Hôpital Hôtel-Dieu Saint-Jacques et Hospice de La Grave
durant la Seconde Guerre mondiale (WWII)

A la fin du XIXème siècle les Hôpitaux de Toulouse sont marqués par la laïcisation progressive des services et le recrutement de femmes sortant d'une école d’Infirmières. Les soins allaient, dans un contexte de progrès médicaux croissants, se professionnaliser et faire l’objet d’un diplôme d’Etat. 

Regroupant un total de 900 lits, La Grave comptait à la fin du XIXème siècle des quartiers de vieillards, valides ou infirmes mais aussi deux quartiers de fous et d’épileptiques ainsi deux quartiers d’enfants et quatre services de malades. Son rôle de “maison” pour les pauvres perdure alors que sa dimension médicale prend son essor. 

En 1940, le camp-hôpital de l'Hôpital l’Hôtel-Dieu de Toulouse est ouvert pour les malades des camps de Noé, du Récébédou et du Vernet.

Paul Voivenel (1880-1975) sera le chef de clinique de La Grave à partir de 1908.
Ambitieux, il multiplie apparitions dans les congrès, publications dans son désir de pouvoir accéder à de plus hautes fonctions hospitalières. Voivenel aime incontestablement écrire, parler et enseigner.

Durant la grande guerre, Voivenel est médecin, témoin exceptionnel au milieu des "Poilus".
Fort de son expérience personnelle, il va s'attacher à étudier les comportements nouveaux induits par la situation de guerre dans quatre ouvrages publiés entre 1917 et 1918.

Voivenel a alors a 59 ans en 1939. Tout comme pendant le conflit 14-18, Voivenel va exercer avec dévouement sa fonction de médecin militaire, se focalisant sur le bien être des soldats. Quant à la politique et ses prises de position, elles restent difficiles à définir. S'il désapprouve Vichy, il n'en reste pas moins son admiration sans limite pour Pétain, "l'épargneur d'homme"...

Voivenel est mobilisé dés septembre 1939 comme lieutenant colonel et se voit chargé par le Haut Commandement d'organiser le Centre de neuropsychiatrie de la 17° région.

Il restera toujours profondément pétainiste. Depuis 1918, les deux hommes ont entretenus des relations suivies. Dans l'après guerre, Voivenel est reçu régulièrement par le maréchal, lors de ses voyages à Paris. C'est Pétain en personne qui le décore en 1933 commandeur de la Légion d'Honneur, qui vient inaugurer en 1935 le monument au Mort de Capoulet Junac, qui l'honore de sa présence au cours de ses visites à Toulouse; ce même Pétain, enfin, qui lui propose, en 1942, un ministère que Voivenel s'empresse de refuser pour conserver ses activités au C.N.P:"J'y fais du bien d'autant plus que j'ai refu- sé toute solde et que ça me rapporte ce que ça coûte...".

Malgré toutes les exactions, Voivenel ne trahira jamais cette amitié mais ne fera rien de ce que lui demande Vichy. Par l'intermédiaire de son centre neuro-psychiatrique, il ac- cueille des officiers, des juifs, des civils ou des résistants recherchés par la Gestapo. Il déclare systématiquement inaptes les jeunes gens des chantiers de jeunesse ou déclare malades les hommes désignés pour le Service de Travail Obligatoire (S.T.O). Mais jamais il ne reniera "Le chef", le généralissime victorieux de Verdun. Ceci lui sera d'ailleurs re- proché à la Libération et il sera suspecté de collaboration. Mais les autres services rendus pencheront un peu plus dans la balance et surtout d'autres amitiés, notamment celles avec le fameux cardinal Saliège, figure emblématique de Toulouse par son tempérament et par sa fameuse "Lettre sur la personne humaine " d'Août 1942.