François Flageollet

	François Flageollet* source photo : Yad Vashem crédit photo : D.R.

François Flageollet*, est né en 1922 à Granges-Aumontzey (88).

Jeune ouvrier d'une usine textile des Vosges, rejoint l'armée française en Afrique du Nord en 1940.
Il s'engage à Marseille, sur un bateau pour Tanger, dans un régiment qui n'existe pas, avec des armes d'une autre guerre, qui s'enrayent dans le sable, sur la ligne de front. Des trous partout dans leurs uniformes dépareillés, il se retrouve en Tunisie, en Sicile, puis prisonnier en Allemagne.

Au camp de Burgau, il ravitaille deux adolescentes juives, Régina et Rose Glassman, internées dans ce sous-camp de Dachau. Elles étaient employées comme cuisinières de deux femmes SS.
Tous les jours, durant six mois, François Flageollet* va leur lancer du pain par-dessus les barbelés dans les joncs.

François Flageollet* raconte : "Un jour, l'une d'elles, j'ai su plus tard qu'elle s'appelait Rose, m'a dit : " Ich habe Hunger " (j'ai faim). Je l'ai regardée, l'air de dire : je n'y peux rien, moi aussi j'ai faim. Mais le lendemain, je suis revenu avec un morceau de pain. Et puis, vous savez comment ça se passe... Quand vous le faites une fois, vous ne pouvez plus vous arrêter."
Rose se souvient : "Chaque soir, François Flageollet* était là d'un côté du grillage électrique et moi j'étais de l'autre côté et, chaque soir, il m'envoyait deux sandwichs par-dessus le grillage... Il va sans dire qu'il courait un grand risque."
Plus tard, le jeune homme offre même à Régina et Rose Glassman de les aider à s'évader. Rose décline l'invitation. "Cette proposition était extrêmement dangereuse, François avait un cran inouï."

Après la guerre, de retour en lorraine, il songe à s'engager en Indochine. Un oncle va le convaincre de rester. Il lui trouve une place au commissariat de Nancy. Il accepte.
François n'a alors qu'une idée en tête : retrouver la trace de Régina et Rose Glassman, savoir ce qu'elles sont devenues. Grâce à la Croix-Rouge américaine, il découvre leurs noms sur des listes de survivants.
"La dernière fois que je les ai vues, elles quittaient le camp de Burgau avec les autres déportés juifs pour rallier à pied celui de Dachau. Rose m'a adressé un signe de la main. Évidemment, je n'ai pas pu lui répondre."
Va alors commencer une correspondance de plus d'un demi-siècle.

C'est Rose Glassman, rescapée, émigrée au Canada, qui a demandé que lui soit attribuée la médaille des Justes.

Le 12 juin 1994, Yad Vashem a décerné à François Flageollet le titre de Juste parmi les Nations.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem