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Bas-Rhin

Région :
Grand-Est
Département :
Bas-Rhin

Préfets :
Émile Bollaert
(11/1945 - 1947) Commissaire régional de la République pour la région de Strasbourg (Bas-Rhin et Haut-Rhin). Arrêté et déporté en Allemagne en 1944, il est désigné commissaire de la République à Strasbourg après son rapatriement (1890-1978)

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Raymond Winter

dit Raymond Verdier
Texte pour ecartement lateral

Strasbourg 67000 Bas-Rhin
Date de naissance: 19/02/1923 (Strasbourg (67))
Date de décès: 14/06/1944 (Saint-Flour (15))
Arrestations: 09/06/1944
Motif de la non déportation : Fusillé par la Milice au lieu-dit de Soubizergues
Age de l'arrestation : 21
Réseau de sauvetage : Ferrières Alice
Qualité: Résistant EIF
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Raymond-Winter
Raymond Winter
source photo : Arch. fam.
crédit photo : D.R.
Histoire

Raymond Winter, scout et résistant

Raymond Winter, scout et résistant
(Strasbourg, 19 février 1923 – Saint-Flour, 14 juin 1944)

Raymond Winter appartient à une famille de la petite bourgeoisie juive, alsacienne depuis plusieurs générations et très attachée à la France émancipatrice. Soucieux d’intégration, voire d’assimilation, ses parents ont passé leur jeunesse à Paris parmi la population non juive, et y ont perdu une partie de leur religiosité, tout en restant assez traditionalistes.

Parallèlement à sa scolarité dans une école primaire laïque, Raymond suit les cours d’un Talmud Torah de Strasbourg. Par la suite, il bénéficie des cours d’instruction religieuse dispensés dans le cadre du lycée d’État. Mais bientôt, peu désireux de faire de longues études, il aide son père, fatigué par son travail harassant de grossiste en textile.

Faute de place dans la troupe de Strasbourg, Raymond n’entre aux Éclaireurs israélites de France (EIF) qu’en 1936, alors qu’il a déjà 13 ans. Mais il a déjà découvert le scoutisme plusieurs années auparavant, au sein des Éclaireurs de France. Il est rapidement nommé à des postes à responsabilités locales, fait exceptionnel compte tenu de son jeune âge.

En 1939, à la déclaration de guerre, la famille Winter quitte Strasbourg et, après avoir cherché refuge dans différentes villes, s’installe à Montpellier en juillet 1940, attirée par la présence de lycées et d’une université mais surtout par celle de nombreux Juifs, réfugiés comme eux. À peine réinstallé en zone dite « libre », Raymond reprend ses activités au sein du mouvement éclaireur et crée une troupe EI dans sa nouvelle ville de résidence. De plus, voyant le rabbin Schilli débordé – il est arrivé d’Alsace après la débâcle –, il propose spontanément de se charger des jeunes, appliquant les méthodes d’éducation découvertes et apprises aux EI. Il devient très vite à la fois chef de troupe, commissaire de groupe local et secrétaire de district. Sous son autorité, les activités communautaires (cours du rabbin Schilli, jeux de société) et EI (veillées, chants, discussions) se multiplient. Elles participent à l’éducation juive des enfants, comme le préconise "l’éducation EI", et soulagent les parents, souvent déboussolés.

Mais, avec les mesures anti-juives de Vichy, Raymond se rend compte que le travail éducatif ne suffit plus, qu’il s’agit dorénavant de sauver les enfants et leurs parents, traqués par la police française. Il repère une filière de faux papiers et se met en contact permanent avec l’Organisation de secours à l’enfance (OSE) pour laquelle il organise deux colonies de vacances avec l’aide d’un de ses cousins Marcel Gradwohl.

Outre ces activités, Raymond visite les camps d’internement avec le rabbin Schilli, leur aumônier. Ils parviennent à y faire entrer des vivres et des lettres des proches des internés. Raymond, troublé par les scènes terribles auxquelles il assiste, décide d’en faire encore davantage. Ainsi, lorsque quelques jeunes parviennent à s’évader, leur fournit-il des faux papiers et les cache-t-il dans une colonie de vacances au Grau-du-Roi (Hérault).

Dès lors, Raymond Winter (connu dorénavant sous le totem de "Girafe énergique", en raison de sa grande taille et de son infatigable activité) bascule très vite, comme le mouvement EI, dans la clandestinité au sein de la "Sixième" (l’organisation clandestine EI). Il adopte désormais le nom de "Raymond Vallin". Responsable régional de la "Sixième", il installe son siège à partir de novembre 1942 à Millau (Aveyron) : il doit trouver des "planques" à tous les jeunes en danger, les visiter et trouver de quoi payer les personnes qui acceptent de les cacher, leur fournir enfin des faux papiers. Il est aidé par Roger Gradwohl, un autre cousin, frère du précédent, passé maître dans la confection de faux papiers, qui a abandonné ses études en 1943 pour le rejoindre. La recherche de "planques" pour les jeunes s’oriente le plus souvent vers des écoles et des couvents, mais aussi vers des particuliers, qui lui sont par exemple indiqués en janvier 1943 par la protestante Alice Ferrières*, professeur au collège de filles de Murat (Cantal). Il organise aussi conjointement avec l’OSE des passages clandestins en Espagne ou en Suisse.

Les risques pris sont évidemment très grands. En avril 1943, un jeune qui travaille depuis peu sous les ordres de Raymond est pris dans une rafle. Interrogé durement, il donne le nom de son chef et la police française fait irruption chez les parents de Raymond à Millau. Mais ce dernier, prévenu à temps, ne rentre pas chez lui, et la police ne découvre aucun papier compromettant. Les responsables nationaux de la "Sixième" conseillent alors à Raymond de se faire un peu oublier.

Passé l’été 1943 cependant, Raymond reprend ses activités dans une autre région. Il s’installe à Clermont-Ferrand. Arrêté lors d’un passage à Lyon par la Gestapo au cours d’un contrôle inopiné, il est relâché faute de preuves. Les vacances de Noël 1943 marquent un intermède heureux : alors que les pensionnats sont fermés, Raymond organise, grâce à la couverture des Éclaireurs unionistes et à la bienveillance du Préfet, un camp scout de deux semaines à Florac (Lozère), en présence de l’aumônier des EI, le rabbin Samy Klein.

Le soir du 6 juin 1944, Raymond reçoit l’ordre de rejoindre le maquis. Il doit se rendre le 9 à Saint-Flour (Cantal) et y rencontrer le "Chef Thomas" qui le conduira au maquis. À son arrivée, les combats font rage entre les maquis d’Auvergne, rassemblés à une vingtaine de kilomètres de la ville, et les troupes allemandes, renforcées par deux bataillons de la 2e division blindée SS Das Reich et par la "Brigade Française" de Jany Batissier (un Français), alias le capitaine Schmidt, composée de trente miliciens. Si bien que Raymond ne trouve pas son "contact" au lieu et à l’heure convenus. Sans que l’on s’explique les raisons de leur comportement, lui et ses camarades enfreignent la consigne donnée en pareil cas : revenir le lendemain au même endroit et à la même heure et surtout ne pas passer la nuit à l’hôtel. Cette nuit-là Raymond, Marcel et Roger Gradwohl ainsi qu’Edgar Lévy, un responsable adulte de la "Sixième", sont arrêtés à l’hôtel Terminus au cours d’une vaste rafle menée par Batissier, la Gestapo et la Milice. Enfermés et entassés pendant quatre jours avec une cinquantaine d’autres prisonniers à l’hôtel Terminus transformé en prison, ils sont interrogés et sauvagement torturés avant de passer une soi-disant "visite médicale". Les Juifs se savent condamnés.

Dans la nuit du 13 au 14 juin, alors que les combats font encore rage à Saint-Flour, un conseil de guerre se réunit à l’hôtel pour décider du sort des otages. Le lendemain au petit matin, la Milice embarque 25 des prisonniers, dont tous les Juifs, dans deux camionnettes. Le convoi s’arrête deux kilomètres plus loin au lieu-dit de Soubizergues, où, à 6h 10, tous les prisonniers sont fusillés. Les corps sont retrouvés, sans pièces d’identité, le lendemain, notamment par le sous-préfet et l’adjoint au maire qui relèvent avant de les enterrer des indices physiques et vestimentaires. Celui de Raymond Winter pourra ainsi être identifié par son amie Franceline Bloch (Moulin).

Le 25 octobre 1944, le rabbin Schilli célèbre la cérémonie d’enterrement, qui réunit la famille, les amis, ainsi que les EI de Clermont-Ferrand. Le cercueil a été transféré après la guerre dans le caveau familial du cimetière israélite de Strasbourg. Les EIF ont perdu en lui un ami cher et un futur cadre de valeur auquel son ami Théo Klein rend cet hommage : "Raymond n’aura pu réaliser pleinement la tâche à laquelle tout le destinait à la direction du mouvement. Mais il nous aura laissé l’enseignement le plus précieux qu’un chef puisse léguer à ceux qui doivent assurer sa relève : son exemple, sa vie et ce qui aurait pu être sa devise : simplicité, loyauté et service".

Bibliographie
Archives privées de Mme et M. Francis Gradwohl (Rixheim), de Mme et M. Jean-Claude Gradwohl (Strasbourg), de Mme Colette Meyer-Moog (Strasbourg). CDJC : fonds EEIF, fonds Anny Latour.
Robert Gamzon, Les Eaux claires : journal 1940-1944, Paris, Éditions des EIF, 1982.
Frédéric Hammel, "Chameau", Souviens-toi d’Amalek : témoignage sur la lutte des Juifs en France (1938-1944), Paris, CLKH, 1982.
Mathias Orjekh, Du scoutisme juif à la Résistance : un même engagement. Quelques figures d’un même itinéraire, mémoire de maîtrise, Université de Lille III, 2001.
Témoignages de Jean-Claude Gradwohl, cousin de R. Winter, 8 avril 2000 (Strasbourg), et de Colette Meyer-Moog, sœur de R. Winter, 9 avril 2000 (Strasbourg).

Source : Orjekh Mathias, « Raymond Winter, scout et résistant », Archives juives / N˚ 36, p. 144-147.

31/03/2010
Auteur : Orjekh Mathias Lien : Archives juives

[Compléter l'article]

Résistant juif

Période de Résistance
De début 1942 au 10 juin 1944 (Rivesaltes, Gurs, Montpellier, Millau, Clermont-Ferrand)

Réseau
Sixième-EIF

Responsables
Rabbin Schilli, Henri Wahl, Ninon Haït

Dès le début de 1942, Raymond Winter travaille dans les camps de Rivesaltes et de Gurs avec le rabbin Schilli. Ils essaient d'apporter aide et réconfort aux internés et en font évader un certain nombre. Ils ravitaillent les trains de déportés qui partent de ces camps totalement démunis. Raymond Winter passe à la fabrication et à la distribution de faux papiers, et intègre la Sixième-EIF en devenant responsable régional à Montpellier.

Après le débarquement en Afrique du Nord, il s’installe à Millau d’où il parcourt l’Aveyron, le Lot, le Tarn et la Lozère pour trouver des planques pour mettre à l'abri les jeunes Juifs recherchés.

C’est ainsi que Raymond Winter organise un camp à Florac, avec la complicité du préfet et sous couvert des Éclaireurs unionistes, en décembre 1943, avec la présence du rabbin Samy Klein.

Un autre camp est organisé à Vabre pour Pessah.

Il convoie par ailleurs des groupes d'enfants du Chambon-sur-Lignon à la frontière suisse. Il fait partie du réseau Coty et assure entre autres le repérage des mouvements de troupes, notamment par les lignes ferroviaires.

En mai 1943, il est repéré et arrêté à Lyon mais parvient à se libérer. Il poursuit ses activités dans la région de Clermont-Ferrand. Il reçoit l'ordre de rejoindre le maquis avec ses cousins Marcel et Roger Gradwohl, ainsi que Edgard Lévy.

Ils sont arrêtés à Saint-Flour le 10 juin 1944 et fusillés le 14 juin 1944 avec 22 résistants non-juifs à Soubizergues (Cantal).

Numéro de son dossier déposé au Mémorial de la Résistance juive en France à Yad Vashem Jérusalem : 14. 

06/09/2017
Auteur : Frida Wattenberg Lien : Organisation juive de combat : Résistance-sauvetage. France 1940-1945

[Compléter l'article]

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Cet article n'est pas encore renseigné par l'AJPN, mais n'hésitez pas à le faire afin de restituer à cette commune sa mémoire de la Seconde Guerre mondiale.


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Paul Joseph dit Joseph Bourson Arrêté comme otage et fusillé le 11 juin 1944 à Mussidan (Dordogne), Blog 2 pages, réalisation 2011
Auteur : Alain LAPLACE
Article rédigé à l'occasion de mes recherches généalogiques, puis la mise en ligne d'un blog (http://majoresorum.eklablog.com)dédié à la famille BOURSON qui a été expulsée en 1940 du village de Vigy (Moselle) et réfugiée à Mussidan (Dordogne) et les villages alentours où elle a vécu toute la durée de la guerre. Plusieurs personnes natives de Vigy faisaient partie des 52 otages fusillés le 11 juin 1944.
Paul Ernest dit Paul Bourson Farouche opposant au régime nazi, Exposé 2 pages, réalisation 2011
Auteur : Alain LAPLACE - terminal
Article extrait d'une étude généalogique sur la famille BOURSON de Vigy (Moselle) et alliés (http://majoresorum.eklablog.com)


Liens externes [Ajouter un lien vers un article d'intérêt ou un site internet]
1 Memorbuch (Mémorial des Juifs du Bas-Rhin )
2 Journal de guerre de Charles Altorffer
3 Archives juives (Raymond Winter, scout et résistant (Strasbourg, 19 février 1923 – Saint-Flour, 14 juin 1944) par Mathias ORJEKH, auteur d’un mémoire de maîtrise intitulé Du scoutisme juif à la Résistance : un même engagement. Quelques figures d’un même itinéraire, Université de Lille III, 2001. )
4 Site officiel de la Commune de Montigny-les-Monts
5 Site non officiel de la commune d' Auxon (Démarches administratives, histoire du village, cartes postales et photos anciennes. )
6 Saint-Dizier la période 1939-1945 en photos (La ville de Haute-Marne la période 1939-1945 en photos )
7 Histoire de Lièpvre de 1870 à 1945.
8 Le grands entretiens : André Kahn (Né en 1929 dans la bourgade alsacienne de Schirrhoffen, André Kahn est un rescapé de la Shoah. Evacué en train en janvier 1945 en direction de Gusen II, camp annexe de Mauthausen, puis à pied en avril vers Bergen-Belsen, André Kahn y est libéré par l'armée britannique et rapatrié le 5 juin à l'hôtel parisien Lutetia. )
9 Les grands entretiens : Denise Swaab-Kahn (Née en 1927 dans la bourgade alsacienne de Schirrhoffen, Denise Kahn est une rescapée de la Shoah. Rapatriée en juin 1945 à l'hôtel Lutetia à Paris. )

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