Préfets :
Émile Bollaert
(11/1945 - 1947) Commissaire régional de la République pour la région de Strasbourg (Bas-Rhin et Haut-Rhin). Arrêté et déporté en Allemagne en 1944, il est désigné commissaire de la République à Strasbourg après son rapatriement (1890-1978)
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Serge Smulevic
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Texte pour ecartement lateral
Strasbourg 67000 - Bas-Rhin
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Nom de naissance: Serge Szmulewicz
Date de naissance: 06/04/1921 (Varsovie (Pologne))
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Arrestations: 24/08/1943
Age de l'arrestation : 22
Date et lieu de la déportation : 1943
Nom du camp : Auschwitz (Pologne)
Date du retour de camp : 1945
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Profession: Dessinateur
Qualité: Résistant
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Serge Smulevic, le 31 mai 1945
source photo : Arch. fam.
crédit photo : D.R. |
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Portrait de Serge Smulevic par Francine Mayran
source photo : © Col. Francine Mayran
crédit photo : D.R. |
Histoire
La débâcle
Né le 6 avril 1921 à Varsovie, Serge Smulevic arrive en France en 1923 avec sa famille.
Il fait ses études secondaires au Lycée de Thionville de 1926 à 1935.
Il est ami avec Louis Veltz, qui est en classe avec lui au Lycée en 1935
Il entre ensuite à l’École des Beaux-Arts à Strasbourg où il obtient son diplôme fin juillet 1939.
Vers le 15 août 1939, la famille s'éloigne de la zone frontière avec l'Allemagne et part pour Vichy, où M. Smulevic doit faire une cure thermale. C'est là qu'ils apprennent la mobilisation générale.
Serge, qui a 18 ans, se rends à Moulins pour s'engager comme volontaire dans l'armée française, mais on lui répond qu'il doit attendre d'être convoqué. Il ne le sera jamais.
A Vichy en 1940, Serge trouve un emploi comme vendeur dans un magasin de disques et radios "La Boîte à Musique". Le propriétaire, M. Brétinier, à qui il dit qu'il est juif, lui répond qu'il le gardera tant qu'il le pourra.
08/04/2012
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Réfugiés à Terrasson (Dordogne)
Au début de 1941, les problèmes commencent pour les Juifs habitant Vichy. La famille Smulevic part alors s'installer à Terrasson (Dordogne), accueillis en tant que réfugiés.
Fin 1941, la gendarmerie les informe que tous les juifs et étrangers âgés de 18 à 45 ans doivent obligatoirement aller travailler comme ouvriers agricoles et être payés à cet effet, 350 francs par mois, et nourris.
Serge trouve une place chez Raymond Chanel, propriétaire du château de Cublac, à 3 km de Terrasson, comme ouvrier agricole et pour s’occuper de son élevage de volailles (des poulets Leghorn).
Début 1942, Raymond Chanel fait savoir à Serge qu’il n’est pas content de son travail et le licencie au mois d'avril. Il en informe la gendarmerie de Terrasson.
Un gendarme vient donc le chercher et, en compagnie de Raymond Chanel, Serge est conduit, comme le règlement l’exige, au camp de Chancelade, qui se trouve à quelques kilomètres de là, tout près de Périgueux. Il est incorporé dans le camp de Chancelade comme ouvrier pour aller travailler dans une forêt en tant que bûcheron.
Il est "reçu" par le commandant du camp, M. Malinvaud.
Mme Smulevic, avertie de l'internement de son fils, court chez le capitaine Bertrand Merly, géomètre à Terrasson, capitaine retraité de 1914-18 et propriétaire terrien, qui a beaucoup d’estime pour elle. Le capitaine Merly décide de se rendre le lendemain (le lundi) très tôt à Chancelade, et il est immédiatement reçu par le Commandant Malinvaud. Serge est convoqué dans le bureau de ce dernier et apprend qu'il est engagé comme ouvrier agricole sur le domaine de Bertrand Merly, Le Maraval. Il est donc libéré de Chancelade après avoir séjourné trois ou quatre jours dans ce petit camp.
Bertrand Merly est fort occupé avec la création d'une grammaire de la langue d'oc et de la langue d'oil. Apprenant que Serge sort des Beaux-Arts, il lui en confie l'illustration.
Au mois de juin 1942 commencent des rafles au cours desquelles la gendarmerie française recherche des jeunes juifs dans toute la région pour les livrer aux autorités allemandes.
Un matin, vers 6 h 30 deux gendarmes frappent chez les Smulevic. Tandis que Serge, en pyjama, se sauve par une porte contigüe à la maison voisine pour se sauver par l'escalier et rejoindre le pigeonnier, Mme Smulevic ouvre la porte. Les gendarmes fouillent les deux maisons, sans succès. A la nuit tombée, il part en bicyclette, vêtu d'un vieux cache-poussière et se rend chez les Dupuis qui habitent à une trentaine de kilomètres de là, dans une ferme à Lallet (près de Coulaures).
Il se lie d'amitié avec Georges, le cadet des deux fils Dupuis. Durant deux mois, Serge garde le troupeau de moutons.
Risquant d'être dénoncé, Serge décide de quitter les lieux, mais sa carte d'identité porte le nom de Szmulewicz... Georges Dupuis se laisse alors convaincre de lui donner sa carte d'identité et de faire par la suite une déclaration de perte.
Serge va alors transformer le nom écrit sur la carte, au moyen d'une solution dont il connaît les propriétés (50% eau de javel et 50% d'eau). Il efface "Dupuis" et écrit "Dupayard", changeant également la date de naissance.
Munis d'un vraie fausse carte d'identité enregistré à la mairie de Coulaures, il se rend à Coulaures pour y prendre un train pour Grenoble, où se trouve une partie de sa famille, des cousins de Metz : les Pragier et les Gottlieb.
08/04/2012
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A Grenoble
En octobre 1942, Serge est accueilli par les Pragier, réfugiés à Fontaine, près de Grenoble. Chez ses autres cousins, les Gottlieb, il remarque un va et vient continuel de personnes qu'il ne connaît pas.
Un jour, Mme Gottlieb lui présente un certain M. Duval de Seyssinet, une localité proche de Grenoble, chef de service chez Thomson-Tramways. Responsable FTPF1, il réussit à le faire entrer à l'usine Thomson à Grenoble, en tant que dessinateur industriel.
M. Duval l'affecte à une section qui s'occupe de la fabrication de faux papiers pour des résistants et des enfants juifs (lavage d'anciennes cartes, dessin de faux cachets, ainsi que des cartes d'alimentation). Serge est logé dans un petit meublé, 3, place Grenette à Grenoble, où il restera jusqu'à fin janvier 1943. Il travaille avec une de plaque de gélatine verte fixée sur un support métallique, ainsi que des encres d'imprimerie et des solutions de lavage qui résistent au repassage.
08/04/2012
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Envoyé à Nice
Au début 1943, Serge est mis en contact avec Jules Jeanpierre, dit "capitaine Duguet" du corps-franc MUR2 à Grenoble.
Jules Jeanpierre est en relation avec Ernest Lambert, originaire de Thionville, responsable d'une section en contact avec des maquisards et qui fournissait de faux papiers à des enfants juifs cachés. Serge avait connu Lambert à Thionville lorsqu'il était enfant.
Il arrive à Nice fin juillet 1943 où il se met à la fabrication de ces faux-papiers à l'aide d’une machine à polycopier, sous les ordres de Lambert, qui a une petite entreprise de TSF3.
Ernest Lambert lui indique une logeuse.
08/04/2012
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Dénoncé et déporté à Auschwitz
Le 24 août 1943, dénoncé par sa logeuse, celle-ci introduit deux inspecteurs de la police dans sa chambre qui découvrent la machine à polycopier. Serge est emmené au commissariat, où il est rapidement constaté que ses papiers son faux. Incarcéré à la prison de Nice, sous l’inculpation de fabrication de fausses pièces d’identité et usage de faux, il resta en cellule jusqu’au 1er décembre 1943, date à laquelle tous les Juifs qui se trouvaient dans cette prison furent livrés à la Gestapo.
Ils quittent l'hôtel dans lequel la Gestapo les avait enfermés et sont accompagnés, sous bonne escorte, à la gare de Nice pour être internés à Drancy.
Le 17 décembre 1943, ils quittent Drancy pour la gare de Bobigny d'où ils sont déportés à Auschwitz par le convoi n° 63.
Affecté à la Buna, à Monowitz, il est dans le même bâtiment que Primo Lévi.
Durant ces mois passés dans le camp de Monowitz (Auschwitz III), il réussit à survivre en échangeant ses dessins contre de la nourriture.
08/04/2012
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Les marches de la mort
Serge, matricule 169922, survivra aux marches de la mort et sera rapatrié en France en 1945.
"Quand nous avons quitté le camp de concentration de Monowitz (Auschwitz III), le 18 janvier 1945, vers 18 heures, on nous a alignés par cinq, nous étions prés de 9.000, rien que pour ce camp-là, et nous étions encadrés par des centaines de S.S. Beaucoup de malades parmi nous, qui ne voulaient pas rester abandonnés dans le camp, de peur d'être exécutés. Ils n'ont pas marché très longtemps... Il neigeait et avec nos grosses chaussures en bois, avec des vieux chiffons à l'intérieur en guise de chaussettes, nous avancions péniblementdans la gadoue.
Chaque fois que l'un des nôtres tombait de fatigue, il avait droit a une balle dans la tête. Les SS, pressés ne visaient même plus la nuque. Il y avait du sang et des éclaboussures de cervelle partout Après cinq heures de marche environ, nous sommes arrivés à Gleiwitz, où nous avons pu souffler quelques heures, en attendant l'arrivée des trains qui devaient nous ramener en Allemagne.
Et c'est ainsi que, tantôt dans des wagons à bestiaux, sans la moindre nourriture, sans une goutte d'eau (et la soif est bien plus terrible que la faim, même en hiver) et tantôt sur les routes, qu'exténués nous nous traînions de camp en camp. Je me souviens, qu'un jour, traversant la Tchécoslovaquie dans des wagons découverts, et le train s'étant arrêté sous un pont, des passants nous ont jeté des pains, et immédiatement les S.S. les ont mitraillés.
Et les SS nous éliminaient systématiquement, dés le moindre signede fatigue. Et ces transports, et ces longues marches, les fameuses « marches de la mort » ont duré des mois et des mois, et c'est ainsi que des dizaines de milliers de nos frères sont morts aussi bien dans les wagons que sur les routes. [...]
Il pleuvait des morts sur nos routes..."
"Et c'est à Dachau que nous avons été libérés par les troupes américaines, le 29 avril 1945. J’étais malade, pieds et mains partiellement gelés, début de typhus et je pesais encore 38 kilos. J’ai dû rester dans un hôpital d’évacuation militaire, le 401e HEM jusqu’au 29 juin 1945, date à laquelle j’ai pu rentrer en France après avoir repris 29 kilos."
Alors qu'il passa à la désinfection et à l'épuillage, le 30 avril 1945, Serge Smulevic retrouve son ami d'enfance, Louis Veltz, survivant lui aussi d'Auschwitz.
08/04/2012
Auteur : Serge Smulevic
Lien : La fin de notre Déportation
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Cet article n'est pas encore renseigné par l'AJPN, mais n'hésitez pas à le faire afin de restituer à cette commune sa mémoire de la Seconde Guerre mondiale.
Témoignages, mémoires, thèses, recherches, exposés et travaux scolaires
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Paul Joseph dit Joseph Bourson Arrêté comme otage et fusillé le 11 juin 1944 à Mussidan (Dordogne), Blog
2 pages,
réalisation 2011
Auteur :
Alain LAPLACE
Article rédigé à l'occasion de mes recherches généalogiques, puis la mise en ligne d'un blog (http://majoresorum.eklablog.com)dédié à la famille BOURSON qui a été expulsée en 1940 du village de Vigy (Moselle) et réfugiée à Mussidan (Dordogne) et les villages alentours où elle a vécu toute la durée de la guerre. Plusieurs personnes natives de Vigy faisaient partie des 52 otages fusillés le 11 juin 1944.
Paul Ernest dit Paul Bourson Farouche opposant au régime nazi, Exposé
2 pages,
réalisation 2011
Auteur :
Alain LAPLACE
- terminal
Article extrait d'une étude généalogique sur la famille BOURSON de Vigy (Moselle) et alliés (http://majoresorum.eklablog.com)
Liens externes
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1 Memorbuch (Mémorial des Juifs du Bas-Rhin )
2 Journal de guerre de Charles Altorffer
3 Site officiel de la Commune de Montigny-les-Monts
4 Site non officiel de la commune d' Auxon (Démarches administratives, histoire du village, cartes postales et photos anciennes.
)
5 Saint-Dizier la période 1939-1945 en photos (La ville de Haute-Marne la période 1939-1945 en photos )
6 Histoire de Lièpvre de 1870 à 1945.
7 Le grands entretiens : André Kahn (Né en 1929 dans la bourgade alsacienne de Schirrhoffen, André Kahn est un rescapé de la Shoah. Evacué en train en janvier 1945 en direction de Gusen II, camp annexe de Mauthausen, puis à pied en avril vers Bergen-Belsen, André Kahn y est libéré par l'armée britannique et rapatrié le 5 juin à l'hôtel parisien Lutetia. )
8 Les grands entretiens : Denise Swaab-Kahn (Née en 1927 dans la bourgade alsacienne de Schirrhoffen, Denise Kahn est une rescapée de la Shoah. Rapatriée en juin 1945 à l'hôtel Lutetia à Paris. )
Notes
- 1 - Francs Tireurs et Partisans Français (organisation de résistance proche du Parti Communiste).
- 2 - Mouvements Unis de Résistance (Regroupement des réseaux de résistance créé à la suite de l'action de Jean Moulin).
- 3 - Télégraphie Sans Fil, nom donné alors à la radio.
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