Thérèse Pegaz

Thérèse Pegaz*, sa fille Renée*, dite Nénette, son fils Raymond* et Amélie*, dite Lily, l'épouse de Raymond vivent à Montcel.

Maurice Winnykamen est né en 1933 dans une famille juive polonaise, dont le grand-père, révolutionnaire, a fui les tribunaux du tsar. Sa mère, arrivée en France à l'âge de 13 ans, sans connaître le moindre mot de français deviendra clerc d'avoué.

En 1936, Maurice est placé en nourrice à Choisel, dans la vallée de Chevreuse, et c'est elle qui en 1939 le traine sur les routes jusqu'à Limoges lors de l'exode avant de le ramener à Choisel.
Son père est mobilisé.

En 1940, Mme Winnykamen emmène Maurice à Lyon où se cache mon père, blessé et évadé d’un train en partance pour l’Allemagne. Ses parents se cacheront ensuite parce que Juifs et Résistants.
M. Winnykamen dans la MOI (main d’œuvre immigrée) et Mme Winnykamen au MNCR (mouvement contre le racisme créé en 1941 en réaction au statut des Juifs par des résistants pour la plupart communistes et juifs).
En 1941, paraît le statut des Juifs de la zone sud, qui sera renforcé en 1942.

Mme Winnykamen s'occupe de placer les enfants au sein du Mouvement contre le racisme et l'emmène avec d'autres enfants chez des nourrices.
C'est ainsi que Maurice arrive chez les Pegaz*, à Montcel, entre Aix-les-Bains et le Revard, sous le nom de "Marcel Bronzin". Il va vivre la vie d'un petit savoyard en allant à l'école, gardant les bêtes au champ, cueillant les pommes de terre, faisant la moisson, aidant à tuer le cochon... Il est présenté comme le neveu ayant des problèmes de santé.
Maurice restera chez les Pegaz* jusqu'en 1945 sauf un court laps de temps : le curé veut faire de lui un prêtre. Il veut le présenter à l'évêque et lui demande son certificat de baptême. Pour échapper au danger de la conversion il est ramené à Lyon. Après quelques temps, il sera ramené à Montcel, l'insistance du curé étant jugée moins inquiétante que la Gestapo et la milice qui recherchaient ses parents.

Maurice témoigne : "J’y vécu l’enfance heureuse d’un petit Savoyard."

D'autres enfants juifs vivaient cachés à Montcel : Albert, l'ami de Maurice avec qui ils se disputent la place de premier à l'école et la petite Berthe.
Un petit matin, des hommes vêtus de noir et la tête couverte d'un chapeau à large bord, entraînèrent Albert et sa famille d'accueil dans leurs autos, portant sur l'aile, un fanion marqué de la croix gammée. Albert n'est pas revenu.

Et puis, un jour "une traction avant noire, avec l'inscription "F.T.P." peinte en blanc sur les portes et un drapeau tricolore fiché en haut du gazogène, quitte la route et s'arrête devant la porte de la ferme. Marcel et Nénette l'avaient vue arriver de loin par la fenêtre de la cuisine. Tous, Raymond, Lili, Mémé et eux, attendaient, étonnés, sur le seuil. Plusieurs hommes, jeunes, mal rasés, assez joyeux mais attentifs au moindre bruit, l'œil aux aguets, l'arme à la bretelle, mettent pied à terre. L'un d'eux appuie sa mitraillette contre l'aile du véhicule et prend Marcel dans ses bras. Il le lève au ciel et le fixe un bon moment. Puis il lui dit : "Boris, je suis ton père, tu te souviens ? Embrasse papa."
Lui, il couvre son fils de baisers. Gauchement, Marcel se débat. [...]
Les autres pressent leur chef :
"Laisse, Jilien ! Il est encore qué ounè kind. Il faut lé comprondre. Plis tard, til' verras ça s'arrongera sirement." [...]
Ces métèques, qui composent l'un des groupes lyonnais de la M.O.I., ont poursuivi le combat, avec, au cœur, encore plus de rage, encore un peu plus de certitude. Parce que, eux, contrairement à leurs frères qui tiennent les barricades, en ville, ils ont vu un gamin juif survivant."
(Maurice Winnykalen, Hommage. Récit d'un enfant caché, Éditions des Ecrivains, 2001, pp. 125-127).

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem