Laurent Leboutet

	Laurent Leboutet source photo : Yad Vashem crédit photo : D.R.
	Laurent Leboutet, commissaire en charge de la sécurité du port de Sète, il contribue délibérément au départ de l’Exodus le 11 juillet 1947 qui emmenait 4 554 rescapés de la Shoah vers la Palestine, dont 1 282 femmes, 1 600 hommes et 1 672 enfants source photo : Arch. crédit photo : D.R.
	Agent n° 91 de Turma-Vengeance source photo : Arch. fam. crédit photo : D.R.

Laurent Leboutet*, "dit Jean Le Breton", est né le 20 septembre 1901 à à Saint-Laurent-sur-Gorre (87).

Alors qu'il avait 8 ans, sa mère l'avait entendue répliquer aux voisins : "Oui, c'est vrai, j'achète des marchandises aux juifs errants qui passent. Ce sont des gens comme les autres, ils ont besoin de gagner leur vie".
Il prolongera ses actions toute sa vie.

Etudiant en droit à Paris dans les années 1930, Laurent Leboutet* avait été un membre actif de la Ligue internationale contre l'antisémitisme (LICA), participant aux combats de rue entre les ligueurs fascistes et les étudiants juifs. C'est là qu'il avait rencontré Marthe Roudine, une jeune camarade juive.

En 1935, il devint commissaire à Montluçon.

Très soucieux de sa mise malgré un début d'embonpoint, le noeud papillon impeccable, il arborait volontiers une brochette de petites médailles.

Pendant l'occupation, Laurent Leboutet*, marié à Clotilde, est chef des Renseignements généraux à Blois, chef-lieu du département du Loir et-Cher en zone occupée.
Il se trouve en charge du point de contrôle de Selles-sur-Cher, sur la ligne de démarcation. Il va y organiser une filière d’évasion.

En octobre 1941, des amis de Laurent Leboutet* lui demandent d'aider quatre amis juifs à franchir la ligne de démarcation entre les zones occupées et inoccupées de la France. Parmi les quatre Juifs se trouvaient Madame Novogrotte et son fils.
Laurent Leboutet* a planifié l'opération très soigneusement. Madame Novogrotte était cachée dans une caisse montée sur une charrette tirée par des chevaux. La caisse était recouverte de divers objets et le fils de Madame Novogrotte, déguisé en paysan munis de faux papiers, tenait les rênes. A Selles-sur-Cher, point de contrôle allemand sur la ligne de démarcation, Laurent Leboutet* attendait comme s'il souhaitait traverser la zone inoccupée. Quand son tour vint, il fit semblant de ne pas pouvoir trouver ses papiers, et une longue file se forma derrière lui. Lorsqu'il présenta enfin ses papiers, l'officier allemand, irrité, ne jeta qu'un rapide coup d'œil au «paysan» et à sa charrette. Ainsi, Madame Novogrotte et son fils ont été sauvés, tout comme Guy Cupfer et René Szmulansky.

En 1942, Laurent Leboutet* se rendit au camp de détention du Sanatorium des Pins de Lamotte-Beuvron (41). Parmi les détenues, Laurent Leboutet* reconnait Marthe Roudine, une femme juive qui avait étudié le droit avec lui à Paris. Elle était hagarde et vêtue de haillons.
Laurent Leboutet* intervient et demande à un gardien de convoquer Marthe Roudine. Bien que son autorité ne s’étende pas aux prisonniers, Laurent Leboutet* réussi à faire supprimer le nom de Marthe Roudine de la liste du camp. Il la persuade de s’évader et lui trouve une cachette sécurisée.

Le 2 mai 1943, il rejoint le réseau Turma-Vengeance (Agent n° 91). Il sauve de nombreux juifs en Loir-et-Cher et accomplit des missions pour la Résistance en Suisse.
En juin 1944, il est recherché par la police de Vichy et rejoint le maquis.

Il poursuit son action après guerre : le 11 juillet 1947, commissaire de Port de Bouc en charge de la sécurité du port de Sète, il contribue délibérément au départ de l’Exodus qui emmenait 4 554 rescapés de la Shoah vers la Palestine, dont 1 282 femmes, 1 600 hommes et 1 672 enfants embarqués comme émigrants illégaux sur le paquebot le 10 juillet.

Il fut décoré de la Légion d’Honneur, de deux Croix de Guerre, et de la Médaille de la Résistance.

Laurent Leboutet* constituera à son modeste domicile un "Musée de l'Exodus", qu'il léguera après son décès à l'État d'Israël.
Le 27 février 1991, Laurent Leboutet* sera fait citoyen d'honneur de l'État d'Israël.

Le 6 novembre 1973, l'institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Laurent Leboutet* le titre de Juste parmi les Nations.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem