Gisèle Lazar

Joséphine* et Roger Demeyrier*, un jeune couple âgé de 20 et 25 ans en 1944, habitaient le hameau de Crapons sur la commune de Ballaison (Haute Savoie) avec leurs deux fillettes, Monique, âgée de 3 ans, née en 1941, et Josette, âgée de 1 an, née en 1943.
Ils possédaient une laiterie, produisaient du beurre et des fromages et élevaient des cochons. 

En mai 1940, les Allemands envahissent la Belgique. Hermann Lazar, né en 1892, son épouse Gisela née Goldzeiger en 1896 et leurs enfants, quittent Anvers pour le Sud-Ouest de la France, où elle trouve refuge chez les Roth à Toulouse.
Nicola était né le 4 juillet 1928 en Roumanie, avant que ses parents s'installent à Anvers.Là naîtront quatre autres enfants : Joseph le 22 juin 1930, Katherine le 14 juin 1932, Alex le 15 décembre 1934 et Léopold en 1939.

En septembre 1940, Gisèle et Hermann Lazar sont arrêtés avec leurs 5 enfants et envoyés au Camp de Brens. En février 1941, ils sont envoyés au Camp Joffre à Rivesaltes, d'où Herman parvient à s'évader.

En décembre 1941, l'OSE ( oeuvre de secours aux enfants) recueille les enfants du camp pour les placer dans leurs établissements. Catherine quitte ainsi le camp avec ses frères. Ils sont envoyés à Palavas-les-Flots, tandis que Léopold est confié à la Pouponnière de Limoges.
Après être passés par plusieurs maisons d’enfants de l’OSE ils arrivent à Broût-Vernet fin janvier ou début février 1942. Joseph est inscrit sur le registre de l’école comme entrant le 2 février 1942, Alex en mai-juin 1942 et Catherine au 1er octobre 1942.

Fin 1942, les Allemands occupent la zone libre, le danger est de plus en plus pressant pour les enfants et l'OSE cherche des familles chrétiennes pour les accueillir.
Après l’arrestation de Jean Cogan et de ses deux enfants, Albert et Fanny, le 2 novembre 1943 il fallut basculer dans la clandestinité.
C'est ainsi que Catherine, devenue Catherine Lagarde, affaiblie et malade, est envoyée chez Joséphine* et Roger Demeyrier* à Ballaison dans le froid de décembre 1943 avec pour tout bagage un petit balluchon de coton.

Quant aux garçons Nicolas, Joseph et Alex on leur a donné des billets de train pour Lyon avec une adresse à Villeurbanne, celle de l’école paroissiale de Fourvière où ils sont restés deux semaines. Puis ils partent dans l’Ain à Torcieu, petit village près d’Ambérieu.  

Joséphine* et Roger Demeyrier* accueillirent la petite Katherine Lazar à bras ouverts.
Joséphine* va prendre soin d'elle et soigner son angine et Roger Demeyrier* lui aménage une cachette sous le poulailler, si jamais...
Elle va rester 8 mois chez Joséphine* et Roger Demeyrier*, participant à la vie de la famille, aux travaux de la ferme et se rendant à l'église le dimanche pour ne pas éveiller les soupçons des voisins.

Un camion allemand s’arrêta un jour devant la maison, où des armes étaient cachées dans des bidons de lait, et Katherine Lazar, se rendant compte qu’elle ne devait pas révéler qu’elle comprenait l’Allemand. Elle traduisit à l’oreille de Roger Demeyrier* qu’ils voulaient du beurre et des fromages, ce qui les sauva tous. 
Joséphine Demeyrier* emmena sa petite protégée à Annecy lui acheter des vêtements. 
L’enfant resta huit mois dans cette famille et fut remise à la Libération à ses parents, rescapés de Buchenwald.

A la Libération en août 1944 elle retrouve ses parents et ses frères au camp de La Meyse (Haute-Vienne) avant de partir pour Limoges. En janvier 1945 toute la famille part pour le château d’Ambloy (Loir-et-Cher) où sont rassemblés les enfants survivants de Buchenwald.

Le 18 juillet 2004, Yad Vashem a décerné à Joséphine* et Roger Demeyrier* le titre de Juste des Nations.