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Côtes-d'Armor

Région :
Bretagne
Département :
Côtes-d'Armor

Préfets :
Paul-Jacques Vacquier
(22/05/1937 - 23/05/1940)
Michel Henry de Villeneuve
(09/09/1943 - 26/05/1944)
M. Blanchet
(26/05/1944 - 18/11/1944)
Jacques Feschotte
(23/05/1940 - 07/04/1943) Préfet des Côtes-d'Armor
François Ripert
(02/11/1940 - 12/05/1942) François Charles Joseph Ripert, Préfet régional de la région de Rennes (Côtes-du-Nord, Finistère, Ille-et-Vilaine et Morbihan)
(12/06/1942 - 06/07/1943) Jean François Quenette, Préfet régional de la région de Rennes (Ille-et-Vilaine, Finistère, Côtes-du-Nord, Morbihan) (1903-1971).
André Lahillonne
(07/04/1943 - 09/09/1943) Préfet des Côtes-d'Armor
Philibert Dupart
(06/07/1943 - 24/02/1944) Préfet régional de la région de Rennes (Côtes-du-Nord, Finistère, Ille-et-Vilaine et Morbihan) (1890-1944)
Robert Martin
(1944 - 1944) Préfet régional de la région de Rennes (Côtes-du-Nord, Finistère, Ille-et-Vilaine et Morbihan) (1895-1957)
Victor Le Gorgeu
(1944 - 1946) Commissaire de la République de la région de Rennes (Côtes-du-Nord, Finistère, Ille-et-Vilaine et Morbihan) (1881-1963)
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(18/11/1944 - 21/06/1945) Préfet des Côtes-d'Armor

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Juste parmi les Nations

Marie Josse


Dossier Yad Vashem : 11266
Remise de la médaille de Juste : 05/07/2009
Sauvetage : Saint-Brieuc 22000 - Côtes-d'Armor
Profession: Propriétaire d'un café-restaurant
Religion : Catholique
Nom de naissance: Josse

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Marie-Josse
Marie et Jacques en 1945-1946
source photo : Arch. fam.
crédit photo : D.R.
Marie-Josse
Marie et Élisa en 1952
source photo : Arch. fam.
crédit photo : D.R.
Notice

Élise et Marie Josse*, jumelles, tenaient un café rue d'Orléans à Saint-Brieuc, au coin de la rue du 71e RI.

Marie Josse* a la langue bien pendue, un sentiment anti-allemand bien ancré et un sens décomplexé du patriotisme.
Le jour où l’amiral Darlan est venu à Saint-Brieuc, il est allé à Saint-Charles où il avait fait études dans les années trente. Alors que le cortège s’y rendait à pied, Marie Josse* lui lance sous le nez "Salaud Darlan. Vous êtes un traître".1 Quelques heures plus tard, elle était arrêtée par la Gestapo et internée pour deux mois et internée au camp de Choisel à Chateaubriant (Loire-Atlantique).
Elle va se lier d'amitié avec Madeleine Schuldkraut.

Après le décès d'Henri Schuldkraut en 1937, Madeleine (Juta, Amalia) née Steinbrecher, le 19 décembre 1902 à Jaslo (Pologne), continue à s'occuper de l'entreprise de confection de vêtements pour dames ouvert par le couple à Paris.
Elle et son fils, Jacques, habitent 7, rue Blondel, dans le 3e arrondissement de Paris.
Madeleine Schuldkraut est arrêtée parce que Juive et internée au camp de Choisel.
Les deux femmes se lient d'amitié. Avant d'être libérée, Marie Josse* assure à Madeleine qu'elle pouvait compter sur elle.

Madeleine Schuldkraut est transférée au camp d'Aincourt, situé près de Mantes dans le Val-d'Oise, et ouvert en octobre 1940 pour les internés politiques dans les bâtiments de l'ancien sanatorium d'Aincourt. Le camp des hommes ferme en mai 1942 et les femmes arrivent en mai 1942 venant du camp de Châteaubriant.

Le commissaire Andrey, directeur du camp, autorise les femmes juives à faire venir leurs enfants
Le camp fermera définitivement le 15 septembre 1942.
Les femmes sont alors dirigées vers Auschwitz et les enfants vers le Centre Guy Patin, centre d'hébergement de l'UGIF (Union générale des israélites de France) situé 9 rue Guy Patin à Paris dans le 10e arrondissement.

Jacques Schuldkraut, 13 ans, placé au Centre Guy Patin écrit à Marie Josse* pour lui expliquer la situation : "Mademoiselle Josse, ma maman est partie à Drancy pour une destination inconnue. Elle m'a dit de vous écrire..."

Le 20 octobre 1942, le directeur du Centre Guy Patin attend Jacques Schuldkraut dans son bureau car ses tantes sont venues le voir.
Jacques se souvient : "Deux dames me prennent dans leurs bras et m'embrassent. L'une d'elle me chuchote : Je suis Marie Josse*. Ne dis pas un mot"."
Au responsable du centre, qui demande quand même des renseignements elles donnent une fausse adresse : "on va l'emmener dans le Nord de la France".
Il emballe ses affaire et Marie*, l'extravertie, et Élise*, la discrète, emmènent Jacques qui porte l'étoile. Ils prennent le dernier wagon du métro, réservé aux Juifs.
Ils arrivent en région parisienne chez la sœur de Marie* et Élisa*.
Marie* prend des ciseaux et découd l'étoile jaune.
Puis les jumelles arrivent à Saint-Brieuc, avec ce jeune garçon Juif de 13 ans.

Jacques partage leur quotidien dans leur café-restaurant, rue d'Orléans (aujourd'hui rue Jean-Métairie). Pour tous, c'est le neveu.
Des amis de Marie* et Élise*, résistants, procurent à Jacques une carte d'identité et une carte d'alimentation au nom de "Jacques Sylvestre", né à Oran en Algérie.
"Jacques était un beau garçon tout maigre", se souvient Yvette, la fille des charcutiers de la rue d'Orléans. Il est scolarisé chez les frères au Sacré-Coeur où il apprend le catéchisme par sécurité.
Jacques évoque ses souvenirs : "La boulangère m'adorait et mettait une deuxième tranche sur la pesée".

L'été Jacques va à la plage à Binic, travaille à la belle saison dans une ferme près d'Uzel, à Saint-Hervé, où il écoute Radio-Londres et espère revoir très vite sa maman.
"J'étais heureux d'avoir un toit, un foyer. Je pensais que ma mère était partie travailler pour le IIIe Reich, et qu'on se retrouverait à la fin de la guerre".
Marie* et Élise* l'élèvent comme leur fils.

Marie Josse*, quant à elle, a toujours la langue bien pendue. Elle ne cache guère ses opinions. "On était tous craintifs. On écoutait Radio Londres les volets fermés. Quand Marie voyait les Allemands entrer dans le restaurant, elle disait : Oh merde, v'là encore les Boches !", se souvient Jacques.

Un informateur prévient Marie* et Élise* que les Allemands et la milice s'apprêtent à arrêter les anciens internés et les sympathisants de de Gaulle.
Ils quittent précipitamment Saint-Brieuc et se réfugient chez des cousins cultivateurs.

Et puis Saint-Brieuc est libéré. Marie* et Élise* et Jacques rentrent.
En mai 1945 la guerre est terminé en Europe mais la mère de Jacques ne rentrera pas. Madeleine, 39 ans, avait été déportée vers Drancy le 7 septembre 1942 et assassinée à Auschwitz.

Marie* et Élise Josse* vendent leur café-restaurant rue d'Orléans et vont s'installer rue Cordière puis rue du docteur Rochard avant de déménager à Paris.

Après la Libération Jacques rentre au lycée Anatole Le Braz, puis quitte Saint-Brieuc en 1949 pour effectuer son service militaire.

En 1951, son oncle et sa tante l'invite à venir les rejoindre au Canada, où il restera vivre.

Si Marie Josse* n'avait pas insulté Darlan...

Puis, bien longtemps après, Jacques, a entrepris des démarches pour que la Médailles des Justes parmi les Nations, la plus haute distinction d'Israël, soit remise à titre posthume aux sœurs Josse* qui sont inhumées au cimetière Saint-Michel.
Si elles étaient encore là, Marie* et Élise* auraient sans doute dit que c'était leur faire trop d'honneur.

La médaille des Justes parmi les Nations leur a été décernée à titre posthume, le 5 juillet en mairie de Saint-Brieuc et remise à leurs cousins, Hélène Le Balch, Yves et Guy Josse.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem



Réseau de sauvetage
Élise Josse
(dite Élisa)
 
Familles hébergées, cachées, aidées ou sauvées par Marie Josse
Jacques Schuldkraut

Chronologie [Ajouter]

05/07/2009 - Le 5 juillet 2009, à la mairie de Saint-Brieuc (22000), remise de la médaille des Justes des Nations aux ayants droit de Marie et Élisa Josse, honorées à titre posthume.


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Liens externes [Ajouter un lien vers un article d'intérêt ou un site internet]
1 Mémoire, résistance et déportation 22 (Association lycéenne pour la mémoire de la résistance et de la déportation. )
2 Miliciens contre maquisards (Essai publié aux éditions Ouest-France en 2010 et réédité en collection de poche. Résumé disponible sur le site de Françoise Morvan http://francoisemorvan.com/histoire/miliciens-contre-maquisards-ou-la-resistance-trahie/ )
3 39-45 Redon sous l'occupation ( Après le départ des Anglais et l’extraordinaire épisode des frigos de Baccarat, les troupes allemandes débarquent à Redon le 21 juin 1940, soit une semaine après leur entrée dans Paris.
Notre petite ville croule sous l’afflux des refugiés qui sont accueillis au camp de la Rive, un ensemble de dix baraques recouvertes de tôles. Dès l’été 1940, de nombreuses divisions allemandes s’établissent dans la ville. Les châteaux, les hôtels particuliers, les écoles deviennent des lieux de cantonnement. La population redonnaise cohabitera, tant bien que mal, avec l’occupant germanique. Toutefois, dans l’ombre, les premiers résistants redonnais mèneront le combat au péril de leur vie, en participant à des actions périlleuses contre l’ennemi. Pourtant nombreux seront ceux qui tomberont et seront déportés en Allemagne avec peu d’espoir pour certains d’en revenir.
Ce livre retrace l’histoire de ces 4 longues années d’occupation au travers de nombreux témoignages, de plans et de photos inédites.
Préface Général Georges PHILIPPOT )
4 Un canton breton en 1939-1945 (Vous trouverez des extraits audio de témoignages d'anciens qui ont vécu la guerre 39-45 en Centre-Bretagne. L'un des témoignages évoque l'aide apportée par le secrétaire de mairie de Plouguenast à deux familles juives.
Plus de 200 témoignages ont été collectés à l'échelle d'un canton rural pour l'écriture du livre "Un canton breton en 1939-1945. Plouguenast". Une véritable immersion dans la vie de l'époque. 2013)

Notes

- 1 - Témoignage de Michel Martin, né en 1930, qui habitait rue d’Orléans (auj. rue Jean Métairie).

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