Françoise Gratien

Élise* et Marcel Gratien* résidaient avec leur fils unique, Jean-François, 13 ans, à Anthy-sur-Léman (Haute-Savoie), près de Thonon-les-Bains.
Marcel Gratien* était pêcheur. Françoise Gratien*, sa mère, était veuve et habitait seule à Azé (Saône-et-Loire).

Pendant la campagne de 1939-1940, Marcel Gratien* avait été cantonné à Reichshoffen (Bas-Rhin) où il fit la connaissance de Jacqueline Strauss.
Devant l’invasion allemande, celle-ci s’enfuit avec sa mère Gabrielle Strauss née Guthmann et sa sœur Margot Strauss ainsi que sa tante, Jeanne née Guthmann et son mari Arthur Asch, commerçant alsacien repliés à Thonon depuis 1940.

La famille se replia d’abord dans les Vosges puis, après un séjour d’un an à La Châtre (Indre), s’installa à Thonon-les-Bains. Un jour, Marcel Gratien* reconnut Jacqueline Strauss dans la rue et les deux familles prirent contact.

Quand les troupes allemandes envahirent la zone italienne en septembre 1943, les Juifs devinrent la cible de rafles impitoyables. Le couple Gratien proposa alors de sa propre initiative d’héberger chez eux à Anthy-sur-Léman Gabrielle Strauss et sa fille Margot. Jacqueline Strauss étant partie entre temps pour Lyon, ainsi que Jeanne et Arthur Asch. Ils cachèrent les livres de prières de la famille dans leur grenier.

Leur situation à Anthy-sur-Léman devenant de plus en plus périlleuse, Marcel Gratien* décida de les emmener chez sa mère Françoise Gratien*. Il les accompagna en train de Thonon-les-Bains à Lyon où ils passèrent une nuit à attendre la correspondance pour Mâcon, dans une gare fourmillant d’Allemands, soumise à des contrôles fréquents. Ils firent ensuite 20 km à pied pour atteindre la maison de Françoise. Pour seule explication, Marcel Gratien* lui annonça en arrivant : « Je t’amène des refugiés – tu repars avec moi à Anthy-sur-Léman ». Sans dire un mot, Françoise Gratien* mit sa maison à leur disposition et leur laissa toutes les provisions qu’elle avait préparées pour l’hiver.
Jeanne et Arthur Asch y reçurent leurs fils Léopold et Georges qui s’étaient enfuis de Grenoble avant de passer en Suisse. Gabrielle Strauss et sa fille Margot et Jeanne et Arthur Asch vécurent à Azé jusqu’au printemps 1944 et eurent la vie sauve grâce au courage et à la générosité des Gratien.

Le 28 mai 2003, l'Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Élise* et Marcel Gratien* et sa mère Françoise Gratien* le titre de Juste parmi les Nations.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem