Richard Geller

Denise* et Hubert Ladevèze*, agriculteurs, residaient à la ferme Mangoué à Bardigues (Tarn-et-Garonne) avec leurs trois enfants, de 13, 6 et 1 ans. 
Mangoué était une ferme isolée au milieu des champs et des vignes du Brulhois. 

En décembre 1942, le couple accueillit sous son toit un jeune juif âgé de 15 ans 1/2, Richard Geller est né le 25 avril 1927 à Vienne (Autriche). Il l’hébergea à titre gracieux pendant huit mois, jusqu’en juillet 1943. 
Richard Geller et sa famille, Juifs étrangers, avaient fui Vienne et étaient réfugiés à Paris. En juillet 1942, toute la famille avait été arrêtée au cours de la rafle du Vel’d’Hiv’. Mais Richard Geller et son ami Maurice Kotliar avaient réussi à s’enfuir alors que leurs proches seront déportés sans retour de Drancy à Auschwitz. 
Avec l’aide des Eclaireurs Israélites de France, Richard Gellerput franchir la ligne de démarcation et rejoindre la Maison de Moissac et ensuite Auvillar et Villefranche-de-Rouergueoù sa famille est réfugiée.

Avec l’occupation allemande de la zone sud, les EIF durent disperser leurs protégés. Le Dr. Sigismond Hirsch, responsable du réseau de sauvetage des EIF à Auvillar, prit contact avec Denise* et Hubert Ladevèze* qui voulaient contribuer à la survie de jeunes juifs en danger. Quand Richard Geller arriva chez eux, il n’avait ni famille, ni patrie, ni papiers. Il était recherché par les autorités de Vichy car évadé d’une rafle et en plus, il souffrait d’une jaunisse. 
Denise* et Hubert Ladevèze* le considéraient comme un enfant de la famille et il fut logé dans une chambre de la ferme. Il put se refaire une santé. Il participa aux travaux de la ferme et reçut même un peu d’argent de poche. 
« J’étais logé dans une chambre de la ferme, se souvient Richard, je mangeais à la même table que la famille, et ils me donnaient même un peu d’argent de poche. Je m’occupais simplement d’une douzaine de vaches. J’ai véritablement été traité en enfant de la maison. Personne ne m’a jamais posé de question sur mon passé ».

En juillet 1943, il décida de quitter Denise* et Hubert Ladevèze* car sa présence avait éveillé des soupçons et il craignit une dénonciation. Il rejoignit la Ferme école des Ormes, le groupe rural des EIF à Lautrec et ensuite s’engagea dans l’armée française. 

Après le départ de Richard, Denise* et Hubert Ladevèze* accueillirent une autre jeune juive, Laure Meyer, que le Dr. Sigismond Hirsch leur demanda de cacher. Ce qu’ils firent jusqu’à la Libération.

Le 18 juillet 2004, l'institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Denise* et Hubert Ladevèze* le titre de Juste parmi les Nations.