Odette Hébrard

	Odette Hébrard source photo : Inconnu crédit photo : D.R.

Jules* et Odette Hébrard*, un couple de paysans sans enfant, habitent à Lasalle.
En juin 1942, le pasteur Saint-Martin, qui fait partie du réseau de sauvetage du pasteur Marc Boegner*, leur demande d'accueillir la petite Gilberte Stemmer, âgée de 4 ans, originaire de Metz, confiée par ses parents qui fuyaient les persécutions antisémites.
Les Hébrard acceptèrent et s'occupèrent de la petite fille avec amour, la faisant passer pour leur nièce.
Gilberte les suivait en tout lieux, et fréquentait l'école du village et le temple.
Lorsque Jules* fut nommé garde champêtre, à la fin de l'année 1942, il reçut un appartement de fonction à la mairie et toute la famille, Gilberte comprise, aménagea dans ce nouvel appartement.*

Le maire, Alphonse Remézy*, Juste parmi les Nations, sauva des Juifs pendant la guerre, les abritant chez lui.

Lorsque monsieur Stemmer vint chercher sa fille à la Libération, l'enfant avait oublié ses parents et se fut un déchirement pour elle de quitter Tata et Tonton Hébrard avec qui elle resta en contact.

Les Hébrard* adoptèrent deux enfants après la guerre.

"J'étais la petite nièce de Paris, mais tonton Jules et tata Odette m'ont adoptée et aimée comme leur propre fille", avoue avec émotion Gilberte en 2007.
Jules Hébrard*, veuf depuis plus de trente ans, a eu cent ans, mais n'affiche pas son âge. Et même si les souvenirs se font moins précis, il n'a pas oublié le bonheur apporté par cette fillette dans le foyer installé à la Borie-Neuve, un peu à l'écart de Lasalle. "Lorsque le pasteur nous a contactés, pour accueillir Gilberte, c'est Odette* qui a pris la décision. On ne s'est pas demandé si c'était ou non dangereux. D'ailleurs, nous ne l'avons jamais cachée. Elle était tout le temps au village avec nous et certains savaient. Mais heureusement pas cette femme qui collaborait avec le gouvernement de Pétain et qui aurait pu nous dénoncer..."
La vie, en ces temps troublés, s'est donc écoulée au rythme des travaux de la ferme que Jules* coordonnait, de l'école où Gilberte avait pour meilleure amie Éliette Tardres et des rares visites de ses parents qui ne cessaient de changer d'adresse. A Lasalle, les soldats allemands passaient parfois mais ne se doutaient pas que dans le village, comme dans d'autres des Cévennes, une forme de résistance non violente s'était organisée.
De l'importance de ce geste, Jules Hébrard* n'en a pas pris conscience alors. Mais en avril 1997, après trois ans de travail sur ce dossier, Gilberte a pu organiser, toujours à Lasalle, une cérémonie marquée par l'émotion. Ce jour-là, à presque 91 ans, Jules*, mais aussi Odette* à titre posthume, étaient élevés au rang de Juste parmi les nations par l'institut Yad Vashem de Jérusalem. Dans un écrin en bois d'olivier posé sur le téléviseur, une médaille témoigne : "A Jules* et Odette Hébrard*, le peuple juif reconnaissant".
" Un Juste, c'est quelqu'un qui a essayé de mener une vie normale, de ne nuire à personne", avoue le nouveau centenaire.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem