
Histoire

Lettre à un camarade déporté, Maurice Cling

La très belle et émouvant lettre d’un de ses anciens condisciples du collège Lavoisier où il fut arrêté qui, le retrouvant dans le livre sur Les Déportés d’Avon – Enquête autour du film Au revoir les enfants de Louis Malle, en 1989, lui écrit 45 ans après pour lui dire le cri de joie des élèves en apprenant au printemps 1945, qu’il a survécu et qu’il vient de rentrer en France.

A Ivry-sur-Seine, le 3 février 1989.

Cher Monsieur Cling....

...et ancien condisciple de Lavoisier. Je viens d’achever la lecture du remarquable travail effectué par les élèves du Collège de la Vallée d’Avon : Les déportés d’Avon et je me suis arrêté longuement sur la page qui relate un extrait de votre conférence. Après quarante quatre ans la résurgence d’émotions a été si forte que j’ai eu envie de vous écrire.

Nous n’étions pas dans la même classe de quatrième mais je me souviens bien du grand garçon paisible que vous étiez. Je me souviens aussi du jour de votre arrestation et de notre rancoeur à nous élèves, envers l’administration de l’école qui vous avait laissé partir (mais était-il possible de faire alors quelque chose ?).

Pour moi, j’étais choqué mais non surpris car ma mère travaillait cette année-là rue de Jarente et j’avais connaissance des arrestations de Juifs et des ignominies qui souvent les accompagnaient.

Mais ce qui reste en moi un souvenir ineffaçable c’est par un bel après midi de mai 1945, l’irruption d’Aberdam au milieu d’un cours. Il criait, ou plutôt hurlait « Ça y est, Cling est revenu ! » sans prêter attention aux protestations d’un professeur qui ignorait les raisons de cette explosion de joie (joie brutalement tempérée par l’annonce de votre poids)1.

C’était l’époque où tous les jours de nouveaux témoignages sur les camps nous stupéfiaient d’horreur, nous n’osions plus croire que des hommes aient pu survivre à de telles atrocités.

Je ne me souviens pas de la façon dont le cours s’est terminé, mais cet instant est resté marqué en moi comme une victoire exemplaire, une victoire de la vie, une victoire de l’honnêteté sur la férocité. Je ne voudrais pas vous importuner plus longtemps, mais de tels souvenirs restent bouleversants malgré le temps et je tenais à vous assurer de ma sympathie.

Je vous prie d’accepter également mes plus cordiales salutations,

M. Rethoret 

04/10/2022
Auteur : M. Rethoret Lien : Centre d'étude de la Déportation et de la Shoah

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Paulette Happ* était couturière chez un tailleur, Jacques Cling qui avait une boutique de tailleur-fourreur 30 rue Monge, dans le 5e arrondissement de Paris. 
Jacques Cling, né en 1895, était un immigré juif roumain. Il s'était engagé volontairement en 1914 dans l’armée française, et revient blessé et décoré de la médaille militaire et de la croix de guerre. Il est naturalisé en 1920 en remerciement des services rendus à la nation. 
Son épouse Simone est née en France. 
Ils ont deux enfants,  Willy et Maurice.

Quand la législation antisémite oblige Jacques au début de la Seconde Guerre mondiale à apposer une affichette identifiant sa boutique comme une « entreprise juive », Jacques Cling installe à côté un présentoir avec ses décorations et l’inscription « Français, engagé volontaire, blessé de guerre 1914-1918 ». Très apprécié dans le quartier, la démarche fait sensation. Le lendemain, un inspecteur vient lui ordonner de l’enlever.

En 1941, lorsque le magasin fut mis sous séquestre, le tailleur transféra son activité dans leur appartement au dessus de la boutique et Paulette Happ* continua à travailler pour lui. 

Au cours de l'année 1943, les arrestations de Juifs se multipliant, la famille Cling alla souvent se réfugier dans la petite maison où Paulette Happ* habitait avec sa soeur, Gilberte* et son mari Henri Mabon* et leurs deux enfants. Malgré le danger et les conditions difficiles, ils étaient toujours bien reçus. 

Le 4 mai 1944, les Cling furent arrêtés. Maurice a été arrêté dans sa classe de 4e à Paris, à l’Ecole Lavoisier, dans le 5e arrondissement, le jour de son 15e anniversaire, le 4 mai 1944. C’est avec son frère aîné, Willy, âgé d’à peine 17 ans, sa mère, Simone, 41 ans et son père, Jacques, 50 ans, qu’il est interné à Drancy puis déporté le 20 mai 1944 par le convoi n°74.
Seul Maurice en revint. 

Son cousin, Charles Ruhla, avait 14 ans au moment de l'arrestation des Cling. Lorsque ses parents apprirent la nouvelle, ils s'enfuirent de Paris et se cachèrent dans un petit village à l'est de la capitale. Charles, lui, fut recueilli par Paulette Happ* et Gilberte* et Henri Mabon* à Domats (Yonne) près de Montacher-Villegardin
Jusqu'à la Libération, quatre mois plus tard, ils s'occupèrent de lui avec dévouement, en le traitant comme un membre de la famille.

En 1945, rapatrié en France, soigné en sanatorium, Maurice retrouve ses grands-parents, sa tante et son cousin qui n’ont pas été déportés. 
Il reprend ses études et entre à l'École normale supérieure de Saint-Cloud. Agrégé d’anglais, linguiste, il enseigne au lycée de Nîmes, en Grande-Bretagne et enfin à partir de 1962 dans le supérieur, à la Sorbonne puis, devenu docteur d’Etat, comme professeur d’université à Paris XIII, où il dirige le département d’anglais.

Maurice Cling se maria en avril 1954 à la mairie du XVIIe arrondissement de Paris. Le couple eut quatre fils puis divorça en 1980.

Deux de ses fils, Daniel, né à Avignon en 1963, et Pascal, né à Paris en 1962 le font témoigner dans les documentaires qu’ils réalisent, Héritages, diffusé par France 3 en octobre 1998, et Il faudra raconter, sur Arte en janvier 2008.

Le 27 février 1991, Yad Vashem a décerné à Paulette Happ* et à Gilberte* et son mari Henri Mabon*, le titre de Juste parmi les Nations.

04/10/2022

asso 10527

 


Titre

Un enfant à Auschwitz

Un enfant à Auschwitz

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Auteur   Maurice Cling  
Édition   Editions de l'Atelier  
Année   2015  
Genre   témoignage  
Description   Mai 1944, école Lavoisier à Paris. Maurice Cling, un élève de quatrième portant l'étoile jaune, est arrêté et interné au camp de Drancy avec son frère et ses parents. Bientôt, toute la famille est déportée à Auschwitz. Seul Maurice en reviendra. Eduqué dans la religion juive, choyé, bien élevé par des parents d'origine roumaine, Maurice Cling est au nombre des rares enfants rescapés des camps nazis qui ont pu témoigner. Son récit est d'autant plus précis et émouvant qu'il reprend très fidèlement des notes détaillées prises à son retour, à l'âge de seize ans. Au fil des pages, nous découvrons un garçon qui, sorti brutalement de l'enfance, mène à Auschwitz puis à Dachau un combat pour la vie. Il la doit à des mains et des bras fraternels qui le relèvent quand tout, même l'espoir, semble perdu.

Maurice Cling est né en 1929 à Paris. Agrégé d'anglais, il enseigna au lycée de Nîmes, puis en Grande-Bretagne et enfin, docteur d'Etat, comme professeur d'université à Paris XIII. Actif durant des décennies à l'Amicale d'Auschwitz, puis à la FNDIRP (Fédération nationale des déportés, internés, résistants et patriotes) dont il deviendra président-délégué, il est membre du conseil d'administration de la Fondation pour la mémoire de la Déportation. Il est l'un des témoins des documentaires Héritages, de Daniel et Pascal Cling, présenté par France 3 en octobre 1998, et Il faudra raconter, des mêmes réalisateurs, présenté par Arte en janvier 2008. Yannis Thanassekos est l'ancien directeur de la Fondation Auschwitz (Bruxelles).
 

Liens externes [Ajouter un lien vers un article d'intérêt ou un site internet]
1 Notre Dame de Sion : les Justes (La première religieuse de Sion à recevoir ce titre en 1989 est Denise Paulin-Aguadich (Soeur Joséphine), qui, à l’époque de la guerre, était ancelle (en religion, fille qui voue sa vie au service de Dieu). Depuis, six autres sœurs de la congrégation, ainsi qu’un religieux de Notre-Dame de Sion ont reçu la même marque de reconnaissance à titre posthume. Ils ont agi à Grenoble, Paris, Anvers, Rome. L’action de ces religieuses et religieux qui ont sauvé des Juifs pendant la deuxième guerre mondiale mérite de ne pas être oubliée. Et il y en a d’autres, qui, même s’ils n’ont pas (encore ?) reçu de reconnaissance officielle, ont œuvré dans le même sens, chacun à leur place. )
2 L'histoire des Van Cleef et Arpels (Blog de Jean-Jacques Richard, très documenté. )
3 Résistance à la Mosquée de Paris : histoire ou fiction ? de Michel Renard (Le film Les hommes libres d'Ismël Ferroukhi (septembre 2011) est sympathique mais entretient des rapports assez lointains avec la vérité historique. Il est exact que le chanteur Selim (Simon) Halali fut sauvé par la délivrance de papiers attestant faussement de sa musulmanité. D'autres juifs furent probablement protégés par des membres de la Mosquée dans des conditions identiques.
Mais prétendre que la Mosquée de Paris a abrité et, plus encore, organisé un réseau de résistance pour sauver des juifs, ne repose sur aucun témoignage recueilli ni sur aucune archive réelle. Cela relève de l'imaginaire. )
4 La Mosquée de Paris a-t-elle sauvé des juifs entre 1940 et 1944 ? une enquête généreuse mais sans résultat de Michel Renard (Le journaliste au Figaro littéraire, Mohammed Aïssaoui, né en 1947, vient de publier un livre intitulé L’Étoile jaune et le Croissant (Gallimard, septembre 2012). Son point de départ est un étonnement : pourquoi parmi les 23 000 «justes parmi les nations» gravés sur le mémorial Yad Vashem, à Jérusalem, ne figure-t-il aucun nom arabe ou musulman ? )
5 Paroles et Mémoires des quartiers populaires. (Jacob Szmulewicz et son ami Étienne Raczymow ont répondu à des interviews pour la réalisation du film "Les garçons Ramponeau" de Patrice Spadoni, ou ils racontent leur vie et en particulier leurs actions en tant que résistants. On peut le retrouver sur le site Paroles et Mémoires des quartiers populaires. http://www.paroles-et-memoires.org/jan08/memoires.htm. (Auteur : Sylvia, Source : Canal Marches) )
6 Les grands entretiens : Simon Liwerant (Témoignage de Simon Liwerant est né en 1928. Son père Aron Liwerant, ouvrier maroquinier né à Varsovie, et sa mère Sara née Redler, seront arrêtés et déportés sans retour. )

Notes

- 1 - Maurice Cling pesait au maximum 28 kg.




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