Henri Bitard

	Madeleine, Henri et la petite Gisèle, juin 1941 à Avranches source photo : Yad Vashem crédit photo : D.R.

Henri* et Madeleine Bitard* habitent à Avranches, avec leur fille Gisèle, née en 1940, où Henri* est directeur de l'usine à gaz.

Joseph Mainemer, né le 21 août 1894 à Wyszkow (Pologne), quitte sa ville de naissance pour venir s'installer à Paris.

Le 8 juin 1933, Joseph Mainemer épouse Dina née Lanca le 01/04/1902 à Wiesznitz (Pologne).
Leurs deux filles, Anne-Marie et Rose-Marie, naitront à Paris, de nationalité française.

La famille installée à Avranches habite villa Eole, route de Saint Quentin.
Marchand forain en lingerie, Joseph Mainemer, aidé de son épouse, se rendait au marché de Saint-Jean le lundi, à Villedieu-les-poêles le mardi, à la Haye Pesnel le jeudi, à Vire le vendredi et à Avranches le samedi.

En 1940, Joseph demande sa naturalisation, qui sera refusée.

Dès la déclaration de guerre, Joseph tente de s'engager, mais il est refusé en raison de son âge.

En 1940, la famille Mainemer part se réfugier au Pouldu, près de Quimperlé, avant de rentrer à Avranches.

Le 26 juin 1942, Anne-Marie passe son bac-philo. Elle a refusé de porter l'étoile jaune devant des centaines d'élèves et ses professeurs. Joseph vient la chercher, mais il ne porte pas l'étoile lui non plus et ils sont dénoncés...
Le lendemain, deux feldgendarmes font irruption route de Saint Quentin. Joseph Mainemer réussit à s’échapper à travers les champs.

Le 14 juillet 1942, des feldgendarmes viennent arrêter Joseph, rentré chez lui, et prévenir Dina qu'ils reviendront la chercher plus tard.
Ils emmènent également les Rosenthal, amis et voisins des Mainemer.
Dina sera arrêtée dans l'après-midi, laissant ses deux filles, Anne-Marie et Rose-Marie.

Tous sont conduits à la prison d’Avranches. Anne-Marie et Rose-Marie verront leurs parents partir de la gare d’Avranches, on échange les derniers mots et c’est le départ. Anne-Marie et Rose-Marie ne reverront plus jamais leurs parents.

Ils sont transférés à Pithiviers le 31 juillet 1942. Joseph et M. Rosental seront déportés sans retour le 31/07/1942 par le convoi n° 13 pour Auschwitz.
Dina sera déportée sans retour par le convoi n° 14.

Le 22 novembre 1943, les Allemands viennent arrêter Anne-Marie, 18 ans, et Rose-Marie, 13 ans. Elles réussissent à s’enfuir et se réfugient chez un ami, M. Morel.
Dès le lendemain, celui-ci confie les deux jeunes filles à Henri* et Madeleine Bitard*, qui les accueille chaleureusement.
Elles y resteront 40 jours, installées dans une belle chambre bien chauffée au 1er étage de la maison.

Munies de fausses cartes d’identité au nom de "Anne-Marie et Rose-Marie Martin, nées à Oran et domiciliées à Villedieu-les-Poëles", Anne-Marie et Rose-Marie sont conduites à Caen par sœur Mondo, religieuse de Saint-Vincent-de-Paul, au Couvent des Petites soeurs de la Charité quai Vendoeuvre. Elles ne suivent pas les offices religieux.
Les jeunes filles évitent de sortir, car le parc du couvent est mitoyen à l'Hôtel d'Angleterre, où logent des Allemands.
Elles restent en contact avec des membres de leur familles réfugiés dans la région lyonnaise.

Elles partiront pour Lyon le 15 avril 1944 et se réfugient à la Maison de santé de Meyzieux, accueillies par le Dr Courgeon.
Elles y assisteront à la Libération de la ville le 3 septembre 1944 par les Américains et rentrent à Avranches en 1945 où elles retrouvent la famille Morel.

Après la guerre, Anne-Marie et Rose-Marie attendent leurs parents, mais elles sont obligées de se rendre à l'évidence et partent alors aux États-Unis rejoindre une partie de la famille de leur père.

Le monument aux morts à la porte de l’ancienne Prison à Saint-Lô et le monument aux morts d’Avranches rendent hommage à Dina et Joseph Mainemer.

Le 16 juin 2013, l’Institut Yad Vashem Jérusalem a décerné le titre Justes parmi les Nations à Henri Bitard* et son épouse Madeleine*.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem