Pierre de Lattre

	Pierre et Madeleine de Lattre, dans les années 1950 source photo : Yad Vashem crédit photo : D.R.
	Pierre de Lattre, dans les années 1920 source photo : Yad Vashem crédit photo : D.R.
	Pierre de Lattre et Jacques Kogan, 1946 source photo : Yad Vashem crédit photo : D.R.
	Pierre et Madeleine de Lattre, dans les années 1960 source photo : Yad Vashem crédit photo : D.R.

Pierre de Lattre* et Madeleine Livet*, vont sauver Jacques Kogan.

Isaac Kogan, était né à Ekaterinoslaw (Ukraine) en 1898. Après la Révolution Russe, il entra à l'Ecole des Beaux-Arts d'Odessa puis à Moscou en 1919. Fuyant les rigueurs bolcheviques, il gagna Berlin où il suivit les cours d’une académie de peinture.
Isaac Kogan rejoignit ensuite Berlin à la rencontre de l’avant-garde berlinoise puis Paris.
En 1924, il fréquenta "La Ruche" et y rencontra la colonie juive d’artistes russes dont Henri Epstein, Marek Szwarc, Pinchus Kremegne, Joseph Tchaïkof, Mosche Lichtenshtein, mais aussi Marc Chagall, Modigliani, Soutine, Mané-Katz, Kisling, Naïdi...
Dans ce melting-pot culturel, qui brassait les cultures russe, polonaise, roumaine, Isaac Kogan rencontra une jeune révolutionnaires polonaise, Freida Mandelstam, qu'il épousa.
Dans les années 1930, le couple vint se reposer au Vaudoué parce que Isaac était atteint de tuberculose. Isaac s’adonnait à la peinture alors que Freida s’intéressait à la philosophie. Se plaisant au Vaudoué, le couple décida d’y ouvrir une pension de famille rue des Templiers : "Les Bruyères" pour y accueillir quelques couples de la colonie russe parisienne.
En 1934, leur fils Jacques, dit "Jako", naquit dans la pension de famille au Vaudoué. Il y passa une jeunesse heureuse autour de ses parents et de ses grands-parents maternels, David et Elsea Mandelstam qui vinrent souvent au Vaudoué.

David Mandelstam mourut en 1940, il se serait suicidé...
Elsea Mandelstam acheta une concession dans le cimetière pour David.
A la déclaration de guerre, Isaac Kogan s’engagea dans l’armée française, mais il fut refusé au service actif à cause de sa santé.
En 1941, sur ordre du Commissariat Général aux Questions Juive, la pension "Les Bruyères" fut vendue aux enchères et rachetée par Pierre de Lattre*, qui avait été l’amant de Freida, tandis que Madeleine Livet* était la maitresse d’Isaac Kogan.

Isaac Kogan fut arrêté, transféré à Beaune-la-Rolande puis à Pithiviers. Arrivé à Drancy, par chance, il fut relâché.
Hanna, une des sœurs de Freida, essaya de faire partir toute la famille en zone libre, mais malheureusement Isaac Kogan et Freida refusèrent.

Au début février 1943, Isaac et Freida Mandelstam ainsi que Elsea Mandelstam et sa fille Éva furent arrêtés rue Blanche à Paris. Envoyés à Drancy, ils furent déportés sans retour à Auschwitz par le convoi n° 46 du 9 février 1943.
Au moment de la rafle, le petit Jacques Kogan, avait été placé à l’abri en Auvergne par Madeleine Livet* et Pierre de Lattre*.

Après la guerre, Pierre de Lattre* emmènera Jako à l’Hôtel Lutétia ou à la Gare du Nord pour tenter de retrouver ses parents. De guerre lasse, il abandonna l’idée qu’ils puissent rentrer.
Jako en voulait énormément à sa mère, il pensait qu’elle l’avait abandonné.

Sa tante Hanna et son mari, accompagnés par leur fille Esther, lui proposèrent d’immigrer en Israël, il refusa avec force et fit un rejet de tout ce qui était juif. Ce fut Pierre de Lattre* qui remplit pour Jako les demandes d’indemnisations allemandes et autre reconnaissance d’enfant de déportés.

A la fin de la guerre, Madeleine* et Pierre se marièrent et adoptèrent l'adolescent en 1949. A l’ombre de ces héros ordinaires, Jako surmonta sa détresse, il fit de brillantes études et se dirigea vers la médecine.
Il n’a jamais voulu parler de sa jeunesse au Vaudoué, ni de la vie dans la pension des Bruyères. La seule famille qui lui restait vivait en Israël. Esther habitait à Haiffa auprès de ses petits-enfants.
En concerne ce beau passé que fut l’École de Paris, Thomas de Lattre, sa maman Sylvie et sa sœur, Marie, conservent des toiles d'Isaac Kogan et des bustes d'Isaac et de Jako dont ceux du sculpteur Étienne Martin.

La famille de Lattre conserve encore la correspondance entre Isaac Kogan/Madeleine Livet* et Pierre de Lattre*/Freida Kogan échangée entre Drancy et Paris.

M. Pierre Bacqué, Maire du Vaudoué et son conseil municipal ont tenu a commémorer la disparition d’Isaac Kogan et Freida Kogan ainsi que celle d’Elsea Mandelstam et Éva Mandelstam en faisant apposer une plaque à la mémoire de ces personnes qui a été poser le 8 mai 2012 dans le petit cimetière du Vaudoué.

Texte écrit grâce aux renseignements donnés par Frédéric Viey.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem