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Marne

Région :
Grand-Est
Département :
Marne

Préfets :
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(15/04/1938 - 25/09/1940) Préfet de la Marne
René Bousquet
(1940 - 1942) Préfet de la Marne, nommé préfet régional de la région de Châlons-sur-Marne (Marne, Haute-Marne et Aube) le 28 août 1941 (1909-1993)
Louis de Peretti
(18/05/1942 - 1944) Louis Alexandre Valère de Peretti della Rocca, Préfet régional de la région de Châlons-sur-Marne (Marne, Haute-Marne et Aube)
Marcel Grégoire
(1944 - 1946) Commissaire régional de la République de la région de Châlons-sur-Marne (Marne, Haute-Marne et Aube)(1884-1969)

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Texte pour ecartement lateral

Jacques Rotenberg

Texte pour ecartement lateral

Reims 51100 Marne
Nom de naissance: Jacques Jacob Rotenberg
Date de naissance: 14/04/1926 (Paris)

Nationalité : Français
Parcours : Reims (Marne) - Nîmes (Gard) - Mialet (Gard) - Saint-Jean-du-Gard - Annecy - Duingt - Saint-Gingolph (Suisse) - Thonon-les-Bains - Annecy - Nîmes - Monoblet (Gard) - Nîmes - Saint-Jean-du-Gard - Lasalle - Montpellier - Castres - Viane-Pierre-Segade - Lasalle - Castres - Montpellier - Lasalle - Nîmes - Reims
Aidé ou sauvé par : - Edgar Wasserfallen - Gabriel Soulier - Juliette Soulier - Élise Wasserfallen
Qualité: Résistant juif
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Jacques-Rotenberg
Carte d'identité de Jacob Rotenberg
source photo : Arch. fam.
crédit photo : D.R.
Histoire

Témoignage de Jacques Jacob Rotenberg, écrit le 14 Mars 1994 à Jérusalem – Israël -, sur les épreuves vécues pendant la guerre de 1940 – 1944.

Mes parents, mes frères, Henri, Nathan et Roger, habitions à Reims au 71 avenue de Laon, jusqu’au 16 mai 1940, jour de notre départ, suite à l’invasion de la France pendant la "drôle de guerre".

Le 16 mai 1940, le chemin de l’exode nous conduisit à Nîmes dans le Gard.
Nous avons vécu une vie de réfugiés à peu près tranquille jusqu’en septembre 1942, date à laquelle commence en "zone libre" les persécutions, c'est-à-dire la "Chasse aux Juifs".

Mes parents en ayant eu connaissance rapidement, commencèrent à établir des contacts avec une certaine organisation protestante dénommée "Cimade".
Il ne faut pas oublier que partout en France sur les routes, dans les gares etc. la gendarmerie et la police faisaient des contrôles d’identité et que passer d’un département à un autre était l’équivalent du passage de frontières. Notre départ de Nîmes fut donc organisé pour le premier dimanche de septembre 1942.
Nous avons profité du pèlerinage annuel au "Musée du désert" prés d’Anduze (30) pour commémorer les persécutions contre les Protestants (Camisards), où des milliers de personnes se déplaçaient pour cette cérémonie. Il était plus facile de camoufler mes parents et Roger au milieu de cette foule.

Mon frère Henri quitta Nîmes la veille en compagnie de plusieurs gens. Tandis que Nathan et moi, sommes partis de Nîmes à pied en tenue de scout, accompagnés de deux jeunes personnes.
Nous nous sommes donc tous retrouvés au "Musée du désert" au milieu d’une foule immense.
Je me souviens très bien de l’allocution du Pasteur Boegner* (responsable de l’église protestante) s’élevant avec force contre les lois raciales à l’égard des juifs et les persécutions subis par ceux-ci.

En fin de journée mes frères Henri et Nathan furent pris en charge et dirigés sur Le Chambon-sur-Lignon (43)  et de là, quelques jours plus tard, gagnèrent la Suisse, ou ils seront internés jusqu’à la fin de l’occupation.

Mes parents, mon frère Roger et moi-même, étions maintenant pris en charge et nous nous dirigions sur Saint-Jean-du-Gard (30). Là, nous passions la première nuit dans une famille protestante.
Le lendemain, nous sommes évacués vers une ferme très isolée, à quelques kilomètres de Saint-Jean-du-Gard.

Au bout de huit jours, il est décidé de nous faire passer clandestinement en Suisse, mais pour cela il était nécessaire de repérer une filière. Je suis donc désigné pour accompagner un certain Mr Albert, afin de repérer les possibilités. Une précision importante à apporter est le fait que j’avais gardé ma citoyenneté française, alors que le gouvernement de Vichy la retirait aux Juifs naturalisés avant la guerre.
Je suis donc un des rares, avec mon frère Roger, tous deux nés en France, à avoir demandé et obtenu la nationalité française par "OPTION", ceci se passant en mai 1941. Je suis donc libre de voyager sans laisser passer.

Avec Mr Albert, nous avons pris le train pour Annecy. Nous passions alors, notre première nuit à Duingt, dans un hôtel tenu par des amis de Mr Albert. Duingt se trouve à quelques kilomètres de la frontière Suisse.
Ayant obtenu les renseignements nécessaires, nous décidions le lendemain de notre arrivée, de vérifier le passage vers la Suisse. Rien de plus facile, sans le savoir, après escalade d’un petit versant, nous nous sommes retrouvés nez à nez avec un garde frontière helvétique.
Après nous avoir mis en joue, il nous obligea à descendre sur Saint-Gingolph (petit village Suisse au milieu duquel se trouvant la frontière avec la France). Là nous sommes remis entre les mains des autorités helvétiques.
Nous insistions pour qu’ils nous relâchent en prétextant le fait que nous étions en promenade et que nous nous sommes égarés en Suisse. Il ne fallait en aucun cas qu’ils nous remettent aux mains des autorités françaises. Leur réponse fut la suivante : "Les français n’arrêtent pas les Juifs français, donc vous n’avez rien à craindre".

Après un interrogatoire d’une demie journée par différents officiers (très antipathiques), dont le contre espionnage, ils nous remirent solennellement, à hauteur de la barrière douanière aux mains des gendarmes français.
La réception fut très brutale et de suite ceux-ci nous mirent les menottes aux poignets.
Mon accompagnateur Mr Albert, en tant qu’officier de l’Armée de l’Air et étant titulaire de la Légion d’Honneur, interdit aux gendarmes de le toucher. Réponse cinglante d’un gendarme "FERME TA G...", le tout accompagné d’une paire de gifles bien sonores. Comme quoi c’était le gratin de la gendarmerie qui était au service aux postes frontières !!

Escortés de deux gendarmes et menottés aux poignets, nous avons pris un car pour Thonon-les-Bains ou j’ai été séparé de mon compagnon (je ne l’ai jamais revu. J’ai su que la Résistance l’a fait évadé car il était un des responsables de la Résistance donc une personne très importante).
J’ai été incarcéré à la prison de Thonon-les-Bains en attendant d’être présenté devant le Procureur de l’état. La nuit, seul dans ma cellule, j’ai beaucoup réfléchi à ce que je pouvais dire.
Le lendemain j’ai été présenté au Procureur. Entrant dans son bureau (qui je me souviens était immense) menottes aux poignets, à peine la porte ouverte, j’ai vu un individu, mèche à la Hitler, très jeune, hurlant dans ma direction : "Vous êtes français. Oui - Non, vous êtes Juif" et j’ai donc compris à qui j’avais à faire. Je passe les détails de mon interrogatoire. Je soutenais que j’étais en vacances que j’avais fait connaissance de Mr Albert à l’hôtel à Duingt, nous sommes partis en promenade et nous nous sommes retrouvés en Suisse sans le savoir.
On m’enferma, seul, dans la cave de la gendarmerie de Thonon-les-Bains en attendant le verdict.
Vers le soir, on me remonta de ma cellule et j’attendis dans un couloir de cette gendarmerie, toujours menottes aux poignets. Le capitaine passant près de moi, demanda aux gendarmes ce qui m’était reproché "franchissement clandestin de frontière" fut la réponse. Il m’a demandé mon âge. Sa réaction fut immédiate et il donna l’ordre de retirer les menottes en disant "vous voyez bien que ce garçon n’est pas un criminel" et précisa que l’on me serve le repas du soir dans un bureau et non pas dans la cave. Il me dit que jusqu’à mon transfert à la prison d’Annecy il avait donné l’ordre de ne pas me mettre les menottes !.

Le lendemain on me mit dans un train pour Annecy, dans un compartiment seul avec deux gendarmes, alors que les gens voyageaient debout dans les couloirs.
Mon arrivée à la prison d'Annecy s’est passée au milieu d’un branle bas de combat. Les gardiens hurlant dans tous les sens et faisant sortir tous les détenus des cellules. J’appris qu’un de ces "Youpins" avait tenté de se suicider. Il y avait de très nombreux prisonniers Juifs à la prison d’Annecy qui étaient dans mon cas.

En raison de mon âge (16 ans) j’ai été placé dans le quartier des mineurs c'est-à-dire, une grande chambré avec beaucoup d’espace. Là se trouvaient déjà trois détenus. L’un deux était un "mouton", mais il ne risquait pas de me faire parler !
J’ai eu un avocat commis d’office, chargé de me défendre lorsque je serai appelé à comparaître devant le tribunal. Je ne l’ai jamais vu, car je n’ai jamais été présenté au tribunal pour y être jugé. Il faut dire que dans de telles circonstances, malgré l’âge, la tête travaille. Il m’est venu à l’esprit d’écrire une lettre à mes parents (sachant que ceux-ci n’étaient plus à la maison, mais cachés dans la nature près de Saint-Jean-du-Gard. Je leur expliquais, dans cette lettre, que j’étais en prison à Annecy en attente d’être jugé pour "franchissement illégal de frontière" avec une connaissance faîte à l’hôtel, lors d’une promenade à Duingt, nous nous étions égarés en Suisse etc. et je demandais à mes parents de faire le nécessaire auprès de notre avocat de Nîmes pour qu’il me sorte de ce mauvais pas.
Je savais pertinemment qua ma lettre passerait par une censure, ce qui est généralement le cas dans les prisons et donc qu’elle serait lue avant d’être expédiée). En effet cette lettre fut censurée (il y avait le cachet de la censure sur l’enveloppe).
Je passais donc les fêtes de Tichri en prison. Cette prison était gardée par les miliciens et je peux vous dire que j’ai hérité de toutes les corvées les plus humiliantes.
A mon grand étonnement après un peu plus de 15 jours, j’ai été libéré sans avoir été jugé. J’ai toujours ma feuille de sortie de prison.

Immédiatement il m’est venu une pensée car je trouvais bizarre de ne pas avoir été condamné (alors que tous les juifs incarcérés avaient été jugés et condamnés puis remis aux Allemands pour être déportés). Je me suis donc méfié, et je me suis dis que j’allais sûrement être suivi jusqu’à Nîmes afin qu’ils puissent connaître mes contacts et montés la filière de l’Organisation. J’avais raison car ceci m’a été confirmé par le Commissaire Principal de Nîmes en novembre 1942.
Je suis donc arrivé à Nîmes par le train vers 5 h du matin, il faisait encore nuit. Je me suis rendu à l’appartement qui se trouve à trois minutes de la gare et sans pénétrer dans celui-ci, je suis aussitôt sorti par une porte dérobée, donnant sur une autre rue.
Je me suis rendu chez un camarade de lycée, dont la mère (une demoiselle Hirsch) était mariée à un goy. Lorsque j’ai sonné vers 6h du matin, cette brave MMe Vergole est restée pétrifiée, croyant voir un fantôme.
Le bruit avait déjà couru à Nîmes que j’avais été fusillé !! Je suis resté chez elle le matin et je l’ai chargé de contacter Mr X pour lui faire savoir que j’étais libéré et ce que j’attendais les ordres. J’ai su que la résistance était au courant de tout et j’étais protégé par ses soins.

Il me fut ordonné de rester 4 à 5 jours à Nîmes, de me montrer le plus possible, ce que je fis. Vous dire la joie de tous mes camarades de lycée et amis de me voir vivant, car tous croyaient que j’étais fusillé.

Au bout de 4 jours, il me fut ordonné de prendre le car pour rejoindre mes parents à Monoblet dans le Gard (entre temps il avait été jugé prudent de les mettre en sécurité ailleurs). Je revois toujours ma mère dans la cour de la ferme faisant cuire des oignons (elle n’avait pas été prévenue), en me voyant elle s’est évanouie, car elle aussi me croyait mort. Deux jours plus tard, le danger sur l’arrestation des juifs semblait écarté, aussi nous sommes autorisés à revenir à Nîmes.

J’avais été exclu du lycée (comme les autres jeunes juifs) par suite des mesures raciales. A la rentrée d’octobre, le proviseur du lycée technique, qui été réfugié alsacien, m’avait accepté dans son établissement. Nous sommes restés à Nîmes jusqu’au 11 novembre 42, date de l’occupation par les allemands de la zone libre. Ainsi la France était occupé entièrement.
Au lycée comme professeur de français j’avais une réfugiée originaire de Reims, Mlle Hedouin, dont le père était Directeur du Gaz, rue Chanzy. Elle connaissait très bien mes parents et elle était une des responsables du réseau de résistance de ce lycée qui était très actif. Pour l’histoire elle a été professeur de sciences Eco en terminale au lycée de Reims et ma fille Linda, 26 ans plus tard, a été son élève.

Après l’invasion de la zone libre par les allemands, mes parents avaient repris contact avec la Cimade, pour être de nouveau pris en charge.
Je me souviens avoir accompagné mon père au rendez vous avec le contact. Son bureau se trouvait face au lycée. Cette personne était un général en retraite, très pétainiste au début, mais détestant les allemands et voyant la conduite du gouvernement de Vichy, il avait en 1941 complètement changé d’idée et était devenu un des responsables. Ses premiers mots lorsqu’il nous reçu, s’adressant à mon père, avec ses intonations toutes militaires et bourrues, mais affectueuses "Alors mon brave Abraham, que puis je faire pour vous ?".
Naturellement il nous a donné ses directives à suivre et deux jours après nous quittions Nîmes pour Saint-Jean-du-Gard, à nouveau.

Entre temps il était pratiquement impossible de quitter Nîmes pour les étrangers sans laisser passer, car au départ des trains, des autobus, tous les papiers des voyageurs étaient vérifiés par les gendarmes français.
C’est ici que je vais vous parler du rôle du Commissaire Principal de Nîmes. Cette personne avait réquisitionné notre villa au mois de juillet 1942 et nous donna à la place son appartement (que nous avons occupé à peine deux mois). Peut être pris de remords, il avait laissé entendre que s’il pouvait nous rendre service il le ferait. C’était une personne haï. Sa villa était entourée de fils barbelés et gardée nuit et jour par la police. Mais me souvenant de ses paroles, je suis allé le trouver et lui ai demandé d’établir un laisser passer pour mes parents pour pouvoir quitter Nîmes. Il ne me posa pas de questions et sur le champ fit établir deux laisser passer, sans préciser la destination, ce qui était très important. Ainsi nous pouvions quitter Nîmes vers Saint-Jean-du-Gard en toute tranquillité.
Je dois dire que cet homme a été fusillé à la libération par les résistants. Il avait fait tant de mal.

Si vous vous souvenez lors de ma libération de la prison d’Annecy, j’avais pensé que je risquais d’être suivi, mon jugement avait été bon, car à cette occasion le commissaire m’a fait une confidence : "Vous savez lorsque vous êtes arrivés à Nîmes, deux de mes inspecteurs vous attendaient pour vous suivre et ils n’ont jamais compris de quelle manière ils avaient perdu votre trace !".

A nouveau en novembre 1942, nous entrons dans la clandestinité. Avec mon frère Roger, durant huit jours, nous avons été hébergé dans Saint-Jean-du-Gard chez le chef scout, sans pouvoir quitter la chambre.
Mes parents étaient dirigés dans une autre famille, le temps nécessaire afin de nouveau trouver un autre lieu d’accueil dans le maquis.
Pour ma part, j’ai été mis quelque part au dessus de La Grand-Combe près d’Alès, dans une ferme tellement isolée qu’il fallait vraiment connaître.

Mes parents et Roger ont été ensuite recueillis chez un couple d’instituteurs retraités à 11 kilomètres de Florac en Lozère.

Au bout de 15 jours, je devais descendre sur Nîmes pour retirer des tickets d’alimentation. N’ayant aucune nouvelle de mes parents, je profitais de ce prétexte pour rejoindre Saint-Jean-du-Gard, demandant à mes contacts de les rejoindre. Ce qui me fut autorisé.

Décembre 1942 je rejoignais mes parents et Roger. Durant un mois nous sommes restés enfermés dans le grenier. Mon père aidant aux travaux de la ferme et ma mère à la cuisine. Naturellement mes parents payaient une pension.

Je descendais à Nîmes avec un Monsieur (j’ai oublié son nom) pour retirer mes tickets d’alimentation. Cette personne était très charmante à mon égard. Mais voilà que subitement, en janvier 1943, ces personnes nous ont chassé sur l’heure, ne nous laissant pas le temps de contacter la Cimade. Pour prétexte, cette dame avait accusé ma mère de vol. Donc en plein hiver, sans abri, nous nous sommes retrouvés tous les quatre, à la merci d’un contrôle de gendarmerie.

Au premier hameau (j’ai oublié le nom) je me suis adressé au maire, lui expliquant la situation et nous fumes hébergés pendant huit jours dans une remise, dormant sur un matelas de feuilles de maïs. Le maire essayant de trouver un abri plus sur.

Au bout de ces 8 jours, n’ayant pas abouti dans les démarches et ne pouvant nous garder plus longtemps, le Maire me conseilla d’aller demander de l’aide à un gros bourg distant d’une vingtaine de kilomètres, ce que je fis. Ce village s’appelait Lasalle.
Tout le long du chemin je m’interrogeai : "est ce que je m’adresse au curé ou au pasteur ?". Finalement je me décidais de m’adresser au Pasteur. Jusqu’ici les protestants nous avaient toujours aidés.

Arrivé au presbytère, je fus reçu par la femme du pasteur, Élise Wasserfallen* (voir le livre sur l’aide apportée aux réfugiés dans les Cévennes par la Cimade – elle décrit très bien notre première entrevue).
Après lui avoir expliqué notre situation et que l’on pouvait nous garder encore 1 ou 2 jours, elle me dit que son mari était absent, et donc de revenir le lendemain . Elle m’a expliqué par la suite qu’il était nécessaire de vérifier notre histoire. Je revins le lendemain après-midi. Cette fois le pasteur Edgar Wasserfallen* était là et tout était déjà prêt pour m’accueillir.
Une parenthèse dans mon récit pour dire toute ma reconnaissance à la famille Wasserfallen*, avec laquelle j’ai toujours été en contact après la guerre. Le pasteur est décédé il y a à peu près dix ans. Après guerre, il fit en France et en Suisse de nombreuses conférences sur la situation des Juifs pendant l’occupation et sur l’aide que la Cimade apportait à ces malheureux.
Le pasteur était de nationalité helvétique. Il obtint du consulat helvétique de Marseille, un sauf conduit qu’il apposa à l’entrée du presbytère, le protégeant de toute perquisition de la part des Allemands ou de la Milice. Il était inscrit sur ce sauf conduit : "Ici habite un citoyen Suisse, placé sous la protection de l’Ambassade Suisse."
Mais en 1944, cette protection n’était plu suffisante et il dut subir plusieurs perquisitions. J’ai encore eu l’occasion de rendre visite cet automne à Élise Wasserfallen* et je suis toujours en correspondance avec elle.

Le surlendemain après ce voyage à haut risque, car il fallait passer du département de Lozère à celui du Gard (un contrôle de gendarme ayant eu lieu à Saint-Jean-du-Gard), nous sommes arrivés chez les Wasserfallen*. Le pasteur me conduisit à mon nouvel abri, la ferme "Bouscarasse" prés du hameau de Calviac, situé à 3 kilomètres de Lasalle et je fus accueilli par la famille de Juliette* et Gabriel Soulier*. J’étais encore une fois en plein maquis. J’y suis resté jusqu’en février 1944.

Mes parents et Roger restèrent environ deux mois au presbytère, sous la protection de l’ambassade Suisse. Tout se gâta par la suite et à son tour mon père fut caché chez les cousins de la famille  de Juliette* et Gabriel Soulier*, entre Saint-Hippolyte-du-Fort et Lasalle, comme employé de ferme et réfugié alsacien. Mon père y resta jusqu’à la libération.

Ma mère et mon frère Roger furent séparés. Roger fut hébergé chez la fille de Juliette* et Gabriel Soulier*, Jeannette, qui habitait le hameau de Calviac. Il était également soi-disant réfugié alsacien et put aller en classe.

Ma mère elle, se retrouva également chez des cousins de Juliette* et Gabriel Soulier*, la famille Hodge. La ferme se trouvait à l’entrée de Lasalle à 100 m de la gendarmerie. Hasard incroyable le fils de cette famille Hodge était dans la même classe que moi au lycée de Nîmes.

Mes parents et Roger restèrent dans ces familles jusqu’à la libération en août 1944.

Ma mère je ne l’ai su que par la suite, a subi une terrible épreuve. Elle fut prise en otage, suite à des représailles et elle resta 24 heures, face à un peloton d’exécution. Personne ne comprit comment elle était sortie indemne de cette situation.
Naturellement mes parents et moi même, nous aidions de notre mieux, en faisant des travaux dans la ferme, ce qui était la moindre des choses, car si ces personnes étaient prises, elles étaient immédiatement exécutées.
Quand à moi, je peux dire que chez Juliette* et Gabriel Soulier*, j’étais considéré comme leur fils, partageant le lit de leur fils Georges.

Naturellement durant cette année chez Juliette* et Gabriel Soulier*, il y eut quelques alertes. Un exemple : je pense que ceci s’était passé le 11 novembre 1943. Le FFI en uniformes et armés, voulait célébrer cette date. Une prise d’armes eut lieu, le soir au monument aux Morts de la guerre 14-18, dans le village de Lasalle, devant une nombreuse population . Mais naturellement il y avait également des "collaborateurs".
Aussi deux jours plus tard, il y eut une action de représailles de la part de la milice. Les réfugiés, les maquisards prévenus (j’en parlerai un peu plus loin), étaient cachés dans le maquis. Je me souviens, il faisait très froid et j’avais une angine. Il y eu une bataille entre les maquisards et la milice et si mes souvenirs sont exacts des tués et des blessés du côté du maquis. Les prisonniers blessés furent envoyés sur Nîmes et exécutés par les Allemands. Les Allemands avaient pris soin auparavant d’arrêter la circulation – cyclistes, tramways etc.., pour que ces exécutions se fassent devant des milliers de personnes. L’heure choisie était midi, sortie du travail. La radio de Londres, à cette époque en avait parlé. Si vous avez l’occasion de vous rendre à Nîmes, sur la grande avenue qui se trouve face au jardin de la Fontaine, avenue de la République, un monument en forme de pyramide a été érigé, à la mémoire de ces héros.

Qu’il me soit permis de raconter une histoire incroyable mais véridique. Un des responsables des maquisards du Gard, Francis Robert, jouait (si l’on peut dire) double jeu. Il était également un des responsables de la milice de la région, ce qui permettait à la Résistance d’être au courant des actions que la milice voulait entreprendre.
J’en parle ici, car je l’ai connu personnellement. En effet il était très ami avec les Soulier et à plusieurs reprises il est venu à La Bouscarasse en tenu de milicien. Lorsqu’il venait, il passait la nuit à la ferme et je partageais mon lit avec lui (le fils Georges allait dormir avec son grand père). La nuit, la ferme était gardée par plusieurs maquisards en tenue de miliciens.
Son double jeu fut découvert et il fut exécuté. A l’entrée de Lasalle (en venant de Nîmes), face à la gendarmerie, il y a un monument en forme de croix de Lorraine, sur laquelle sont inscrits les noms des maquisards morts au combat. Au pied de cette croix, une tombe, celle de Francis Robert. Ce ne fut pas la seule alerte, pendant mon année passée à la Bouscarasse. Par deux fois j’ai été obligé de quitter en catastrophe cet endroit, pour quelques temps. En février 1944, une lettre interceptée à la poste de Lasalle par les postiers faisant partis de la résistance, signalait que les Soulier cachaient un juif. Aussi du jour au lendemain je quittais cet abri, accompagné par la Pasteur Wasserfallen* en direction de Castres. Il est à noter que les postiers de Lasalle ouvraient toutes les lettres qui étaient adressées soit à la préfecture, à la milice ou soit à la gestapo, car en général il s’agissait de lettres de dénonciation.

Voyage très risqué. J’étais muni d’une vraie fausse carte d’identité (c'est-à-dire enregistré à l’état civil de la mairie de Lasalle. Le secrétaire étant résistant, au nom de Thevenard René, né au Havre. Pourquoi le Havre, car il était impossible de vérifier les archives de l’état civil, tout ayant été détruit par les bombardements alliés.

Dans le car, pour joindre Montpellier, par manque de chance, il y avait 4 miliciens, anciennes ouailles du pasteur, assis en face de nous. L’un d’entre eux demanda : ‘Qui est ce jeune homme, Mr le Pasteur ?’, ‘C’est un jeune sourd et muet que je conduis chez le médecin à Montpellier’ . Satisfait de cette réponse et connaissant le pasteur, il n’y eu pas de contrôle sur nous !!!

De Montpellier pour rejoindre Castres, il fallait prendre le train, avec aussi tous les contrôles de la gendarmerie, police, milice. C’était un voyage à grand risque (en effet j’étais très grand et faisait plus que mon âge). Ces messieurs faisaient la chasse non seulement aux Juifs mais aussi aux amis aux réfractaires du STO (futurs maquisards).
Edgar Wasserfallen* décide de faire ce voyage dans un train de permissionnaires allemands. Nous nous étions mis, pas dans un compartiment, mais entre deux wagons, c'est-à-dire sur le soufflet. Il ne faut pas oublier que Edgar Wasserfallen*, né en Suisse, était muni d’un passeport Suisse. Il parlait parfaitement l’allemand, ce qui lui permettait de répondre à tout type de contrôle au cas ou ces messieurs étaient étonnés de voir deux civils dans ce train. Mais vous savez comme dans toutes les Armées, les militaires eux-mêmes ne font pas plus que ce qui leur ai demandé.

A Castres, il était dangereux de rester en gare, pour attendre le train qui devait nous emmener à Viane-Pierre-Segade, notre destination. Une fois passer les différents contrôles pour sortir de la gare, nous nous sommes réfugiés dans les jardins de l'évêché, ou tout se passa calmement. Il me dit qu’il y avait encore un obstacle important à franchir, c'est-à-dire de prendre le train ou plutôt le "tortillard" et il m’expliqua qu’une fois dans le train, notre présence avait été signalée par les soins de la résistance, qu’il y aurait plusieurs contrôle d’identité mais les gendarmes étaient au courant de notre présence. Le voyage dura deux heures et il se passa sans incident.

Viane, je fus mis en contact avec le pasteur Bron (également citoyen Suisse) et le pasteur Théron, tous deux chargés de ma personne.
Avant de repartir, le pasteur Wasserfallen* et le pasteur Bron me firent promettre de rester tranquille, c'est-à-dire de ne pas rejoindre le maquis de Vabre, maquis des EI. Car ils disaient qu’il fallait qu’il y ait au moins un survivant de votre famille qui pourrait raconter ensuite ce qui s’était passé pendant l’occupation.

Je fus donc dirigé dans une ferme, mais pas en temps que juif (dans un village de Viane, de nombreux juifs étaient cachés) mais comme ouvrier agricole réfugié alsacien, le nom de mon futur patron était "Soulié", décidemment comme je le dirais plus tard, j’étais dans la chaussure. La ferme se trouvait au "Mas d’Azais" à deux kilomètres de Viane, sur la route de Saint Afrique. J’étais correctement traité. Souvent au travail, mon "patron" laissait échapper quelques réflexions désagréables sur les Juifs !! Pas très méchantes, mais quand même. Je pensais en moi-même "pauvre imbécile, si tu savais qui je suis !".

Vers le mois de mai 1944, il y eu une alerte très sérieuse. Les allemands étaient à la recherche de "terroristes". Deux camions avec des soldats allemands plus un traction avant, s’arrêtèrent devant la bergerie. De la traction descendirent deux civils avec leur fameux manteaux de cuir noir. Par un mauvais réflexe, je me suis réfugié dans la bergerie. Mais ces messieurs m’ayant aperçu, cognèrent à la porte. Je fus obligé d’ouvrir et ils me demandèrent simplement le chemin de la ferme X. Satisfait de ma réponse, ils repartirent. La porte de la bergerie resta entrouverte et une brebis s’y échappa. Elle se mit à courir derrière les camions. Je ne pouvais donc faire autrement que de courir aussi derrière cette brebis. Les allemands éclatèrent de rire en se moquant de moi. Quelle histoire digne d’un gag !

Après le débarquement dans le midi (attendu avec impatience après celui du 6 juin), la région était considéré comme libérée. Le village de Viane était rempli de maquisards en uniforme. Un dimanche sur deux, j’étais de garde à la ferme pour prendre soins des animaux.

Mais fin Juillet, reniant mes paroles données au pasteur, je pris contact avec les responsables du Maquis des E.I.* de Vabre (il ne faut pas oublier que j’avais maintenant 18 ans).
Dans la semaine je reçu la réponse et fus convoqué à 14h sur la Place de Viane, le dimanche (c’était le premier dimanche d’Août). Ce dimanche j’étais de corvée à la ferme, mais j’avais d’autres projets, enfin pouvoir me battre les armes à la main.
A 14 h, comme prévu, une fourgonnette Renault me prit en charge et m’emmena vers de nouvelles et tragiques aventures. Je me souviens, à l’intérieur il y avait 4 hommes, bardés de grenades et bardés de balles. Vers 15h, arrivé au Maquis (incapable de dire ou il se situait) vraiment très bien camouflé et inaccessible à celui qui ne connaissait pas les lieux..
Tous les hommes étaient en uniforme de l’Armée française, j’étais donc le seul en civil. Je fus accueilli et soumis à un interrogatoire par un lieutenant, qui je pense était le lieutenant Gilbert Bloch. Ayant passé ma "réception" avec succès, je fus remis entre les mains d’un jeune qui me guida dans le camp : couchage dans un grand hangar etc. Passant près d’un container rempli de balles, il me dit de remplir mes poches de ces balles, car il devait me remettre un "Stem" (mitraillette).
Vers 20 h, branle bas de combat. On embarque les hommes dans les camions, direction un terrain de parachutage. Pour ma première journée dans ce camp de Maquisards, dont la plus part étaient juifs, j’allais assister et participer à un parachutage. Le terrain fut balisé et peu avant minuit, un avion anglais était au dessus de nous. Je vis dans le ciel de nombreux parachutes blancs avec des containers au bout. L’on vit également descendre 4 parachutistes alliés. Si mes souvenirs son exacts il s’agissait de 2 officiers américains et 2 officiers canadiens.
Nous nous activons à récupérer les containers et nous commençons à les placer dans les camions, lorsque soudain l’on nous annonçait que nous étions encerclés par les Allemands et la Milice. Pour ma première nuit dans ce Maquis, j’étais servi ! Nous avons reçu l’ordre de décrocher de tout abandonné. Durant toute la nuit, nous nous sommes déplacés en pleine forêt, afin de rompre l’encerclement. Notre groupe passant d‘un hameau à un autre, nous étions renseignés par les paysans, mais ceux-ci apeurés, nous demandèrent de nous éloigner, car ils avaient peur des représailles par avion.
A l’aube nous nous sommes retrouvés à la lisière de la forêt, au bord de la route qui mène à Viane Pierre Ségade, à 1 km à peu près du village.
J’étais le seul en civil, n’ayant pas eu le temps d’avoir un uniforme, aussi, je fus désigné pour aller en éclaireur me rendre compte de la situation, si les allemands étaient à Viane et si la route était libre. Je peux vous assurer que j’avais le tract. J’ai donc effectué ma mission et je me suis aperçu que la route était libre et que les allemands n’étaient pas à Viane. Au village, je me dirigeais de suite chez le pasteur Theron. J’y suis reçu par une belle "Engue...". Il me précisa que j’avais promis de rester tranquille etc. Agacé je lui ai coupé la parole en lui disant : ‘il ne s’agit pas de cela à présent Mr le Pasteur, ce n’est pas le moment. Je suis envoyé par les Maquisards, ils se trouvent à tel endroit, ne sachant que faire et ou aller’. Sur ce, nous sommes partis tous les deux pour rejoindre le groupe, mais les Maquisard avaient disparu !!
Lors de mon pèlerinage à Viane, avec mon épouse, il y a 6 ans, j’ai eu connaissance exactement de ce qui s’était passé, ainsi que du combat entre les résistants et les allemands. Il y eu plusieurs morts et blessés chez les maquisards. Les blessés furent achevés par la milice. Les détails m’ont été racontés par un des responsables de la résistance à Viane, il tient le garage et la seule pompe à essence du village.
Si vous allez à Yad Vashem (Musée de l’Holocauste à Jérusalem), il y a l’histoire de tous les maquis et résistants juifs d’Europe, pour la France c’est l’histoire du maquis de E.I. de Vabre (Tarn) et de cette bataille du 1er dimanche d’Août 1944. Naturellement les pasteurs Bron et Theron, m’obligèrent à regagner le Mas d’Azaïs chez Emile Soulié, qui avait été très étonnée que j’étais juif, en me disant : "tu sais très bien ce que je risquais". Aussi je lui répondis de s’adresser au Pasteur Wasserfallen* pour les réclamations !!
La libération approchant il ne peut faire autrement que de me répondre.
Emile Soulié à cette époque, fréquentait une demoiselle Eliette (qui est devenue sa femme), dont les parents avaient une ferme à 500m de celle de Mr Soulié. Le père de cette jeune fille, dans l’ignorance totale de sa femme et de sa fille Eliette, cachait dans sa ferme près de 40 Juifs. Personne n’était au courant. Seul ce garagiste, qui chaque jour, ravitaillait tous ces malheureux, le savait.
Après le débarquement en Provence des troupes alliées, dont de nombreuses unités d’Afrique du Nord, parmi lesquelles il y avait de nombreux soldats Juifs, nous attendions avec impatience l’arrivée de ces soldats alliés.
Dès que le Sud Ouest fut libéré, je me suis empressé de regagner Lasalle, afin de savoir si mes parents et Roger étaient toujours vivants, n’ayant pas de nouvelles d’eux depuis quelques mois. Entre temps, il faut signaler que les Maquisards E.I. de Vabre, ont réalisé un exploit. Au cours d’une bataille près de Castres, ils ont pris un train blindé allemand rempli de soldats. Aux soldats allemands qui se rendaient plein de fierté, ils leur disaient "Nous JUDE !".
J’ai donc refait fin août le trajet inverse, mais libre ! Arrivé à Castres en sortant il y avait le défilé de la victoire et parmi les troupes alliées, mon maquis des E.I. de Vabre, qui défilait dans un ordre impeccable.
Je m’adressais à des officiers de ce maquis, afin d’obtenir des papiers d’identité provisoire, car il ne me restait plus que ce que j’avais sur moi, tout ce que je possédais ayant été détruit, le cantonnement ayant été bombardé par les allemands. A cet endroit a été érigé un monument avec les noms des Héros. Sur la stèle, si ma mémoire est bonne, il est écrit "Passant, souviens toi... pour que tu puisses vivre...". Il est très difficile de retrouver ce mémorial étant donné qu’il se trouve en pleine nature. Son inauguration eu lieu en présence des troupes de Castres et de toutes les autorités de la région, il y a 6 ans.
J’ai donc rejoins Lasalle en passant par Montpellier mais cette fois dans un train "civil", muni d’un laisser passer "Spécial prioritaire". Je passais la nuit à Montpellier à l’hôtel d’Angleterre, QG du FFI dans un vrai bon lit.
La liaison ferroviaire entre Montpellier et Nîmes était interrompue par suite de la destruction massive des voies ferrées, aussi la seule possibilité de rejoindre Nîmes était le bus. Il y en avait un par jour et il était complet, mais muni de mon laisser passer spécial, j’obtins une place. A ce moment il était très bien vu d’être juif et toutes les facilités nous étaient accordées.

A mon retour à Lasalle, je me suis rendu au presbytère chez Élise* et Edgar Wasserfallen*, rassuré sur le sort de mes parents et Roger. Quelle joie de nous retrouver avec le pasteur. Je savais donc ou retrouver mes parents, figurez-vous lorsque je suis arrivé, mon père était entrain de charger les bagages et des sacs de pomme de terre dans un taxi. Une heure plus tard je l’aurai manqué. Quelle joie de nous retrouver tous les quatre !!

A Nîmes, notre appartement était occupé. Des amis nous avaient trouvé un logement provisoire, il ne restait plus qu’à attendre des nouvelles de mes deux frères Henri et Nathan, réfugiés en Suisse depuis Septembre 1942. Le pasteur Wasserfallen* s’était chargé des contacts.

Fin août 44, Paris et Reims libérés, nous étions prêts au départ pour Reims, la veille Henri et Nathan débarquaient à la maison. Enfin nous étions tous réunis ! Pour la première fois depuis 3 ans, nous étions tous ensemble pour les fêtes. Je me souvient début septembre 1944, alors que je sonnais chez mes parents Avenue de Laon à Reims, mon camarade Serge m’ayant aperçu de loin, s’est précipité vers moi avec ses paroles "Tu es Vivant et vos parents aussi". Nous avons eu beaucoup de chance de survivre à ces épreuves.

En écrivant ces lignes, je pense à toutes ces familles anéanties, à nos amis et camarades Juifs qui ne sont jamais revenus. J’ai écrit ces souvenirs de mémoire, sans notes, aussi il se peut qu’il y ait quelques erreurs de dates et de lieux. Il m’avait été souvent demandé d’écrire ces événements mais pour moi le moment n’était jamais venu, je n’avais pas envie d’en parler, mais aujourd’hui c’est de Jérusalem qu je tenais à écrire ces mémoires.
Il faut que nos jeunes puissent lire de nombreux témoignages sur cette période terrible.

Je dédis mon "Sac de billes" à mon épouse adorée Suzy, qui nous a quitté le 25 Novembre 1992 (29 Hechvan 5753), inhumée à Givat Shaul Jérusalem.
Jérusalem le 14 Mars 1994.

07/05/2024
Auteur : Jacques Rotenberg Lien : Témoignage

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Paul Joseph dit Joseph Bourson Arrêté comme otage et fusillé le 11 juin 1944 à Mussidan (Dordogne), Blog 2 pages, réalisation 2011
Auteur : Alain LAPLACE
Article rédigé à l'occasion de mes recherches généalogiques, puis la mise en ligne d'un blog (http://majoresorum.eklablog.com)dédié à la famille BOURSON qui a été expulsée en 1940 du village de Vigy (Moselle) et réfugiée à Mussidan (Dordogne) et les villages alentours où elle a vécu toute la durée de la guerre. Plusieurs personnes natives de Vigy faisaient partie des 52 otages fusillés le 11 juin 1944.
Paul Ernest dit Paul Bourson Farouche opposant au régime nazi, Exposé 2 pages, réalisation 2011
Auteur : Alain LAPLACE - terminal
Article extrait d'une étude généalogique sur la famille BOURSON de Vigy (Moselle) et alliés (http://majoresorum.eklablog.com)


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1 Journal de guerre de Charles Altorffer
2 Site officiel de la Commune de Montigny-les-Monts
3 Site non officiel de la commune d' Auxon (Démarches administratives, histoire du village, cartes postales et photos anciennes. )
4 Saint-Dizier la période 1939-1945 en photos (La ville de Haute-Marne la période 1939-1945 en photos )
5 Histoire de Lièpvre de 1870 à 1945.

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