Lucien Chesnoy

Denise* et Lucien Chesnoy* étaient fermiers à Fréville-du-Gâtinais, dans le Loiret, où ils habitaient avec leurs 4 enfants.

Ils firent la connaissance de Abraham Mordehaï Bursztejn, dit Motek, né le 1er juillet 1904 à Pinsk, en Russie Blanche et son épouse au début de la guerre. Brana Bursztejn était venue se réfugier à la campagne avec ses enfants Annette et Jacques ; Motek mobilisé dans l'armée française, avait été blessé et fait prisonnier par les Allemands.
Motel Bursztejn était arrivé en France en 1931 pour poursuivre des études de Lettres et devait partir ensuite au Canada. Mais il a rencontré Brana Szwarcbart, née le 20 septembre 1914 et a décidé de rester en France.
De leur union, naissent Annette en 1932 et Jacques en 1938. Monique naîtra en 1942.

Après l'armistice, Brana Bursztejn retourna à Paris pour reprendre son travail, laissant les enfants à la ferme des Chesnoy qui avaient eux même quatre enfants; grâce à son salaire elle pouvait payer la pension de Annette et de Jacques .
Motek Bursztejn fut remis en liberté en sa qualité d'ancien combattant blessé et rentra chez lui.

Le 13 mai 1941, Motek reçoit le fameux "Billet vert" lui enjoignant de se rendre au Gymnase Japy à Paris.Il sera interné au camp de Beaune-la-Rolande de mai à septembre 1941, date à laquelle il est libéré parce que blessé de guerre à un pied.

Le 16 juillet 1942, Motek est raflé avec Brana et leur bébé Monique, qui venait de naître ; tous les trois furent emmenés au Vélodrome d'Hiver. Brana Bursztejn réussit à s'en échapper avec Monique.
Motek sera déporté sans retour le 22 juillet 1942 par le convoi n° 9 et meurt à Auschwitz le 18 septembre 1942. Il avait 38 ans.

Compte tenu de sa nouvelle situation, Brana Bursztejn fit venir son fils Jacques, laissant Annette chez les Chesnoy. La fillette grandit à la ferme comme si elle faisait partie de la famille, allant à l'école avec ses "frères".
Dans sa déposition après la guerre elle explique qu'elle avait l'impression d'être le cinquième enfant des fermiers. Tous les enfants à l'école savaient qu'elle était juive, mais quand les gendarmes posaient des questions, Denise Chesnoy déclarait qu'il s'agissait d'une réfugiée. Annette vécut à Fréville-du-Gâtinais jusqu'à la fin de 1943, où sa mère la rapprocha de Paris.

Après la guerre, Annette perdit contact avec ses sauveteurs. Cinquante ans plus tard, son mari et elle achetèrent une maison de campagne dans le Loiret. Le maire du village, regardant sa photo de classe, reconnut une de ses camarades. Il s'ensuivit une émouvante rencontre entre tous les élèves de cette classe, instituteur compris, et Annette retrouva ainsi les Chesnoy.

Le 9 décembre 1996, Yad Vashem a décerné à Denise* et Lucien Chesnoy* le titre de Juste des Nations.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem