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Loir-et-Cher

Région :
Centre-Val de Loire
Département :
Loir-et-Cher

Préfets :
Jacques Bussière
(25/11/1942 - 1944) Jacques Félix Bussière, Préfet régional d’Orléans (Eure-et-Loir, Loiret et Loir-et-Cher et les parties occupées du Cher et de l'Indre). Arrêté, interné au camp de Compiègne puis déporté en Allemagne, il mourra en déportation (1895-1945)
Jacques Moranne
(25/06/1940 - 1942) Jacques Alexandre Moranne, Préfet régional d’Orléans (Eure-et-Loir, Loiret et Loir-et-Cher et les parties occupées du Cher et de l'Indre) (1901-1982)
Angelo Chiappe
(06/02/1944 - 08/1944) Ange Marie Pascal Eugène Chiappe, Préfet régional d’Orléans (Eure-et-Loir, Loiret et Loir-et-Cher et les parties occupées du Cher et de l'Indre). Arrêté à la Libération, il est fusillé le 23 janvier 1945. (1889-1945)
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(1944 - 1946) Commissaire régional de la République d’Orléans (Eure-et-Loir, Loiret et Loir-et-Cher et les parties occupées du Cher et de l'Indre) (1896-1957)

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Juste parmi les Nations

Jean Philippeau


Dossier Yad Vashem : 14266
Remise de la médaille de Juste : 24/08/2022
Sauvetage : Vendôme 41100 - Loir-et-Cher
Profession: Savetier

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Notice

Abraham Reiman et Malka Zolkwer, nés en Pologne, se fiancent en Pologne. En 1919, Abraham Reiman fuyant la Pologne antisémite, arrive en France. Malka Zolkwer ne le rejoint qu'à la fin des années 20.
Ils se marient à Paris en 1929.
Abraham Reiman est artisan fourreur, dans le quartier du Marais.

En 1931, naît Madeleine, puis Arlette, dix huit mois plus tard, le 30 mars 1933, année de l'avènement du national socialisme en Allemagne.
Ils habitent 114 rue du Temple dans le 3e arrondissement de Paris, où vivre de nombreux immigrés d’Europe centrale et orientale, dont une grande partie parle le yiddish.

A la déclaration de la guerre, Abraham Reiman s'engage.

En 1940, la famille est contrainte de se faire recenser.1

Le 16 mai 1941, en application des lois antisémites Vichy2, Abraham Reiman est convoqué en tant que Juif étranger pour un "contrôle d'identité"3. Il se présente au commissariat de la rue Beaubourg. Il est alors arrêté lors de la rafle dite "du billet vert". Interné dans le camp de Pithiviers, Abraham Reiman restera enfermé un an avant d'être déporté sans retour vers Auschwitz, par le convoi n°4, le 25 juin 1942.

Malka Reiman travaillait alors dans un atelier de confection de gilets en peaux de lapin, pour les soldats allemands engagés sur le front russe (une entreprise située rue Martel, dans le Xe), et disposait à ce titre d’un Ausweis, un laissez-passer.

Pendant l'été 1941, alors qu'Abraham est à Pithiviers, Malka fait connaissance avec un gendarme alsacien, qui l'aide à faire passer le courrier qu'il met dans ses guêtres. Il parvient même à amener Madeleine et Arlette voir leur père. Il les met devant les barbelés et appelle Abraham.4

En juin 1942, Malka Reiman et ses filles portent l'étoile jaune, conformément à une ordonnance allemande concernant tous les juifs âgés de plus de six ans.5

A l'école de la rue de Montmorency, que fréquente la petite Arlette, la directrice prévient : "si je dois entendre une seule réflexion, à l’encontre des petites filles portant une étoile, vous êtes toutes punies et renvoyées".6

Le 16 juillet 1942, très tôt le matin, Malka Reiman et ses deux filles, Madeleine et Arlette sont arrêtées chez elles, 114 rue du Temple, par deux agents de la police française en application de l'opération "Vent printanier", plus connue sous le nom de "Rafle du Vel d'Hiv".7

Arlette témoigne : "Le 16 juillet, la police s’est présentée au domicile de mes parents, très tôt, vers cinq heures du matin, je crois. Ma sœur dormait et le bruit ne l’avait pas réveillée. Les policiers devaient aussi arrêter mon père, mais c’était déjà fait… Nous ne savions d’ailleurs pas ce qu’il était devenu.
La colère de ma mère n’a pourtant pu empêcher la police de nous emmener. Nous avons préparé des paquets et de petits baluchons. Tout ce qui était autorisé. Ceux qui n’avaient pas de valises avaient fait des paquets en utilisant des nappes, des draps, noués au quatre coins, et même des taies d’oreiller. En descendant l’escalier, j’ai vu que les quatre familles juives de l’immeuble étaient là. Il y avait mes camarades de classe. Les enfants les plus petits avaient deux, trois ans, les plus âgés treize.
"8

Entassées dans un autobus, elles sont conduites au vélodrome d’hiver, dans le XVe arrondissement, à l’angle de la rue Nélaton et du boulevard de Grenelle : "Nous sommes partis en autobus en direction du Vel d’Hiv : encore aujourd’hui, plus de soixante ans après, j’ai peur et je ne peux jamais traverser la Seine au Pont Bir Hakeim.
Nous sommes restées plusieurs jours dans ce stade conçu pour des courses de vélo, et recouvert d’une verrière. C’était le plein été, il faisait une chaleur épouvantable. Nous étions plusieurs milliers d’hommes, femmes, enfants de tous âges, vieillards, malades, grabataires, handicapés, femmes enceintes… Avec peu de nourriture, sans eau. Et deux sanitaires…
Très vite, se développe une odeur infecte… Les toilettes sont bouchées, les gens urinent dans les gradins de béton. Des femmes accouchent par terre pendant que d’autres tentent d’avorter dans les toilettes espérant pouvoir être évacuées. A la vue de tout ce sang, j’ai cru qu’on tuait les gens dans les toilettes ! Sans compter les tentatives de suicide et ceux qui sombrent dans la folie. Alors que j’étais une petite fille très remuante, j’ai passé plusieurs jours tétanisée, collée à ma mère.
"9

Le 19 juillet 1942, Malka Reiman et ses deux filles sont transportées en bus jusqu’à la gare d’Austerlitz. Elles montent dans un wagon à bestiaux fermé avec une lucarne et deux bidons d'eau et arrivent à Beaune-la-Rolande.
"Au bout de trois jours, au cours desquels j’ai assisté à des événements qu’une enfant de mon âge n’aurait jamais dû voir, on a affiché des listes de noms. Nous sommes parties de la gare d’Austerlitz (depuis, je n’aime pas cette gare et je ne peux absolument pas dépasser le hall d’entrée) pour Beaune-la-Rolande, dans le Loiret.
Nous avons dû grimper dans des wagons à bestiaux, avec pour seule nourriture un bidon de lait et une boîte de sardines. Sans ouvre-boîte…
Très vite ce fut la pagaille, que ma mère fit cesser pour que les plus petits puissent avoir à boire. Nous n’avions qu’une petite lucarne grillagée pour respirer. Ma mère fit en sorte que les adultes pussent faire respirer les enfants à tout de rôle en les portant et en les hissant au niveau du grillage.
Comme elle voulait absolument prévenir nos voisins de notre situation, elle eut l’idée de laisser tomber une lettre sur la voie ferrée : elle y avait glissé de l’argent et avait enroulé le tout avec quelques-uns de mes cheveux pour l’attacher solidement. Par chance, un cheminot a trouvé le message et l’a envoyé à destination.
"10

Les femmes et les enfants arrivent dans des baraques vidées de leurs internés déportés.

Malka Reiman sert d’interprète. Elle fait valoir avec son Ausweis qu’elle travaille pour l’armée allemande et elles sont renvoyées à Paris le 24 juillet dans la catégorie des "Juifs utiles". Comme elles n’ont pas d’escorte militaire, elles s’échappent du train.
Toutes trois rentrent à Paris à pied, sans papiers, leurs cartes d’identité, avec le tampon juif étant restées à Beaune. Malka Reiman brise les scellés sur la porte de l’appartement, récupère un peu d’argent et se met à la recherche d’une cachette pour ses filles.
A Paris, elles habitent quelques jours chez une amie, Pauline Pint, mère de la petite Lili, une amie de classe des filles. Par son intermédiaire, elles partent se cacher en Touraine.

Madeleine et Arlette sont ainsi cachées par Jeanne* et Jean Philippeau* à Vendôme. Lui est savetier, elle s’occupe des cinq enfants qu’ils hébergent, dont quatre enfants juifs, et les prennent en affection. L'un d'eux, Simon Windland, partira ensuite se réfugier plus tard dans un autre endroit
Chaque enfant, qui sait qu’il doit se taire, ignore que les autres enfants sont juifs.
Malka Reiman viendra également rejoindre ses filles.

Les problèmes sont multiples : se ravitailler, ne pas se faire repérer, il faut cacher son nom, d’autant que l’armée allemande occupe un bâtiment juste en face de la maison de Vendôme, fréquenter le patronage. Leur mère loue ses services de cuisinière "alsacienne" ou de couturière dans les fermes.
Elles apprendront que le curé de la paroisse a été dénoncé mais elles échapperont à l’arrestation, après avoir vécu la fin de l’occupation dans des champignonnières.

En septembre 1944, elles retournent à Paris. Chaque jour Malka Reiman et ses filles se rendent Gare de l’Est et à l’Hôtel Lutétia, espérant trouver le nom de Abraham Reiman sur les listes. Elles apprendront qu’il avait été déporté à Auschwitz sans retour par le convoi n° 4 du 25 juin 1942.

Malka Reiman se laisse alors mourir de chagrin et décède le 7 janvier 1946.

Elles rencontrent deux frères, Jo (Yosselé) et Charles (Shloïmé) Testyler, tous deux polonais, rescapés des camps et qui viennent de s’installer à Paris. Ils ont perdu leurs parents et leur sœur cadette à Birkenau. Les deux soeurs épousent les deux frères...

On apprendra plus tard que Jeanne Philippeau* était pendant la guerre en lien avec l’OSE (Œuvre au secours de l’enfance) et a placé un bon nombre d’enfants dans des familles afin de les cacher et les protéger.

Le 24 août 2022, Yad Vashem – Institut International pour la mémoire de la Shoah a décerné à Jeanne* et Jean Philippeau*, le titre de Juste parmi les Nations.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem



Réseau de sauvetage
Jeanne Philippeau

 
Familles hébergées, cachées, aidées ou sauvées par Jean Philippeau
Madeleine Reiman
Malka Reiman (dite Marta)
Arlette Reiman
Simon Windland

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1 L'abbé Henri Péan Chef méconnu de la Résistance en Touraine (Le curé de Draché à partir de 1930 sous l'occupation, l'âme de la résistance en Sud Touraine et Nord de la Vienne.
144 pages format 16x23cm 60 illustrations (inédites pour la plupart) ISBN : 978-2-914818-49-0 )
2 Honneur à des résistants (résistants à Esvre et déportation en camps de la mort. )
3 bombardements à Beaujardin Tours (Chateau de Beaujardin à Tours , bombardements. )
4 Mémoires du survivant des camps nazis A-5672 - Leonhard Bundheim (L'ouvrage retrace le parcours de Leonhard Bundheim depuis son enfance. Viendra ensuite l'exil après l'avènement du nazisme et "la nuit de cristal". C'est alors qu'il quitte son pays natal par kindertransport pour la Belgique d'où il sera expulsé en mai 1940 vers les camps d'internement du sud de la France. Grâce à l'action de l'OSE, il rejoint ensuite Limoges mais est arrêté lors de la grande rafle du 26 aout 1942 à Limoges, transféré à Nexon et déporté par la convoi 27.
Il connaîtra différents camps de travaux forcés pour juifs, survivra à la marche de la mort.
Après guerre, il rejoint Lyon où sa mère travaille (L'Hirondelle")et se marie avec Suzanne (membre des EIF). Il émigre illégalement en Israël en 1947. Il est décédé durant l'hiver 2018, peu de temps après la publication de son témoignage. Source Fanny DUPUY )

Notes

- 1 - Ordonnance allemande du 27 septembre 1940 : les juifs ont jusqu’au 20 octobre pour se faire recenser.
- 2 - 29 mars 1941 : création du Commissariat général aux questions juives dirigé par Xavier Vallat puis par Louis Darquier de Pellepoix.
- 3 - Printemps 1941 : rafles de Juifs étrangers. 3747 sont dirigés vers les camps du Loiret
- 4 - Le gendarme sera poursuivi après la Libération, accusé d'avoir été un collaborateur. Malka Reiman et Arlette témoigneront en sa faveur. Témoignage d'Arlette Reiman-Testyler à propos du film La Rafle.
- 5 - Selon l'ordonnance allemande du 29 mai 1942, les Juifs de la zone occupée âgés de plus de six ans sont obligés de porter l’étoile jaune.
- 6 - Témoignage d'Arlette Reiman-Testyler au Lycée Jacques Decour, 2009.
- 7 - Les 16 et 17 juillet, la rafle du Vel d’Hiv touche les Juifs étrangers de Paris et de la banlieue. 13 152 Juifs arrêtés dont plus de 4000 enfants.
- 8 - Témoignage d'Arlette Reiman-Testyler, recueilli par Christine Guimonnet, lycée Paul Claudel.
- 9 - Témoignage d'Arlette Reiman-Testyler, recueilli par Christine Guimonnet, lycée Paul Claudel.
- 10 - Témoignage d'Arlette Reiman-Testyler, recueilli par Christine Guimonnet, lycée Paul Claudel.

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