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Haute-Garonne

Région :
Occitanie
Département :
Haute-Garonne

Préfets :
Maurice Georges Bézagu
(14/11/1941 - 17/11/1944) Préfet délégué de Haute-Garonne (1880-1969)
Pierre Cassagneau
(21/08/1944 - 31/12/1944) Préfet de Haute-Garonne (1887-1963)
Camille Vernet
(29/12/1944 - 04/01/1946) Préfet de Haute-Garonne (1884-1957)
Frédéric Atger
(21/09/1935 - 13/10/1940) Préfet de Haute-Garonne
Léopold Chénaux de Leyritz
(25/06/1940 - 24/01/1944) Léopold Marie Frédéric Chéneaux de Leyritz, Préfet de Haute-Garonne et préfet régional de la région de Toulouse à partir de 1941 (Ariège, Gers, Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées, Lot, Lot-et-Garonne, Tarn et Tarn-et-Garonne et les parties non occupées des Basses-Pyrénées, de la Gironde et des Landes (1896-1970)
André Sadon
(24/01/1944 - 06/02/1944) André Paul Sadon, Préfet régional de la région de Toulouse (Ariège, Gers, Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées, Lot, Lot-et-Garonne, Tarn et Tarn-et-Garonne et les parties non occupées des Basses-Pyrénées, de la Gironde et des Landes (1891-1965)
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(1944 - 1944) Commissaire régional de la République de la région de Toulouse (Ariège, Gers, Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées, Lot, Lot-et-Garonne, Tarn et Tarn-et-Garonne et les parties non occupées des Basses-Pyrénées, de la Gironde et des Landes (1897-1981)
Pierre Berteaux
(1944 - 1946) Pierre Félix Berteaux, Commissaire régional de la République de la région de Toulouse (Ariège, Gers, Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées, Lot, Lot-et-Garonne, Tarn et Tarn-et-Garonne et les parties non occupées des Basses-Pyrénées, de la Gironde et des Landes (1907-1986)

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Georges Cassan

Texte pour ecartement lateral

Toulouse 31000 Haute-Garonne


Nationalité : Français
Profession: Médecin
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Histoire

Témoignage

Témoignage de Jeannine Cassan-Laborie :

Voici ce que je sais sur le courage de mes parents, Docteur Georges Cassan et Andrée Cassan.

Nous habitions au 63, rue Saint-Michel, au premier étage.

Notre père, jeune médecin, pour s'installer comme médecin, avait pris contact avec Mademoiselle Spiral qui faisait construire un petit immeuble. Il avait obtenu d'elle qu'il puisse être possible de passer d'une pièce à l'autre par une petite porte dérobée, étroite, dissimulée dans le papier peint : ainis les pièces ouvraient par une porte normale, "officielle" sur l'un des deux couloirs de part et d'autre d'un puits de lumière, mais aussi sur les deux pièces voisines par les portes dérobées.

Entre la chambre de mes parents et la chambre d'enfants, il y avait une roberie de quatre mètres de long environ, sur deux mètres de large à peu près, ouvrant sur le couloir par une porte officille et sur notre chambre par une porte dérobée au fond de la pièce derrière le piano mis en angle.

Un jour, j'ai remarqué que la soie rose qui cachait les cordes, au dos du piano, avait été détachée du corps du piano sur toute sa hauteur le long du bois : on avait enlevé les clous.

Dans la roberie, le lit à une place, qui permettait d'éloigner de la chambre d'enfants pour quelques nuits un enfant malade, avait été enlevé. Une très large étagère de bois remplacait l'ancienne plus étroite. Elle avait une tringle qui supportait un grand nombre de très longs imperméables et manteaux, dont j'avais vu certains dans les roberies de nos grands-parents paternels et maternels. Ces vêtements si longs n'appartenaient pas à mes parents et étaient plus nombreux que nos parents n'en possédaient. L'un de nos ancêtres mesurait deux mètres quatre.

Un jour, m'apercevant que j'avais encore oublié un cahier et sachant que j'allais être grondée, je suis remontée à l'appartement. La porte n'ayant pas été refermée, je n'ai pas sonné. J'ai vu sortir de la salle de bains un monsieur un peu vouté qui marchait sur la pointe des pieds, un manteau jeté sur ses épaules et tenant une serviette de toilette. Il se dirigeait vers le bureau de notre père ou vers la salle à pansement qui ouvrait sur le couloir et sur le bureau de notre père. Je suis entrée dans la salle à manger et j'ai prévenu notre mère. Elle m'a dit que j'aavis dû voir notre père, mais je lui ai dit que ce monsieur était beaucoup plus petit, qu'il avait les cheveux bruns et gris et plus longs que ceux de notre père, et qu'il ne portait pas la robe de chambre de notre père, mais un manteau gris foncé. Maman m'a alors dit que c'était un cousin de passage à Toulouse.

Un jour nous avons voulu suivre notre mère lorsqu'elle a dit à la bonne qu'elle montait ranger de vieux jouets et elle a saisi une boîte de carton don elle n'a pas voulu nous montrer l'intérieur.

A l'étage, il y avait des chambres de bonnes. La première servait de débarras à nos parents et elle se terminait, au fond, par une seconde pièce étroite sans fenêtres, de la longueur de la cage de l'escalier principal. Avant les chambres de bonnes, en haut du petit escalier y conduisant, il y avait un évier, un lavabo et des toilettes.

Ayant donc suivi notre mère au débarras, nous avons constaté qu'on ne pouvait plus entrer dans la pièce étroite car une armoire en bois clair à une seule porte avait été mise devant l'entrée de cette petite pièce. Nous avons entendu tousser. Aussitôt notre mère s'est mise à tousser, mais ma soeur lui a fait remarquer que la première toux était celle d'une voix d'homme. Notre mère a alors dit que nous la fatiguions et qu'elle laissait là ce carton et qu'elle reviendrait le chercher ans nous. Elle nous a entraîné hors du débarras.

Au fond de la série de chambres de bonnes, il y avait quelqu'un qu'on n'a famais vu, mais ma soeur avait compris qu'il y vivait toute la journée.

Un autre jour, Maman a mis des paquets dans un carton et a dit à la bonne qu'elle allait descendre à la cave chercher du charbon. J'ai demandé à l'accompagner mais Maman n'a pas voulu car j'allais salir mes pantoufles. Dès qu'elle a été partie, j'ai mis mes chaussures et je l'ai rejointe. La cave avait diminué de moitié. Je me suis exclamée : l'entrée de la seconde cave avait disparu, des fagots très longs et poussiéreux ainsi que des planches poussiéreuses étaient devant l'ancienne entrée. Le tas de charbon avait été reconstitué à côté des fagots dans la première pièce. Je l'ai fait remarquer à Maman, qui m'a dit que les voisins avaient demandé à avoir une cave (non pas les voisins dans notre immeuble, mais les habitants de l'immeuble à côté. Cela m'a paru bizarre, et j'ai fait remarquer à Maman qu'ils ne pouvaient pas y entrer puisqu'il n'y avait qu'une porte pour accéder à cette seconde porte.

Maman m'a dit que je la fatiguais et qu'elle laissait là ce carton qu'elle reviendrait prendre plus tard. Elle parlait d'une voix forte. Elle a mis dans le seau à charbon une seule pelletée de charbon et comme je m'étonnais, elle m'a dit que cela suffisait et nous sommes remontées. Ma soeur, une fois où elle avait accompagné notre mère chercher du charbon a entendu tousser.

Dans le jardin, dont mes parents étaient aussi locataires, notre père avait creusé une colline en étayant beaucoup et avait ainsi créé un abri anti-bombes fait de planches verticales très serrées et banes, j'ai trouvé sur l'un d'eux un paquet enveloppé de papier journal et un verre.

Nous n'allions pas jouer dans cet abri, car il risquait d'y avoir des araignées et des serpents.

Notre jardin n'était pas clôturé et on pouvait traverser le jardin d'un colonnel à la retraite dont la maison était rue Achille Viadieu.

Les religieuses de la clinique où notre père opérait ou bien était l'anesthésiste lorsque c'était le professeur Dieulafé qui opérait, donnaient à notre père du lait qu'elles faisaient boullir sur un feu de bois dont il prenait le goût de fumée.

Nos parents élevaient des poules et des lapins.

Ma soeur se souvient que Maman et elle prenaient un tramway jusqu'au haut de la colline de Guillemery, elles longeaient une place très claire puis arrivaient à une villa où il y avait une famille dont elle a reconnu plus tard que c'était la famille Galitzky. Maman déballait des victuailes.

Plus tard, le jeudi qui était le jour de congé des écoliers, l'une de nous accompagnait notre mère. Place du Capitole, notre mère achetait des poireaux qu'elle disposait en haut du grand cabas qu'elle avait pris à la maison. Les poireaux dépassaient.

Maman allait alors à l'angle de la place du Capitole et de la rue de Rémusat me semble-t-il, ou de la rue du poids de l'huile. Elle montait les quelques marches jusqu'à la porte en angle de cet immeuble et s'arrêtait pour regarder la place en disant qu'elle était fatiguée et qu'il fallait qu'elle se repose. Puis, elle ouvrait rapidement la porte derrière elle et nous entrions vite, et nous montions les escaliers en jouant à celle qui ferait le moins de bruit. Arrivées en haut de l'escalier qui était devenu petit et moins beau, nous entrions dans une pièce dont les murs étaient tapissés de couvertures, d'épais rideaux de velours, dont j'avais vu certains dans notre appartement. Le sol était couvert de tapis, de couvertures et d'édredons.

Sur un lit à une place, il y avait un grand garçon d'au moins 12 ans, si faible qu'il ne devait ni se lever, ni parler, et nous devions lui parler à voix basse. Maman chuchotait avec les parents de ce garçon et sa grand-mère, en déballant les paquets qu'elle leur portait. Comme nous avions des poules et des lapins et que les religieuses donnaient à notre père du lait et du pain, je suppose que Maman portait ces victualles avec des oeufs durs et du fromage à cette famille.

Un jour Maman a dit à notre père en souriant que bientôt nous aussi aurions des enfants en état de malnutrition.

Cette famille a été la seule a être reconnaissante envers nos parents. C'étaient, Monsieur Miron Galitzky, sa femme et sa belle-mère. Leur fils n'a pas sut que si on lui interdisait de bouger et de parler c'est parce que ses parents se cachaient, car l'une des grands-mère de Monsieur Galitzky était juive. Notre père a été son parrain lorsqu'il est devenu chrétien pour se marier, et aussi il a été le parrain de leurs fils, le grand garçon couché !

J'ai revu leur fils quarante ans plus tard, il a fait allusion à la "très grande anémie" de son enfance.

Pour ce qui est de son anémie, ce n'était sans doute pas faux car à la fin des restrictions qui ont duré pusieurs années après la fin de la guerre, jusqu'en 1948 je crois, notre père qui mesurait 1 m 85 ne pesait pus que 35 kg !

L'un des deux ou trois autres personnes que mes parents ont pris le risque de cacher était un membre de l'autre famille de fourreurs (qui n'était pas Copetsky). Je ne me souvient pas du nom de cette famille, mais leur très beau magasin était situé à l'angle de la rue d'Alsace et de la rue du Lieutenant colonel Pelissier, au pied de l'église Saint-Jérôme. J'en suis sûre par une anectode que je ne veux pas rapporter ici.

J'atteste sur mon honneur que ce que je rapporte ci-dessus est la vérité.

Témoignage confié à l'AJPN par Jeannine Cassan-Laborie
Le 6 juin 2013

11/09/2013
Auteur : Jeannine Cassan-Labo

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4 Vous êtes venus me chercher (Blog de l'auteur - parutions, conférences, signatures... )
5 Elie Cavarroc, Juste des Nations (M. Elie Cavarroc, nommé Juste des Nations. Référence du dossier n°10002 du Comité Français pour Tad Vashem )

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