Lucien Louyot

	Lucien Louyot source photo : Fondation Claude Lévy crédit photo : D.R.

Une chaîne de sauveurs en Meurthe-et-Moselle
- Germaine Bour* était boulangère à Pont-à-Mousson (54).
- Anna*, née en 1902, et Victor Gouy*, né en 1900, avaient une ferme à Ansoncourt sur la commune de Limey-Remenauville (54).
- Cécile et Victor Hergott*. Victor Hergott* avait une entreprise de transports à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle) (54).
- Lucien Louyot*, né en 1914 à Arry (57), était boulanger à Pont-à-Mousson (54).
- Cultivateur et ancien combattant très décoré de la Grande guerre, Émile Thouvenin* et son épouse Geneviève* exploitaient une ferme isolée à Limey-Remenauville (54). Ils étaient secondés par leurs cinq enfants.

Famille Hoffmann
Adolphe Hoffmann, fondeur, et son épouse Berthe sont des Juifs originaires de Russie. Ils vivent à Pont-à-Mousson dans un logement situé au-dessus d'une boulangerie avec leurs trois enfants : Eugénie, née en 1925, Ida, née en 1927, et Arnold, né en 1933.
Leurs voisins du dessus sont Germaine Bour* et son mari, des boulangers.

Adolphe Hoffmann, fondeur, et son épouse Berthe s'étaient liés d'amitié avec Cécile et Victor Hergott*.

Adolphe Hoffmann travaille dans une fonderie et les enfants vont à l'école.

En 1943, Adolphe Hoffmann est arrêté parce que Juif et interné à Drancy.

Le 1er mars 1944, Monsieur Véry, professeur de piano d'Eugénie, l'aînée des enfants Hoffman, la retient après sa leçon de piano et lui demande de prévenir sa mère qu'une rafle est prévue pour le lendemain.

Berthe Hoffmann, seule avec ses enfants et ne sachant que faire, envoie son fils, Arnold, 10 ans, dormir chez Cécile* et Victor Hergott*.
Il y restera jusqu'à la Libération. Leur fille Pierrette était très contente d'avoir un camarade de son âge.

Le lendemain matin, Berthe Hoffmann et ses trois filles virent par la fenêtre les soldats Allemands approcher. Affolées, elles allèrent se cacher dans l'entrepôt de la famille Bour* dans un bâtiment derrière leur immeuble, derrière les sacs de farine.
Germaine Bour*, qui avait suivi toute la scène, alla les chercher et les amena chez elle, puis elle partit ouvrir la boulangerie comme tous les matins.

Peu après, lorsque les Allemands vinrent à la boulangerie demander où étaient les Hoffman, Germaine Bour* répondit qu'ils avaient déjà été tous arrêtés.

C'est Lucien Louyot*, boulanger à Pont-à-Mousson, qui va demander à Geneviève* et Émile Thouvenin*, qui exploitent une ferme isolée à Remenoville avec leurs cinq enfants, d'accueillir Berthe Hoffmann et sa fille Eugénie.
Émile Thouvenin* prête main forte à la résistance locale, héberge des maquisards et cache des armes.
La jeune fille et sa mère sont chaleureusement accueillies et présentées comme des membres de la famille.
Le dimanche elles se rendent à la messe avec la famille Thouvenin*.

Berthe Hoffmann prend part aux tâches ménagères et à la cuisine, tandis qu'Eugénie aide aux travaux des champs.

Émile Thouvenin* leur ménage, en cas d'alerte, une cachette dans les bois, qu'elles utiliseront une fois suite à une rumeur de dénonciation.

En août 1944, devant la montée du danger, la ferme des Thouvenain* est suspectée de fournir de l’aide à la Résistance et de ce fait devient une cible de recherches intensives par les soldats allemands. Émile Thouvenin* pense que ses « invités » seraient plus en sécurité dans une autre cachette. Il demande alors à des amis habitant dans la région, Anna* et Victor Gouy*, de cacher Berthe Hoffmann dans leur ferme près de Limey-Remenauville(Meurthe-et-Moselle). Anna* et Victor Gouy* acceptent de cacher Berthe Hoffmann qui est rejointe en août par sa fille Ida âgée de 15 ans.
Anna* et Victor Gouy* les présentent comme des membres de leur famille qui avaient fui leur maison dans le nord de la France après que celle-ci ait été démolie dans un raid aérien.
Au moment du repli vers l’Est des armées allemandes, les soldats allemands continuent à chercher des Juifs et quand ils en trouvent, les arrêtent et les déportent. La population française était terrorisée et craignait des représailles sévères pour ceux qui étaient suspectés d’activités antinazies ou d’aider la Résistance française. Anna* et Victor Gouy* s'étaient mis eux-mêmes en danger en abritant la famille Hoffmann.
Les Hoffmann restèrent dans la ferme des Gouy* jusqu’à la Libération.

Famille Lustig
Les quatre sœurs Lustig sont sauvées in-extremis de la mort le 2 mars 1944.
Benjamin Hersch Lustig, né le 4 février 1900 à Limanowa (Pologne) et son épouse, Léa Élisabeth, née Klinger, le 7 juillet 1907 à Dortmund (Allemagne), sont épiciers et habitent une maison située 15 rue des Barclay à Pont-à-Mousson. Leurs quatre filles, nées en France, sont françaises.
Le 19 juillet 1942, la police française rafle tous les Juifs étrangers de la région. Les parents Lustig sont arrêtés parce que Juifs et déportés sans retour le 27 juillet 1942 de Drancy vers Auschwitz.
Les quatre sœurs, Renée (Régina), née le 5 juillet 1925 à Nancy, Lily (Liliane), née le 15 décembre 1930 à Nancy, Ginette, née le 8 décembre 1932 à Nancy, et Monique, née le 7 avril 1939 à Pont-à-Mousson, continuent à habiter dans leur appartement, aidées par une amie française de leurs parents.

Le 2 mars 1944, deux sous-officiers de la Feldgendarmerie arrivent au lycée Marquette et se présentent au bureau du principal pour arrêter Renée, Liliane et Ginette Lustig, qui était en 6e.
Le proviseur Jean Strohmann leur répond qu'elles ne sont pas présentes dans l'établissement. Les Allemands manifestent l'intention de fouiller l'établissement, mais Jean Strohmann, jouant le fonctionnaire zélé, s’y oppose : "Sans une autorisation écrite des autorités académiques, il est interdit à des personnes étrangères au collège d'avoir un contact avec les enfants". Il va chercher les trois filles dans leurs classes et demande aux élèves de ne rien dire. Tout le monde suivra la consigne lorsque les Allemands se présenteront à nouveau le jour-même dans l'établissement.
Les quatre sœurs avaient eu le temps d'être évacuées.

Le boulanger de la place Duroc, Lucien Louyot* les cache une nuit puis elles seront prises en charge par Paul Grosse*, marchand de bois à Maidières, qui habite boulevard Ney. Paul Grosse*, un ami de leurs parents, leur trouve des refuges grâce avec l'aide de Roger Ledain* de Pont-à-Mousson, résistant, qui leur fournit des faux papiers, de fausses cartes d'alimentation et s'occupe de la scolarité des quatre sœurs.
Les quatre sœurs sont d'abord envoyées chez Marie-Luce Grosse*, dite Gaby, la belle-sœur de Paul*, qui a une ferme à Essey-Maizerais et soutient la résistance. Renée y restera jusqu'à la fin de la guerre, se liant d'amitié avec Marie-Luce Grosse* et avec l'institutrice du village, Mlle Hugel. L'amitié entre Renée et Marie-Luce Grosse* perdurera. Lily, Monique et Ginette sont envoyées chez Marguerite Pagès*, institutrice à Essey-Maizerais. Marguerite Pagès* garde la plus jeune des filles, Monique, tandis que Lily et Ginette sont placées dans des fermes des environs, mais chaque fois qu'un danger se présente, Paul Grosse* leur trouve de nouveaux refuges. Lily racontera qu'elle a changé sept fois d'abri en 3 mois.
Les quatre sœurs ont été sauvées.

Les deux aînées se sont installées à Nice et à Nancy, tandis que les deux plus jeunes sont parties vivre aux États-Unis dans les années 1960.
Le fils aîné de Lucien Louyot*, Michel Louyot, né le 28 septembre 1938 à Pont-à-Mousson, étudiera les Lettres classiques à l'université de Strasbourg et le russe, occupera durant vingt années différents postes culturels en Europe de l'est et au Japon et sera auteur de poésie, de théâtre, d'essais, de romans et de nouvelles.

Le 4 juillet 1991, Yad Vashem a décerné à Lucien Louyot* le titre de Juste parmi les Nations.
Le 26 décembre 1994, l'Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Geneviève* et Émile Thouvenin* le titre de Juste parmi les Nations.
Le 13 mars 1997, Yad Vashem a décerné à Germaine Bour* le titre de Juste des Nations.
Le 13 mars 1997, Yad Vashem a décerné à Cécile et Victor Hergott* le titre de Juste des Nations.
Le 23 septembre 2007, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné le titre de Juste parmi les Nations à Anna* et Victor Gouy*.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem