24 février 1944, Montbelliard. Lou Blazer* apprend que 29 juifs ont été arrêtés pendant la nuit. Pierre Kahn, le mari de l’auteur, a douze ans à l’époque des faits, et fait partie des raflés. C’est sans compter l’intervention courageuse de Lou Blazer*, qui le fait porter malade. L’enfant est alors séparé de ses parents et va trouver refuge dans l’écriture.
Michèle Kahn livre avec réalisme et émotion le récit de Pierre Kahn, y mêlant des extraits du cahier qu’il tint pendant toute cette période pour raconter au jour le jour ce qu'il a vécu, des flash-backs sur les premières années de la guerre — on comprend alors qu'ils auraient pu fuir en juin 1940, comme d'autres membres de leur famille, s'ils avaient eu une auto… Pierre Kahn est d’abord "soigné" dans un hôpital, puis emmené dans un préventorium à Besançon. Il ne connaîtra jamais les camps de concentration mais sa douleur est autre : revoir ses parents l’obsède et tout au long de son périple, seule cette idée l’anime. Lorsque Besançon est libérée, Pierre Kahn reprend sa valise et peut enfin rejoindre sa grand-mère et sa tante maternelles en Suisse.
À la signature de l’armistice, il est plein d’espoir. Après avoir été accueilli par son oncle et sa tante réinstallés à Besançon, il tente de retrouver ses parents dans leur ville d’origine, Montbéliard. Ce n’est qu’à l'été 1946, en voyant l’appartement, où il a passé son enfance, occupé par d’autres, qu’il réalise qu’il ne les reverra jamais plus vivants.
Michèle Kahn propose une réflexion sur l’attente et l’espoir d’un enfant Juif durant la Seconde guerre mondiale, attente qui se solde par la prise de conscience d’un deuil difficile. Le roman se termine sur un épilogue dédié à Lou Blazer*, reconnue "Juste parmi les Nations", pour avoir sauvé des Juifs au péril de sa vie.
Michèle Kahn est écrivain, journaliste, diplômée de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales, Officier des Arts et des Lettres, Chevalier du Mérite, et a été vice-présidente de la Société des Gens de Lettres. Elle a écrit une centaine de livres dédiés à la jeunesse et écrit en littérature pour adultes depuis 1997. Ses romans sont pour la plupart documentés et liés à l’histoire du peuple Juif.
Couverture d'Olivier Tallec.
Liens externes[Ajouter un lien vers un article d'intérêt ou un site internet] 1 Notre Dame de Sion : les Justes (La première religieuse de Sion à recevoir ce titre en 1989 est Denise Paulin-Aguadich (Soeur Joséphine), qui, à l’époque de la guerre, était ancelle (en religion, fille qui voue sa vie au service de Dieu). Depuis, six autres sœurs de la congrégation, ainsi qu’un religieux de Notre-Dame de Sion ont reçu la même marque de reconnaissance à titre posthume. Ils ont agi à Grenoble, Paris, Anvers, Rome. L’action de ces religieuses et religieux qui ont sauvé des Juifs pendant la deuxième guerre mondiale mérite de ne pas être oubliée. Et il y en a d’autres, qui, même s’ils n’ont pas (encore ?) reçu de reconnaissance officielle, ont œuvré dans le même sens, chacun à leur place. )
2 L'histoire des Van Cleef et Arpels (Blog de Jean-Jacques Richard, très documenté. )
3 Résistance à la Mosquée de Paris : histoire ou fiction ? de Michel Renard (Le film Les hommes libres d'Ismël Ferroukhi (septembre 2011) est sympathique mais entretient des rapports assez lointains avec la vérité historique. Il est exact que le chanteur Selim (Simon) Halali fut sauvé par la délivrance de papiers attestant faussement de sa musulmanité. D'autres juifs furent probablement protégés par des membres de la Mosquée dans des conditions identiques. Mais prétendre que la Mosquée de Paris a abrité et, plus encore, organisé un réseau de résistance pour sauver des juifs, ne repose sur aucun témoignage recueilli ni sur aucune archive réelle. Cela relève de l'imaginaire. )
4 La Mosquée de Paris a-t-elle sauvé des juifs entre 1940 et 1944 ? une enquête généreuse mais sans résultat de Michel Renard (Le journaliste au Figaro littéraire, Mohammed Aïssaoui, né en 1947, vient de publier un livre intitulé L’Étoile jaune et le Croissant (Gallimard, septembre 2012). Son point de départ est un étonnement : pourquoi parmi les 23 000 «justes parmi les nations» gravés sur le mémorial Yad Vashem, à Jérusalem, ne figure-t-il aucun nom arabe ou musulman ? )
5 Paroles et Mémoires des quartiers populaires. (Jacob Szmulewicz et son ami Étienne Raczymow ont répondu à des interviews pour la réalisation du film "Les garçons Ramponeau" de Patrice Spadoni, ou ils racontent leur vie et en particulier leurs actions en tant que résistants. On peut le retrouver sur le site Paroles et Mémoires des quartiers populaires. http://www.paroles-et-memoires.org/jan08/memoires.htm. (Auteur : Sylvia, Source : Canal Marches) ) 6 Les grands entretiens : Simon Liwerant (Témoignage de Simon Liwerant est né en 1928. Son père Aron Liwerant, ouvrier maroquinier né à Varsovie, et sa mère Sara née Redler, seront arrêtés et déportés sans retour. )
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