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39/45 en France (WWII)
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Esther née Auerbach en 1900 et son mari Oskar Backer étaient arrivé de Vienne (Autriche) pour se réfugier en France avec leurs deux enfants.
Mêla Bäcker et sa famille habitaient au Clos Mouchot à Saint-Vallier-sur-Rhône dans la Drôme.
C'est là que Mêla Bäcker et sa mère Esther sont arrêtées le 26 août 1942.
A 7h les gendarmes viennent nous chercher, disant que l'on serait déporté en Pologne : Ils sont venus nous arracher à notre domicile au petit matin. Ma mère les a suppliés à genoux : Sauvez mon enfant !
Mais toutes ces familles juives, arrivées quelques années plus tôt d'Autriche, de Pologne et de tous les territoires annexés par le Reich sont conduites dans un camp militaire désaffecté à Vénissieux, près de Lyon.
Le camp de Vénissieux est ouvert dans la banlieue de Lyon.
En 1942, les départements du Rhône, de la Loire, de l'Ardèche, de la Drôme, de l'Isère, de la Savoie, de la Haute-Savoie, de l'Ain, du Jura et de la Saône-et-Loire, sont rattachés administrativement à Lyon, sous la responsabilité du gouvernement de Vichy.
La Savoie, la Haute-Savoie, l'Ain et le Jura étaient traversés par la ligne de démarcation. Seule la zone sud de ces départements dépendait donc de la préfecture de Lyon.
En juillet 1942, le gouvernement de Vichy s'engage à livrer aux SS les juifs "apatrides", originaires d'Allemagne, d'Autriche, de Pologne, de Tchécoslovaquie, d'URSS et de Dantzig de la zone sud (non occupée).
Le 18 août 1942, une rafle est prévue pour le 26. Elle prévoit d'arrêter tous les Juifs hors des camps d'internement, y compris les enfants de plus de 2 ans, selon les instructions données par René Bousquet, secrétaire général de la police au ministère de l'Intérieur, aux préfets régionaux en Zone libre (18 août 1942). Le général de Saint-Vincent, gouverneur militaire de Lyon, refuse à l'intendant de police le concours de la Garde mobile. Le général est immédiatement relevé de ses fonctions.
Le 23 août 1942, les hommes des groupes de travailleurs étrangers sont déportés.
Le 26 août 1942, 1 016 Juifs de la région (dont 137 en Ardèche, 69 en Savoie et 43 en Haute-Savoie) sont arrêtés et internés au camp de Vénissieux, camp régional de la préfecture. D'autres seront arrêtés les 27 et 28 août.
Gilbert Lesage*, chef du SEE (Service social des étrangers) à Vichy, arrive pour "aider" l'intendant de police à éxaminer les cas d'exemption. Grâce à lui, l'Amitié chrétienne du R.P. Pierre Chaillet* et de l'abbé Alexandre Glasberg*, Claude Gutmann des Éclaireurs israélites de France (EIF), et une équipe de l'Oeuvre de secours aux enfants (OSE), dont Joseph Weill, Charles Lederman et Lili, âgée de 21 ans, et Georges Garelsont admis au camp et vont "aider" la commission de criblage.
Ils parviendont à faire libérer du camp 108 enfants de moins de 15 ans et quelques adutes. Ils quitteront le camp le samedi 29 août après la déportation des 545 Juifs emmenés à la gare de Saint-Priest au petit matin et envoyés à Drancy.
L'intendant de police s'est alors rendu compte que Vichy avait donné de nouvelles instructions concernant les enfants.
Il est d'abord prévu de les envoyer au camp de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales) pour les envoyer à Drancy, puis de les embarquer dans un convoi de déportés en provenance de Nice attendu le 31 août à la gare de Perrache à Lyon.
Le R.P. Pierre Chaillet* et l'abbé Alexandre Glasberg* informent alors le cardinal Gerlier*, archevêque de Lyon, du danger auquel les enfants étaient exposés. Les enfants sont alors dispersés et placés dans des institutions ecclésiastiques.
Le 1er août 1942, le père Pierre Chaillet* est assigné à résidence dans l'Ardèche par le préfet régional.
10 000 juifs, hommes, femmes et enfants, seront envoyés de zone sud au camp de Drancy, près de Paris, et déportés aussitôt vers Auschwitz.
Une stèle commémorative a été posée à Vénissieux portant l'inscription suivante : "Le 29 août 1942, 545 juifs habitant les départements de la région de Lyon, arrêtés à leurs domiciles et rassemblés à Vénissieux, furent livrés aux hitlériens par le gouvernement de Vichy et déportés vers Auschwitz. Que ceux qui ont tenté de leur venir en aide et qui ont sauvé leurs enfants soient remerciés."
Une plaque inaugurée le 26 août 2012 à quelques mètres du terrain de l'ancien camp de transit de Vénissieux, rend hommage : "à toutes celles et ceux qui, à titre individuel, et au nom d'associations caritatives ont participé du 26 au 29 août 1942 au sauvetage des juifs étrangers arrêtés en Rhône-Alpes et regroupés au camp de Vénissieux".
Mêla Bäcker fera partie des 108 enfants juifs sauvés. Sa mère, Esther Backer sera déportée sans retour de Drancy à Auschwitz par le convoi n° 31 du 11/09/1942.
Très vite dispersés. Certains repartent à pied. Jean Stern, comme le souhaitait sa mère, est raccompagné près de Grenoble, au collège où il était inscrit pour la rentrée. Mêla Bäcker se retrouve d'abord chez une famille alsacienne à Lyon, puis en colonie à Chazay-d'Azergues, dans une villa à Caluire et pour finir un foyer pour jeunes filles à Saint-Genis-Laval. Hélène et Paul Spielmann se retrouvent chez Marie-Louise et Léon Klein qui habitent 72 rue Tratieux à Lyon, avant d'aller au château de Peyrins, chez Germaine Chesneau*. Elle avait installé une maison d'enfants à caractère sanitaire dans une partie du château loué au Comte de Sallmard à Peyrins et l'ouvrit à plus d'une centaine d'enfants juifs qui venaient de partout, dont certains du Camp de Vénissieux et d'autres du Camp Joffre à Rivesaltes.
Une vingtaine d'adolescents partent camper en Haute-Loire, déguisés en scouts.
Des institutions religieuses, des orphelinats accueillent les rescapés. Le petit village de Saint-Sauveur-de-Montagut en prend cinq.
Les sauveteurs ont raison d'agir vite. Vichy veut immédiatement récupérer les fugitifs.
Dès le lundi, la police perquisitionne montée des Carmélites, puis débarque dans les bureaux de l'OSE et au siège de l'Amitié chrétienne, en vain.
Le préfet régional Angeli, responsable de la rafle, téléphone au cardinal Pierre-Marie Gerlier* qui préside cette association, pour réclamer les adresses des petits. Le primat des Gaules refuse.
Sur les 89 enfants sauvés identifiés par Valérie Perthuis-Portheret, 86 ont ainsi échappé aux chambres à gaz (trois ont été repris). Certains sont restés en France, d'autres vivent aujourd'hui en Suisse, en Belgique, en Afrique du Sud, aux États-Unis ou en Israël. Au fil du temps, leur nombre diminue. Mais la nuit du 29 août et le souvenir de leurs parents les ont marqués à jamais. "J'en parle très peu, mais j'y pense toujours", glisse Jean Stern. "Ce sauvetage est une leçon pour l'humanité", conclut l'historienne.1
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