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Haute-Loire

Région :
Auvergne-Rhône-Alpes
Département :
Haute-Loire

Préfets :
Robert Bach
(1941 - 1943) Préfet de la Haute-Loire
Charles Chevreux
(1941 - 1941) Jacques Charles Adrien Chevreux, Préfet de la région de Clermont-Ferrand (Cantal, Haute-Loire, Puy-de-Dôme et la partie non-occupée de l'Allier)(1883-1951)
Paul Brun
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Juste parmi les Nations

Friedel Bohny


Dossier Yad Vashem : 4681
Remise de la médaille de Juste : 16/07/1990
Sauvetage : Le Chambon-sur-Lignon 43400 - Haute-Loire
Rivesaltes 66600 - Pyrénées-Orientales
Profession: Infirmière déléguée du Secours suisse aux enfants
Religion : Protestante
Nom de naissance: Reiter
Nom d'épouse: Bohny
Date de naissance: 20/05/1912 (Vienne (Autriche))
Date de décès: 19/12/2001 (Bâle (Suisse))
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Friedel-Bohny
Rivesaltes, 1942
source photo : Arch. fam.
crédit photo : D.R.
Friedel-Bohny
Friedel Bohne-Reiter en 1941
source photo : Coll. Bohny
crédit photo : D.R.
Friedel-Bohny
Frieden Reiter et des enfants sauvées
source photo : Yad Vashem
crédit photo : D.R.
Friedel-Bohny
Au camps de Rivesaltes
source photo : Arch. fam.
crédit photo : D.R.
Friedel-Bohny
Infirmière au camp de Rivesaltes
source photo : Arch. fam.
crédit photo : D.R.
Notice

Friedel Reiter* est née en 1912 à Vienne (Autriche-Hongrie). Son père est tué au front.
Evacuée de la capitale de l'Empire austro-hongrois dès 1914, elle sera prise en charge par la Croix-Rouge dès 1919 et confiée à une famille zurichoise de Kilchberg.
Elle y restera jusqu'à l'âge de 24 ans.

Une fois ses études d'infirmière en pédiatrie terminée, elle est envoyée par le Cartel Suisse aux Enfants Victimes de la Guerre à Florence où elle restera un an et demi.
L'association suisse qui se porte au secours des enfants victimes de la guerre prend l’appellation en 1940 de Secours Suisse aux Enfants, placé en décembre 1941 sous la tutelle de la Croix Rouge Suisse.

Le Secours Suisse aux Enfants installe un poste de secours au camp de Rivesaltes en août 1941 et construisit une baraque pour mieux assurer la distribution de suppléments alimentaires, surtout de la soupe et du riz. La première responsable suisse était Elsie Ruth. Friedel Reiter* lui succède fin 1941.
Elle commence son journal intime qui débute le 11 novembre 1941 et prend fin le 25 novembre 1942. Elle restera au camp jusqu'au 26 novembre 1942, date de la fermeture du camp.

En automne 1942, Friedel Reiter* réussit in extremis à sauver la mère et les filles Schwarzschild de la déportation vers les camps de concentration de l’Est.
Friedel Reiter* enfreint les directives de la CRS, qui imposent le principe de neutralité.
Âgée de 9 ans à l’époque, Margot Wicki-Schwarzschild se souvient avec horreur de son séjour au camp d’internement de Gurs : "C’était épouvantable. Le camp était immergé dans la boue, 60 à 90 personnes étaient parquées dans chaque baraque. Nous souffrions de la faim et nous étions rongés par la vermine. Plongés dans le désespoir, nous avions l’impression d’être le rebut du genre humain. Voir la réalité en face au lieu de détourner le regard".
Au bout de quelque temps, la famille est transférée à Rivesaltes, où les conditions sont tout aussi terribles. Unique lueur d’espoir : les baraques du Secours aux enfants (SAE) de la Croix-Rouge suisse. Les infirmières Elsbeth Kasser et Friedel Reiter* y avaient aménagé des îlots de normalité dans un océan d’horreur, entre autres grâce à des dons provenant de Suisse.
Le père disparaît en 1943 à Auschwitz.
Après la guerre, la mère retourne en Allemagne avec ses enfants. Margot suivra une formation d’interprète, épousera un Suisse et s'installera dans la région bâloise.

Friedel Reiter, témoin des déportations, extrait de son Journal intime :
19 août 1942. Chaleur accablante sur le camp. Le fil de fer barbelé tiré étroitement autour des îlots K et F est oppressant. Les plaintes des gens tourmentés flottent encore dans l’air. Je les vois sortir en longues files de leurs baraques haletant sous le poids de leurs affaires. Les gardiens à leurs côtés. Se mettre en rang pour l’appel. Attendre des heures dans un champ exposé au soleil. Puis arrivent les camions qui les mènent vers les voies de chemin de fer. Ils sortent des camions entre deux rangées de gardiens et entrent, les uns hésitants, les autres apathiques, quelques-uns d’un air défiant, la tête haute, dans les wagons à bestiaux. Cela dure des heures jusqu’à ce que tous soient entassés dans les wagons où il fait une chaleur étouffante. Je vois des visages connus à travers les barreaux. Formulant encore une demande, criant un remerciement. A chaque ouverture, deux gardiens. J’observe les visages. Même le désespoir ne s’y trouve plus dans ces visages, vieillis, délabrés et mornes. Du dernier wagon on entend un "au revoir". Nous nous en allons vers le camp. Le lendemain matin – il fait encore nuit quand nous nous rendons vers la voie de chemin de fer. Le train se met lentement en marche – ils échappent à une destinée pour s’en aller vers une autre. Tout s’est déroulé en une semaine. Il me semble que c’était un mois. […]

26 août 1942. Au lieu de 200 ce sont 600 personnes qui ont été conduites ici. Les camions arrivent l’un après l’autre. L’Ilot K se remplit à nouveau. Quand je l’ai traversé, j’ai rencontré plein de visages connus, des gens pour qui nous avons obtenu des libérations, qui ont vécu quelques mois heureux en liberté. Des gens que nous avons arrachés à la mort par la faim cet hiver, que nous avons vus quitter le camp avec bonheur. Le même sort les attend tous.
Ce soir tout un train est arrivé. Seize wagons. On sort des gens sur des civières. Il y en a qui ont des béquilles. Une longue procession de malheureux, d’exclus. A minuit, un deuxième train est attendu, à 5 h du matin un troisième.
1

Au total, 2 300 Juifs ont été déportés de Rivesaltes entre août et octobre 1942, en neuf convois. Friedel Reiter* a soustrait des enfants juifs aux convois en instance de départ et les a cachés dans son entrepôt de produits alimentaires. Elle les a ensuite envoyés dans un home de la CRS, SE au Chambon-sur-Lignon.

En novembre 1942, lorsque Rivesaltes fut vidé de ses internés, Friedel Reiter* rejoignit le Chambon – et son futur mari August Bohny* qui travaille sous l’égide de l’œuvre d’entraide.
Bien qu’ayant accompli son service militaire en Suisse, Bohny* voulait faire autre chose que de défendre son pays une arme à la main. Il souhaitait donner un autre sens à son engagement. En 1941, il reçoit l’autorisation pour un séjour à l’étranger.
Après plusieurs étapes en France, il arrive finalement au Chambon-sur-Lignon, où il se retrouve, jusqu’en 1944, à la tête de trois maisons d’enfants, d’un atelier et d’une école d’agriculture. Pendant cette période, près de 1 000 enfants trouvent refuge dans ces institutions, dont environ 180 Juifs et Espagnols, mais aussi des "cas sociaux" français.
"Nous vivions dans la crainte des rafles, raconte Bohny*. Un jour, la police de Vichy est venue chercher 72 réfugiés, prétendument pour vérifier leurs papiers. J’ai réussi à les bluffer et à gagner un peu de temps. Juste ce qu’il fallait pour cacher les enfants dans les fermes alentour."

Honorée par Yad Vashem en 1990, la médaille des Justes lui est remise, en mains propres ainsi qu'à son mari
August Bohny*, en octobre 1990 au Chambon-sur-Lignon (France).

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem



Histoire

Rescue Story


Friedel Bohny-Reiter, the wife of August Bohny* was a Swiss citizen who, in 1940, joined the staff of Secours Suisse, an organization affiliated with the Swiss Red Cross that sponsored and ran relief programs for needy children in the southern zone of France. The operation was run by Maurice Dubois* from his office in Toulouse. He also opened day centers and clinics for Jewish children in dire circumstances in the quarantine camps of southern France. Bohny-Reiter’s regular base of operations was the Secours Suisse hut in the Rivesaltes camp (Pyrénées Orientales). With great resourcefulness, warmth, and devotion, she made sure that Jewish children received medical and nursing care. In August 1942, Reiter made enormous efforts to save children and other young people from the large-scale deportations from Rivesaltes. Sixteen-year-old Hilda Kreizer was waiting in line to be deported by train with her mother and younger sister. A policeman was assigned to make sure the Jews boarded the trains in orderly fashion. Taking advantage of a lapse in the policeman’s attention, Hilda, who knew Friedel well because she had taken care of Hilda in her work for Secours Suisse, ran with her sister to Bohny-Reiter, who had signaled to them. Bohny-Reiter led them to an unlit storeroom in the camp, which contained the food supplies of Secours Suisse. Bohny-Reiter continued to deliver young children to the storeroom until the train left. She then sent the youngsters to private homes affiliated with her organization, thus saving their lives, since their parents were deported to Auschwitz and murdered there. In her rescue actions, Bohny-Reiter disregarded instructions from the heads of Secours Suisse, who stressed that their activists must obey the French government’s orders and diligently punished operatives who acted to save Jews contrary to the authorities’ wishes.

On July 16, 1990, Yad Vashem recognized Friedel Bohny-Reiter as Righteous Among the Nations. 


Yad Vashem

14/07/2019

asso 305
 
Familles hébergées, cachées, aidées ou sauvées par Friedel Bohny
Hanne Hirsch
Hilda Krieser
Margot Schwarzschild

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Liens externes [Ajouter un lien vers un article d'intérêt ou un site internet]
1 Blog sur quelques Justes et sur le livre (Blog hébergé par la Tribune de Genève sur quelques justes honorés par Yad Vashem sur l'intervention du délégué pour la Suisse et la région frontalière Ain et Haute-Savoie, Herbert Herz, ainsi que sur divers événements organisés autour de la parution du livre "Mon combat dans la Résistance FTP-MOI" )
2 Le site du poète Pierre Emmanuel (Le site officiel du poète Pierre Emmanuel. Vous y trouverez aussi des pages sur sa vie et son action à Dieulefit durant la guerre, à Beauvallon, puis à la Roseraie. )
3 Guy Sanglerat, ancien membre du Coq Enchaîné (Le Coq Enchaîné était un réseau de résistance de la région qui pendant l'occupation allemande rassemblait des syndicalistes, des socialistes et des radicaux de la mouvance d’Édouard Herriot. Membre du réseau, Guy Sanglerat publie ses souvenirs.. )
4 Le Coq enchaîné (Le Coq enchaîné : un journal clandestin sous l'occupation allemande. Le premier numéro fait son apparition en mars 1942. Les membres du Coq Enchaîné mèneront aussi des actions de résistance. Il a compté jusqu'à 400 membres. Le réseau sera décimé en 1943. Guy Sanglerat raconte ... )
5 Les archives du conseil général de Savoie (La liste des 168 "travailleurs israëlites" en partance de Ruffieux, établie le 24 Août 1942. )
6 Là où coule le Gier (La guerre, énorme chaos bouleversant les vies. Tel est le décor dans lequel évoluent René et Aima. De leur jeunesse à leurs combats, l'auteur nous invite à les suivre dans cette aventure où chacun fera preuve d'un courage incroyable. Ce roman, basé sur des faits réels, nous emmène de la Vallée du Gier dans la Loire à Clermont-Ferrand et nous fait traverser certains camps de concentration en Allemagne en suivant le parcours de deux jeunes gens que la vie a forgé pour combattre aussi bien dans l'univers ouvrier des années 30 que pendant la seconde guerre mondiale avec leur implication dans la résistance. Cette plongée dans le passé a nécessité de nombreuses recherches suivies d'une longue enquête menée sur la vie de ces deux personnages. )
7 Marianne Cohn (Page dédiée à Marianne Cohn et à ses compagnons de résistance. Un mois avant d"être arrêtée, elle a sauvé ma tante Eva et mon père Maurice Finkelstein )
8 L'attentat de la Poterne du 8 mars 1944 (Page consacrée à l'ouvrage "L'attentat de la Poterne, un drame au cœur de Clermont" (2015).
Cette étude sur l'attentat de la Poterne du 8 mars 1944 recoupe des documents d'archive à des témoignages oraux et écrits. Elle reprend de manière chronologique les évènements, de l'attentat de résistants sur un détachement allemands à l'immensité des représailles qui ont suivi : incendie d'immeubles, nombreuses arrestations, déportations et condamnations à mort. )
9 "Objectif Lyon !"
10 Laurent Neury, l'espoir au bout du pont. Histoire et mémoire de la filière de Douvaine, Cabedita, 2019
11 L'abbé André Payot, résistant et chef de réseau (Biographie détaillée d'André Payot et de ses activités de résistant durant la seconde guerre mondiale à Chamonix et Vallorcine (Haute-Savoie). Livre écrit par Jean-Luc de Uffredi, publié en 2019 aux éditions les Passionnés de bouquins. )

Notes

- 1 - Friedel Reiter* tenait un journal intime. Il ne fut publié que 50 ans plus tard, en traduction française, par les soins de l’historienne Michèle Fleury-Seemuller. La cinéaste Jacqueline Veuve en a tiré un film.

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