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Vendée

Région :
Pays de la Loire
Département :
Vendée

Préfets :
Raoul-Stéphane Moreau
(19/05/1934 - 03/01/1940) Préfet de Vendée
Raoul Catusse
(03/01/1940 - 17/09/1940) Préfet de Vendée
Louis Bourgain
(18/07/1940 - 1944) Vice-amiral, Préfet de de la Vienne et préfet régional de la région de Poitiers (Charente-Maritime (Charente-Inférieure jusqu'en 1941), Deux-Sèvres et Vendée et les parties occupées de la Charente, de Dordogne et de la Vienne. Condamné à huit ans de prison à la Libération (1881-1970)
Gaston Jammet
(17/09/1940 - 17/09/1944) Préfet de Vendée
Jean Schuhler
(06/1944 - 1946) Commissaire régional de la République de la région de Poitiers (Charente-Maritime (Charente-Inférieure jusqu'en 1941), Deux-Sèvres et Vendée et les parties occupées de la Charente, de Dordogne et de la Vienne)
Léon Martin
(17/09/1944 - 16/07/1945) Préfet de Vendée

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Juste parmi les Nations

Suzanne Mathieu Guimbretière


Dossier Yad Vashem : 9354
Remise de la médaille de Juste : 04/06/2001
Sauvetage : Chavagnes-en-Paillers 85250 - Vendée
Type d'aide: Convoyage
Profession: Surveillante
Religion : Catholique
Nom de naissance: Mathieu
Nom d'épouse: Guimbretière
Date de naissance: 08/08/1923
Date de décès: 17/04/2016 (Issy-les-Moulineaux (92))
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Suzanne-Mathieu-Guimbretiere
Laure Viardot et sa fille Suzanne à Paris en 1939
source photo : Arch. fam.
crédit photo : D.R.
Suzanne-Mathieu-Guimbretiere
Laure Viardot et sa fille Suzanne à Rocamadour en août 1943
source photo : Arch. fam.
crédit photo : D.R.
Notice

Laure Viardot*, enseignante dans une école commerciale était née en 1890. Veuve depuis 1937, elle vivait avec sa mère et sa fille Suzanne Mathieu* à Paris. Son fils était parti en Afrique.
En 1940, elles entendent l'appel du Général de Gaulle.

Suzanne Mathieu* qui avait passé son bac en 1941, s'inscrit en Lettres à la Sorbonne. Elle est surveillante d'externat au Collège Sévigné dans le 5e arrondissement de Paris et corrige les devoirs de français pour une enseignante.

A la Sorbonne, elle fréquente des étudiants qui l'informent très tôt des actions de la Résistance. C'est là qu'elle voit le premier journal Combat.

Après la rafle du Vol d'hic, lors d'une sortie au Jardin du Luxembourg, Suzanne Mathieu* âgée de 19 ans, est contactée par le service clandestin de la Wizo pour aider au placement d’enfants juifs. Elle se présente rue de la Bienfaisance puis rentre chez elle et demande l'autorisation à sa mère, qui accepte immédiatement.

Elle et sa mère, Laure Viardot* vont se présenter au bureau de l'UGIF. Elles s’engagent dès l'hivers 1942 pour convoyer des enfants cachés en attente de partir à la campagne.

Laure Viardot* et sa fille, Suzanne Mathieu* vont ainsi travailler pour Rachel Lifchitz au service clandestin de placements d’enfants n° 5 de la WIZO jusqu’à fin 1944.

Suzanne Mathieu* raconte : qu'elle partait dans les villages à la recherches de famille. "Le maire, le médecin et le curé étaient nos principaux contacts pour trouver les familles qui acceptaient de recevoir des enfants contre dédommagement. En aucun cas, elles ne savaient qu'elles hébergeaient des enfants juifs".
Elles revenaient alors avec les enfants.

Sous couvert du nom "Vacances de Paris" mis en place par l'organisme officiel de la famille du prisonnier, 450 enfants seront dirigés à partir de septembre 1941, vers Les Essarts, Pouzauges, Les Herbiers et Fontenay-le-Comte ainsi que 130 à Montaigu.
En novembre 1941, 100 enfants arrivent à La Roche-sur-Yon et 200 autres à Montaigu.

Suzanne Mathieu* amenait les enfants qui devaient être recueillis à Chavagnes-en-Paillers à la gare de Montaigu ou de La Roche-sur-Yon.

Tandis qu’elle s’occupe du placement des enfants dans les départements de Vendée, du Loiret et de la Loire, sa mère Laure Viardot* s’occupe de ceux de l’Eure-et-Loir, de l’Eure et de l'Yonne.

Pendant plus de deux ans et malgré les vérifications constantes des gendarmes français et policiers allemands dans les trains, les deux femmes recherchent des familles d’accueil et convoient les enfants depuis la gare d’Austerlitz jusqu’à ces familles d’accueil. Elles s’assurent à chaque voyage du bien-être physique et moral de ces enfants dans leurs nouveaux foyers.
Ce fut le cas pour Jacques et Liliane Adjibel, Suzanne Apterbach, Bernard Birenwaig, Ginette et Estelle Bornstein, Simon Chullz, Albert Darmon , Gaston Ezrati, Bernard, David et Suzanne Fogiel, David et Estera Fuchs, Madeleine et Simon Gernowicz, Maurice Kirchenblatt, Bernard Mora, Berthe Moskowicz, Paulette Szpiro...

Les enfants de Henoch Zwirblanski né en 1907 à Vilnus (Lithuanie), Maurice, né le 01/01/1938, Paul, né le 02/04/1939, et Marcel, né le 12/02/1942 à Paris dits Blanski, sont convoyés par Suzanne Mathieu* à Chavagnes-en-Paillers où ils sont cachés au lieu dit Le Cormier, chez Monsieur et Madame Baize.
Henoch Zwirblanski né en 1907 à Vilnus (Lithuanie), réfugié à l'Hôtel Mignon à Saint-Martin-Vésubie est arrêté parce que Juif, transféré au camp Borgo San Dalmazzo et sera déporté sans retour le 07/12/1943 par le convoi n° 64.

Après la Libération, Laure Viardot* et Suzanne Mathieu* ont donc joué un rôle essentiel dans la survie de nombreux enfants. Elles ont aussi représenté pour ces enfants coupés de leurs familles une présence affectueuse.

Plusieurs enfants sauvés ont pensé qu'il était important de retrouver la jeune fille blonde qui leur avait sauvé la vie. C'est ainsi qu'une vingtaine d'enfant ont retrouvé Suzy* devenue Madame Guimbretière pour l'honorer.

Le 4 juin 2001, Yad Vashem a décerné à Suzanne Mathieu* et sa mère, Laure Viardot* le titre de Justes parmi les Nations.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem


Histoire

Témoignage de Suzanne Mathieu Guimbretière

En 1936 j'ai 16 ans. Mon père est mort en 1937, ma mère enseigne. Mon frère est parti en Afrique. Nous vivons à Paris avec ma grand-mère. Difficultés de la vie quotidienne, rationnement, tickets... Je passe mon bac en 1941. Je m'inscris à la Sorbonne.
Le 11 novembre 1940, ma mère m'a empêchée de rejoindre les étudiants à l'Arc de Triomphe mais j'ai déposé avec elle une gerbe de fleurs tricolores à la station Clémenceau.
J'entends par chance l'appel du général de Gaulle le 18 juin à la radio.
Après mon bac, on me demande si je peux être surveillante au lycée collège Sévigné qui n'est pas très loin du Luxembourg. Je vais devoir en outre corriger des copies pour un professeur de français. On donne 50 centimes par copie corrigée... Dans le jardin du Luxembourg, une camarade me propose de convoyer des Juifs. Il faut être aryenne, libre, pouvoir voyager... J'accepte.
C'est après la rafle du Vel d'Hiv. Je suis furieuse de voir que ma meilleure amie est obligée de porter une étoile jaune.
br>Ma Maman et moi, nous allons nous présenter au bureau de la rue de la Bienfaisance. Il appartient à l'UGIF.
A l'époque on arrête des Juifs dans tous les quartiers de Paris, et il faut placer d'urgence à la campagne les enfants qui en réchappent pour essayer de les sauver. Nous sommes 5 ou 6 "assistantes sociales". Je m'occupe de la Vendée, de la Loire-Inférieure et du Loiret et ma mère s'occupe de l'Eure-et-Loire, de l'Eure et de l'Yonne.
Pendant le week-end, nous prenons en charge des enfants à la gare pour les convoyer à la campagne et les loger dans des familles contre rémunération. Il nous faut aller voir les familles d'accueil, et surtout nous renseigner sur les notables, c'est-à-dire le maire, le docteur, le curé... Leur rôle est capital. Il faut qu'ils soient consentants.
Entre 1942 et 1944 je "place" une trentaine d'enfants. Suzanne a 2 ans et demi : c'est la plus petite que je n'ai jamais convoyée. Elle est adorable. Elle a trois frères. J'attends les enfants à la gare d'Austerlitz. Ils arrivent avec de petits baluchons : leurs parents ont disparu ou ils ont intérêt à ne pas se montrer. Suzanne est avec son frère Bernard qui a 4 ans de plus qu'elle : la première fois qu'elle me voit elle jette un regard effrayé. Elle n'a plus de cheveux, parce qu'elle a plein de poux ; elle sort d'un pensionnat où elle a été mise parce que ses parents ont été raflés assez tôt. Dans son groupe d'enfants, il y a son frère, et 4 ou 5 autres enfants.

Je décide toute seule comme une sotte, mais je crois que c'est une très bonne idée, d'aller voir le Chef du Cabinet du Préfet de Vendée : je lui dis "vous savez qu'il y a des enfants qui sont malheureux en ce moment et qu'il faut absolument cacher...". Il me regarde et me dit "oui Mademoiselle, vous voulez dire des enfants dont les parents ont été arrêtés ?". Je dis "oui, c'est ça : Est-ce que vous pouvez m'assurer qu'en Vendée, puisque la Vendée dépend de vous - il ne se passera rien, ni en Loire-Inférieure...".
Il ne s'est rien passé de grave : j'ai eu cette chance inouïe, je n'ai eu aucun enfant arrêté ; c'est vraiment une chance merveilleuse.

A Chavagne-en-Paillers je sais à l'avance que telle ou telle famille prend tel enfant : je me suis d'abord entendue avec le docteur Foucault, qui est le docteur de Chavagnes et qui s'occupe très bien des enfants. Un jour je place dans une ferme deux jeunes garçons qui ont une quinzaine d'année : Je reçois un télégramme disant : "Vous pouvez envoyer les deux bœufs !". Les "deux bœufs" sont amenés la semaine suivante et tout se passe bien pour eux.

Un jour on vient nous arrêter, maman et moi, pour nous conduire au commissariat du 5e arrondissement. On nous fait monter dans le bureau du commissaire qui nous interroge : il nous dit que nous pouvons très bien nous retrouver le soir même à Drancy.
Ma mère lui indique qu'elle connaît M. Prouton qui est le chef de la brigade anti-terroriste, dont j'ai la fille comme élève ! Le commissaire va dans la pièce à côté, il revient et nous dit que M. Prouton nous attend pour déjeuner dans un café... Je crois que c'est peut-être là qu'on a eu le plus peur.

Le jour du débarquement je suis dans une chambre d'hôtel à Montargis pour m'occuper des enfants : toutes les cloches sonnent à 6 heures du matin... Nous sommes très joyeux de penser que c'est fini, que ça va finir. Je regrette de ne pas avoir sauvé plus d'enfants juifs.
J'ai retrouvé les enfants de Chavagnes le 25 juin 2000.

18/02/2010
Auteur : Suzanne Guimbretière

[Compléter l'article]
Réseau de sauvetage
Laure Viardot

 

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Liens externes [Ajouter un lien vers un article d'intérêt ou un site internet]
1 Site internet sur le Camp de la Forge de Moisdon-la-Rivière (Histoire du Camp de la Forge de Moisdon-la-Rivière. )
2 Le camp de Beauregard à Clefs (Site personnel en cours de réalisation )
3 Site Communal (Site officiel de la Mairie de Draché )
4 A Bléré, la ligne de démarcation est toujours dans les mémoires (Cet article résume bien la position de Bléré et le role heroique de ses habitants Journal La Nouvelle République. 25 Aout 2007 )
5 la Famille Angel (Destin croisés des familles Angel et Delépine, originaires du nord et toutes deux réfugiées à Tharon plage )
6 ( )
7 "Lettre à Esther" (La vidéo retrace l'histoire de la famille Angel depuis son arrivée en France début XX°, son intégration en France, l'arrestation et la déportation à Auschwitz (convois 8 et 34) de cette famille réfugiée à Pornic et Tharon. "Enfances volées": vidéo retraçant la déportation de Rachel Angel et de Victor Pérahia, avec le témoignage de celui-ci )
8 juifs sarthois arrêtés déportés

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