Georges Bodin

	Georges Bodin source photo : Arch. fam. crédit photo : D.R.

Georges Bodin* est né le 15 novembre 1917 à Luçon. Élève au collège Notre-Dame.
Sa maman, Madame Bodin, tenait une épicerie et était correspondante de l'enseigne Félix-Potin.
En 1935, il entre comme commis chez Félix Potin à à Issy-les-Moulineaux.
Il devient inspecteur des ventes et s'occupe des livraisons dans toute la banlieue.

En 1937, il effectue son service militaire pendant deux ans, puis il est de nouveau mobilisé en 1939.
Il combat en Belgique en mai 1940. Il est fait prisonnier et saute du camion. Le fugitif rallie le siège de sa division et repart combattre dans le Nord. Les Allemands sont partout. Son régiment fait demi-tour et se dirige vers Clermont-Ferrand quand l'armistice est signé.

Démobilisé, il reprend son travail chez Félix Potin à Issy-les-Moulineaux. Résistant, il va aider Suzanne et César Zarka à passer en zone sud.

Un ami client le contacte pour monter un réseau de résistance. Tandis que les livraisons étaient suspendues, il peut cacher des personnes en danger dans l'entrepôt. Ils restent là entre trois et cinq jours, le temps d'avoir de faux papiers et d'organiser leur départ vers Londres ou l'Afrique du nord. En un an, c'est une soixantaine de personne qui va passer par l'entrepôt.

En Juillet 1942, tandis que la rafle du Vel d'Hiv' se déroule sous ses yeux, Georges Bodin* se mobilise avec son réseau formé de 4 personnes : lui, son ami gendarme, un élu de Malakoff et un cafetier. Le gendarme et l'élu fournissent les faux papiers. Georges Bodin* devient Louis Cadoret, employé des P et T affecté au chargement des wagons postaux.
Avec l'aide de résistants cheminots qui livrent la tenue, il s'introduit dans la gare d'Austerlitz. Il n'est pas seul. Des Juifs l'accompagnent : Ils sont cinq, habillés en postier à bord du Paris-Limoges. Destination : Chalais, en Charente, aux portes de la ligne de démarcation.
À l'arrivée, ils renvoient les habits dans des colis. A l'arrivée, la femme d'un copain de guerre, chirurgien-dentiste, les reçoit dans son cabinet. Au fond du jardin, des résistants prennent en charge les sauvés pour leur faire passer, de nuit, la ligne de démarcation. »

Lorsque la guerre éclata, Suzanne et César Zarka, des Juifs originaires de Tunisie, vivaient à Paris. César Zarka était employé dans les transports parisiens.
Lorsque la situation des Juifs devint difficile, Suzanne et César Zarka décidèrent de tenter de passer la ligne de démarcation pour se rendre en zone sud, qui était sous le contrôle de Vichy. Ils furent aidés dans cette entreprise par Georges Bodin*.
Après que Suzanne Zarka ait passé quelques jours dans l'appartement de Georges Bodin*, ils sont cachés dans le wagon postal de trains qui n'était pas contrôlé par la police - française ou allemande.
C'est ainsi que Suzanne et César Zarka firent le voyage, en tant que "trieurs" dans le wagon postal et passèrent la ligne de démarcation à Chalais.

En cinq voyages, 22 Juifs sont ex-filtrés, plus deux aviateurs anglais, cachés chez Félix-Potin, dont l'avion a été abattu à Clamart (voir La traque par Louis Gouraud, éditions les Chantuseries).
Georges Bodin, recherché dans le cadre du STO (service du travail obligatoire), part ensuite au Puy-Notre-Dame, dans le Maine-et-Loire, où il reste jusqu'à la fin de la guerre.

À la fin de la guerre, le commerçant César Zarka l'avait invité à le rejoindre à Tunis. Georges Bodin* y restera jusqu'en 1952, en travaillant toujours pour Félix-Potin.

Le 26 septembre 1993, l'Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Georges Bodin* le titre de Juste parmi les Nations.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem