Jules Trouillet

Angelo Tamietti* et sa compagne Angèle Soyez* habitent une maison 14, rue Luisant à Montlhéry.
Angelo Tamietti* est chauffeur routier et résistant.

Le 26 octobre 1942, un homme frappe rue Luisant : c’est Aron Ajzenberg, un juif polonais réfugié de Forbach (Moselle) avec son épouse et leurs 4 enfants. Aron Ajzenberg est tailleur à Montlhéry depuis 1939. Il est accompagné de ses trois filles et explique que les gendarmes sont venus l’arrêter, avec sa femme Mindla, dans la matinée. Ils ont gardé son épouse en otage et lui ont ordonné d’aller chercher les enfants à l’école et de les ramener. Un homme qu’il connaissait lui avait dit "Vas chez Angelo Tamietti*, il cachera les enfants", raconte Isidore. Pour rassurer sa femme, Aron Ajzenberg repartira à la gendarmerie.
Aron, 38 ans, et Mindla Ajzenberg, 37 ans, seront déportés de Drancy vers Auschwitz le 9 novembre 1942 par le convoi n° 44. Mindla ne reviendra pas.

Angèle* et Angelo Tamietti* s’occupent de Rebecca, 12 ans, Rachel, 9 ans et Paulette, 4 ans, tandis qu’Isidore, 11 ans, est en sûreté dans la pension où il est scolarisé.
Angelo Tamietti*, qui accueille déjà deux familles juives et un communiste chez lui, emmène les trois fillettes à Sées, dans l’Orne, où deux paysans acceptent de recevoir les enfants.
Paulette et Rebecca (rebaptisée Yvette), sont accueillis par Jules* et Berthe Trouillet* à Saint-Hilaire-la-Gérard, "des fermiers très pauvres qui avaient déjà trois enfants" et s'occupent des petites réfugiées "comme leurs enfants, avec beaucoup de bonté".

Rachel, désormais prénommée Raymonde, et Isidore, devenu Maurice, atterrissent dans une famille à Fougy où ils sont maltraités, sous-alimentés et forcés à travailler.

En 1944, les enfants Ajzenberg sont tous rapatriés chez Angelo* et tata Angèle* et retournent à l’école à Montlhéry. Maurice (Isidore) fréquente l'école Parc Mirablon.
Au printemps 1945, "le maître m’a appelé pour me dire qu’un de nos parents avait survécu et allait revenir. Je n’osais pas y croire, nous étions depuis longtemps persuadés d’être orphelins", confie Isidore, qui court, avec un copain, casser les scellés qui fermaient la maison familiale, près du cimetière de Montlhéry.

Le 29 avril 1945, les quatre enfants sont sur le quai de la gare de Saint-Michel-sur-Orge, avec les Tamietti* et "pas mal d’habitants de Montlhéry. J’ai vu mon père descendre d’un train, dans son pyjama rayé de déporté, glisse Isidore, encore ému. Il était persuadé qu’il était seul au monde mais nous étions là, bien vivants, avec nos bienfaiteurs", raconte encore Isidore.

Entre les enfants et leurs sauveurs les liens sont restés très forts. "On les considérait comme nos parents de cœur. On est resté très liés après la guerre" dira Paulette lors de la remise de médaille des Justes à titre posthume à Angèle Soyez* et Angelo Tamietti*.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem