Jean-Baptiste Rozenkrantz

Marthe Petitgenêt*, célibataire âgée de 35 ans en 1943, résidait à Épinal (Vosges) et vivait chez ses parents, Ermance* et Ernest Petitgenêt*, tisserands à la retraite. Elle travaillait dans une quincaillerie, tenue par les trois frères Halbronn et leurs épouses.

Georges Halbronn, industriel, né le 24/10/1898 à Épinal et son épouse Ida née Willard le 28/11/1902 à Mulhouse, vendeuse, habitaient à Épinal.
Georges et Ida seront déportés sans retour de Drancy à Auschwitz le 17/12/1943 par le convoi n° 63.
Lucien Halbronn, industriel, né le 20/02/1900 à Épinal et son épouse Yvonne née Judas le 06/08/1904 à Longuyon, commerçante, habitaient à Épinal
Lucien et Yvonne seront déportés sans retour de Drancy à Auschwitz le 31/07/1943 par le convoi n° 58.
Marcel Halbronn, industriel, né le 12/07/1901 à Épinal et son épouse Margot née Wolff le 24/01/1913 à Ingwiller, habitaient à Épinal.
Marcel et Margot seront déportés sans retour de Drancy à Auschwitz le 17/12/1943 par le convoi n° 63.

En juillet 1942, les Halbronn avaient recueillis Anny Tilleman, une petite fille juive de 3 ans. Adéla et Hersch Tilleman, et leurs deux enfants, Anny et son frère habitaient rue Neuve à Neufchâteau. C'est là qu'ils seront arrêtés parce que juifs et transférés à Épinal.
Les enfants en bas âge dont Anny et son frère furent séparés de leurs parents.

Adèle, 33 ans, née à Drohobycz (Pologne) le 14/03/1909, et Hersch Tilleman, 36 ans, né le 03/05/1906 à Drohobycz (Pologne), seront déportés de Drancy à Auschwitz le 27 juillet 1942 par le convoi n° 11.

Marthe Petitgenêt* connaissait Anny Tilleman depuis son séjour chez les Halbronn. Mais en septembre 1943, les Halbronn subirent le même sort que les Tilleman et furent à leur tour déportés vers l’Est. Le nom de Anny Tilleman ne figurait pas sur les listes de déportation, elle fut donc à nouveau abandonnée à son propre sort. Marthe décida alors de la recueillir chez elle où ses parents, malgré leur âge, l’accueillirent chaleureusement. Anny Tilleman fut élevée par « Tante Marthe » qui la considérait comme sa propre fille et ses parents firent œuvre de grands-parents. Anny Tilleman reprit une vie normale entourée de l’amour de sa nouvelle famille et fréquenta l’école maternelle, tout en gardant son vrai nom, malgré les risques encourus. Au moment de la retraite allemande en 1944, Épinal subit un bombardement et la maison attenante à la maison des Petitgenêt, fut touchée. Ermance Petitgenêt* décida alors d’éloigner Anny Tilleman de la ville et toutes deux allèrent s’installer à la campagne, chez Jean-Baptiste Rozenkrantz*, son frère, employé à la manufacture Prêcheur à Senones. Elles y vécurent jusqu’à la fin des opérations militaires et revinrent à Épinal pour y voir la Libération. Anny Tilleman avait survécu la guerre grâce au cœur généreux et à la bravoure des Petitgenêt.

Après la guerre, l’oncle de Anny Tilleman voulut la prendre en charge mais, après un court séjour chez lui, elle réintégra le foyer des Petitgenêt. Elle y resta jusqu’à son départ en Israël en 1954, à l’âge de 15 ans. Ce fut un grand déchirement pour toute la famille Petitgenêt, malgré les contacts réguliers qui se maintinrent par la suite.

Le 29 octobre 2000, Yad Vashem a décerné à Ermance* et Ernest Petitgenêt* et leur fille Marthe Petitgenêt*, ainsi qu’à Jean-Baptiste Rozenkrantz* le titre de Juste des Nations.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem